Guerre des Six Jours





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Guerre des Six Jours



Description de cette image, également commentée ci-après

Les territoires pris par Israël lors de la guerre des Six Jours.





















Informations générales
Date

5 - 10 juin 1967
Lieu

Israël, Égypte, Sinaï
Casus belli

Fermeture par l'Égypte du Détroit de Tiran
Issue

Victoire israélienne







Belligérants
Drapeau d’Israël Israël
Drapeau de l'Égypte Égypte
Drapeau de la Syrie Syrie
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Drapeau du Liban Liban







Commandants

Flag of Israel.svg Yitzhak Rabin
Flag of Israel.svg Moshe Dayan
Flag of Israel.svg Uzi Narkiss
Flag of Israel.svg Israël Tal
Flag of Israel.svg Yeshayahu Gavish
Flag of Israel.svg Motta Gur
Flag of Israel.svg Mordechai Hod (en)
Flag of Israel.svg Ariel Sharon
Flag of Israel.svg Ezer Weizman

Flag of the United Arab Republic.svg Gamal Abdel Nasser
Flag of the United Arab Republic.svg Abdel Hakim Amer
Flag of the United Arab Republic.svg Abdul Munim Riad
Flag of the United Arab Republic.svg Ahmad Ismail Ali
Flag of Iraq (1963–1991); Flag of Syria (1963–1972).svg Noureddine al-Atassi
Flag of Iraq (1963–1991); Flag of Syria (1963–1972).svg Salah Jedid
Flag of Iraq (1963–1991); Flag of Syria (1963–1972).svg Hafez el-Assad
Flag of Jordan.svg Hussein
Flag of Jordan.svg Zaid ibn Shaker (en)
Flag of Jordan.svg Asad Ghanma







Forces en présence
264 000 hommes
196 avions militaires
800 chars de combat
547 000 hommes
957 avions militaires
2 504 chars de combat







Pertes

Flag of Israel.svg
779 morts
2 593 blessés
15 prisonniers
400 chars de combat détruits[1]
46 avions détruits

Flag of Egypt.svg
10 000 à 15 000 tués ou portés disparus et 4 338 capturés

Flag of Jordan.svg
700 à 6000 tués ou portés disparus et 533 capturés

Flag of Syria.svg
2 500 tués et 591 capturés


Total - 21 500 tués, 45 000 blessés et plus de 6 000 capturés ; des centaines de chars et plus de 452 aéronefs détruits.

Conflit israélo-arabe


Batailles




Palestine mandataire (1920-1948)

.mw-parser-output .sep-liste{font-weight:bold}Émeutes de Jérusalem (1920) · Émeutes de Jaffa (1921) · Massacre d'Hébron (1929) · Grande Révolte arabe (1936-1939) · Guerre civile (1947-1948)



Israël et pays arabes (1948-présent)

Guerre israélo-arabe de 1948 · Guerre israélo-arabe (1948-1949) · Guerre des Six Jours (1967) · Opération Colère de Dieu (1972-1992)



Égypte

Crise du canal de Suez (1956-1957) · Guerre d'usure (1967-1970) · Guerre du Kippour (1973) · Attaque contre un poste-frontière (2012)



Liban

Première guerre du Liban (1975-1990) · Opération Litani (1978) · Intervention militaire israélienne au Liban (1982) · Opération Raisins de la colère (1996) · Deuxième guerre du Liban (2006)



Territoires palestiniens

Première intifada (1987-1993) · Seconde intifada (2000-2005) · Opération Arc-en-ciel (2004) · Opération Jours de pénitence (2004) · Opération Pluies d'été (2006) · Blocus de la bande de Gaza (2007-) · Guerre de Gaza (2008-2009) · Abordage de la flottille pour Gaza (2010) · Confrontation israélo-palestinienne (2011) · Confrontation entre Israël et la bande de Gaza (2012) · Opération Pilier de défense (2012) · Guerre de Gaza (2014) · Regain de violence (2015-2017)





Massacres

Massacre de Munich (1972) · Massacre de Sabra et Chatila (1982)




La guerre des Six Jours s'est déroulée du lundi 5 au samedi 10 juin 1967 et opposa Israël à l'Égypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban.


