Marie-Thérèse de France (1778-1851)





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Marie-Thérèse de France



Description de cette image, également commentée ci-après

Marie-Thérèse Charlotte de France, portrait par Alexandre-François Caminade en 1827.

Titre


Épouse du prétendant légitimiste au trône de France


6 novembre 1836 – 3 juin 1844
(7 ans, 6 mois et 28 jours)









Successeur
Marie-Thérèse de Modène













































Biographie
Titulature
Fille de France
Duchesse d’Angoulême
Dauphine de France
« Comtesse de Marnes »
Dynastie
Maison de Bourbon
Nom de naissance
Marie Thérèse Charlotte de France
Surnom
« Madame Royale »
« Mousseline la Sérieuse »
Naissance
19 décembre 1778
Versailles (France)
Décès
19 octobre 1851(à 72 ans)
Frohsdorf (Autriche)
Sépulture
Kostanjevica
Père
Louis XVI de France
Mère
Marie-Antoinette d’Autriche
Conjoint
Louis de France

Signature



Signature de Marie-Thérèse de France





Description de l'image CoA of Marie-Thérèse of France.png.




Marie-Thérèse Charlotte de France[1], surnommée « Madame Royale », née le 19 décembre 1778 à Versailles et morte le 19 octobre 1851 à Frohsdorf en Autriche, est le premier enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette. Après une enfance passée à la Cour, elle est la seule des enfants royaux à survivre à la Révolution française. Exilée hors de France en 1795, elle retrouve son pays de 1814 à 1830, où elle redevient l'une des personnes les plus influentes de la famille royale. Elle aurait pu devenir reine de France lors des journées de 1830[2]. Condamnée à un nouvel exil en 1830, elle meurt en 1851 loin de son pays, sous le titre de « comtesse de Marnes[3] ».


Scrutée une bonne partie de sa vie aussi bien par ses admirateurs que par ses détracteurs, rendant compte de ses faits et gestes quotidiens, Madame Royale devient bien malgré elle l’héroïne de chansons, de poèmes, de récits au goût du jour, voire d'insultes[4]. On la lia pendant longtemps à l'énigme de la Comtesse des Ténèbres[5]. Cependant, des analyses ADN effectuées en 2012 démontrent qu'il ne pouvait y avoir identité de personnes entre la Comtesse des Ténèbres et la duchesse d'Angoulême[6].


Parce qu'elle reste le dernier enfant survivant de Louis XVI et Marie-Antoinette, « Madame Royale » a profondément marqué certains esprits. Chateaubriand a écrit d'elle : « Ses souffrances sont montées si haut qu’elles sont devenues une des gloires de la France »[6]. De même, la duchesse de Dino affirmait : « Jamais une femme dans l’histoire ne fut plus poursuivie par le malheur »[7],[8].




Sommaire






  • 1 Biographie


    • 1.1 Naissance et baptême à Versailles : « Mousseline la sérieuse »


    • 1.2 Sous la Révolution : « Les années Terribles »


    • 1.3 L'« Orpheline du Temple »


    • 1.4 Décembre 1795 : échange et arrivée à la cour de Vienne


    • 1.5 De juin 1799 à 1814 : une princesse « française » en exil à travers l'Europe


    • 1.6 La Première Restauration, printemps 1814 : la « princesse aux yeux rougis »


    • 1.7 Les Cent-Jours : « le seul homme de la famille des Bourbons »


    • 1.8 La Seconde restauration 1815-1830 : « une reine de substitution »


    • 1.9 Dernier exil : la « comtesse de Marnes »




  • 2 Bijoux


  • 3 Légende de la comtesse des Ténèbres


  • 4 Testament


  • 5 Témoignages


  • 6 Ascendance


  • 7 Notes et références


  • 8 Annexes


    • 8.1 Articles connexes


    • 8.2 Bibliographie


    • 8.3 Télévision


    • 8.4 Liens externes







Biographie |



Naissance et baptême à Versailles : « Mousseline la sérieuse » |




« Mousseline la sérieuse », 4 ans par Alexandre Kucharski, 1782.


Marie-Thérèse Charlotte de France est appelée « Madame » ou « Madame Royale », sa mère l’appelant toutefois par le surnom de « Mousseline la Sérieuse »[9]. Elle est le premier enfant de Louis XVI et de Marie-Antoinette, né après plus de huit ans de mariage.


Sa naissance est attendue et saluée par le peuple français, et l'on entonne des Te Deum dans toutes les églises du royaume pour la célébrer[10]. Sa naissance paraît cependant suspecte, le couple royal n'arrivant pas à procréer depuis plusieurs années, ce qui fait naître la rumeur de bâtardise de l'enfant, la paternité de la princesse étant attribuée au comte d’Artois ou au duc de Coigny[11].


Marie-Thérèse est baptisée le 19 décembre 1778, jour de sa naissance, dans la chapelle du château de Versailles par le cardinal-évêque de Strasbourg Louis de Rohan, grand aumônier de France, en présence d’Honoré Nicolas Brocquevielle, curé de l’église Notre-Dame de Versailles : son parrain est un cousin de son père, le roi Charles III d’Espagne, représenté par Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence, et premier dans l'ordre de succession. Sa marraine est sa grand-mère maternelle, l’impératrice-douairière Marie-Thérèse, représentée par la comtesse de Provence[12].


La princesse royale Marie-Thérèse-Charlotte, couramment appelée par son troisième prénom, connut une enfance de fille de France dans une cour de Versailles unique en son genre. De nombreux écrits, notamment les mémoires de la baronne d’Oberkirch, témoignent du caractère orgueilleux de la jeune princesse, que Marie-Antoinette se souciait beaucoup de corriger[11].




Sous la Révolution : « Les années Terribles » |




Alfred Elmore, Les Tuileries, 20 juin 1792, vers 1860. Musée de la Révolution française. (Marie-Antoinette, Madame Royale, le Prince royal et la sœur du roi, Madame Elisabeth, face aux insurgés)


Marie-Thérèse a dix ans quand elle se trouve confrontée aux violences de la Révolution lors de l’installation forcée de sa famille au palais des Tuileries à Paris le 6 octobre 1789.


