Oret
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Administration | ||||
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Pays | Belgique | |||
Région | Région wallonne | |||
Communauté | Communauté française | |||
Province | Province de Namur | |||
Arrondissement | Namur | |||
Commune | Mettet | |||
Code postal | 5640 | |||
Zone téléphonique | 071 | |||
Démographie | ||||
Gentilé | Orétois(e) | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 50° 18′ nord, 4° 37′ est | |||
Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : Province de Namur
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Oret (en wallon Ôret) est une section de la commune belge de Mettet située en Région wallonne dans la province de Namur.
C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977. La partie sud de la route Fraire-Rouillon fut rattachée à Florennes et la partie nord avec le centre du village fut rattachée à l'entité de Mettet.
Sommaire
1 Histoire
2 Géographie
3 Urbanisme
4 Géologie
5 Le domaine antique
6 Oret, au départ, une communauté villageoise
7 La Préhistoire
7.1 Des découvertes récentes et importantes
7.2 Les objets du Néolithique
7.3 Que peut-on conclure de ces découvertes ?
8 L’époque celtique
9 Références
10 Source
Histoire |
L’histoire du village d’Oret est intimement liée à la présence de minerai de fer que l’on rencontre dans son sous-sol. Oret jouxte en effet le plus gros gisement de minerai de fer d’Entre-Sambre-et-Meuse, qui était situé sur les anciennes communes de Fraire, Morialmé et Oret. Ainsi, un rapport archéologique rédigé en 1878 mentionnait à Oret un dépôt de scories considérable résultant du travail d’anciennes usines à fer qui datait probablement de l’époque romaine voir celtique.
Les habitants d’Oret vivront de l’extraction du minerai de fer jusqu’en 1880, à cette date, les mines ne furent plus exploitées à la suite de l’ouverture d'autres mines au Luxembourg. Comme le chemin de fer était apparu dans le village pour transporter le minerai de fer vers le bassin de Charleroi, de nouvelles usines s’implanteront dans la partie sud de l'ancienne localité : une verrerie, une faïencerie trouveront dans le sous-sol la matière première nécessaire.
Les gens d’Oret comme ceux de Stave sont longtemps restés fidèles à leur ancien chef-lieu de canton, Florennes ; il faut savoir que certains liens existaient déjà au XIXe siècle entre les deux communautés. Après la dernière guerre, Florennes, doté d’un champ d’aviation militaire, devint un centre commercial de quelque importance qui attira la clientèle des gens d’Oret.
L’école, tout comme l’église, furent construites vers 1870 grâce au revenu que la commune engrangea par l’extraction des scories de bas fourneau qui contenaient encore beaucoup de fer.
En se dirigeant vers Biesme, un imposant monument en chêne représente un tirailleur algérien à la charge, il rappelle qu’en août 1914, environ mille soldats français et allemands furent tués lors de plusieurs attaques dans les campagnes de Wagnée, un hameau situé entre Biesme et Oret.
La fusion d’Oret avec l’entité de Mettet, en apportant une gestion moderne et un regroupement d’effectifs, fut assez avantageuse pour la localité. Malheureusement, du point de vue relationnel, elle reste un échec ; disparition du bourgmestre et de son conseil, tous des citoyens de l’endroit, disparition du garde champêtre, du cantonnier, disparition d’une communauté autant que d’une commune.
Aujourd’hui, l’esprit de village tel qu’il était jadis ne survit que par le dynamisme de quelques comités locaux et aussi par la présence de son école communale, heureusement active et bien fréquentée.
Géographie |
Oret est situé en province de Namur, dans le Condroz et l'Entre-Sambre-et-Meuse. À la suite de la fusion des communes en 1977, la localité est aujourd'hui intégrée à l’entité de Mettet, dans le canton de Fosses-la-Ville et dépend de l’arrondissement judiciaire de Namur.
La superficie d’Oret, avant la fusion des communes, était de 569 ha, 49 a, 88 ca. L’altitude au centre du village est de 232 mètres. Le point culminant se situe à la croix du calvaire, à la limite d’Oret-Mettet : 278 mètres. La population compte actuellement un peu moins de 500 habitants.