Cette guerre fut déclenchée comme une « attaque préventive » d'Israël contre ses voisins arabes, à la suite du blocus du détroit de Tiran aux navires israéliens par l'Égypte le 23 mai 1967 (les Israéliens avaient préalablement annoncé qu'ils considéreraient cet acte comme un casus belli)[2]. Le soir de la première journée de guerre, la moitié de l'aviation arabe était détruite ; le soir du sixième jour, les armées égyptiennes, syriennes et jordaniennes étaient défaites[3]. Les chars de l'armée israélienne bousculèrent leurs adversaires sur tous les fronts. En moins d'une semaine, l'État hébreu tripla son emprise territoriale : l'Égypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï, la Syrie fut amputée du plateau du Golan et la Jordanie de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.


Plus symbolique encore que la défaite arabe fut la prise de la vieille ville de Jérusalem. Israël considère alors cette ville comme sa capitale, sans la reconnaissance de la plus grande partie de la communauté internationale.


Les résultats de cette guerre, épisode du conflit israélo-arabe, influencent encore aujourd'hui la géopolitique de la région[4]. Si Israël s'est depuis retiré de certains territoires annexés, le Sinaï et la bande de Gaza, d'autres ont été annexés par l'État juif, le plateau du Golan et Jérusalem-Est — cela n'a pas été reconnu par la communauté internationale — et une partie de la Cisjordanie est toujours occupée.




Sommaire






  • 1 Résumé


  • 2 Situation géostratégique précédant le conflit (1956 – 1967)


  • 3 La guerre


    • 3.1 Le front égyptien


      • 3.1.1 L'attaque d'Israël


      • 3.1.2 La situation en Égypte et en Israël au soir du premier jour


      • 3.1.3 Bande de Gaza et péninsule du Sinaï




    • 3.2 Le théâtre de Cisjordanie


    • 3.3 Le théâtre du plateau du Golan




  • 4 Batailles en mer et dans les airs


  • 5 Conclusion des hostilités


  • 6 Nouvelle guerre d'usure


  • 7 Notes et références


  • 8 Bibliographie


  • 9 Liens externes





Résumé |


En mai 1967, l'Égypte, qui procède à d'importants mouvements de troupes dans le désert du Sinaï, exige le départ des forces de maintien de l'ordre de l'ONU qui s'y trouvent depuis 1957 et signe une alliance militaire avec la Jordanie. Elle impose aussi le blocus du détroit de Tiran qui sépare la mer Rouge du golfe d'Aqaba et donne accès au port israélien d'Eilat. Après un mois d'incertitudes, Israël décide de lancer une attaque préventive aérienne et terrestre le 5 juin 1967 contre l'Égypte au sud. Israël demande par voie diplomatique à la Jordanie de rester neutre mais celle-ci rejette la demande et attaque Israël[5]. À la suite du succès éclair dans le Sinaï, Israël lance une contre-attaque contre la Jordanie puis le 9 juin contre la Syrie sur le plateau du Golan.


Après six jours de combats, de nouvelles lignes de cessez-le-feu remplacent les anciennes, la Cisjordanie, la péninsule du Sinaï, la bande de Gaza et le plateau du Golan passant sous contrôle israélien. La navigation des navires israéliens par le détroit de Tiran est désormais assurée et Jérusalem, qui était divisée entre Israël et la Jordanie depuis 1949, passe entièrement sous contrôle israélien.


À l'issue de la guerre des Six Jours, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 242 (1967) qui réclame la fin immédiate de l'occupation militaire. Cette résolution, fréquemment invoquée depuis dans les négociations de paix au Proche-Orient, reste encore inappliquée[6]. Elle ne précise toutefois pas comment devraient être restitués les territoires dont elle demande l'évacuation par Israël, les territoires aujourd'hui dits « palestiniens » étant avant 1967 sous contrôle jordanien ou égyptien.



Situation géostratégique précédant le conflit (1956 – 1967) |


Articles connexes : Conflit israélo-arabe et Crise du canal de Suez.