Elle est avec ses parents, son frère et sa tante Madame Élisabeth lorsque la famille royale s'enfuit à Varennes-en-Argonne, où elle est arrêtée le 21 juin 1791. Elle assiste au retour humiliant, sous les insultes et les menaces, jusqu'aux Tuileries. Madame Royale est témoin par la suite de la journée du 20 juin 1792 au cours de laquelle le palais des Tuileries est envahi par la foule parisienne qui oblige Louis XVI à coiffer un bonnet phrygien. Quelques semaines plus tard, le 10 août 1792, le palais des Tuileries est pris d'assaut ; la famille royale doit se réfugier à l'Assemblée, puis est emprisonnée au couvent des Feuillants, avant d'être enfermée le 13 août à la prison du Temple.


« Thérèse Capet » vient d'avoir quatorze ans quand, à l’issue de son procès, son père est condamné à mort ; il est exécuté le 21 janvier 1793. En septembre 1793, sa mère Marie-Antoinette est transférée à la prison de la Conciergerie, où la reine attendra d'être jugée puis exécutée, le 16 octobre 1793. Marie-Thérèse demeure désormais seule avec sa tante paternelle, Madame Élisabeth, âgée de 28 ans[4]. Quant à son petit frère Louis, confié depuis le mois de juillet à un « précepteur » révolutionnaire, le cordonnier Antoine Simon et à l'épouse de celui-ci, il vit enfermé à l'étage inférieur et n'aura plus de contact avec sa sœur, sinon le 6 octobre, lorsqu'elle sera confrontée à lui, lors de l'instruction du procès de la reine, et qu'il proférera sous la contrainte des accusations d'inceste contre leur mère[14].



L'« Orpheline du Temple » |





Donjon du Temple, entre 1790 et 1800. Musée Carnavalet.


Les survivants, Marie-Thérèse, son frère et leur tante, qui n'ont jamais exercé de responsabilités politiques, sont dès lors enfermés uniquement pour ce qu’ils représentent et à cause de leur naissance[15].


Le 10 mai 1794, Madame Élisabeth est à son tour guillotinée et le jeune Dauphin meurt à l'âge de 10 ans, des suites de tuberculose généralisée le 8 juin 1795[16],[17]. De tout cela Marie-Thérèse, coupée du monde, ne sait rien[11].



Après l'exécution de Robespierre en juillet 1794 et la fin de la Terreur, la princesse reçoit la visite de Barras et les conditions de sa captivité s’améliorent. On lui apporte du linge et Laurent, gardien de Louis XVII, assure également la surveillance de Madame Royale qui lui reconnaît beaucoup de gentillesse[18]. Le roi d’Espagne demande à récupérer ses cousins, les « enfants Capet » mais rien n’aboutit[15].




L'Orpheline du Temple


Dès la mort de son frère le 8 juin 1795, on songe plutôt à l'échanger contre des prisonniers républicains retenus en Autriche. En attendant que les pourparlers aboutissent, on donne à la princesse une jeune femme pour lui tenir compagnie, Mme de Chanterenne, que Marie-Thérèse surnomme affectueusement « Rénette ». C’est à elle que revient la lourde tâche d’annoncer à Madame Royale la mort de sa mère, de sa tante et de son frère[19]. Courageuse, elle commence à rédiger un Mémoire racontant les péripéties de son incarcération. Elle puise dès lors un grand réconfort moral dans sa foi et dans la présence de sa chère « Rénette »[7],[4].


Parallèlement, le comité de Sûreté Générale permet que Marie-Thérèse reçoive la visite quotidienne d'une mystérieuse « cousine », probablement une mythomane. Il s'agit de Stéphanie-Louise de Montcairzin (anagramme de Conti et Mazarin) qui se prétend née des amours illégitimes du prince de Conti et de Louise-Jeanne de Durfort, duchesse de Mazarin. Ces visites se poursuivent jusqu'au 26 août 1795 où on lui refuse subitement tout accès à la prison du Temple dans l'incertitude de son identité réelle[15].


En tant qu'unique rescapée de la famille royale stricto sensu, la princesse devient alors bien malgré elle, une véritable « célébrité ». Pour tous c'est « l'Orpheline du Temple », surnom qui ne la quitte plus[15]. Ses admirateurs vont ainsi jusqu’à louer un appartement en face du Temple : on la scrute pour rendre compte de ses faits et gestes quotidiens et mieux la réinventer. Plus largement, on en fait l’héroïne de chansons, de poèmes et de récits au goût du jour (roman noir, ballades à la manière d’Ossian), qui ont sa souffrance et son histoire, et non son rang, pour principal ressort[4]. Elle devient alors le meilleur agent de propagande des royalistes, instrument politique, certes, mais un instrument révéré et adoré de ses partisans et ce durant toute sa vie[20].



Décembre 1795 : échange et arrivée à la cour de Vienne |




Carlo Lasinio, La princesse Marie-Thérèse-Charlotte fille du roy Louis XVI part de Paris pour se rendre en Suisse. Gravure. Musée de la Révolution française.





Heinrich Friedrich Füger, Marie Thérèse Charlotte de France, après 1795. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. (A 17 ans, elle est habillée dès son arrivée à Vienne à la mode autrichienne.)


La Convention, qui cède la place au Directoire le 26 octobre 1795, trouve la princesse de 15 ans de plus en plus encombrante. Garder la fille de Louis XVI en prison ne se justifie plus aux yeux de l’opinion, puisque la loi salique, en vigueur sous l'Ancien Régime, lui dénie tout droit au trône déchu. Toutefois, tout en conservant à la monarchie son caractère héréditaire, la constitution de 1791 avait remis en cause les notions traditionnelles de « maison », de « dynastie » ou de « sang ». La question de son accession au trône devient ainsi un véritable serpent de mer de la vie politique de l'époque[4]. La libérer et la garder en France est impensable[20].


On souhaite donc l’envoyer à l’étranger. À aucun moment on n’envisage de la rendre à son oncle, le futur Louis XVIII, et aucun journal ne fait mention d’un tel projet : le Prétendant est tenu à l’écart à la fois par le gouvernement et par les royalistes modérés. Pendant tout le mois de juin 1795, les journaux parlent surtout d’un exil en Espagne, ce qui paraît à bien des égards plus logique : les souverains espagnols sont aussi des Bourbons, avec lesquels la République est en paix. Toutefois, l'Autriche présente sur cette solution un avantage immédiat : les Autrichiens retiennent prisonniers plusieurs députés français : on pourrait faire l’échange. Le 12 messidor an III (30 juin 1795), la Convention vote un décret prévoyant que la fille de Louis XVI soit échangée contre les prisonniers politiques détenus par l’Autriche, sans que cette dernière ait jamais été consultée[20].