Le centre du village est blotti dans une vallée, la vallée de la Biesme, ce qui lui donne un aspect particulier, c’est pour cette raison que l’on a surnommé les habitants d’Oret « les ramponeaux » (un ramponeau étant un ancien filtre à café en tissu). La Biesme prend sa source dans le sud du village, dans le hameau de Corroy. Anciennement, il fournissait la force motrice à plusieurs moulins, à un fourneau à fondre le fer et à une forge. Plus tard, la tannerie y trouvera l’eau nécessaire à son fonctionnement.
Oret est devenu un village essentiellement résidentiel. Il a perdu peu à peu sa vocation agricole puisqu’il ne subsiste aujourd’hui que deux petites fermes et un marchand de bétail.
La proximité du zoning de Mettet en a écarté, semble-t-il, toute implantation industrielle nouvelle de quelque importance. Hormis l’entreprise de travaux publics Lambert et quelques indépendants, artisans, commerçants, aucune autre activité n’y est source d’emplois.
Urbanisme |
Les anciennes habitations sont surtout bâties en pierre. L’abondance de pierres bleues dans les murs et façades des habitations du village témoigne de la présence de carrières dans les environs, entre autres à Biesme et à Biesmerée. Cependant, on extrayait aussi du petit granit dans le village, au lieu-dit « Station des minières » et dans les terrains près de la grotte des Nutons.
Dans le village s’élèvent d’imposants bâtiments en pierre taillée, réalisés dans la seconde moitié du XIXe siècle : l’imposante église néo-romane, les écoles communales, l’ancienne demeure des Sœurs françaises et la grosse ferme « de Bruges », au pied de la rue du cimetière.
On peut y voir aussi des maisons construites avec des pierres de grès brun, qui étaient retirées du sol lors des travaux de terrassement. Certaines habitations ne possèdent pas de fondation et sont construites directement sur le schiste. Quelques constructions marient harmonieusement le calcaire et le grès.
Une particularité du centre du village ! Les longs murs en pierre bleue entourant les maisons et longeant les routes, construits par les anciens bourgmestres, dont nous reparlerons : Joseph Delvaux et son fils Edouard qui firent ainsi entourer leurs propriétés. Il serait dommage de les voir un jour disparaître.
Il faut déplorer la perte du cachet original de notre village, due à cet état d’esprit de « modernisme destructeur » de l’après guerre 40, qui gâcha de superbes façades d’époque.
A déplorer aussi des travaux de voirie qui lors du goudronnage des chemins ont surélevé des chaussées de façon disgracieuse et exagérée.
On peut aussi regretter la disparition des fontaines et des pompes qui se trouvaient en de nombreux endroits du village. Elles furent détruites après l’adduction d’eau potable dans les habitations vers 1951. A regretter aussi, la démolition de « l’étang », ce grand abreuvoir en pierre pour le bétail, situé à droite de l’ancienne école des garçons.
Heureusement, aujourd’hui, l’administration tout comme les particuliers sont plus sensibles à la conservation de notre patrimoine. Signalons que deux fontaines sont depuis peu réhabilitées.
Enfin, peut-on rêver ? Quelques aménagements qui seraient « un plus » pour le charme de notre village : comme l’aménagement de notre place communale, afin que les enfants ou les piétons retrouvent un espace vert et riant dans ce parking démesuré.
Géologie |
On rencontre à Oret des terrains calcaires dits « condrusien » et des terrains quartzoschisteux dit « condrusiens de l’étage inférieur ». Le village repose sur un plateau largement ondulé, qui offre successivement, en sillons parallèles, des terrains plats unis ou inclinés et des coteaux escarpés. Cela est dû aux eaux de ruissellement qui ont érodé les bandes tendres de calcaire ; les bandes plus dures ont résisté.
La couverture est constituée d’une couche de terre arable plutôt mince. Les endroits les plus élevés, au sol caillouteux composé de sable grossier mêlé d’argile sont souvent boisés. Au fond des viviers se trouve une terre alluvionnaire assez riche. Les surfaces plates ont un sol argileux et assez meuble, permettant aujourd’hui, grâce aux engrais modernes, la pratique de multiples cultures.
Le sous-sol du village est très riche et très varié, on y a exploité des éléments comme le minerai de fer, la terre plastique, le sable blanc, les pierres (calcaire, grès schiste) et l'eau. Aujourd'hui, ce dernier élément est l’exploitation souterraine la plus importante de la localité.
Trois sociétés la pompent et la distribuent dans la région: l’A.I.E.M, l’INASEP et la Société Wallonne des Eaux qui distribue l'eau vers Charleroi. Le village est entouré de cinq stations de pompage et d’un réservoir.
