Démon (esprit)





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Figure de démon japonais.


Un démon est un être surnaturel bienfaisant ou malfaisant, doué de raison, émanant de lieux ou de personnes et censé pouvoir influencer les esprits des humains ou les lieux qu'ils traversent. Il s'agit d'un terme générique utilisé de manière très générale mais issu de la culture grecque antique (δαίμων, "daimōn"), où il désigne quelque chose en relation avec la sphère "extra-humaine"[1].




Sommaire






  • 1 Étymologie


  • 2 Mésopotamie


  • 3 Antiquité


  • 4 Christianisme


  • 5 Hindouisme


  • 6 Société théosophique


  • 7 Notes et références


  • 8 Bibliographie





Étymologie |


En Grec ancien, le terme δαίμων daimōn désigne des choses différentes selon les auteurs et les époques [1]. Il est sans doute issu du verbe grec daiesthai (diviser, distribuer)[2].



Mésopotamie |


Dans les religions polythéistes de Mésopotamie ancienne, les dieux côtoient des êtres "extra-humains" dont les rôles sont très différents mais qui interagissent avec eux de manière positives ou négatives[1]. Le terme "démon" parfois utilisé pour les désigner a souvent été interchangeable avec ceux d'esprit ou de monstre, mettant en avant leur caractère aérien et leurs caractéristiques hybrides [1]. G.Cunningham propose l’utilisation du terme "daimon" pour désigner ces « créatures divines capable d'aider ou de blesser », moins connoté que celui de "démons", « forces diaboliques opposées aux divinités principales »[3]. Bien que cette proposition ait le mérite de soulever le problème terminologique du terme démon, il emprunte un terme issu d'une autre culture, avec les problèmes d'interprétations subséquents[1].


Ces termes tentent d'exprimer une ou plusieurs des caractéristiques communes[1]:



  • leur attitude agressive envers la victime humaine visée, souvent sous l'instrumentalisation par un acteur tiers;

  • leur relation avec des esprits ancestraux et leur nature aérienne (liée aux vents);

  • leur nature hybride.


Les créatures démoniaques, agents ou simples vecteurs du Mal ont souvent été créés par les dieux, voire sont issus d'eux, en particulier du couple An (Le Ciel) et Ki (la Terre), ce qui souligne leur proximité avec les forces élémentaires[4]. Certains sont à mi-chemin entre les génies malfaisants et de véritables divinités comme Lamashtu, fille d'Anu, Pazuzu, fils du dieu infernal Hanbu, Sulak ou encore Namtar, autre personnage divin des Enfers, fils d'Enlil. D'abord conçus comme les exécuteurs des châtiments décrétés par les dieux, qui se manifestent souvent par des atteintes physiques, les démons deviennent au Ier millénaire des entités maléfiques pratiquement autonomes émanant du monde infernal où ils cherchent à entraîner leurs victimes. La "possession démoniaque" entraîne des maux physiques et moraux qui excluent de la société humaine ceux qui en sont atteints. Les démons touchent leur victime par contact ou par une véritable "saisie" et sont souvent évoqués sous la forme d'un souffle ou d'un venin ; ils sont invisibles mais parfois entourés d'un halo. Leur corps est sale, impur et répand de mauvaises odeurs. Ils se glissent sans être vus dans les habitations et presque aucun obstacle matériel ne peut les arrêter. Tous les démons voient leur pouvoir néfastes particulièrement renforcés dans les lieux et les moments les moins bien contrôlés par l'homme : désert, ruines, endroits obscurs en général, nuit. Ainsi le démon Allulaya, la courtilière, agresse sur la route le voyageur nocturne. Certains démons sont pourvus d'une véritable personnalité, mais la majorité sont plutôt des désignations génériques et œuvrent par groupe de sept (heptade).
Une catégorie particulière est représentée par les Etemmu (sumérien : Gidim), les spectres. Il s'agit d'humains ayant connu une mort violente ou souffert d'un défaut de rite funéraire, qui peuvent remonter des Enfers pour tourmenter les vivants. Ils s'introduisent par l'oreille et provoquent des désordres mentaux. On lutte contre leur atteinte appelée la "main de spectre" (qât etemmi) par des rituels et des pratiques magiques. Il est par ailleurs peu recommandé d'évoquer les Etemmu pour pratiquer la nécromancie, car ils se retournent souvent contre ceux qui les ont appelés.
Les démons Alû sont assez souvent rendus responsables des troubles du sommeil : les mauvais rêves, l'insomnie, mais aussi son opposée, la somnolence perpétuelle appelée "la main du démon Alû".
On trouve également les Kûbu, fantômes des fœtus morts avant terme, et, par opposition au "dieu protecteur" qui accompagne chaque individu, un "mauvais démon personnel", qui attaque les gens en s'attachant à eux individuellement.
Certains démons sont enfin simplement la personnification de maladies comme l'épilepsie (Bennu), le mal de tête (Di'u) ou de mauvaises influences (le "mauvais œil").



