Crimée





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Ne doit pas être confondu avec République socialiste soviétique autonome de Crimée, République autonome de Crimée ou République de Crimée.
















































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Carte topographique de la Crimée.
Carte topographique de la Crimée.
Localisation
Pays
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de l'Ukraine Ukraine (uniquement la partie nord de la flèche d'Arabat)
Revendication par

Drapeau de l'Ukraine Ukraine :
Drapeau de la République autonome de Crimée République autonome de Crimée[1]
Sevastopol-flag.gif Sébastopol (ville à statut spécial)
regroupés dans la zone économique libre de Crimée
Régions administratives

Drapeau de la Russie Russie :
Drapeau de la République de Crimée République de Crimée
Sevastopol-flag.gif Sébastopol (ville fédérale)

Drapeau de l'Ukraine Ukraine :
Flag of Kherson Oblast.svg Oblast de Kherson (partie nord de la flèche d'Arabat)
Coordonnées
45° 19′ 30″ nord, 34° 03′ 27″ est
Mers
Mer Noire, mer d'Azov, Syvach
Géographie
Superficie
26 945 km2
Longueur
326 km
Largeur
205 km
Altitude
1 545 m


Géolocalisation sur la carte : mer Noire



(Voir situation sur carte : mer Noire)
Crimée

Crimée



Géolocalisation sur la carte : Ukraine



(Voir situation sur carte : Ukraine)
Crimée

Crimée



Géolocalisation sur la carte : Russie européenne



(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Crimée

Crimée



Géolocalisation sur la carte : Europe



(Voir situation sur carte : Europe)
Crimée

Crimée




La Crimée (en tatar de Crimée : Qırım signifiant « ma colline » [qır « colline », ım « ma »], en russe : Крым / Krym, en ukrainien : Крим / Krym) est une péninsule située au sud de l'Ukraine et à l'ouest de la région du Kouban en Russie, qui s'avance dans la mer Noire. La péninsule de Crimée est réputée pour son climat méditerranéen, ses vignobles, ses vergers, ses lieux de villégiatures, ses sites archéologiques, et aussi ses stations balnéaires dont notamment celles de Théodosie, de Soudak, d'Alouchta mais également celle de Yalta, où ont été signés en 1945 les accords de partage de l'Europe entre Staline (Union soviétique), Roosevelt (États-Unis) et Churchill (Royaume-Uni). Sebastopol est également célèbre, depuis 1783, pour sa base navale qui accueille la flotte de la mer Noire de la marine russe.


Correspondant à l'antique Tauride, la Crimée a fait partie, de l'Antiquité au XIIIe siècle, du monde grec devenu byzantin, tout en étant ouverte au nord aux peuples des steppes (Cimmériens, Scythes, Goths, turcophones, Mongols, etc.) pour rejoindre au XVe siècle l'Empire ottoman et à la fin du XVIIIe siècle l'Empire russe, puis en 1922 l'Union des républiques socialistes soviétiques. Dans cette dernière, elle constitue une république socialiste soviétique autonome, puis un oblast qui fait d'abord partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. À la fin de la Seconde Guerre mondiale la population des Tatars de Crimée subit une déportation.


La ville de Sebastopol qui fut fondée en 1783 par l'impératrice russe Catherine II, devient autonome du reste de la Crimée en 1948. En 1954, la Crimée est cédée par un décret soviétique à la République socialiste soviétique d'Ukraine. En 1991, après la chute de l'URSS, la Crimée obtient le statut de République autonome de Crimée au sein de l'Ukraine indépendante et Sebastopol devient une ville à statut spécial. La capitale de la Crimée est Simféropol. La ville de Sébastopol, grand port de guerre sur la mer Noire au sud-ouest de la péninsule, ne fait pas partie de la république de Crimée, mais dispose d'un statut administratif spécial de ville fédérale. En mars 2014, lors de la crise de Crimée, le Parlement criméen, au terme d'un référendum unilatéral — car ne reconnaissant pas les nouvelles autorités provisoires à Kiev, qui elles ne reconnaissent pas le référendum en retour — proclame la sécession de la république de Crimée puis sa réintégration à la Russie en tant que sujet fédéral. La ville de Sebastopol devient quant à elle la troisième ville d'importance fédérale de Russie, au même titre que les villes de Moscou et de Saint-Petersbourg. L'Ukraine, soutenue par un grand nombre de pays de la communauté internationale, ne reconnaît pas ce référendum et maintient ses revendications territoriales sur l'ensemble de la péninsule de Crimée.




Sommaire






  • 1 Géographie


    • 1.1 Littoral


    • 1.2 Montagnes et plaines


    • 1.3 Activités humaines




  • 2 Population


    • 2.1 Structure démographique


      • 2.1.1 Chiffres officiels de 2013 pour la structure par âge


      • 2.1.2 Chiffres officiels de 2013 pour l'âge médian


      • 2.1.3 Composition ethnique




    • 2.2 Recensements


    • 2.3 Villes


      • 2.3.1 Cas particulier de Sébastopol






  • 3 Histoire


    • 3.1 Origines


    • 3.2 La Crimée russe puis soviétique


    • 3.3 La Crimée post-soviétique




  • 4 Forces militaires présentes dans la péninsule


  • 5 Économie


    • 5.1 Secteur primaire


    • 5.2 Secteur secondaire


    • 5.3 Secteur tertiaire


    • 5.4 Secteur touristique


      • 5.4.1 Historique


      • 5.4.2 Loi Tourisme


      • 5.4.3 Offre touristique


      • 5.4.4 Préservation de l'environnement






  • 6 Festivités


  • 7 Notes et références


  • 8 Voir aussi


    • 8.1 Articles connexes


    • 8.2 Liens externes







Géographie |




La république de Crimée et la ville fédérale de Sébastopol.


La péninsule de Crimée, qui couvre une superficie de 27 000 km2, est reliée au reste du territoire ukrainien par l'isthme de Perekop, bande de terre large de cinq à sept kilomètres au nord de la Crimée, et au-delà de laquelle commence l'oblast de Kherson. La distance est, d'ouest en est, entre le cap Kara Mrun et Lanterne, de 326 km, du nord au sud, de l'isthme de Perekop au cap Nicolas, de 205 km. La longueur totale des frontières terrestres et maritimes est de plus de 2 500 km. La Crimée montait autrefois la garde au confluent de deux espaces commerciaux stratégiques : l'accès aux royaumes du Nord, par la mer Noire et le Dniepr, et à ceux de l'Asie, par la mer d'Azov[2]. À l'est de la Crimée, la péninsule de Kertch fait face à la péninsule de Taman en territoire russe. Entre ces deux péninsules, le détroit de Kertch, large de trois à treize kilomètres, relie la mer Noire à la mer d'Azov[3].



