Telstar 1
Telstar 1
Organisation | AT&T |
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Domaine | Télécommunications |
Lancement | 10 juillet 1962 à 8 h 35 UTC |
Lanceur | Delta |
Fin de mission | 21 février 1963 |
Identifiant COSPAR | 1962-029A |
Masse au lancement | 77 kg |
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Orbite | Orbite terrestre |
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Périapside | 952 km |
Apoapside | 5 632 km |
Période | 157,7 min |
Inclinaison | 44,79° |
Excentricité | 0,24186 |
Telstar 1 était un satellite de télécommunications expérimental, le premier lancé dans un cadre commercial et financé en grande partie sur fonds privés[1].
Il fut développé par la société AT&T, et était destiné à tester l'utilisation d'un satellite pour les communications à longue distance : téléphonie et télévision. Plusieurs stations terrestres de grande taille furent construites de part et d'autre de l'océan Atlantique, dont celle de Pleumeur-Bodou en France, pour réaliser ces tests. Le satellite, lancé par une fusée Thor-Delta depuis le Cap Canaveral le 10 juillet 1962, a fonctionné de manière satisfaisante jusqu'au 21 février 1963. Il a assuré la première retransmission en mondovision. AT&T avait l'intention de généraliser l'expérience et de mettre en place une flotte de satellites assurant une couverture mondiale depuis l'orbite moyenne mais ce projet ne fut finalement pas réalisé.
Sommaire
1 Contexte
2 Objectifs
3 Description des équipements
3.1 Le satellite
3.2 Les stations terrestres
4 Déroulement des opérations dans l'espace
5 Postérité
6 Sources
7 Notes et références
8 Voir aussi
8.1 Articles connexes
8.2 Liens externes
Contexte |
Fin 1960 la société AT&T, qui disposait du monopole des télécommunications aux États-Unis, décida de développer un réseau de télécommunications par satellite. Le projet, baptisé Telstar, devait comprendre 80 à 120 satellites de télécommunications de conception très simple placés en orbite moyenne et lancés par grappes de 12 satellites. Avec des satellites situés sur des orbites aléatoires, Bell Labs estimait qu'il suffisait de disposer de 40 satellites en orbite polaire et de 15 satellites sur une orbite équatoriale pour pouvoir établir une liaison entre deux points en couvrant 99 % de la planète. AT&T prévoyait de construire 25 stations au sol pour assurer une couverture complète. Le coût de mise en place de ce réseau fut estimé à 500 millions de dollars américains de l'époque, et devait être répercuté sur le prix des communications. Bien que ceux-ci fussent réglementés, AT&T avait le droit de réintégrer le coût de ses investissements en y incluant une marge. Six prototypes des futurs satellites Telstar furent construits par les laboratoires Bell pour valider les techniques utilisés. La NASA, qui disposait à l'époque du monopole des lancements, fut chargée de placer ces satellites en orbite, et d'assurer les fonctions de suivi et de télémétrie. Le coût de cette prestation fut pris en charge par AT&T.
Objectifs |
Les objectifs des prototypes Telstar étaient les suivants[2] :
- Analyser les problèmes soulevés par ce nouveau système ;
- Démontrer le fonctionnement de la transmission par satellite multi-canaux deux voies pour la télévision, la téléphonie, les données et les facsimilés ;
- Construire une très grande station terrestre et déterminer comment pointer son émission de manière suffisamment précise et concentrée vers le satellite ;
- Maitriser la mesure des paramètres orbitaux et pouvoir prédire la position des satellites ;
- Améliorer la connaissance sur les caractéristiques et l'intensité des radiations de la ceinture de Van Allen ;
- Améliorer la conception de l'électronique pour qu'elle puisse fonctionner de manière fiable sur une longue durée dans l'espace.
Description des équipements |
Le satellite |
Telstar est essentiellement un satellite expérimental destiné à tester un nouveau système de télécommunications mais il s'agit également d'un satellite scientifique emportant un instrument de mesure des radiations. La conception du satellite a été largement influencée par les capacités de lancement limitées de la fusée disponible ainsi que par la taille de la coiffe.
Telstar 1 est un polyèdre à 72 facettes de 88 cm de diamètre pesant 77 kg. La majeure partie des équipements qui équipent Telstar ont déjà été testés avec le satellite Echo. Le satellite est spinné, c'est-à-dire mis en rotation sur son axe, pour maintenir son orientation. Telstar est recouvert en grande partie par des petites cellules solaires qui fournissent 12 W. L'énergie est stockée dans une batterie nickel-cadmium à 19 éléments d'une capacité individuelle de 6 Ah. Le principal équipement de télécommunications est le tube à ondes progressives chargé d'amplifier les signaux reçus avant leur réémission. L'antenne réceptrice est omnidirectionnelle et constituée par 72 petites antennes cornets élémentaires situées au niveau de la ceinture équatoriale du satellite. L'antenne émettrice de même type est assurée par 48 antennes élémentaires. Le système de télécommunications dispose de 6 voies en émission et 9 voies en réception. Le satellite émet sur 4 169,72 MHz et recevait sur 6 389,58 MHz via son encodeur PCM/FM/AM.