L’empereur François II accepte de recevoir sa cousine. Les négociations traînent mais la princesse est finalement échangée contre des prisonniers français (Pierre Riel de Beurnonville, Jean-Baptiste Drouet, Hugues-Bernard Maret, Armand-Gaston Camus, Nicolas-Marie Quinette et Charles-Louis Huguet de Sémonville) capturés par l’armée autrichienne. Elle quitte la prison du Temple vers quatre heures du matin le jour de ses dix-sept ans (19 décembre 1795) escortée d'un détachement de cavalerie afin de se rendre à Bâle, où elle est remise aux envoyés de l’empereur François II. Elle passe une nuit dans la ville de Huningue, une forteresse française à la frontière (France, Suisse et Allemagne)[4].


Elle est accompagnée de François Hüe (1757-1819), huissier de la Chambre de Louis XVI, qui avait suivi la famille royale à la prison du Temple. Il reste avec elle à Vienne.


En quittant la France, elle aurait versé des larmes, ne tenant aucune rigueur aux Français pour ses malheurs comme elle l’écrit dans ses mémoires[8].


À Vienne, Marie-Thérèse-Charlotte rencontre sa pléthorique famille maternelle à laquelle elle est assez vite intégrée, même si elle tient l’empereur François II, son cousin germain, pour responsable de la mort de sa mère, en raison de son inaction. Elle éprouve davantage de difficultés avec les émigrés français qui se trouvent en Autriche. Ils appartiennent généralement à la haute noblesse partie de France depuis longtemps, et pour cette raison elle les considérait le plus souvent comme des traîtres. Ceux-ci attendent pourtant que la princesse leur livre des témoignages sur ses malheurs passés, les encourage dans leur cause et les aide matériellement[15], alors que Marie-Thérèse semble surtout vouloir oublier et ne peut rien faire sans l’accord de l'empereur. Les réactions sont donc mitigées. Si les émigrés lui conservent leur affection et leur admiration, ils sont néanmoins un peu déçus[20].


Son séjour forcé à Vienne la rend froide et maussade tandis que l’oncle de la princesse, le comte de Provence, futur Louis XVIII, alors en exil à Vérone, ne se résout pas à la voir entre les mains de l’empereur[7],[8].



De juin 1799 à 1814 : une princesse « française » en exil à travers l'Europe |





Château de Mittau situé au XVIIIe siècle en Courlande (aujourd’hui Jelgava en Lettonie).


Pendant son séjour à Vienne, Marie-Thérèse met en lumière les tensions entre logiques dynastiques et logiques nationales au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. En refusant d’épouser le frère de l’empereur d'Autriche, l’archiduc Charles-Louis, valeureux officier, mais « un ennemi de la France », elle assied sa réputation de princesse « française », ce que la propagande royaliste instrumentalise à la Restauration[4].




Louis-Antoine, dauphin de France. Gravure de 1827.


Grâce à l’entremise du tsar de Russie Paul Ier, Marie-Thérèse accepte finalement d'épouser à vingt ans un héritier de la couronne de France déchue, son cousin germain Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, fils aîné du futur Charles X. En juin 1799, elle quitte la cour de Vienne pour rejoindre son oncle et son futur époux réfugiés sous la protection du tsar au château de Mittau en Courlande (aujourd’hui Jelgava en Lettonie). Le 9 juin 1799, Louis-Joseph de Montmorency-Laval, évêque de Metz et grand aumônier de France, célèbre le mariage, en présence du futur Louis XVIII et de son épouse Marie-Joséphine de Savoie. L'abbé Henri Edgeworth de Firmont qui avait accompagné Louis XVI jusqu'à l'échafaud, a tenu également à être présent lors de la cérémonie pour bénir le couple princier. L'acte de mariage[21] est rédigé par le comte de Saint-Priest.


À partir de ce moment, l'existence de Madame Royale se trouve étroitement liée à celle de son oncle Louis XVIII dont elle partage l’exil et qui utilise son image de « martyre de la Révolution » pour rallier les royalistes et intéresser les souverains européens à sa cause. En fait, Marie-Thérèse partage davantage la vie de son oncle que celle de son propre époux. Louis XVIII a besoin d’assurer la légitimité de droit, dont il est porteur par la loi salique, par la légitimité de fait que détient sa nièce. Il fait alors d’elle l’héritière des vertus de ses parents, puis une « nouvelle Antigone » fidèle au roi dans tous ses malheurs, comme tout royaliste se devrait de l’être. Madame devient alors celle qui montre la voie de la fidélité monarchique[20]. C'est déjà la véritable reine de la petite cour en exil, même si l’épouse de Louis XVIII, Marie-Joséphine de Savoie, est en vie[20].





Hartwell House, Buckinghamshire, Angleterre


En France, des journaux, des portraits, des « pèlerinages » à la prison du Temple perpétuent le souvenir de « l'Orpheline » au moins jusqu’au coup d'État de Fructidor (4 septembre 1797)[20].


La princesse devient aussi une héroïne de roman. Sa captivité, ses souffrances sont des thèmes propices au roman noir très en vogue alors. En 1799 la baronne de Méré publie Irma ou les malheurs d’une jeune orpheline, qui reprend le cours des malheurs de la princesse, les transposant en Inde, avec des noms en anagramme et les clefs à la fin du dernier volume ; le succès est si considérable qu’il décourage la censure[20]. Deux romans de Jean-Baptiste Regnault-Warin : Le cimetière de la Madeleine et surtout Les Prisonniers du Temple, parus en 1800 et 1801, poursuivent le phénomène[4].


Le mariage de Madame Royale apporte aux royalistes un espoir, bien vite avorté puisqu’il est suivi de nombreuses années d’exil en Pologne, puis de nouveau en Courlande. En 1807, abandonnant tout espoir de revenir en France, les Bourbons gagnent l’Angleterre et s’installent à Hartwell : Marie-Thérèse, âgée de 29 ans, y retrouve avec joie son beau-père et son beau-frère, le duc de Berry[20].



La Première Restauration, printemps 1814 : la « princesse aux yeux rougis » |




« La princesse aux yeux rougis » vue par Jean Baptiste Jacques Augustin.




Jean Dominique Étienne Canu, S.A.R. Madame, fille de Louis XVI, gravure de 1814, d'après un dessin réalisé « le jour de son entrée à Paris ».