Littoral |




Falaises tombant en mer Noire.




Atlech, près du village d'Olenevka.


Les côtes de Crimée sont irrégulières et forment un grand nombre de baies, dont certaines abritent des ports. Leur relief et leur climat les rattachent au monde méditerranéen, même si les hivers peuvent parfois être de type continental froid. La Crimée est bordée, au sud et à l'ouest par la mer Noire, à l'est par la mer d'Azov et au nord-est, le Syvach (côte occidentale de la mer d'Azov). Le Syvach est aussi dénommé « mer Putride », en raison de son large ensemble de marais nauséabonds et de lagunes peu profondes.


Les ports se trouvent sur la côte occidentale de l'isthme de Perekop, dans la baie de Karkinit. Dans la baie de Kalamita, au sud-ouest, se trouvent les ports d'Eupatoria, de Sébastopol et de Balaklava. La baie d'Arabat se trouve au nord de la péninsule de Kertch. La baie de Caffa (ou de Théodosie), avec le port du même nom, se trouve dans le sud, et celle de Laspi au sud-ouest.


Au XIXe siècle déjà, le littoral criméen était réputé pour les bienfaits de son climat méditerranéen. La côte sud-est est très montagneuse, avec une série de montagnes parallèles, les monts de Crimée, situés à une distance de huit à douze kilomètres de la mer.




Montagnes et plaines |




Les montagnes abruptes du sud-ouest.


Les monts de Crimée, assez élevés, culminent à 1 545 m au mont Roman-Koch et descendent dans la mer Noire, en dessinant des plateaux intérieurs à 500-600 m.


Une grande partie de ces montagnes ont des sommets assez abrupts avec une forte dénivellation par rapport à la mer toute proche (650 à 750 mètres), commençant à la pointe sud de la péninsule, appelée cap Sarytch. Dans la mythologie grecque, cette pointe abritait le temple d'Artémis, où la prêtresse Iphigénie aurait officié.


Une importante partie du territoire de la Crimée est composée de prairies sèches ou semi-arides, et de steppes (dans le sud) qui longent par le nord-ouest les pieds des monts de Crimée. Les terres qui se trouvent au pied du Yayla-Dagh sont d'un caractère tout autre. Là, les bandes étroites de la côte et les pentes abruptes des montagnes sont couvertes de verdure. Cette « Riviera russe » s'étend tout le long des côtes sud-est, du cap Saritch, dans l'extrême sud, à Théodosie, et l'on y trouve de nombreuses plages, comme à Aloupka, Yalta, Gourzouf et Soudak.



Activités humaines |


La Crimée est une région d'agriculture depuis six millénaires environ. Même si celle-ci est en régression, elle possède encore beaucoup de vignobles et de nombreux vergers implantés dès l'Antiquité grecque dans ses plus riches plaines. Une production d'huiles essentielles biologiques y est aussi en plein essor. Le long des côtes de la mer Noire et de la mer d'Azov, les Criméens pratiquent toujours une pêche de tradition. La Crimée possède aussi un grand potentiel minéral : 250 gisements de 27 minéraux différents. En intérieur de la péninsule, des mines subsistent et y sont encore exploitées. Les très anciennes carrières de Kertch font plus de 130 kilomètres de longueur.





Hansaray.


La Crimée possède des sites archéologiques scythes, grecs antiques, romains, byzantins, génois, arméniens, tatars, turcs qui attirent de nombreux touristes. On peut y découvrir des villages tatars, des mosquées, des monastères et des palais médiévaux ou de l'époque impériale russe.


Grâce à ses plages, la Crimée est une région très touristique. La station balnéaire de Yalta était déjà réputée sous la Russie impériale comme lieu de villégiature prisé par l'aristocratie et la bourgeoisie. À l'époque soviétique, ce type de sites se multiplia pour accueillir les élites du parti et les « travailleurs émérites ». Ainsi, près d'Aloupka se trouve la plus prestigieuse des colonies de vacances pour pionniers de l'ex-URSS, l'Artek.


La capitale de la Crimée, Simferopol, est alimentée en eau par le plus grand barrage en terre d'Europe, et aussi en électricité solaire par la très grande Centrale photovoltaïque de Perovo (en banlieue sud-ouest) qui développe une puissance de plus de 100 mégawatts. Enfin Simferopol est notamment desservie par la ligne trolleybus de montagne la plus longue du continent européen (86 km) qui passe par Yalta et la côte sud de la péninsule.



Population |


Selon le recensement ukrainien de 2001, la population de Crimée comptait 2 033 700 habitants[4]. Selon le recensement russe de 2016, la population de la Crimée est de 2 322 369 habitants[5].



































Recensements (*) ou estimations de la population de la Crimée[6],[7]
1959* 1989* 2001* 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015* 2016*
1 246 197
2 065 829
2 033 736
1 971 072
1 967 260
1 965 305
1 963 514
1 963 008
-
2 284 400
2 309 129
2 322 369





Pourcentage des Russes sur le sol de Crimée, selon recensement de 2001 (cliquer sur image).


La population criméenne décroît de 0,3 pour cent par an, passant de 2,2 millions en 1993 à 2,1 millions en 2001. Le nombre annuel de naissances s'écroule de 32 000 en 1990, à 15 000 en 2000. Depuis 2014, la population de la Crimée augmente.



Structure démographique |




Pourcentage des Ukrainiens sur le sol de Crimée, selon recensement de 2001 (cliquer sur image).


Article connexe : Démographie de la Crimée.


Chiffres officiels de 2013 pour la structure par âge |




0-14 ans : 14,9 % en augmentation (150 199 hommes et 141 649 femmes)


15-64 ans : 70,4 % en diminution (653 041 hommes et 724 235 femmes)


65 ans et plus : 14,7 % en augmentation (94 047 hommes et 193 251 femmes)



Chiffres officiels de 2013 pour l'âge médian |




total : 39,9 ans en augmentation


homme : 36,2 ans en augmentation


femme : 43,5 ans en augmentation



Composition ethnique |


En 2001, la composition ethnique de la République autonome de Crimée (sans compter Sébastopol) se répartissait en : Russes : 58,32 % ; Ukrainiens : 24,32 % ; Tatars de Crimée : 12,1 % ; Biélorusses : 1,44 % ; Tatars : 0,54 % ; Arméniens : 0,43 % ; Juifs : 0,22 %, Grecs : 0,15 % et autres[8].