Antiquité |


Dans la religion grecque populaire, le démon (daimon) désignait une sorte de génie ambivalent, un être doué de pouvoirs surnaturels, capricieux et imprévisible, présent en des lieux étranges à des moments particuliers et à l'œuvre dans les évènements effrayants de la nature et de la vie humaine, mais susceptible d'être apaisé, contrôlé au moins par des moyens magiques" (W. Foerster, "Daimôn, daimonion, in Theological Dictionary of the New Testament, t. II, 1964, p. 8.)


Hésiode, au VIII° s. av. J.-C., dans Les Travaux et les Jours (109-201), distingue cinq ou six catégories de puissances : les démons supérieurs ou dieux (race d'or), les démons inférieurs (race d'argent), les morts de l'Hadès (race de bronze), les héros sans promotion posthume, enfin les humains, actuels ou futurs (race de fer).


"D'or fut la race première des hommes de vie périssable, race créée par les dieux immortels qui peuplent l'Olympe. C'était au temps de Cronos, quand le ciel était son royaume, lorsque les dieux menaient une vie préservée des souffrances... Vint ensuite la race deuxième, de loin inférieure, race d'argent que créèrent les habitants de l'Olympe (...) Depuis que le sol recouvrit leur race, les mortels les appellent les Bienheureux sous la terre, dieux seconds, dotés aussi de leurs privilèges. La troisième race des hommes de vie périssable, Zeus, de frêne, la fit de bronze... Les uns et les autres vinrent dans la vaste demeure d' Hadès le lugubre, privés de nom... Zeus le Cronide créa aussitôt sur la terre féconde la quatrième race, plus juste et plus valeureuse, race divine formée de héros, ceux-là même qu'on nomme demi-dieux... Si j'avais pu ne pas vivre parmi la cinquième race ! Être mort plus tôt ou être né par la suite ! Car la race actuelle est de fer : de jour, les misères, et, de nuit, les afflictions consument sans trêve les mortels... Zeus détruira cette race d'hommes vivant sur la terre, lorsque, après leur naissance, leurs tempes deviendront grises. Plus de père tel que le fils, de fils tel que le père, plus d'ami pour l'ami..." [5]

"C'est Hésiode qui, le premier, de manière nette et déterminée, a recensé quatre genres d'êtres doués de raison : les dieux, ensuite les démons, ensuite les héros, et, en plus de tous ceux-là, les hommes. Opérant un tri parmi eux, il semble bien qu'il admet une transformation de la race d'or en une multitude de bons démons et des demi-dieux en héros." (Plutarque, De la disparition des oracles, 10 : Dialogues pythiques, Garnier-Flammarion, 2006, p. 161.)

Pythagore voit des âmes ou esprits partout, elles sont des parcelles détachées de l'éther :


"L'air en sa totalité est rempli d'âmes, et ces âmes sont appelées démons et héros" (Diogène Laërce, VIII, 32, Le livre de poche p. 966).

Pythagore distingue quatre types d'entités spirituelles : dieux, héros, démons, humains. Les dieux sont des âmes immortelles, les humains des âmes mortelles[6]. Les dieux habitent les astres, les héros glorieux l'éther, les démons la terre. Les héros sont des demi-dieux.
Les démons "Daemon" tels qu'ils apparaissent dans la littérature grecque depuis Hésiode sont des êtres intermédiaires entre l'homme et la divinité, personnifiant tantôt les vertus morales, tantôt les forces de la nature. Ils aident les dieux à organiser le monde et à faire respecter l'ordre moral. Le mot sert aussi bien à désigner l'être responsable de la destinée d'un être humain, que le génie spécifique d'une cité, d'un lieu, ou d'une famille. Il correspond au genius des Latins. Ainsi, Socrate, selon Le Banquet de Platon, considérait être inspiré par un démon particulier.



"En premier lieu, honore les dieux immortels, selon le rang qui leur est assigné par la loi.

Révère aussi le Serment. Ensuite, honore les héros glorieux

Et les démons terrestres en accomplissant les prescriptions de la loi.

Honore aussi tes parents et ceux qui sont nés dans ta parenté.


Vers d'or pythagoriciens, 1-4.


Platon, comme Hésiode, énumère dieux, démons, habitants de l'Hadès, héros et humains.