A la chute de Napoléon en 1814, la monarchie des Bourbons est restaurée en France. Le roi Louis XVIII et la duchesse d'Angoulême font leur entrée à Paris le 3 mai 1814. Marie-Thérèse-Charlotte de France est le personnage le plus connu et le plus sympathique de la famille au moment du retour des Bourbons : l’attention se fixe donc très naturellement sur elle et ses mythiques « yeux rougis », d’autant que Louis XVIII ne cesse de la désigner à la foule et s’efforce de la mettre en avant chaque fois qu’il le peut. Madame apparaît comme le défenseur de la Restauration auprès des Français, on vante son caractère « tout français », on fait d’elle la colombe de la paix, la garante de la prospérité[20].


À 36 ans, après vingt années d'exil, elle est un des emblèmes de la Restauration et de la réconciliation des Français, bien qu'elle soit plus proche des idées conservatrices de son autre oncle, le comte d’Artois, que des idées plus modérées de Louis XVIII.


Dans le même temps, prolifèrent des brochures et des portraits destinés à mieux faire connaître la famille royale, qui reprennent tous les thèmes développés à son sujet depuis 1795 : on continue à publier des ouvrages sur « l’Orpheline du Temple » ou sur « Antigone ». On arrive alors à un phénomène de décalage : c’est ce personnage littéraire qui est connu et loué, non plus la vraie princesse, dont finalement on ne sait rien ; mais dans les premiers mois de la Restauration, l’illusion paraît fonctionner[20].



Les Cent-Jours : « le seul homme de la famille des Bourbons » |





Antoine-Jean Gros, Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac, 1818. Musée des Beaux-Arts de Bordeaux.


Les Cent-Jours marquent à la fois l’apogée de l’image de la duchesse d’Angoulême et l’échec définitif du projet de Louis XVIII qui voulait rassembler les Français autour de sa nièce[20].


L’annonce du retour de Napoléon en mars 1815 surprend Madame et son mari à Bordeaux, où ils célébraient l’anniversaire du passage de la ville aux Bourbons. Tandis que le roi s’est réfugié en terre étrangère, à Gand, et que le duc d’Angoulême doit partir pour Toulouse, Madame Royale est chargée par le roi de défendre Bordeaux, ville qui lui est tout acquise, à l’exception notable de la garnison. À l’approche du général Clauzel, aux ordres de l’Empereur, et malgré le courage de la princesse qui vient haranguer seule les soldats, ces derniers trahissent la cause des Bourbons et passent à l’ennemi[15]. Le 2 avril 1815, à Pauillac, la duchesse d’Angoulême s'embarque alors pour l'exil. En Angleterre, elle négocie l’achat d’armes pour la Vendée et s’efforce d’organiser les royalistes de l’ouest de la France, sollicitant jusqu'à l'Espagne pour les soutenir[4].


Napoléon, admiratif, dit d’elle qu’elle était « le seul homme de la famille des Bourbons »[15].


Cette action lui vaut un redoublement d’adoration de la part des royalistes : elle devient « l’Héroïne de Bordeaux », qui rallie les royalistes fidèles autour de son « panache » en fière héritière de Henri IV. Seule de sa famille à avoir résisté à « l’usurpateur », elle en est le joyau et le personnage le plus important, en particulier aux dépens du roi[15]. Son héroïsme est relaté dans des chansons ou des sortes de poèmes épiques qui font d’elle une déesse sage et guerrière qui a sauvé la France[20].


Mais, de manière parallèle, ce regain de popularité chez les royalistes entraîne une grande animosité chez les bonapartistes et les libéraux. Elle est traitée en furie, rendue responsable de tous les excès de la Restauration. Sa dévotion est particulièrement brocardée et transformée en fanatisme. Mais ce qu’on lui reproche avant tout, c’est son rôle contre nature de chef de guerre : ce n’est pas la place d’une femme[20].


À l’issue des Cent-Jours, l’image de la duchesse d’Angoulême change peu à peu. Les calomnies et les caricatures ont fait leur effet et restent gravées dans les mémoires. Par ailleurs, l’image de « l’Héroïne de Bordeaux » pose problème : cette héroïne est une héroïne de guerre civile, qui ne peut donc plus prôner la réconciliation, et son courage s’oppose par trop à la lâcheté du roi qui s’est enfui de Paris[22]. Ce n’est donc pas le pouvoir royal qui s’empare de cette image, mais l’ultraroyalisme, qui fait à présent de Madame son étendard[20].



La Seconde restauration 1815-1830 : « une reine de substitution » |





Alexandre-François Caminade, Marie-Thérèse-Charlotte de France, Duchesse d'Angoulême, dauphine, 1827. Château de Versailles.


La cour qui renaît dès 1814 et après les Cent-Jours aux Tuileries se retrouve devant un dilemme : Louis XVIII étant veuf depuis 1810 de Marie-Joséphine de Savoie, il n'y a plus de reine. Pourtant, il y avait bien Zoé Talon, comtesse du Cayla, auprès de laquelle le roi connut un amour profond entre 1817 et 1824. Mais, devenue sa maîtresse, la comtesse resta en marge des affaires du royaume et sa relation avec Louis XVIII demeura discrète, laissant libre la place d'une possible « reine de substitution », suivant la formule employée lors des réceptions des femmes d’ambassadeurs à la cour. C'est à la duchesse d’Angoulême que très vite va incomber ce rôle de « reine » sans le titre[7],[8].




La famille royale aux Tuileries, entre 1816 et 1820. Gravure.


Pour autant, plusieurs devoirs s'imposent à la princesse. Le premier est de perpétuer la dynastie. C’est un échec, la princesse n’ayant pas d’enfant[23]. Ensuite elle doit tenir sa cour, qui se doit d’être brillante. Le succès est mitigé : la cour est prestigieuse, inspirée du XVIIIe siècle avec certains traits de la cour impériale, mais la brusquerie de cette princesse quadragénaire qui a beaucoup souffert en décourage plus d’un[20]. L’arrivée en 1816 de la duchesse de Berry, féconde princesse de vingt ans et plus sociable, amène alors une bouffée d'air tout en créant par là-même des tensions au sein de la famille royale[24].


Pourtant, la place de la duchesse reste à part. Tout d’abord, Marie-Thérèse s’avère être, durant toute la Restauration, le ferme soutien des ultraroyalistes[20]. S'il est difficile d’indiquer des actions politiques fortes de la princesse, son désaccord implicite avec la politique menée par le roi, jugée trop conciliante à l’égard de l’héritage de la Révolution, a de toute évidence représenté un obstacle de taille aux gouvernements « centristes » de Louis XVIII[20] . Malgré tout, Marie-Thérèse continue d'incarner, dans les moments de crise dynastique, l'idée d'unité nationale : en tant que mémoire vivante du « martyre » de ses parents pendant la Révolution, la princesse apporte à la royauté de la Restauration toute sa légitimité et une nouvelle sacralité[20]. Cette imagerie centrée sur la duchesse d’Angoulême s'exprime tout particulièrement en 1820, lorsque son beau-frère le duc de Berry est assassiné[24].