Évolution de la composition ethnique de Crimée (y compris Sébastopol) de 1989 à 2014[9] :



























Groupe ethnique 1989 2001 2014
Russes 67,0 % 60,4 % 65,3 %
Ukrainiens 25,8 % 24,0 % 15,1 %
Tatars de Crimée et Tatars 2,0 % 10,8 % 12,1 %


Recensements |






























































































































































Année Fécondité Naissances Natalité Année Fécondité Naissances Natalité Année Fécondité Naissances
Natalité
1990 1,84 27 599 13,0 
2000 1,05 15 162 7,3 
2010 1,55 23 238 11,8 
1991 1,71 26 291 12,1 
2001 1,04 15 136 7,4 
2011 1,56 23 394 11,9 
1992 1,54 24 160 10,9 
2002 1,06 16 112 8,0 
2012 1,68 24 702 12,6 
1993 1,39 22 094 9,9 
2003 1,15 17 419 8,7 
2013 - 24 054 12,2 
1994 1,54 20 681 9,3 
2004 1,20 17 941 9,0 
2014 - - -
1995 1,25 18 984 8,6 
2005 1,21 17 983 9,0 
2015 - - -
1996 1,17 17 538 8,0 
2006 1,27 20 041 10,1 
2016 - - -
1997 1,13 16 683 7,7 
2007 1,38 21 667 11,0 
2017 - - -
1998 1,07 15 603 7,3 
2008 1,49 23 353 11,9 
2018 - - -
1999 1,03 15 023 7,2 
2009 1,55 23 524 12,0 
2019 - - -




Villes |


La Crimée compte dix-sept « communes » qui ont le statut de ville : seize dans la république autonome, ainsi que Sébastopol, municipalité à statut particulier, ne faisant pas partie de la république autonome.




Les subdivisions de Crimée.




Répartition des villes en Crimée.











































































































































































































Population urbaine estimée (chaque 1er janvier) par l'Office des statistiques d'Ukraine[10],[11] :
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Alouchta 29 913 29 775 29 504 29 303 29 191 28 919 28 642
-
Aloupka 8 605 8 518 8 444 8 444 8 425 8 493 8 497
-
Armiansk 22 893 22 922 22 884 22 800 22 711 22 592 22 468
-
Bakhtchyssaraï 26 395 26 208 26 124 26 067 26 144 26 215 26 363
-
Bilohirsk 18 399 18 284 18 266 18 276 18 224 18 208 18 199
-
Chtcholkine 11 419 11 385 11 319 11 311 11 242 11 231 11 194
-
Djankoï 39 664 38 891 38 271 37 708 37 275 36 860 36 458
-
Eupatoria 106 456 106 719 107 105 107 177 106 846 106 698 106 840
-
Feodossia 71 725 71 535 71 214 70 730 70 392 70 043 69 786
-
Kertch 151 327 150 088 149 021 148 120 147 269 146 516 145 845
-
Krasnoperekopsk 30 677 30 549 30 349 30 282 30 201 30 086 29 944
-
Saky 26 389 25 840 25 260 24 765 24 580 24 323 24 038
-
Sebastopol - - - - - - -
-
Simferopol 340 644 339 577 337 830 337 139 336 588 336 330 335 582
-
Soudak 14 772 14 815 14 943 15 112 15 171 15 300 15 368
-
Staryï Krym 9 642 9 609 9 522 9 501 9 492 9 446 9 485
-
Yalta 79 796 79 380 78 935 78 584 78 334 78 032 78 040
-




Cas particulier de Sébastopol |





Municipalité de Sébastopol :

1. raïon de Gagarine (dont :
1. - municipalité de Gagarine).
2. raïon de Lénine (dont :
2. - municipalité de Lénine)
3. raïon de Nakhimov (dont :
3. - municipalité de Nakhimov,
4. - municipalité de Andreevka,
5. - municipalité de Katcha,
6. - municipalité de Verkhnesadovoe).
4. raïon de Balaklava (dont :
7. - municipalité de Balaklava,
8. - municipalité de Orlynoe,
9. - municipalité de Ternovka,
10. ville d'Inkerman).


Articles détaillés : Sébastopol, Siège de Sébastopol (1854-1855) et Siège de Sébastopol (1941-1942).

La ville de Sébastopol est fondée en 1783, après l'annexion de la Crimée par la Russie. Elle devient alors une importante base navale et un port de commerce florissant. Durant la guerre de Crimée, Sébastopol est assiégée par les Français, les Britanniques et les Turcs. Elle tombe au bout de onze mois. En 1921, la ville est rattachée à la République socialiste soviétique autonome de Crimée. En 1948, la ville ne dépend plus de l'oblast de Crimée mais est directement rattachée à la RSFS de Russie.


À la chute de l'Union soviétique (1991), Sébastopol est rattachée aux subdivisions de l'Ukraine, mais avec un statut particulier différent de la république autonome de Crimée (voir subdivisions de l'Ukraine) qui en fait une enclave russe de facto mais sous couvert de la présidence ukrainienne de jure, où reste basée (depuis le XVIIIe siècle) la flotte russe de la mer Noire et où les citoyens n'élisaient pas le président du comité exécutif de la ville car son maire était, jusqu'en mars 2014, désigné directement par le président d’Ukraine. En 2010, après de longues négociations, l'Ukraine prolonge le bail de la Russie sur le port de Sébastopol (en), jusqu'en 2042.


À partir du 18 mars 2014, à la suite du rattachement de la république de Crimée et de la ville à la Russie, lui est alors attribué le statut de ville fédérale russe[12].



Histoire |


Article détaillé : Histoire de la Crimée.


Origines |




Ruines de la colonie grecque de Chersonèse.


Les premiers habitants de la future Crimée dont on connaisse le nom sont les Cimmériens. Il est possible que le nom de la péninsule vienne de ce peuple (Kimmerioi en grec, c'est-à-dire « habitants des marges », Kymè en grec). Au VIIe siècle av. J.-C., la plupart des Cimmériens migrent vers l'Anatolie et les Balkans, sous la poussée d'un autre peuple indo-européen nomade venu de la steppe eurasiatique : les Scythes.