Le sous-sol du village est très riche et très varié, on y a exploité les éléments suivants
Le minerai de fer :
Une des plus grandes particularités de notre sous-sol est la présence en quantité importante de minerai de fer. Ce dernier est un minerai limoneux, couleur rouille plus ou moins foncée appartenant à l’espèce des limonites, du groupe des hydroxydes.
Les gisements les plus importants se situent au lieu-dit « les Minières », actuellement sur la commune de Florennes, mais avant les fusions, une partie de ce territoire faisait partie de la commune d’Oret. Cependant on a extrait ce minerai en de nombreux endroits aux alentours du village : la place communale doit son origine à une ancienne minière.
C’est dans les vides que laissent souvent à leur jonction les terrains calcaires et schisteux que se rencontrent les gisements de minerai de fer, on les définit alors comme « amas couchés » ou « gîtes de contact ». Le minerai se rencontre aussi dans le calcaire, dans des bassins naturels à une profondeur variable, ces gisements sont définis alors comme « amas » ou « filons ». On peut le rencontrer aussi dans les limons déposés par les cours d’eau ; il s’agit là de minerai d’alluvion.
Le domaine antique |
Oret fait partie du domaine antique de Biesme jusqu’en 1664
Notre Région d’Entre-Sambre-et-Meuse était anciennement une forêt très dense et épaisse : la forêt de la Marlagne. Les hommes, du Néolithique jusqu’au XIXe siècle, l’ont déboisée petit à petit, ils ont fait des « sarts », afin de cultiver, d’où le nom de villages tels « Sart-Eustache » ou « Sart Saint-Laurent ».
C’est ainsi que parmi ces forêts, un domaine avait trouvé ses limites naturelles par son bassin hydrographique : « le ban de Biesme ».
Dans la partie méridionale de cette entité, au milieu des bois, apparaîtra très tôt le village d’Oret.
Au Nord, dans la forêt, s’installera au Moyen Age sur des terres défrichées, une population agricole créant ainsi le village de Sart-Eustache.
Au centre du domaine s’étend une large bande horizontale de terres cultivées. C’est dans cette zone que se sont développés les villages de Gougnies, Fromiée, Biesme et ses nombreux hameaux ainsi que Scry.
Cette zone défrichée sur des terres fertiles, concentrée au départ, le long de la Biesme et de ses affluents, fut probablement le berceau d’une tribu celte. Elle continuera à s’étendre durant la période romaine, car on y a découvert de nombreux vestiges belgo-romains à caractère agricole ; vestiges de construction et cimetière de cette époque à Biesme, trois sites sur le futur fief de Mettet, à Thozée, à Tri-Salet et à Arneumont, la villa dite de Bauselenne.
À l’époque mérovingienne, le domaine de Biesme était situé dans le pagus de Lomme, qui comprenait en partie notre Entre-Sambre-et-Meuse, ainsi que Gembloux et Nivelles, au nord de la Sambre. À l’époque carolingienne, le « Pagus Lomacensis » forme un des quatre grands cantons du diocèse de Liège et constitue ce qui deviendra le comté de Namur.
Cette vérité historique repose sur les documents connus qui traitent des différents lieux habités répartis le long des petits affluents qui donnent naissance à la rivière « la Biesme ».
La position centrale de ce domaine dans l’Entre-Sambre-et-Meuse apparaîtra d’emblée parmi les vastes domaines qui l’entourent ( Gerpinnes, Fosses, Brogne, Hanzinnes et Florennes) 1.
1 : Si certains éléments permettent d’établir une présence humaine à Mettet (surtout des domaines agricoles d’époque romaine), ce village n’existe en tant qu’entité villageoise qu’à partir de la période franque :
L’étymologiste C.G Roland mentionne que l’ancienne appellation du village ; «Metting » trahit une forte origine germanique (franque).
À l’époque mérovingienne, Mettet ne comptait que quelques fermes, construites avec les matériaux des anciennes constructions belgo-romaines.
En 987, Mettet est l’objet d’une donation de l’Empereur Otton III à l’Abbaye de Brogne (Comté de Namur).
En 1253, le prince-évêque de Liège, intéressé par Mettet qui présente une position stratégique entre son domaine de Fosses et celui de Florennes, au travers du Comté de Namur, achète le droit d’avouerie namuroise.