Dans le discours officiel, dans les journaux ultras en particulier, Madame Royale représente incontestablement la « reine », une « reine de France » du XIXe siècle dont l’image est comparable à ses ancêtres du XVIIe siècle : « reine » charitable et très-chrétienne, elle est à la terre ce que la Vierge est au ciel, intermédiaire entre le roi et ses sujets, entre Dieu et les hommes. À travers la duchesse d’Angoulême, c’est la monarchie de la Restauration que l’on cherche à resacraliser[20].


En 1824, Louis XVIII meurt, laissant le trône à son frère Charles X [25]. À quarante-six ans, Marie-Thérèse devient dauphine, comme l’avait été, avant elle, sa mère. Elle est la dernière dauphine que la France ait connue[8].


Pendant la Restauration, la duchesse d’Angoulême, ensuite dauphine, parcourt le royaume. Elle se trouve sur les routes presque chaque année pendant quelques semaines au moins et passe l’année 1823 presque entièrement en province, principalement à Bordeaux[20]. Tous les deux ans, elle se rend en cure à Vichy[26] mais elle visite aussi l’ouest de la France, la Bretagne, la Normandie, le Midi, l’Aquitaine et la Vendée. Au cours de ces voyages, la princesse représente le roi : elle doit à la fois donner une image prestigieuse et paternelle de la monarchie et s’informer de l’administration des départements du royaume. Ce dernier point est d’ailleurs une illusion : au prix d’une organisation qui ne laisse rien au hasard, les élites locales s’efforcent de donner à la dauphine une présentation unanime et toute royaliste de leur circonscription. L’image que nous avons de ces voyages est donc biaisée et nous ne connaissons pas ou peu les réactions des provinciaux au passage de Marie-Thérèse de France, si ce n’est dans deux endroits au royalisme bien ancré : la Vendée et Bordeaux[20]. En septembre 1823, Madame Royale pose la première pierre de la chapelle expiatoire qui doit abriter le monument aux victimes de Quiberon, à la chartreuse d'Auray[27]. En septembre 1823 également, elle s'arrête au mont des Alouettes, où une chapelle en mémoire des guerres de Vendée est ensuite édifiée. Elle passe aussi à Saint-Florent-le-Vieil, où une colonne est élevée en son souvenir.



Dernier exil : la « comtesse de Marnes » |




Le duc de Bordeaux




Palais Coronini-Cronberg à Gorizia


En juillet 1830, Charles X signe les ordonnances qui provoquent la Révolution de 1830[25]. Le roi ayant résolu d'abdiquer, Madame Royale aurait pu devenir le 2 août 1830, reine de France.
En effet, retiré avec la cour au château de Rambouillet, son époux, le dauphin Louis-Antoine de France, aurait pu hériter du trône sous le nom de « Louis XIX »[28], si l’abdication de son père Charles X n'avait pas été faite en faveur de son petit-fils Henri d'Artois, duc de Bordeaux et neveu du dauphin, nonobstant le principe d’indisponibilité de la Couronne de France[29]. Cependant, pour le mouvement légitimiste, Madame Royale et son époux deviendront après la mort de Charles X les prétendants légitimes au trône de France, d'où le titre pour Marie-Thérèse de « reine » à partir de 1836[7],[8].


Chassée par l'arrivée de Louis-Philippe au pouvoir, la famille royale doit s'embarquer le 16 août 1830 à Cherbourg pour l'exil en Angleterre. Le roi Charles X déchu embarque à bord du Great Britain, un voilier affrété et commandé par le capitaine Dumont d’Urville. Il est accompagné du dauphin et de la dauphine, de la duchesse de Berry et du duc de Bordeaux, ainsi que d’une nombreuse suite qui a nécessité l’affrètement d’un second navire, le Charles-Carroll[7].


Après un court séjour en Écosse, l'ancienne famille royale s’installe à partir d'octobre 1832 au château de Prague situé alors dans les États de la maison d’Autriche. En mai 1836, ils sont à Goritz (aujourd'hui Gorizia en Italie) dans le palais Coronini-Cronberg[7].


C'est de là que la petite cour continue à vivre au rythme des disputes familiales qui opposent les partisans de la duchesse de Berry au reste de l'ancienne famille royale. À la suite de l’échec de son expédition en France en 1832 et de son remariage[30], la duchesse de Berry, en disgrâce, est exclue de l'ancienne famille royale[31].


Régnant sans partage sur la cour en exil et n'ayant elle-même jamais eu d’enfants, Marie-Thérèse se consacre dès lors à l’éducation des petits-enfants de France : son neveu Henri d'Artois, héritier présomptif du dauphin, et sa nièce Louise d’Artois. Il s'agit là de son dernier rôle politique, le reste de sa vie se passant en prières et en charités[20].


La mort de son oncle et beau-père Charles X survient le 6 novembre 1836 alors que Marie-Thérèse a cinquante-huit ans. Elle devient « reine de France et de Navarre », aux yeux des partisans de la branche aînée. Tandis que son mari se fait appeler désormais par le prénom usuel de « Louis » tout court, le couple porte depuis 1830 les titres de courtoisie de « comte et comtesse de Marnes »[7].





Château de Frohsdorf, en Autriche


En 1843, le duc de Blacas achète pour le compte de la famille royale le château de Frohsdorf, situé sur la commune de Lanzenkirchen, près de Vienne en Autriche. La vie s'y déroule à l'époque suivant une étiquette royale. Le duc de Lévis assume le rôle d'un ministre de la Maison du roi. À ses côtés, le « gentilhomme de service » tient lieu de chambellan. Il introduit les visiteurs admis en audience, répond à une partie du courrier et accompagne l'ancienne famille royale en voyage. Lorsque le 3 juin 1844, le mari de Madame Royale meurt en exil, le jeune comte de Chambord est proclamé « Henri V » par les légitimistes[7].


Malgré son statut d'exilée, Madame Royale réussit à marier en 1845 la princesse Louise, alors déjà âgée de 26 ans. Louise ne représente en effet aucun avantage politique (au contraire) ; elle est tout de même mariée à un monarque régnant, le futur duc Charles III de Parme, comme elle descendant de Louis XIV et de Louis XV[7].