À partir du VIe siècle av. J.-C., les Grecs fondent des colonies sur les côtes de la péninsule, dont Théodosie (au sud-est) et Chersonèse. Peu à peu, la Crimée est intégrée au monde grec sous les noms de « Chersonèse Taurique » ou simplement « Tauride ». À l'époque hellénistique, elle est intégrée au royaume gréco-scythique du Bosphore, qui devient un État-client de Rome au Ier siècle av. J.-C.


La moitié sud de la Crimée reste longtemps gréco-romaine, tandis que le reste de la péninsule est occupé par les Goths et les Alains vers le milieu du IIIe siècle. La population des Goths de Crimée subsiste plusieurs siècles, avec sa propre langue, le gotique de Crimée, mais Goths et Alains sont progressivement hellénisés, et adoptent la langue grecque et la religion chrétienne orthodoxe. Divers peuples se succèdent dans le Nord de la péninsule au Moyen Âge : les Huns (376), les Bulgares (Ve siècle), les Khazars (VIIIe siècle), les Russes kiéviens (Xe – XIe siècles), les Pétchénègues (1016), les Kiptchaks (1050), les Coumans (1171), les Tatars et les Mongols (1237).


Au début du IXe siècle, l'Empire byzantin organise le Sud de la Crimée en thème de Cherson. En 1204, alors que Constantinople, capitale byzantine, tombe entre les mains des croisés occidentaux, les Vénitiens s'emparent des ports de Cembalo, Caulita, Lousta, Soldaïa et Caffa (Théodosie). Le thème lui-même échoit à l'empire grec de Trébizonde, qui reconquiert les ports et les concède aux Génois, les rivaux des Vénitiens. Une principauté de Théodoros quasi indépendante apparaît au XIVe siècle dans l'ancien thème et subsiste jusqu'à la conquête ottomane en 1475. Le Nord de la péninsule, soumis aux Tatars, fait désormais partie du khanat de Crimée, allié et vassal de l'Empire ottoman.



La Crimée russe puis soviétique |


À l'issue de la guerre russo-turque de 1787-1792, la Crimée est cédée à l'Empire russe en vertu du traité d'Iaşi. Elle est intégrée au gouvernement de Tauride. Les tsars y mènent une politique de peuplement par des Russes et Ukrainiens, mais aussi Allemands, Moldaves, Arméniens et Grecs pontiques rappelés sur leurs terres d'origine. De nouvelles villes sont fondées, des voies ferrées construites et des marais assainis. Les Tatars de Crimée deviennent minoritaires et sont persécutés ou expulsés jusqu'à la fin du XIXe siècle. La Crimée constitue une importante tête de pont pour la marine marchande russe, dans son désir d'accéder aux mers chaudes.




Le siège de Sébastopol.


De 1853 à 1856, la péninsule est le théâtre de la guerre de Crimée, qui oppose la Russie aux Turcs et à leurs alliés français et britanniques. Ce conflit meurtrier est marqué par l'utilisation de nouvelles technologies comme les bateaux à vapeur ou le télégraphe. Les Russes sont contraints d'admettre leur défaite, mais le traité de Paris n'entraîne pas de modifications territoriales en Crimée, qui sort cependant ruinée du conflit. Elle se relève après 1860 pour devenir une véritable riviera russe, avec l'apparition de nombreuses stations balnéaires comme Yalta.


À la fin de la Première Guerre mondiale, la Crimée fait partie des territoires abandonnés à l'Allemagne par le traité de Brest-Litovsk. Durant la guerre civile russe, elle constitue le dernier bastion de l'Armée blanche du général Wrangel, qui doit l'évacuer à la fin de l'année 1920. Beaucoup de Russes et d'Ukrainiens non-communistes s'enfuient vers l'Europe de l'Ouest avec l'Armée blanche. Au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, elle-même membre de l'Union des républiques socialistes soviétiques, la péninsule constitue la République socialiste soviétique autonome de Crimée, distincte de la République socialiste soviétique d'Ukraine. Dans les années 1930, ces territoires agricoles souffrent des famines entraînées par les plans de collectivisation.


Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Crimée est le théâtre de sanglantes batailles entre la Wehrmacht et l'Armée rouge. La péninsule est occupée par les Allemands malgré la résistance de Sébastopol jusqu'en juillet 1942. Les troupes soviétiques libérèrent définitivement la ville en mai 1944. Accusés d'avoir aidé les Allemands, les 200 000 Tatars de Crimée sont déportés, et près de la moitié trouvent la mort. La RSS autonome de Crimée est abolie le 30 juin 1945 et laisse la place à un oblast de Crimée relevant de la RSFSR. La ville de Sébastopol en est détachée en 1948.


Le 19 février 1954, Nikita Khrouchtchev « offre » l'oblast de Crimée à la RSS d'Ukraine à l'occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l'Ukraine. Treize années plus tard, en 1967, les Tatars de Crimée sont réhabilités, sans pour autant être autorisés à revenir dans la péninsule.



La Crimée post-soviétique |




Situation de la Crimée entre Ukraine et mer Noire, dans le jeu stratégique entre Russie et OTAN, entre la CEI et l'UE.




Texte de la Constitution de la Crimée - Document 2007 -


Lors de la dislocation de l'URSS, la Crimée se proclame « République autonome de Crimée » en 1991, puis « république de Crimée l'année suivante. Comprenant une importante population russophone, elle proclame son indépendance le 5 mai 1992, mais accepte d'être rattachée à l'Ukraine à la suite d'un accord entre les deux Parlements et en échange d'une large autonomie au sein du pays[13], tandis que Sébastopol est placée sous un régime spécial.


L'année 1995 est marquée par un nouveau bras de fer entre pro-russes et pro-ukrainiens, en Crimée mais aussi dans le reste de l'Ukraine. L'enjeu est en fait le statut de la ville de Sébastopol et l'éventuel retrait de la flotte russe de la mer Noire. Comme chaque fois que des tensions apparaissent entre un pays ex-soviétique et la Russie, de nombreuses inquiétudes apparaissent au niveau international quant à la stabilité du « glacis russe »[14].