Les stations terrestres |
Des stations terrestres sont construites pour assurer la liaison avec les satellites. La station d'Andover, dans le Maine, est équipée d'une grande antenne en forme de corne construite en aluminium et acier pesant 380 tonnes et comprenant de grandes antennes en forme de corne longues de 54 mètres et hautes de 29 mètres. Il s'agissait d'une réplique de taille plus grande d'une antenne construite sur le site des laboratoires Bell à Holmdel, dans le New Jersey. Une station similaire à celle d'Andover est construite à Pleumeur-Bodou, en France, par le CNET, tandis que la direction des Postes anglaise construit une antenne parabolique près du site de Poldhu, en Cornouailles, où Marconi réalisa la première expérience de liaison radio transatlantique en 1901. Fin 1964, des antennes analogues avaient été également construites à Fucino, en Italie, Raisting en Allemagne et Tokyo au Japon[3].
Déroulement des opérations dans l'espace |
Le premier satellite Telstar, Telstar 1, est lancé par une fusée Thor-Delta depuis le Cap Canaveral le 10 juillet 1962. Le satellite est placé sur une orbite moyenne elliptique de 5 632 × 952 km (excentricité de 0,24) avec une inclinaison de 44,8°. Sur cette orbite le satellite ne pouvait établir des liaisons entre deux des stations construites en Europe et aux États-Unis que lorsqu'il survolait l'Océan Atlantique soit durant 20 minutes sur les 2 heures et demie qu'il mettait à boucler une orbite.
Au cours de sa 6e orbite des liaisons téléphoniques, des programmes télés et des photographies sont réalisées entre Andover et Holmdel. Le jour suivant un programme de télévision enregistré est transmis depuis la France vers les États-Unis tandis qu'une émission de télévision en direct était transmise depuis l'Angleterre. Au cours des quatre mois suivants plus de 400 transmissions furent réalisées en passant par Telstar 1 dont 50 transmissions télé en noir et blanc ou en couleur. Trois cents tests techniques furent également effectués avec un taux de succès important. Les équipements de Telstar fonctionnèrent exactement comme prévu[4].
Le satellite fonctionne parfaitement jusqu'en novembre 1962, date à laquelle le contrôleur de communication embarqué commença à défaillir. Le satellite fut alors en mise en route permanente pour contourner le problème jusqu'au 23 novembre 1962.
Le 23 novembre le satellite cessa de répondre aux ordres envoyés depuis le sol.
La NASA réussit à rétablir le contact avec le satellite le 20 décembre 1962, des données furent collectées par intermittence jusqu'au 21 février 1963, le satellite cessa alors définitivement toute communication pour cause de défaillance de son émetteur. Cet arrêt est dû à deux explosions nucléaires stratosphériques d'essai des États-Unis (Starfish Prime) et de l'URSS : le satellite fut touché par les radiations, ce qui occasionna la perte de ses transistors d'émission[5],[6].
D'après le registre des objets lancés dans l'espace extra-atmosphérique du Bureau des affaires spatiales des Nations unies (U.N. Registry of Space Objects Launched into Outer Space), le satellite Telstar 1 est toujours en orbite autour de la terre (juillet 2017)[7].
Postérité |
Ce satellite de communications inspira, la même année, une œuvre musicale anglaise, composé par Joe Meek et un disque 45 tours lié à cette pièce musicale et dont le titre est homonyme. Il inspira également une chanson française reprenant la musique originale, mais avec des paroles écrites par le parolier Jacques Plante et intitulé « Telstar - une étoile en plein jour »[8]. Ce titre français fut interprété par le groupe musical des compagnons de la chanson et l'actrice et chanteuse française Colette Deréal[9].
Sources |
Sciences et Avenir no 187 septembre 1962
Notes et références |
Site Maxi sciences, page sur Telstar.
(en) « TELSTAR 1 » [PDF], NASA SP-32, sur le site de la NASA, juin 1963.
(en) « Communications and Navigation 1958-1964 » [PDF], NASA SP-93, NASA, 1966, p. 17-18.
(en) « Communications and Navigation 1958-1964 » [PDF], NASA SP-93, NASA, 1966, p. 18-19.
Site futura-sciences, article « Telstar et la communication par satellite ont 50 ans ».
(en) Daniel R. Glover, « TELSTAR », NASA Experimental Communications Satellites, NASA, 12 avril 2005(consulté le 1er septembre 2007) : « On July 9, the day before the Telstar I launch, the U.S. conducted a high altitude nuclear test (Starfish). Telstar's orbit took it through the Earth's inner radiation belt as well as a small portion of the outer belt. The radiation exposure was increased by the Starfish nuclear explosion as well as by a Soviet test in October 1962. After four months of successful operation, some transistors in the command system succumbed to the radiation. A workaround was successful in reviving the spacecraft for two more months. ».
(en) « Online Index of Objects Launched into Outer Space », ONU.
Allmusic.com.
Viédo youtube, « colette deréal telstar (une étoile en plein jour) ».
Voir aussi |
Articles connexes |
Echo Prototype de satellite relais passif
Courier 1B Premier satellite relais actif- Satellite de télécommunications
Liens externes |
(en) Monographie de la NASA sur les satellites de télécommunications et de navigation de 1958 à 1964[PDF]
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