La crypte du cloître du monastère de Kostanjevica (aujourd’hui Nova Gorica en Slovénie)


C’est en vain que les légitimistes lui déconseillent de quitter l’Autriche pour un autre lieu d’exil et de marier le duc de Bordeaux avec une princesse russe plutôt qu’une Habsbourg-Lorraine, afin de laver l'ancienne famille royale du soupçon d’antipatriotisme[4]. Femme de tête, elle fait épouser à Henri, l'année suivante, l’archiduchesse d'Autriche Marie-Thérèse de Modène[32] pour la seule raison que son père est le seul souverain à ne pas avoir reconnu la monarchie de Juillet[7].


La « reine douairière » Marie-Thérèse meurt de pneumonie au château de Frohsdorf, le 19 octobre 1851 à près de soixante-treize ans. Elle est inhumée dans un monastère franciscain à Kostanjevica (aujourd’hui Nova Gorica en Slovénie), où reposent également son oncle Charles X et son mari le dauphin[33] rejoints également en 1883 par son neveu, le dernier des Bourbons de la branche aînée Henri V, comte de Chambord.


Sa mort en 1851 a un retentissement important en France, y compris dans les milieux non royalistes[20] : une fois les passions politiques à son sujet assoupies, demeurait le souvenir pathétique de l’« Orpheline du Temple »[7],[4].



Bijoux |


Certains bijoux ayant appartenu à la duchesse d'Angoulême existent toujours. Le Musée du Louvre œuvre depuis plusieurs années à rassembler des Joyaux de la Couronne de France, avec l'aide de la Société des amis du Louvre, depuis la vente par l’État des bijoux de la Couronne, du 12 au 23 mai 1887[34], et expose un certain nombre de bijoux ayant appartenu à cette princesse :


  • une paire de bracelets de rubis et brillants, ayant fait partie d'une suite de bijoux, composée à partir d'une première parure exécutée en 1811 par la Maison Nitot pour l'impératrice Marie-Louise. À la Restauration, Louis XVIII fit démonter et mettre au goût du jour les bijoux napoléoniens. Les rubis et les brillants de Marie-Louise furent remontés en 1816 par Paul-Nicolas Menière sur les dessins de son gendre Evrard Bapst. La nouvelle parure, en plus des bracelets, était composée d'un diadème, d'un collier, d'un peigne, d'une paire de boucles d'oreilles, d'une ceinture et de trois agrafes. Ces bracelets furent notamment portés par la reine Marie-Amélie, puis par l'impératrice Eugénie. Achetés 42 000 Francs par Charles Tiffany à la vente de 1887, ils ont été légués au Louvre en 1973 par un grand collectionneur, Claude Menier[35].

  • le diadème de la duchesse d'Angoulême (40 émeraudes et 1 031 diamants), réalisé en 1819 par les joailliers de la Couronne Christophe-Frédéric Bapst et Jacques-Evrard Bapst, avec le concours du dessinateur Steiffert (diadème acheté 45 900 Francs par le collectionneur anglais). Il complétait une parure d'émeraudes et de diamants créée par le joaillier Paul-Nicolas Menière en 1814[36]. L’émeraude centrale du diadème, qui est entourée de 18 brillants, pèse 15,93 carats. Le diadème a été racheté en 2002 lors d'une vente publique organisée par les comtes de Durham.



Légende de la comtesse des Ténèbres |


Article détaillé : Comtesse des Ténèbres.

L’identité de Marie-Thérèse et de la duchesse d’Angoulême a été parfois discutée : certains ont prétendu que Marie-Thérèse de France pourrait être identifiée à la mystérieuse comtesse des Ténèbres qui vécut en Allemagne, dans le duché de Saxe-Hildburghausen, jusqu’à sa mort en 1837. Théorie très fragile si l’on considère les témoignages de ses contemporains et, en premier lieu, de la famille royale elle-même qui n’a jamais douté de son identité[37].




Le tombeau de la comtesse des Ténèbres dans le parc du château d’Eishausen à Hildburghausen (Allemagne, Thuringe)


En mai 2012, la radio Mitteldeutscher Rundfunk (MDR) de Thuringe, en Allemagne, a annoncé la mise en place d’un projet pour la résolution définitive de l’énigme autour de la « comtesse des Ténèbres ».


Le projet scientifique interdisciplinaire a été initié à Hildburghausen, avec le même noyau d’auteurs et de scientifiques ayant travaillé sur le projet MDR « Le code Frédéric Schiller », pour mettre un terme aux spéculations affirmant que la comtesse des Ténèbres serait Madame Royale.


À cet effet, les comparaisons de portraits anthropologiques ainsi que les analyses génétiques furent réalisées par l’équipe scientifique sur les dépouilles de la duchesse d'Angoulême dans le cloître Kostanjevica à Nova Gorica (Slovénie) et de la comtesse des Ténèbres à Hildburghausen. Bien que le tombeau eût déjà été ouvert en 1887, la ville d’Hildburghausen avait exprimé jusqu’ici des scrupules à l’égard de tels examens. Elle a cependant été intégrée dans ce projet et après avoir levé une décision de 2004, s’est montrée disposée à coopérer le 27 juin 2012, et être d’accord avec l’exhumation des restes de la prétendue comtesse pour un examen.




Wir möchten die Geschichte der Dunkelgräfin aufklären: Ist sie wirklich Madame Royal oder irgend eine andere Frau[38].


— Eva Hempel, rédactrice responsable à la MDR de Thuringe (de) dans In Südthüringen.




« Nous voudrions éclaircir l’histoire de la comtesse des Ténèbres : est-elle vraiment Madame Royale ou quelque autre femme. »




Les résultats des tests ADN, publiés le 28 juillet 2014, ont révélé que la comtesse des Ténèbres ne pouvait être Madame Royale, l'ADN de la comtesse étant manifestement incompatible avec celui des Bourbons. Si l'hypothèse de Madame Royale est ainsi refermée, les autres candidatures ne sont pas encore écartées.


Le professeur Sabine Lutz-Bonengel de l’institut médico-légal du centre hospitalo-universitaire de Fribourg a cependant indiqué avoir trouvé une séquence d’ADN rare, grâce à laquelle les scientifiques ont toutes les chances de découvrir le lien de parenté maternel de la Comtesse des Ténèbres. Le professeur Ursula Wittwer-Backofen, de l’institut d’anthropologie de l’université à Fribourg, a également donné un visage à la comtesse des Ténèbres, en reconstituant la physionomie du crâne qui avait été trouvé dans la tombe d'Hildburghausen, parvenant à la conclusion selon laquelle les proportions du visage reconstitué ne ressemblent pas aux portraits de Marie-Thérèse. Il est à noter que le visage présenté ressemble plutôt à un visage d'homme et que la scientifique s'est servie comme base du personnage en cire de Madame Royale à Londres et qu'elle n'a jamais pris en compte aucun portrait ni dessin originaux de Marie-Antoinette.