Oret, au départ, une communauté villageoise |
Oret, à l’origine, n’avait pas les limites territoriales que nous lui connaissons. Ces limites avant d’être politiques furent d’abord géographiques ; au sud du domaine antique de Biesme, un village va se former tout le long d’un ruisseau ; « Oret ».
Son développement fut certainement influencé par la présence de minerai de fer dans notre sous-sol. Si à l’époque romaine, on y relève déjà des indices de l’existence d’une industrie métallurgique, les scories de sarrasins se rencontrant dans la plupart de nos champs pourraient dater d’une période bien plus ancienne.
Au Moyen Âge, nous apprenons qu’Oret n’a pas de structure indépendante, il est un des villages qui composent le fief de Biesme. Cependant, il n’en forme pas moins une communauté villageoise, celle-ci vit de l’exploitation du minerai de fer et de l’agriculture. À cette époque, on y relève la présence d’un fourneau. Le village possède très tôt son église baptismale. En 1250, à la suite de la demande de la communauté d’Oret, le village sera établi en paroisse autonome. Cette indépendance dans le domaine paroissial est un premier pas vers la séparation d'Oret avec Biesme.
Au XVIIe siècle le « ban de Biesme » sera morcelé : le roi d’Espagne établit les paroisses de Oret et de Sart-Eustache en seigneuries hautaines. C’est la dernière séparation de notre village avec sa grande sœur de Biesme. Ces nouvelles seigneuries seront acquises par une aristocratie d’industrie, à savoir des maîtres de forges.
Cependant les biens, surtout des bois, qui avaient été accumulés par la communauté des manants au fil des siècles ne furent pas séparés car ce partage était relativement complexe. Ces biens continueront d’être gérés en un bloc par les différents représentants des parties afin que leurs profits soient répartis équitablement entre les habitants. Ce ne sera qu’en 1853 que ces forêts seront partagées entre les différentes communes de l’antique ban de Biesme.
La Préhistoire |
Des découvertes récentes et importantes |
Une découverte importante concernant la période la plus ancienne concernant l’histoire de l’homme sur notre territoire est sans nul doute celle des nombreux objets en silex taillé trouvés après des défrichements de terrain effectués vers 1950, en bordure du bois d’Halloy, entre Oret et Biesme.
Lors de travaux des champs, un agriculteur exploitant ces terrains a découvert et découvre encore aujourd’hui de nombreux objets tels racloirs, haches, pointes de flèche, lames de faux, etc. Une de ses plus belles trouvailles en 2001, est une hache en silex poli de 16 cm de longueur, datant du IVe ou du IIIe millénaire av. J.-C.
Malheureusement, ces témoins éloquents d’un lointain passé ont été dispersés.
Les objets du Néolithique |
Les objets en silex poli datent du Néolithique, c’est-à-dire de la dernière période de l’ère préhistorique (de 8000 à 2200 ans av. J.-C.), juste avant l’utilisation du cuivre et du bronze.
Les haches en pierre polie, comme celle découverte au bois d’Halloy, sont des objets très caractéristiques de cette époque, c’est grâce à elles que l’homme commencera les premiers travaux de déboisement. Le Néolithique est associé à la sédentarisation des peuples. En ce temps, nos ancêtres vivaient dans des huttes, parfois de grande taille. Ils élevaient le bœuf, le porc, le mouton, la chèvre et cultivaient les céréales. Ils connaissaient des techniques de fabrication de poterie et d’outils en pierre polie, ils chassaient le sanglier, le chevreuil et le cerf. Leur communauté était déjà hiérarchisée.
C’est à cette époque qu’apparaîtront les monuments mégalithes ou menhirs et que naîtront les premiers villages.
Que peut-on conclure de ces découvertes ? |
À Oret, la quantité d’objets retrouvés sur les terrains déboisés près du bois d’Halloy écarte l’hypothèse d’objets perdus par hasard et nous permet d’affirmer que les terres où se développera notre village, étaient déjà occupées dès l’époque du Néolithique par un peuple sédentaire connaissant l’élevage, la culture et le commerce. Ces hommes furent attirés par les terrains bien exposés de notre village et par son cours d’eau. Ils trouvèrent dans notre vallée des terres alluvionnaires fertiles pour cultiver leurs céréales ainsi que des forêts à profusion pour la chasse. Il est même évident que ces hommes entreprirent les premiers déboisements dans notre vallon et élevèrent les premières habitations de notre territoire.