La précédente guerre israélo-arabe de 1956 lors de la crise du canal de Suez s'était soldée par une défaite militaire mais une victoire politique capitale pour l'Égypte. À la suite du renoncement des États-Unis et de la Grande-Bretagne à soutenir financièrement la construction du barrage d'Assouan[7], le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, avait nationalisé le canal de Suez en 1956. La France et le Royaume-Uni avaient alors soutenu ensemble une attaque israélienne dans le Sinaï jusqu'au canal de Suez. Mais la condamnation fut unanime dans le monde. Les États-Unis, l'Union soviétique et l'ONU s'accordèrent sur le retrait israélien et l'URSS menaça même Paris et Londres d'une frappe nucléaire[8].


Le succès de Nasser avait donc été d'obtenir cette pression diplomatique des États-Unis et de l'Union soviétique pour pousser Israël à se retirer de la totalité du Sinaï. En échange, Israël obtint le maintien de Casques bleus de l'ONU dans le Sinaï pour veiller à garder cette frontière démilitarisée. L'Égypte avait également accepté de mettre un terme à la guérilla menée sur le sol israélien. Ainsi, la frontière israélo-égyptienne put connaître une période de calme sans précédent depuis 1948.


Aucun pays arabe n'avait pourtant reconnu l'existence de l'État d'Israël, mais la région était dans un équilibre incertain depuis 1956, maintenu davantage par la compétition entre Égypte, Syrie et Jordanie que par une résolution réelle des problèmes. En pleine guerre froide, l'Égypte et la Syrie étaient désormais alliées à l'URSS de Nikita Khrouchtchev et au bloc de l'Est tandis que la Jordanie était soutenue par les Britanniques.


Plusieurs années après le conflit, Israël construisit un réseau de transport de l'eau en puisant dans les eaux du lac de Tibériade. En réponse, la Syrie initia un plan de détournement des eaux de certaines rivières (Dan / Baniyas) afin qu'elles n'alimentent plus le lac. Des attaques à l'artillerie lourde, depuis les hauteurs du Golan, se répétèrent aussi contre les civils israéliens du Nord-Est de la Galilée. Avec le bombardement des voies et le détournement de l'eau en 1964, la frontière israélo-syrienne resta le théâtre de tensions permanentes.


En 1966, l'Égypte et la Syrie signèrent une alliance militaire qui les engageait réciproquement dans le cas d'une guerre impliquant l'un des deux pays. Le 7 avril 1967, un incident mineur à la frontière israélo-syrienne se transforma rapidement en une bataille aérienne de grande échelle au-dessus du Golan. Le résultat fut la destruction de sept Mig-21 syriens et le survol menaçant des avions de l'armée israélienne au-dessus de Damas. Les incidents frontaliers se multiplièrent et nombre de dirigeants arabes politiques et militaires appelèrent à la fin des représailles israéliennes. En Égypte, Nasser, toujours en quête d'une position centrale dans le monde arabe, surenchérit par la déclaration selon laquelle il prévoyait de remilitariser le Sinaï. La Syrie encouragea l'Égypte dans ce sens, mais ne se prépara pas immédiatement à l'éventualité d'un nouveau conflit. L'Union soviétique soutint les besoins militaires des pays arabes. On apprit plus tard qu'un rapport soviétique du 13 mai avait prétendu que les troupes israéliennes se regroupaient le long de la frontière syrienne alors qu'il n'en était rien[9].




Les troupes israéliennes ont détruit un avion de surveillance arabe.


En mai 1967, Nasser massa les troupes égyptiennes dans le Sinaï[9] et le 17 mai, il exigea le retrait des forces d'interposition de l'ONU du Sinaï et le secrétaire général de l'ONU, U Thant, suivit cette requête. L'ONU demanda à déplacer ses troupes sur le territoire israélien mais Israël refusa ce redéploiement qui aurait constitué une brèche dans l'accord de cessez-le-feu précédent. Nasser concentra des troupes et des chars d'assaut sur la frontière avec Israël. Le 23 mai, l'Égypte bloqua l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des Israéliens en pétrole et blocus du port d'Eilat), ce qui était sans précédent depuis les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes[10]. Israël considéra cela comme un casus belli. La tension dans la région glissait d'un relatif statu quo vers une guerre régionale. Un début de panique s'empare de la population israélienne qui redoute un nouvel Holocauste[9].