Testament |


Madame Royale laissa un testament à n’ouvrir qu’un siècle après son décès. Cet écrit fit couler beaucoup d’encre et entretint beaucoup d’espoirs. Certains royalistes attendaient en effet des révélations sur la survivance supposée de Louis XVII, mais le document ne contenait en réalité rien de très nouveau[réf. nécessaire]. Madame Royale avait en effet reçu secrètement des hommes prétendant être Louis XVII, mais avait toujours refusé de recevoir le plus fameux d’entre eux : Karl-Wilhelm Naundorff.



Témoignages |


Avant la destruction de la Tour du Temple ordonnée par Napoléon et commencée en 1808, des témoins ont relevé dans ce qui avait été la chambre de Madame Royale, les graffitis suivants [39] :



« Marie-Thérèse-Charlotte est la plus
malheureuse personne du monde.


Elle ne peut obtenir de savoir des nouvelles
de sa mère, pas même d’être réunie à elle
quoiqu’elle l’ait demandé mille fois.


Vive ma bonne mère que j’aime bien
et dont je ne peux savoir des nouvelles.


Ô mon père, veillez sur moi du haut du ciel !


Ô Mon dieu, pardonnez à ceux
qui ont fait mourir mes parents !
 »




Ascendance |




Notes et références |





  1. « Marie Thérèse Charlotte » étant sa signature et « Charlotte » son prénom usuel


  2. « Madame Royale », sur http://www.chateauversailles.fr/


  3. Elle avait acheté au Maréchal Soult le château de Villeneuve-l'Étang à Marnes-la-Coquette, aujourd'hui détruit.


  4. a b c d e f g h i j et kPauline Lemaigre-Gaffier, Hélène Becquet : Marie-Thérèse de France. L’orpheline du Temple, Paris, Annales historiques de la Révolution française, janvier-mars 2014 (lire en ligne)


  5. Noëlle Destremau, Madame Royale et son mystère, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1991, 131 p., ou Monique de Huertas, Madame Royale, Paris, Pygmalion, 1999, 347 p.


  6. a et bMichel Bernard Cartron, Madame Royale, l’énigme résolue, Paris, 2014, 200 p.


  7. a b c d e f g h i j k et lAndré Castelot, Madame Royale, Paris, Librairie académique Perrin, 1999, 336 p. (ISBN 9782262000356)


  8. a b c d e et f« Marie-Thérèse Charlotte de France, duchesse d'Angoulême (1778-1851) », sur Histoire pour tous


  9. histoire pour tous


  10. Bernard Vincent, Louis XVI, Gallimard Folio Biographies, 2006, p. 163.


  11. a b et cHélène Becquet, Marie-Thérèse de France L'orpheline du Temple, Paris, Perrin, 2012, p. 11


  12. Archives départementales des Yvelines, Registre des baptêmes (1778) de l’église Notre-Dame de Versailles


  13. Dans ce tableau de propagande exposé au Salon de 1787 au Louvre, Vigée-Lebrun prend comme modèle la Madonna della Gatta de Giulio Romano et commence la toile le 9 juillet 1786. La peintre se garde bien de représenter un collier sur la reine qui porte une robe de velours rouge bordé de marte, au drapé savant, et un béret de velours écarlate empanaché. Elle tient sur ses genoux son avant-dernier né, Louis-Charles habillé en fille, la tête coiffée d'un bonnet et les bras gesticulant, son attitude générale donnant l'impression d'une solide vitalité, ce que confirment les témoignages contemporains. La petite Marie-Thérèse pose affectueusement sa tête sur son épaule droite, tandis que le dauphin entoure d’un bras protecteur le berceau vide couvert d'un crêpe noir, afin de rappeler au public la mort récente de Marie-Sophie-Béatrice. L'armoire servant de serre-bijoux et ornée de fleurs de lys, luit dans la pénombre. Source : Miguel Ferreira, La Révolution de 1789 vue par les peintres, Vilo, 1988, p. 36.


  14. Ces documents sont essentiellement ceux saisis par ordre de l’assemblée après le départ de la famille royale des Tuileries le 20 juin 1791.


  15. a b c d e f g et hPhilippe Delorme « Madame Royale, survivante de l’Histoire », émission Au cœur de l’histoire sur Europe 1, 3 mars 2012


  16. Philippe Conrad, Louis XVII. L'énigme du roi perdu, Du May, 1988, p. 26


  17. Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité. Sa mort au Temple confirmée par la science, Pygmalion, 2000, p. 58


  18. « Membres de la famille Royale - Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI », sur Histoire et Secrets, 19 juin 2010


  19. « Membres de la famille Royale - Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI », sur le site d'Anaïs Geeraert-Historienne, 19 juin 2010


  20. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et xHélène Becquet, Marie-Thérèse de France. L'orpheline du Temple, Paris, Perrin, 2012.


  21. L'acte de mariage, conservé aux Archives nationales à Paris, est numérisé et consultable en cliquant ici


  22. Georges Bordonove, Louis XVIII : Le Désiré, Pygmalion, 1989, 320 p. (ISBN 9782756411897)


  23. Dans sa biographie de Madame Royale, André Castelot affirme, p. 146, que le duc était impuissant ; il s'agit plus vraisemblablement d'un cas de stérilité lié à l'extrême consanguinité des époux.


  24. a et bLaure Hillerin, La duchesse de Berry l'oiseau rebelle des Bourbons, [Paris], Flammarion, 2010, p. 287.


  25. a et bJean-Paul Clément (préf. Daniel de Montplaisir), Charles X, le dernier Bourbon, Paris, Perrin, 2015, p. 273.