L’époque celtique |
Cette période qui s’étend du VIIe siècle av. J.-C. jusqu'à la conquête de notre pays par les Romains (-52) marque une étape nouvelle dans l’histoire et le développement de notre région. L’apparition de la métallurgie grâce à l’exploitation du minerai de fer va créer chez nous, où l’on en trouve à profusion, une activité artisanale, sinon industrielle de premier plan. Désormais, Oret sera le village du fer et ce, pendant de nombreux siècles.
Les Celtes furent nos ancêtres
Les hommes
Les spécialistes celtisants affirment que de la Seine à la forêt charbonnière, les Celtes occupaient ce que Jules César appela la « Gaule Belgique ».
La société celte était centrée sur l’agriculture et l’élevage : son unité sociale était la tribu.
Les Celtes étaient selon César, de remarquables conducteurs de char et de fiers guerriers. Mais ils étaient aussi d’habiles forgerons, de fins artisans et de grands commerçants. C’est à eux que nous devons les premiers grands défrichements et la construction d’un réseau routier foulé par les nombreux véhicules gaulois. Ces hommes étaient très inventifs et innovateurs surtout dans le domaine de l’agriculture.
La religion
Les druides, ces chefs religieux, célébraient leur culte dans la forêt de la Marlagne. Leur religion relevait de la mythologie car elle attribuait une force sacrée aux différents éléments de la nature ; l’eau, la forêt, les pierres.
Avec l’arrivée des Romains, nos ancêtres ont assimilé leurs dieux aux divinités gréco-romaines, en les revêtant de leurs noms ou de leurs habits ; ils appelèrent leur dieu Taranis « Jupiter » et le représentaient sous les traits de ce dieu, parce qu’il possédait un certain nombre de attributs « jupitériens ».
Cette antique religion a-t-elle tout à fait disparu aujourd’hui ?
Lors de la christianisation, nos contrées ne furent évangélisées que tardivement. Les missionnaires se heurtaient aux croyances de nos paysans ou « pagani », terme qui donnera naissance au mot « païen ». Nos campagnes restaient empreintes de la religion celte. Fait historique : les évangélisateurs durent « christianiser » ce qu’ils ne purent pas détruire1 ; comme ces anciennes pierres dressées que nos ancêtres continuaient de vénérer et que les missionnaires finirent par graver de symboles chrétiens ou comme certains saints, qui empruntèrent les vertus et pouvoirs de nos anciens dieux celtes, comme saint Donat, saint Christophe, sainte Brigitte, saint Corneli ou encore comme les fameuses vierges noires 2.
Bien souvent, la christianisation de nos antiques divinités était avant tout, une volonté première du peuple. Mais après avoir « laissé faire », l’Eglise s’est retrouvée devancée par une certaine ferveur qui dépassera les dogmes chrétiens.
Bien que, issues du paganisme, ces cultures restées vivaces après l’occupation romaine et après des siècles de christianisation, nous obligent à admettre que notre antique religion celte, dite « païenne » réussit, en partie, à traverser les siècles.
1 : Saint Augustin écrira dès la fin du IVe siècle ; « Quand les temples, les idoles, les bois sacrés,… sont détournés de leur première destination et mis au service du vrai Dieu, leur cas est le même que celui des hommes qui se détournent du sacrilège et de l’impiété pour se convertir à la vraie religion ».
2 : Le culte de saint Donat nous vient d’Allemagne, il existe de frappantes ressemblances entre ce saint et le dieu germain « Donar », maître de… la foudre.
Saint Christophe dont le culte fut supprimé en 1969, s’assimilait trop, par sa taille et sa fonction, au dieu gaulois « Gargan », gardien des cours d’eau et des gués. Il portait une massue que rappelle le fameux bâton du saint homme.
Sainte Brigitte ou Brigide, était une sainte irlandaise. Son culte fut répandu chez nous par des moines irlandais. En plus de ses vertus, elle offrait une grande ressemblance avec la déesse celte « Brigitt », dont le culte était quelques siècles plus tôt, très répandu en Irlande.
Saint Cornelis, vénéré comme sainte Brigitte pour protéger le bétail, était d’origine bretonne. Son culte, né à Carnac, pays des mégalithes, et son nom associé à la corne, semblent en faire l’héritier du dieu gaulois « Cerunos », le dieu cornu de la nature et de l’abondance[1].