Les quelques réticences à entrer en guerre du roi Hussein qui craignait le panarabisme de Nasser furent vite effacées par les nombreux partisans de la guerre en Jordanie. Le 30 mai, l'Égypte signait avec la Jordanie un traité de défense mutuelle, qui s'ajoutait à l'alliance militaire déjà en place avec la Syrie. Le président Nasser déclara : « Notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. » Plusieurs jours plus tard, les forces jordaniennes étaient commandées par un général égyptien. Israël appela de nombreuses fois la Jordanie à éviter les hostilités, mais Hussein était face à un dilemme : partir en guerre et risquer le contrecoup d'une réponse israélienne, ou bien rester neutre et risquer une insurrection en Jordanie.


Le gouvernement d'Israël était soucieux de savoir si la Jordanie serait impliquée dans le conflit pressenti, car une attaque depuis la Cisjordanie (sous contrôle jordanien depuis 1949) aurait pu couper le pays en deux très rapidement. Toutefois, l'armée jordanienne ne semblait pas capable d'une telle manœuvre et la Jordanie avait plutôt jusque-là été le terrain d'opérations menées par les autres pays arabes. De plus, plusieurs États éloignés commencèrent à mobiliser leurs armées, notamment l'Irak, le Soudan, le Koweït et l'Algérie.


En Israël, certains voyaient, dans l'éventualité d'un nouveau conflit, une occasion d'assurer l'intégrité du pays en établissant des zones tampons. Selon le journaliste Mike Shuster, Israël « était encerclé par des États arabes décidés à le détruire. L'Égypte était dirigée par Gamal Abdel Nasser, un nationaliste provocateur dont l'armée était la plus puissante des pays arabes du Moyen-Orient. La Syrie était gouvernée par le radical Parti Baas qui préparait en permanence des menaces pour pousser Israël à la mer »[11]. L'élite israélienne, dans la situation de blocus du détroit au sud et de mobilisation égyptienne dans le Sinaï et étant donné l'état d'embourbement des États-Unis au Viêt Nam, jugea que, si des dispositions militaires pouvaient apparaître non souhaitables, elles pourraient néanmoins être nécessaires.


Dans le camp égyptien, Nasser, fort du soutien syrien et du contrôle militaire des forces jordaniennes que lui attribuait l'alliance signée le 30 mai, se faisait la même réflexion. Il estimait qu'Israël se soucierait de l'opinion publique internationale et n'attaquerait donc pas en premier. En même temps, le blocus du détroit du sud fragilisait de plus en plus l'économie et l'armée israélienne, et Nasser estimait que son armée pourrait facilement repousser une première attaque déclenchée par les Israéliens, puis aurait suffisamment de forces pour couper Israël en deux. Certains de ses commandants pensaient le contraire, sachant qu'un tiers des troupes égyptiennes était impliqué dans la guerre civile au Yémen et que les moyens de communication et de ravitaillement égyptiens n'étaient pas en bon état. Nasser continua néanmoins à augmenter le niveau de mobilisation en Égypte, en Syrie et en Jordanie pour mettre Israël sous pression.


Israël tenta d'empêcher le blocage du détroit par des voies diplomatiques. Notamment, elle se tourna vers les États-Unis et le Royaume-Uni qui avaient garanti en 1957 qu'ils seraient capables d'ouvrir le détroit de Tiran si besoin était. Elle se tourna même vers le général de Gaulle qui avait déclaré que « 1967 n'est pas 1957 », dans le cadre de la nouvelle politique arabe de la France. Toutes les demandes israéliennes pour éviter le conflit furent sans réponse, menaçant l'avenir du pays. Les Israéliens dénoncèrent le blocus comme étant une action correspondant aux critères internationaux d'acte de guerre.