  26. J.-G. Guérines, « La duchesse d'Angoulême à Vichy », Le Gonfanon, n°66.


  27. A. Pihan Delaforest, Notice sur le monument de Quiberon, Paris, A. Pihan Delaforest, 1829, p. 10.


  28. « Monsieur le dauphin ne pouvait agir dans les trois journées » [27, 28 et 29 juillet] « que comme Louis-Antoine Ier par l'abdication volontaire ou forcée de son père. On n'aurait jamais obtenu l'une du Roi en faveur de son fils et l'autre n'aurait fait de Monsieur le dauphin qu'un factieux qui aurait divisé le parti royaliste, dont la plus grande partie ne l'aurait pas suivi et il n'avait aucune popularité dans Paris. Cependant, je crois que venant rappeler les ordonnances et changer le ministère il aurait pu réussir jusqu'au vendredi matin. » [30 juillet] « On peut comprendre que le rôle qu'a pris M. le duc d'Orléans et qui était le seul possible lui ait répugné contre son père. » (Maillé 1984, p. 356)


  29. « Monseigneur, Sa Majesté vous demande de signer », dit le baron de Damas au dauphin en lui tendant l'acte d'abdication signé par Charles X, sur lequel le roi a déjà écrit : « Le Dauphin, qui partage mes sentiments, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu. »((Cartron 1996, p. 238))


  30. Laure Hillerin, La duchesse de Berry l'oiseau rebelle des Bourbons, [Paris], Flammarion, 2010.


  31. Hugues de Changy, Le soulèvement de la duchesse de Berry, 1830-1832. Les royalistes dans la tourmente, Paris, DUC-Albatros, 1986, p. 107.


  32. Maria Theresia Beatrix Cajetana von Este : acte de mariage no 29, archives de Bruck an der Mur.


  33. Hélène Haus, « Et si les cendres du roi Charles X étaient transférées à la basilique Saint-Denis ? », leparisien.fr, 25 septembre 2016(consulté le 25 septembre 2016)


  34. Daniel Alcouffe, « Une catastrophe nationale : la vente des Diamants de la Couronne en 1887 », sur La Tribune de l'Art (consulté le 23 mai 2015).


  35. Muriel Barbier, « Bracelets de la duchesse d'Angoulême », sur Musée du Louvre (consulté en 25 mai 2015, 3 décembre 2017).


  36. Muriel Barbier, « Diadème de la duchesse d'Angoulême », sur cartelfr.louvre.fr (consulté le 25 mai 2015).


  37. Le prince Frédéric de Saxe-Altenbourg, L’énigme de Madame Royale, Paris, Flammarion, 1954, 236 p.


  38. (de) « Grab-Öffnung soll Geheimnis der Dunkelgräfin lüften »


  39. A. de Beauchesne, Louis XVII sa vie, son agonie, sa mort ; captivité de la famille royale au Temple, Paris, Plon, 1861, p. 435-436




Annexes |


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Articles connexes |



  • Comtesse des Ténèbres

  • Épouse du prétendant légitimiste au trône de France



Bibliographie |




  • Alfred Nettement, Vie de Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI, Paris, de Signy et Dubey, 1843, XVI-528 p. Troisième édition, revue et considérablement augmentée : Paris, J. Lecoffre, 1872, VII-572 p.


  • François de Barghon Fort-Rion, Mémoires de Marie-Thérèse duchesse d'Angoulême, Nouvelle édition revue, annotée et augmentée, Paris, 1858.


  • Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, La jeunesse de la duchesse d'Angoulême, Paris, E. Dentu, 1886, 355 p.

  • Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, La duchesse d'Angoulême et les deux Restaurations Paris, E. Dentu, 1887, 462 p.


  • Adolphe Lanne, Une officine royale de falsifications, Paris, Dujarric, 1903, XIII-130 p. [Contient une étude intitulée Le Récit d'une sœur (p. 51–130) dans laquelle l'auteur analyse les Mémoires laissés par la duchesse d'Angoulême. Ces Mémoires concernent la captivité de la famille royale dans la tour du Temple.]


  • G. Lenotre, La Fille de Louis XVI Marie-Thérèse-Charlotte de France duchesse d'Angoulême Le Temple - L'échange - L'exil, Paris, Librairie académique Perrin et Cie, 1907, 309 p. [Nombreuses rééditions.]

  • Joseph Turquan, Madame duchesse d'Angoulême (1778-1851), Paris, Émile-Paul, 1909, 436 p.


  • Tony-Henri-Auguste de Reiset, Autour des Bourbons. Mme de Chanterenne et la fille de Louis XVI, Paris, Éditions Émile-Paul frères, 1927, III-219 p.

  • Paul Sainte-Claire Deville, L'Orpheline de la prison du Temple, Paris, J. Dumoulin, Perrin et Cie, 1929, 244 p.

  • Frédéric de Saxe-Altenbourg, L'énigme de Madame Royale, Paris, Flammarion, 1954, 236 p.


  • Roger Langeron, Madame Royale, la fille de Marie-Antoinette, Paris, Hachette, 1958, 287 p.

  • Madeleine-Louise de Sion, Le vrai visage de Madame Royale, duchesse d'Angoulême, Paris, Beauchesne et ses fils, 1959, 259 p.


  • André Castelot, Madame Royale, Paris, Le livre contemporain, 1960, 335 p. [Nombreuses rééditions.]

  • Marie-Magdeleine de Rasky, La Révolution française, une histoire de famille. 2, Madame Royale, Paris, Editions Scriptoplan, 1977, 189 p.

  • Noëlle Destremau, Madame Royale et son mystère, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1991, 131 p.

  • Michel-Bernard Cartron, Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême : la vertu et le malheur, Paris, Communication et Tradition, 1999, 348 p.

  • Monique de Huertas, Madame Royale, Paris, Pygmalion, 1999, 347 p.


  • Philippe Delorme, Les princes du malheur Le destin tragique des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette, Paris, Perrin, 2008, 398 p.


  • (en) Susan Nagel, Marie-Thérèse : the Fate of Marie Antoinette’s daughter, London, Bloomsbury, 2008, XXIX, 418 p.

  • Alexandra de Broca, La princesse effacée, Paris, Robert Laffont, 2010, 377 p. [Roman.] (ISBN 978-2221115480)

  • Hélène Becquet, Marie-Thérèse de France L’orpheline du Temple, Paris, Perrin, 2012, 414 p. (ISBN 978-2262032449)

  • Michel Bernard Cartron, Madame Royale l'énigme résolue, Versailles, Via Romana, 2014, 200 p.

  • Sylvie Yvert, Mousseline la Sérieuse, Paris, Éditions Héloïse d'Ormesson, 2015, 332 p.

  • Anne Muratori-Philip, Madame Royale, Paris, Fayard, 2016, 332 p.



Télévision |


  • L'émission Secrets d'histoire sur France 2 du 12 juillet 2018, intitulée Madame Royale, l'orpheline de la Révolution, lui était consacrée.


Liens externes |



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