Le parlement de Crimée vote alors une nouvelle série de lois constitutionnelles (Constitution d'octobre 1995), qui seront longtemps contestées par les autorités ukrainiennes, car réaffirmant et précisant l'autonomie de la Crimée. La situation reste tendue, mais sans incidents, pendant plusieurs années, jusqu'aux défaites électorales des partis ukrainiens pro-européens nés à l'issue de la chute du bloc soviétique. La Russie retrouve alors son niveau d'influence antérieur dans les affaires intérieures de l'Ukraine, et surtout de la Crimée. La Russie facilite la distribution de passeports russes à la population russophone de Crimée, comme elle l'avait déjà fait en Transnistrie moldave et, dans les années 1990-2000 puis avant et après 2008, en Géorgie où la « passeportisation » des Abkhazes et des Ossètes du Sud, prélude à la reconnaissance diplomatique par la Russie de ces Républiques séparatistes, avait provoqué d'importants exodes, de ceux qui refusaient ces passeports, de ces régions en direction notamment de Tbilissi, Gori et Zougdidi.


Le rattachement de la Crimée à l'Ukraine comme République autonome est officiellement reconnu par la Russie en 1997. La nouvelle Constitution est officiellement ratifiée par les deux parlements, russe et ukrainien, les 21 octobre et 23 décembre 1998. De par sa Constitution ratifiée de 1995-1998, la Crimée devient une entité administrativement et territorialement autonome au sein de l’État unitaire d'Ukraine. La Crimée n'est pas un État souverain, mais son intégrité territoriale, son autonomie et le statut de sa population russophone et ses droits patrimoniaux sont garantis. Elle possède son propre organe représentatif, la Verkhovna Rada, un Conseil des ministres (en) et un chef d'État. Enfin la nouvelle constitution de la Crimée entre en vigueur le 12 janvier 1999.


Au début du troisième millénaire, la croissance de l'Ukraine (et de Crimée) reste à deux chiffres, mais la réaction économique russe à la révolution orange de 2004-2005 (cessation des fournitures énergétiques à bas prix) provoque son ralentissement à 2,1 %. Mais c'est surtout la crise économique de 2008-2009 qui lui porte un coup d'arrêt : elle chute tout à coup de 15 %. Kiev est alors obligé de s'endetter auprès du FMI (plan de sauvetage économique sous forme de prêt) pour plus de seize milliards d'euros[15]. Avec les nouveaux prix élevés des fournitures énergétiques russes, l'Ukraine a des difficultés à régler ses factures, d'où les conflits gaziers russo-ukrainiens de 2005 à 2009[16]. Ces événements alimentent en arguments les mouvements pro-occidentaux de l'opposition ukrainienne et font monter les mécontentements dans les régions de l'ouest qui, sur le plan économique, sont les moins riches de l'Ukraine[17].


Enfin, le débarquement de matériel militaire américain via l'OTAN, le 27 mai 2006, dans le port criméen de Théodosie (Feodossia, en Crimée), en prévision de l'exercice Sea Breeze 2006, ravive fortement les tensions avec la Russie, ainsi que les passions en Crimée. En effet, ni la Crimée, ni l'Ukraine ou la Russie ne sont membres de l'Alliance militaire atlantique occidentale. Et l'autorisation de débarquement avait été donnée par le troisième président d'Ukraine, le pro-occidental Viktor Iouchtchenko (2005-2010, parti Notre Ukraine), alors que constitutionnellement, la décision relevait du seul Parlement ukrainien[18].


Les manifestations Euromaïdan qui secouent l'Ukraine à partir de novembre 2013 et entraînent la chute du pouvoir en place exacerbent les tendances séparatistes et pro-russes en Crimée, dans un contexte ou seulement 15 % de la population de Crimée se considère ukrainienne[19]. La remise en cause de la langue russe finit de détruire ce fragile équilibre[13],[20]. La Crimée annonce qu'elle refuse de reconnaître les nouvelles autorités provisoires du pays, et le Parlement criméen vote l'organisation d'un référendum concernant le rattachement de la péninsule à la Russie. La Crimée proclame son indépendance le 11 mars. Une semaine plus tard, les dirigeants de la nouvelle république de Crimée et le président russe Vladimir Poutine signent un accord entérinant son rattachement à la Russie, en accord avec les résultats du référendum du 16 mars (« oui » à 96,77 %). Le rattachement de la Crimée à la Russie n'est pas reconnu par la majeure partie de la communauté internationale. Ainsi, la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU 68/262 a dénié toute validité au référendum et apporte en conséquence son soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine[21],[22].


Différentes études sociologiques et sondages réalisés un an après le référendum de 2014 confirment la très large adhésion de la population locale au rattachement à la Russie. Selon une étude réalisée par GfK en février 2015, seuls 2 % des personnes interrogées répondent négativement à la question : « Approuvez-vous l'annexion de la Crimée par la Russie ? »[23].



Forces militaires présentes dans la péninsule |


Le traité d'amitié du 31 mai 1997 signé par l'Ukraine et la Russie[24], avait réparti les forces sur la péninsule de Crimée. En 2014, celles-ci étaient les suivantes :


Pour la Russie


  • plus de 15 000 soldats, essentiellement des marins de la flotte de la mer Noire, basée dans le port de Sébastopol[25],

  • vingt-cinq navires de combat et un armement terrestre d'importance (dont des chars).


Pour l'Ukraine

  • moins de 10 000 soldats sur l'ensemble de la Crimée[26] :

    • Armée de terre : 3 500 militaires équipés d'artillerie et d'armes légères (mais sans char) ;

    • Armée de l'air : sur l'unique véritable base militaire aérienne (Belbek, à proximité de Sébastopol) sont cantonnés un escadron de chasseurs Su-27 et une trentaine de chasseurs MiG-29 ;

    • Marine : elle est dotée d'une dizaine de navires basés à Sébastopol (dont plusieurs frégates, des dragueurs de mines, et un unique sous-marin de fabrication russe). Mais le 2 mars 2014, le commandant en chef de la marine ukrainienne, l'amiral Denis Berezovski (en), a annoncé qu'il prêtait allégeance aux autorités pro-russes[27] ;

    • Des services des douanes ukrainiennes et des garde-côtes sont répartis sur la base militaire de Perevalnoye (en) (à vingt kilomètres de Sébastopol) et sur quelques petites bases littorales de Crimée. Les garde-côtes possèdent quatre avions de patrouille maritime Beriev Be-12, seize hélicoptères Ka-29, six Antonov AN-26, huit Mi-8 de transport, cinq Mi-14, et vingt-et-un Ka-27 de lutte anti sous-marine ;

    • les forces anti-émeutes Berkout en Crimée : Arsen Avakov les aurait dissoutes par décret ministériel du 25 février 2014[28].