D'après l'historien israélien Michael Oren, ce fut la première fois que le « téléphone rouge » liant la Maison-Blanche au Kremlin fut utilisé pendant la guerre froide. Le 26 mai, le ministre israélien des Affaires étrangères, Abba Eban, se rendit à Washington pour connaître la position du gouvernement américain dans l'éventualité d'une guerre. À peine arrivé, il lui fut secrètement annoncé par le gouvernement israélien que des informations révélant le plan d'une attaque syro-égyptienne dans les 48 prochaines heures avaient été obtenues. Eban en informa le président Johnson et ses conseillers, qui le renvoyèrent en précisant que les positions égyptiennes dans le Sinaï n'étaient que défensives et que les services d'espionnage américains n'avaient pas reçu d'informations corroborant l'annonce de cette opération. Toutefois, Johnson entra en contact avec Alexeï Kossyguine au Kremlin pour demander à l'URSS d'empêcher ses protégés du Proche-Orient d'attaquer Israël pour éviter une crise mondiale. L'ambassadeur soviétique au Caire, Dimitri Pojidaev (en), lut une lettre de Kossyguine à Nasser qui le prévenait qu'en cas d'attaque dans les 48 heures l'URSS ne le soutiendrait pas. Le ministre égyptien de la Défense, Abdel Hakim Amer, annonça alors au général Mahmud Sidqi (en) que l'opération était annulée[12].


Les dirigeants israéliens décidèrent qu'en l'absence de réaction américaine et de l'ONU, Israël se devait d'agir. Le 1er juin, Moshe Dayan fut nommé ministre de la Défense d'Israël. Le 3 juin, le cabinet du président américain Johnson fit un constat ambigu : Israël continue ses plans de guerre. L'attaque israélienne contre l'Égypte survint le 5 juin et alors démarra une guerre-éclair.



La guerre |



Le front égyptien |



L'attaque d'Israël |


Article détaillé : Opération Focus.



La conquête du Sinaï.


La plus grande force aérienne des armées arabes était en Égypte. Leurs avions étaient tous récents et de conception soviétique. Ils possédaient également 45 bombardiers moyens Tu-16 capables d'attaquer des cibles civiles ou militaires israéliennes. Toutefois, les infrastructures défensives égyptiennes étaient relativement faibles et ils ne disposaient pas non plus de bunkers pour protéger leur aviation en cas d'attaque.


Le lundi 5 juin 1967 à h 45, survolant la Méditerranée à très basse altitude pour éviter les radars, l'aviation israélienne attaqua l'Égypte où la plupart des avions de chasse et leurs pilotes étaient comme à leur habitude au sol après leur première patrouille de la matinée comme les services secrets israéliens l'avaient observé. La totalité de l'aviation israélienne est engagée tandis que seuls 12 intercepteurs sont gardés en réserve pour protéger l'espace aérien israélien. En 500 sorties, Israël détruisit 309 des 340 avions militaires égyptiens[13]. Cela représentait un succès au-delà des espérances des stratèges israéliens, qui avaient élaboré ce plan depuis longtemps. Les pertes israéliennes furent de 19 appareils, pour des causes techniques principalement. Cela eut pour conséquence une supériorité aérienne totale de l'aviation israélienne durant tout le conflit, supériorité dont dépendit en grande partie la victoire écrasante d'Israël.



La situation en Égypte et en Israël au soir du premier jour |


L'Égypte vit depuis longtemps sous la censure et la propagande pour mobiliser l'opinion arabe. Au soir du premier jour, alors que la situation des troupes égyptiennes est catastrophique, la radio diffuse l'annonce de grandes victoires et insiste sur le fait que des avions israéliens ont été abattus. Le peuple est en fête, surtout au Caire où les gens descendent dans les rues fêter une victoire qu'ils croient acquise[14]. Alors que l'armée israélienne progresse, les généraux égyptiens préfèrent dissimuler l'effondrement de l'armée égyptienne à Nasser : lorsqu'il l'apprend, celui-ci est effondré[15]. En Israël, la radio israélienne diffuse seulement l'annonce du début des combats, sans indiquer les vainqueurs. La seule chaîne de télévision en Israël étant égyptienne, la population croit à un désastre.




La frontière entre l'Égypte et Israël aux environs d'Eilat, en 2008.



Bande de Gaza et péninsule du Sinaï |


Bénéficiant de l'avantage acquis par l'aviation et seulement quelques minutes après le début de l'attaque aérienne, les 70 000 hommes et 700 blindés[9] de l'armée de terre israélienne attaquèrent les forces égyptiennes stationnées dans le Sinaï. Privées de soutien aérien, celles-ci ne furent pas capables de faire face. De plus, les officiers supérieurs égyptiens ne purent coordonner une retraite en ordre qui devint rapidement une débandade. Les jours suivants, l'armée israélienne conquit facilement le désert du Sinaï.