Les vierges noires ont tenu une place considérable dans la spiritualité chrétienne du Moyen Age. Associée à la lune et à la fécondité, elles ne sont pas sans rappeler la déesse celte « Arduina », déesse mère de l’Ardenne.
Les Celtes et le fer, dans notre région
Bien que possédant des techniques plus modestes que les Romains, les Celtes jouissaient incontestablement d’une grande expérience en matière de métallurgie.
La fourniture d’objets en fer était d’une importance vitale. Pour nourrir leur famille, ils devaient défricher la terre. Il était nécessaire de réaliser des instruments propres à créer une agriculture prospère. Leurs premiers outils ont été aratoires : soc de charrue, houe, faucille, hache…, ensuite les objets furent militaires.
Les Belges étaient réputés pour produire un métal supérieur à celui des autres tribus celtes. Le courage dont ils firent preuve face aux légions romaines était stimulé par la confiance placée dans un armement performant.
César écrit encore dans ses mémoires que l’art de fondre le minerai de fer et d’assouplir le métal à divers usages était bien connu des Celtes et qu’ils étaient très habiles à pratiquer des galeries souterraines parce que, chez eux, les grandes mines de fer abondaient.Source B.60 : W. Staquet : La sidérurgie en Belgique, avant et après la période romaine.
Les historiens font état d’une exploitation soutenue de cette industrie dans notre région, comme l’ont prouvé les importants tas de crayats de sarrasins, entre autres dans les villages de Flavion, Philippeville, Anthée, Lustin, Châtelet, Biesmerée, Florennes, Thy-le-château, Berzée, Chastrès, Gourdinnes, Silenrieux, Oret, etc.[2]
Les Celtes et le complexe minier de Morialmé
Dans notre région, les Celtes exploitaient donc le minerai de fer et plus particulièrement autour du riche gisement de Morialmé. Les nombreuses monnaies gauloises qui furent découvertes à Fraire 1, Fairoul et « aux Minières » sont les témoins de cette occupation par nos ancêtres[3].
1: Fraire (la grande), Fairoul, Fraire la petite (village disparu à la suite d'une épidémie de peste au XIVe siècle) et Fraire-la-crotteuse (Biesmerée) tirent l’origine de leur nom du mot ferrum (fer en latin) : preuve de l’importance de la métallurgie dans ces localités à l’époque romaine et vraisemblablement antérieurement.
Une autre confirmation de la présence de métallurgistes celtes sur le complexe minier de Morialmé et dans tous ses alentours, réside dans les traces laissées par leurs fourneaux antiques, c’est-à-dire les nombreux crayats de sarassins rejetés de ces fours.
Les fourneaux du lieu-dit « Le Vieux Fourneau » ou « Les Vies Fornias »1
Ce lieu-dit était situé anciennement à l’extrême sud de Oret. Géologiquement, ce site faisait partie du complexe minier de Morialmé (voir plan page 52).
En 1289, le lieu-dit « les Vîs Fornias » est déjà mentionné dans les archives. Aujourd’hui, vu la quantité de scories qui se retrouvent
A Oret, existaient aussi anciennement des dépôts très importants de scories de bas fourneaux. On en rencontre encore aujourd’hui dans les champs. Et il n’est pas présomptueux d’avancer qu’une partie de ces scories datent de l’époque pré-romaine.
Pour preuve, ce type de déchets de fourneaux a été découvert sous la chaussée romaine reliant Bavai à Trèves via Morialmé et Stave. On sait que pour construire ces chaussées, les Romains utilisaient des matériaux trouvés sur place ; or, près de chez nous, les crayats de sarrasins dominent dans les assises inférieures de ces routes. Ces scories ont été aussi utilisées dans les fondations des nombreuses villas romaines de la région[4]
On peut donc aisément conclure que durant l’époque celtique, notre région connu une intense activité dans le domaine de la métallurgie.
Références |
Source B.50 : J.M Rigaux: Saint guérisseurs en Entre-Sambre-et-Meuse. C.A.S.R. 1993
Source B53 : W. Staquet
Source : J. Evrard : Note sur l’histoire de Fraire et Frairoul. Extrait du guetteur Wallon n° 6. 1966
Source B.40 : J.Kaisin : Rapport sur la fouille de la villa belgo-romaine d’Aiseau. Mons 1878
Source |
Oret le Fer et la Terre de Dany Bastin (Avec l'autorisation de l'auteur).
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