Économie |


L’économie de la Crimée s’est formée au cours du XXe siècle, grâce à l’utilisation des ressources naturelles. Elle a subi, à l’instar de l’Ukraine pendant les années 1990, une grave récession, qui a conduit les pouvoirs publics à tenter de diversifier ses activités. Cette crise, brutale, bouleverse en effet l’ordre traditionnel de l’économie, qui repose sur l’exploitation des ressources de l’agriculture (céréales, vigne, etc.) et sur l’industrie lourde (chimie, métallurgie). De plus, la péninsule est largement dépendante du reste de l'Ukraine pour son approvisionnement en énergie (82 % de son électricité) et en eau (85 % de ses besoins) qui transite par l'isthme de Perekop[29].


Le taux de chômage en Crimée est passé de 20 % en 1993, à 28 % aujourd’hui. La Crimée est une des régions les plus pauvres d’Ukraine, comme en témoigne le niveau de son revenu moyen (225 hrivna mensuel par habitant soit 2,5 % de moins que celui de l’Ukraine). Autre constat inquiétant, 83 % des ménages sont endettés, ce qui ne permet guère un investissement local.


À la suite de la crise de Crimée, la région connaît une phase de mutation économique accélérée. D'une part, la péninsule subit un repli économique important, avec une baisse de la production industrielle, des flux touristiques et des investissements étrangers (lié notamment à des sanctions internationales ou au retrait des capitaux ukrainiens). D'autre part, le territoire reçoit des rentrés d'argents notables, de la part de la Russie, tant par le paiement de fonctionnaire et des retraites, que via les investissements dans les activités militaires de Sébastopol ou dans les infrastructures avec la construction du pont de Kertch[30].



Secteur primaire |


Le secteur agricole est en déprise. Le nombre d’exploitations est passé de 652 en 1995 à 532 en 2000. L’agriculture criméenne connaît les mêmes déboires que l’agriculture ukrainienne. Faible productivité, grosse consommation d’engrais, mauvaise organisation, insuffisance des débouchés, ne permettent pas d’envisager un avenir florissant, du moins à court terme. L’agriculture marque donc de moins en moins le paysage. Les surfaces d’ensemencement sont passées de 1 198 000 hectares en 1990 à 933 000 hectares en 2000. Pour autant, le secteur participe pour plus de 35 % à la production viticole de l’Ukraine, 10 % de la production de fruit et 5 % de celle du blé. Cette récession cause de nombreux problèmes sociaux.




Sur la rive sud de la mer d'Azov, Cap Kazantip est un promontoire sur la péninsule de Kertch (à l'est de la péninsule de Crimée). Résultat de la chute du bloc soviétique, la construction en cours d'une centrale nucléaire y a été abandonnée en 1989.



Secteur secondaire |


Les ressources minérales jouent un rôle primordial dans l’économie de la Crimée. On dénombre pas moins de 250 gisements de 27 minéraux différents, constituant la base de l’industrie minière et de l'industrie chimique ukrainienne. Ces gisements de matière première sont exploités majoritairement pour la construction (60 %) et la production d’hydrocarbure (15 %).


Le secteur industriel a connu une chute vertigineuse depuis 1985. Tous les secteurs ont vu leurs productions respectives diminuer de 10 à 70 % depuis cette date. L’industrie de la Crimée ne représente plus aujourd’hui que 2 % des revenus de l’industrie ukrainienne. Ce secteur emploie actuellement 60 000 personnes contre 100 000 en 1995 et compte 58 % d’entreprises déficitaires. La production connaît toutefois une hausse de la production dans la période la plus récente ; +10 % entre 1999 et 2000. La ville de Kertch reste l’un des principaux centres industriels, puisqu’elle représente près de 10 % de la valeur de la production industrielle de la Crimée.



Secteur tertiaire |


La Crimée a profité un certain temps de l’amélioration globale de l’économie ukrainienne, et a vu son volume total de production croître de 20 % entre 2000 et 2004. Les privatisations se poursuivent, et à ce titre, le gouvernement table sur des recettes de l’ordre de 400 millions de hrivna en 2005 (le nombre d’entreprises privées est en 2003 de 55 %). Le gouvernement régional semble miser aujourd’hui[Quand ?] sur une réorientation de la structure productive, en promulguant de nombreuses mesures incitatives, propres à redonner du dynamisme à cette économie chancelante. L’objectif principal des pouvoirs publics est en effet de tertiariser l’économie criméenne, à l’exemple de ce que tente de réaliser le gouvernement de Kiev. Les nouvelles lois d’orientation de la République autonome de Crimée donnent de ce fait priorité au développement de la branche touristique.



Secteur touristique |



Historique |





Foros, station balnéaire dans le Sud-Ouest de la Crimée.


Le tourisme en Crimée peut être considéré comme une activité traditionnelle. En effet, dès la fin du XIXe siècle, les tsars décident d’y installer leurs lieux de villégiature, comme à Livadia. Sébastopol devient, grâce à l'arrivée du chemin de fer la reliant à Yozovaïa, la première ville touristique de Crimée. Le tourisme thérapeutique d’alors est cependant réservé à une élite peu nombreuse. On pratique, comme le veut la mode, un tourisme « hygiéniste », basé sur la remise en forme, sur la pratique d’activités sportives, comme le prônaient les médecins de l’époque (création du « Crimean Mountain Club » en 1916). Faisant suite à la révolution russe, le pouvoir communiste décide de créer une administration touristique centralisée (Intourist), faisant de la Crimée le lieu de repos des travailleurs « méritants » et de l’oligarchie, ceci dans la démarche idéologique, culturelle et éducative propre à l’époque. Le secteur touristique était inséré dans la logique productive de l’économie planifiée : prix hors marché, service peu qualitatif, organisation centralisée. Les infrastructures principales, notamment hôtelières, sont construites à cette période et concentrées dans quelques villes littorales (Yalta, Sébastopol, etc.).



Loi Tourisme |





Le château du Nid d'hirondelle à Yalta.