Le 8 juin, l'Égypte accepte le cessez-le-feu.



Le théâtre de Cisjordanie |




Suite de la guerre : dégagement par les Israéliens de l'esplanade devant le mur des Lamentations à Jérusalem en juillet 1967.


Le premier jour de guerre était un désastre pour l'armée égyptienne, mais la radio diffusait des annonces de victoire. Au contraire, les communiqués de l'armée israélienne disaient seulement que des combats avaient été engagés. Israël brouillant les communications, le roi Hussein de Jordanie tout comme le général (égyptien) de ses armées croyaient à la victoire de l'Égypte. L'armée jordanienne se mit à bombarder Israël et occupa le quartier général des Nations unies à Jérusalem le 5 juin. Le ministre de la Défense israélien Moshe Dayan, au vu de la facilité qu'avaient ses troupes au Sinaï, rappela des forces à Jérusalem. L'aviation israélienne détruisit celle de la Jordanie, tandis que les parachutistes israéliens encerclaient puis prenaient le contrôle de tout Jérusalem et de toute la rive occidentale du Jourdain le mercredi 7 juin. Dans le calendrier hébraïque, cette date correspond au 28 Iyar 5727, jour où est célébré chaque année le Jour de Jérusalem.




Historique de la frontière sur le plateau du Golan.


Le cessez-le-feu israélo-jordanien prend effet le 7 juin au soir.




Le théâtre du plateau du Golan |


Jusqu'au vendredi 9 juin, les combats sur la frontière syro-israélienne s'étaient limités à des bombardements. Mais le 9 juin, après avoir intercepté un télégramme qui le convainc que les Soviétiques n'ont pas l'intention d'intervenir, Moshe Dayan décide de lancer l'armée israélienne à la conquête du plateau du Golan. Ce plateau représente une hauteur stratégique importante pour Israël. La Syrie étant un allié de l'Union soviétique, l'armée israélienne n'a que quelques heures pour avancer avant de se voir imposer un cessez-le-feu par l'URSS et les États-Unis.


Les combats du 9 juin donnent des résultats mitigés : les Syriens perdent en fin d'après-midi leurs positions avancées, mais la pénétration israélienne reste limitée. Le 10 juin, l'état-major syrien, craignant un mouvement de contournement israélien à travers la plaine de la Bekaa au Liban, ordonne le retrait de ses troupes du Golan pour construire une ligne de défense autour de Damas. L'armée israélienne s'engouffre alors dans l'espace libéré et la confusion s'installe côté syrien où l'on voit par exemple la radio annoncer vers 8 h 45 la chute de Quneitra alors que les premières troupes israéliennes n'atteindront la ville que dans l'après-midi[16].


Face à l'évolution de la situation, Brejnev (dirigeant de l'URSS) menace les États-Unis d'intervenir militairement de façon directe et les deux super puissances imposent un cessez-le-feu à la Syrie et à Israël qui prendra effet le 10 juin au soir, mettant fin à la guerre des Six Jours[17].



Batailles en mer et dans les airs |



Le 8 juin 1967, la marine israélienne attaque l'USS Liberty, navire américain spécialisé dans la collecte de renseignements[18].



Conclusion des hostilités |


La résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 novembre 1967 exigeait « l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient » (Middle-East dans le texte en anglais).



Nouvelle guerre d'usure |


Les pays arabes adoptent la résolution de Khartoum en septembre 1967, définissant une ligne de conduite commune. La résolution contient notamment dans son paragraphe 3, ce qui est connu comme les « trois non » des relations israélo-arabes de l'époque[19] :



  1. pas de paix avec Israël,

  2. pas de reconnaissance d'Israël,

  3. pas de négociation avec Israël.


À partir du début de l'année 1969, de nouveaux combats eurent lieu entre l'Égypte et Israël le long du canal de Suez. Les Égyptiens s'appuyaient sur l'utilisation de l'artillerie dans des opérations de type soviétique. Les avions israéliens faisaient des incursions poussées en Égypte. Les États-Unis parvinrent à mettre un terme à ces hostilités en août 1970 mais malgré leurs efforts dans les négociations, ils n'obtinrent ni une réouverture du canal de Suez ni un désengagement militaire. Cette guerre d'usure constitua une transition avant la guerre du Kippour, en octobre 1973.