À la suite de l'indépendance ukrainienne et de l'autonomie de la Crimée, les pouvoirs publics décident rapidement de miser sur le secteur touristique, considérant que celui-ci, grâce à son caractère dynamique, peut permettre, à moyen terme, de diversifier l'économie régionale. Dès 1993, le gouvernement régional crée les administrations adéquates afin de structurer ce secteur. Un ministère propre lui est dédié, une filière de l’université de Sébastopol se consacre à former des scientifiques, cadres compétents, et on instaure, en 1994, une conférence annuelle permettant aux différents acteurs d’établir des synergies.


Reste alors à créer un environnement économique facilitant les investissements. Cela sera chose faite en 1995 avec la promulgation de la « Loi Tourisme ». Cette loi encadre le développement touristique en lui donnant également les moyens de prospérer. Elle permet en effet d’assurer les intrants et les sortants des entreprises, d’améliorer la conformité avec les lois et normes internationales, de baisser les taxes sur les profits, d’assurer un contrôle du secteur, de développer la coopération internationale, de poursuivre les privatisations et de faciliter les investissements. Dans cette optique, le gouvernement central décide, en 2000, d’établir des zones franches dans le secteur touristique à Yalta, Alouchta, Soudak et Théodosie.


La Crimée possède de nombreuses infrastructures touristiques. Elle est l'une des régions de l'ancienne URSS qui compte le plus de stations balnéaires et thermales.



Offre touristique |




Yalta.


Le secteur touristique représente dorénavant plus de 30 % du PIB de la Crimée (2002). Elle accueille en effet 30 % des touristes internationaux, majoritairement russes, de l'Ukraine, ce qui, avec les touristes nationaux, représente plus de 3 millions de touristes en 2003. En comparaison au chiffre de 1970 cela représente une augmentation de 100 %. Cette progression spectaculaire se poursuit, puisque la fréquentation a connu, en 2003, une hausse de 6 %. Ce développement rapide a été possible après la dislocation de l'Union soviétique, l'accès au territoire étant devenu largement plus aisé pour les étrangers. L’offre touristique s’est développée elle aussi, fondée sur l’exploitation des ressources naturelles. Le tourisme en Crimée s’est en effet spécialisé dans la vente de produits thérapeutiques et le tourisme de santé (stations thermales, etc.).


Grâce à sa situation, elle joue également un rôle important de point d’escale des croisières de la mer Noire. Les ports sont essentiellement à vocation internationale et permettent de rejoindre les principales villes portuaires de la mer Noire. Les moyens de transport sont donc assez bien développés, même si on peut largement les améliorer. La Crimée compte un aéroport international (Simferopol) et deux aéroports à vocation régionale et nationale (Kertch et Sébastopol). Ces aéroports sont gérés par l’État et sont utilisés par l’aviation civile ukrainienne ainsi que par une compagnie nationale (Air Crimée) qui entretient des liaisons régulières avec Lviv, Kiev et Moscou. Ils restent sous-utilisés, mais, dans le contexte de l’économie ukrainienne, ils ne semblent pas être des priorités en termes d’investissement.




La ville de Yalta est célèbre pour sa conférence de 1945 réunissant les dirigeants Churchill, Roosevelt et Staline (assis) ; dans le Sud-Ouest de la Crimée.


On distingue trois régions principales à vocation touristique :



  • la côte sud, qui avec Yalta et Alouchta, est la plus fréquentée. C’est une région touristique de longue date et c’est aussi la plus luxueuse. Yalta compte 92 stations de « traitement » (de remise en forme) pour 27 000 places, et Alouchta en compte 16 pour 11 000 places.

  • la côte occidentale (Eupatoria, 25 000 places et Saky), célèbre pour ses bains de boues.

  • la côte orientale qui s’étend d’Alouchta à Théodosie (ou Féodossia). Il s’agit d’une région bon marché.


Cette capacité est en effet en baisse puisque l’on dénombrait 150 000 places d’hébergement en 1995 contre 130 000 à l’heure actuelle. Cette baisse est due à la crise économique qui grève la capacité d’investissement. De plus, les structures réceptrices restent, à l’image de la situation ukrainienne, largement étatisées, souffrant d’un déficit en termes de services, de qualité et aussi de normes claires, facilement identifiables pour les touristes étrangers. Les futurs investissements doivent répondre à ce manque afin de permettre une meilleure relation qualité-prix.


Kertch, située à la pointe orientale de la péninsule, est une ville à l'écart des principaux flux touristiques de la région. Cela constituera un des axes de travail proposé dans la troisième partie. En 2011, la Crimée a accueilli 7 millions de personnes. La presqu'île aimante un certain nombre d'Européens encore limité, mais surtout des Russes et d'anciennes nationalités de l'ex-URSS. Les touristes, à 80 % russes, ukrainiens et biélorusses, colonisent les plages de la côte méridionale entre juin et septembre. À Yalta, la population est multipliée par six en été.



Préservation de l'environnement |




La forêt subtropicale de Kastropol.


L'un des axes du développement touristique de la Crimée est la mise en valeur du patrimoine naturel. L'impact de Tchernobyl sur l'image du pays est évidemment très négatif, il convient donc d'établir un plan communication permettant de résorber ce déficit en termes d’image. Cela semble être une réelle préoccupation des différentes sphères du pouvoir, bien que les autorités compétentes en la matière rencontrent de nombreux problèmes dans la mise en place de politiques ambitieuses. On ne peut effectivement pas tout contrôler dans cette région pauvre et il apparaît que l'appât du gain immédiat est bien plus fort que toute préoccupation environnementale. Il faut pourtant agir vite car la Crimée traverse une crise sérieuse. Comme nous l'avons déjà remarqué, les sols sont souvent pollués du fait des besoins de l'agriculture et le manque de moyens financiers des collectivités locales limite l'ampleur des actions entreprises. Néanmoins, dans ce domaine, les choses avancent depuis une décennie. La Constitution ukrainienne, reprise par la criméenne, stipule dans son article 254K que « la richesse des paysages naturels est une propriété commune du peuple ukrainien, son héritage naturel et doit servir aux présentes générations ainsi qu’aux générations futures ». L’Ukraine adhère, depuis 1997, aux chartes internationales de protection de l’environnement et adopte ses propres lois-cadres permettant de définir, sur le terrain, les principales zones à sauvegarder (« Conception de la protection de la diversité biologique en Ukraine »). Cette sauvegarde est parfois liée à l'ouverture au tourisme de ces différents sites. Ainsi, les espaces jouissant d’une protection ont augmenté de plus de 78 % entre 1996 et 2002.


Il existe différents types de zones protégées : « réserve naturelle », « parc naturel national », « parc paysager régional », « réserve spéciale », « monument naturel ». À la suite du « programme d'État pour le développement du réseau écologique national de l'Ukraine ; 2000-2015 », les conditions d’applications de protection de ces différentes zones sont clairement définies. Il s’agit en priorité de zones touristiques souffrant de déprise agricole. Ce programme permet une gestion rationnelle des différents moyens mis en œuvre (délimitation, objet propre, statut, coopération scientifique…). La Crimée compte, dorénavant, 6 réserves d’État et 33 réserves spéciales qui totalisent plus de 5 % de la superficie de son territoire (soit 140 000 hectares). Les réserves criméennes ont donc différents statuts, objectifs et moyens qui dépendent notamment de la qualité des sites et de leurs tailles. Plusieurs niveaux de protections sont donc établis. Comme précédemment mentionné, grâce à sa situation péninsulaire, elle possède de nombreuses espèces endémiques. Ces espèces bénéficient d’une protection spéciale (inscription dans « le Livre Rouge ») qui leur permettrait d’être préservées.



Festivités |




Boîte jaune en vente au KaZantip.


Entre 2000 et 2013, sur la plage de Popivka (Ouest de la péninsule de Crimée), s’est déroulé le festival KaZantip dans la surnommée « République orange autonome de KaZantip », événement qui attire chaque été des festivaliers venus de Russie, et aussi du monde entier. Des centaines de disc jockeys, une dizaine de dance-floors et 140 000 visiteurs pour l'édition 2011… Le projet Kazantip est surtout connu pour sa grande fête de plage (beach party) organisée sur l'une des plus belles plages de la mer Noire, et autour des restes d'une centrale nucléaire abandonnée lors de sa construction. Ce « festival » se veut dans la lignée des grands festivals que sont Burning Man aux États-Unis, la Love Parade ou la Street Parade[31].




Notes et références |




  1. Y compris l'île de Touzla, à l'est, en Russie, qui fait l'objet d'un contentieux distinct (ru).


  2. (fr) GEO no 400 de juin 2012, p. 56.


  3. (fr) « Description de la Crimée - Par Johann Erich Thunmann (1786) », 2014 Books.google (consulté le 20 février 2014).


  4. (en) « Regions of Ukraine / Autonomous Republic of Crimea », 2001 Ukrainian Census (consulté le 16 décembre 2006).


  5. Population russe (1er janvier 2016), consulté le 23 avril 2016.


  6. (uk) World Gazetteer.


  7. (uk) Comité d'État de statistiques d'Ukraine, «Статистичний збірник "Чисельність наявного населення України на 1 січня 2010 року», Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2010 ».


  8. « Results / General results of the census / National composition of population », 2001 Ukrainian Census (consulté le 16 décembre 2006).


  9. Sources décrites dans Démographie de la Crimée.


  10. Comité d'État de statistiques d'Ukraine, Статистичний збірник «Чисельність наявного населення України на 1 січня 2008 року», Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2008 ».


  11. « Статистичний збірник "Чисельність наявного населення України на 1 січня 2010 року», Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2010 » ; Статистичний збірник « Чисельність наявного населення України на 1 січня 2012 року » [Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2012 »] [1].


  12. http://fr.ria.ru/world/20140318/200753431.html.


  13. a et bTigrane Yégavian, « Europe / Russie. Les sujets qui fâchent », Conflits, no 11, oct.-déc. 2016, p. 54-57.


  14. « Sébastopol : une base navale russe clé en Ukraine (28-02-2014) », 2014 LeMonde (consulté en 29 février 2014).


  15. « L'Ukraine a reçu un prêt du FMI de 16,5 milliards de dollars (03-08-2009) », 2009 L'Écho (consulté le 25 décembre 2013).


  16. « Le gaz russe, enjeu crucial pour l'Ukraine et l'Union européenne (03-03-2014) », 2014 LeFigaro (consulté le 3 mars 2014).


  17. « Carte des régions de l'est de l'Ukraine qui sont les plus riches et dynamiques (PIB ukrainien par habitant et par région, en 2011) », 2014 LeMonde (consulté le 3 mars 2014).


  18. (ru) « L'OTAN bat en retraite en Crimée (14-06-2006) », 2014 RiaNovosti (consulté le 1er janvier 2014).


  19. (en) « Public Opinion Survey Residents of the Autonomous Republic of Crimea — May 16 – 30, 2013 — Regardless of your passport, what do you consider yourself? », USAID, mai 2013(consulté le 13 novembre 2014).


  20. Selon le journal Le Monde, des soldats russes dépourvus de tout insigne agissent dans la péninsule. « Les éléments qui accréditent l'intervention de soldats russes en Ukraine », 2014 LeMonde (consulté le 20 janvier 2017).


  21. L’Assemblée adopte une résolution soulignant que « le référendum organisé en République autonome de Crimée et dans la ville de Sébastopol le 16 mars 2014 n’a aucune validité », communiqué de l'Organisation des nations unies du 27 mars 2014, site officiel de l'ONU, consulté le 4 mars 2015.


  22. Les observateurs de l'Union européenne ont été invités à en contrôler le déroulement, ce qu'ils ont décliné.


  23. (en) One Year After Russia Annexed Crimea, Locals Prefer Moscow To Kiev, forbes.com, 20 mars 2015.


  24. La ratification du traité d'amitié, de coopération et partenariat russ-ukrainien sur ridi.org.


  25. (fr) « Ukraine : Quelles sont les forces russes en présence ? (02-03-2014) », 2014 Infosdefense (consulté le 2 mars 2014).


  26. (fr) « Les capacités de l’armée ukrainienne en quelques chiffres (02-03-2014) », 2014 Infosdefense (consulté le 2 mars 2014).


  27. (fr) « Kiev, « au bord de la catastrophe », perd le contrôle de la Crimée (03-03-2014) », 2014 LeMonde (consulté le 3 mars 2014).


  28. (ru) RIA Novosti : Les forces Berkout dissoutes par décret ministériel.


  29. « Crimée : quelle viabilité économique sans l’Ukraine ? » – article de Libération du 14 mars 2014.


  30. « Crimée : Le coût de la mutation économique », Assen Slim, Regard sur l'Est, 20 septembre 2016.


  31. (fr) GEO no 400, juin 2012, p. 51.



Voir aussi |


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