Notes et références |




  1. Steven Zaloga, Armour of the Middle East Wars 1948-78 (Vanguard). Osprey Publishing, 1981.


  2. « Modifications des frontières d'Israël, page 5 », Ministère israélien des Affaires étrangères (consulté le 18 novembre 2007).


  3. (fr) Philippe Rekacewicz, « La guerre des six jours (1967) », avril 1998(consulté le 3 octobre 2010).


  4. « La Guerre des Six Jours », Arte.


  5. http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-six-day-war-and-its-enduring-legacy.


  6. « 1967: Israel ends six-day war », BBC.


  7. M. Bakre, L'Egypte et Haut-Barrage d'Assouan : de l'impact à la valorisation, Université de Saint-Étienne, 1980(lire en ligne) (extraits)


  8. http://www.cesa.air.defense.gouv.fr/IMG/pdf/La_crise_de_Suez-2.pdf.


  9. a b c et dCyrille Louis, « Guerre des Six-Jours : une victoire écrasante qui a stupéfié les armées arabes », sur Le Figaro, 28 mai 2017 - article payant.


  10. Voir la déclaration de Georges Picot pour la France, et celle d'une douzaine d'autres nations, à l'AG de l'ONU le 1er mars 1957 (ici) : « le golfe d'Aqaba dont les côtes appartiennent à quatre différents États constitue des eaux internationales… la liberté de navigation doit être assurée dans ce golfe et dans les détroits qui y mènent… aucun pays n'a le doit d'empêcher le libre et simple passage des navires de toute nationalité et de tout type ».


  11. http://www.bladi.info/threads/legypte-jordanie-syrie-failli-detruire.73774/.


  12. Event Archive: Michael Oren - Commonwealth Club.


  13. Henry Laurens, La Question de Palestine, tome 4 (Le rameau d'olivier et le fusil du combattant), Fayard, 2011, p. 12.


  14. Hazan P., 1967, la guerre des six jours : la victoire empoisonnée, Éditions Complexe, 2001, p. 37 ; consultable sur Google Books.


  15. ibid.


  16. Henry Laurens, La Question de la Palestine après 1967, cours au Collège de France, 7 novembre 2007 Consultable en ligne.


  17. (en) « Six-Day War », Microsoft Encarta.


  18. (en) John Crewdson, « New revelations in attack on American spy ship - Veterans, documents suggest U.S., Israel didn't tell full story of deadly '67 incident », sur www.chicagotribune.com, 2 octobre 2007(consulté le 3 octobre 2010).


  19. (en) [peace-and-security/khartoum-resolution/p14841?breadcrumb=%2Fpublication%2Fpublication_list%3Ftype%3Dessential_document%26page%3D69 Khartoum Resolution, Council on Foreign Relations.



Bibliographie |




  • Yves Cuau, Israël attaque, éditions Robert Laffont, Collection J'ai lu, 1971.


  • Herman Wouk, Les jours glorieux, Plon, 1996.


  • Pierre Razoux, La Guerre des Six Jours (5-10 juin 1967). Du mythe à la réalité, Éditions Economica, 2004. Lire la critique du livre par L'@érobibliothèque.


  • Raphaël Delpard, La guerre des Six jours : La Victoire et le Poison, éditions Lucien Souny, 2007. Nouvelle édition revue et corrigée, Éditions Marie B, 2017

  • Christophe Réveillard, « Le Général de Gaulle et la guerre des Six Jours » dans Jean-Paul Bled, Le Général de Gaulle et le monde arabe, Beyrouth, éditions Dar An-Nahar, p. 225-237, 2009.



Liens externes |


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Sur les autres projets Wikimedia :






  • Vidéo : En 1967, Israël déclenche la guerre des Six Jours, un dossier des archives de la Télévision suisse romande.


  • Vidéo documentaire : La Guerre des Six Jours, disponible sur le site de Dailymotion.


  • Fiche du film Avanti Popolo de Rafi Bukaee (1986), sélectionné au festival de cinéma Travelling Jérusalem en 2009 à Rennes.


  • Vidéo : De Gaulle, conférence sur Israël à l'occasion de la guerre des Six Jours.




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