"On a discuté de la façon dont il faut parler des dieux, des démons, des héros et de ceux qui sont dans l'Hadès... Il nous resterait donc l'espèce des discours qui concerne les êtres humains." [7]

Les Romains admettent dieux, déesses, mânes (âmes des morts), lares (esprits tutélaires protégeant maisons, etc.), génies (esprits présidant à la destinée d'un lieu, d'un groupe, d'un individu), lémures (spectres de morts)...


Saint Justin (IIe siècle), le premier, voit dans les dieux du paganisme des envoyés du démon (Apologies, I, 5, 25-27). Il sera suivi par quantité de théologiens, dont Tertullien (De spectaculis), Lactance (IVe siècle).


Le néoplatonicien Porphyre de Tyr (vers 260) se demande avec prudence comment distinguer les êtres divins de haut rang (dieux, archanges, anges, démons, héros, archontes du cosmos ou de la matière) de simples âmes, sans parler des esprits malins (antitheoi).


"Tu [toi, Porphyre de Tyr] t'enquiers de ce qui manifeste la présence d'un dieu, d'un ange, d'un archange, d'un démon ou de quelque archonte [gouverneur de planète] ou d'une âme. D'un mot, je prononce que les manifestations s'accordent à leurs essences, puissances et activités... D'une seul espèce sont les apparitions des dieux ; celles des démons variées ; celles des anges, plus simples que celles des démons, mais inférieures à celles des dieux ; celles des archanges, plus proches des causes divines ; quant à celles des archontes, si tu entends par là les maîtres du monde qui administrent les éléments sublunaires, elles sont variées, mais rangées en ordre..."[8]


Christianisme |


Article détaillé : Démons dans le christianisme.


Hindouisme |


Article détaillé : en:Hindu demon.

Les Rakshasas and Asuras sont souvent décrits de manière erronée comme des démons dans l'Hindouisme. Il n'existe cependant pas de démons dans l'Hindouisme car cette religion n'est pas basée sur un principe de dualité de bien et de mal. Il existe des créatures parfois malfaisantes, décrites comme des demi-dieux, comme les Vetâlas, Bhut et Pishacha.



Société théosophique |


D'après la philosophe fondatrice de la société théosophique Héléna Blavatsky, il y a eu au fil des siècles ou millénaires inversion des dieux et des démons. L'axiome cabalistique "Demon est deus inversus" (le diable est dieu sens dessus dessous) rend compte de cette réalité[9] qui touche également le védisme. Les Asuras, considérés comme maléfiques, étaient aux premiers temps du védisme spirituels et divins[9].



Notes et références |





  1. a b c d e et fAnna Maria Gloria Capomacchia et Lorenzo Verderame, « Some Considerations about Demons in Mesopotamia », Studi e materiali di storia delle religioni., vol. 2,‎ 2011(ISSN 0393-8417, lire en ligne)


  2. (en) « Demon », Merriam-Webster Dictionary, Encyclopædia Britannica (consulté le 12 avril 2012)


  3. G. Cunningham, "Deliver Me From Evil ", Mesopotamian Incantations 2500-1500 BC, Pontificio Istituto Biblico, 1997, 39 p.


  4. [PDF] « Démons et exorcismes en Mésopotamie et en Judée », sur www.qro.unisi.it (consulté le 11 novembre 2010)


  5. Hésiode, Les Travaux et les Jours, 109-183, trad. Philippe Brunet, Le livre de poche, p. 101-103.


  6. Jamblique, Vie de Pythagore, § 37 et 100.


  7. Platon, La République, III, 392 a. Voir Lois, IV, 717 b ; V, 738 d ; VII, 799 a, 801 e, 818 c ; X, 910 a. La République, trad. Georges Leroux, Garnier-Flammarion, 2002, p. 572.


  8. Jamblique, Les Mystères d'Égypte (vers 320), II, 3, Les Belles Lettres, p. 79-80.


  9. a et bH.P.Blavatsky, Glossaire théosophique, Adyar, 1981, p. 118 - 52 (Asuras)




Bibliographie |




  • Jean-Patrice Boudet (dir.), Philippe Faure (dir.) et Christian Renoux (dir.), De Socrate à Tintin : Anges gardiens et démons familiers de l’Antiquité à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2011, 332 p. (ISBN 978-2-7535-1388-4, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].


  • (en) Matt Cardin, « The Angel and the Demon », dans S.T. Joshi (dir.), Icons of Horror and the Supernatural : An Encyclopedia of Our Worst Nightmares, vol. 1, Westport (Connecticut) / Londres, Greenwood Press, 2007, 796 p. (ISBN 978-0-313-33780-2 et 0-313-33781-0), p. 31-63.


  • Claude Lecouteux (préf. Régis Boyer), Démons et génies du terroir au Moyen Âge, Paris, Imago, 1995, 218 p. (ISBN 2-902702-88-4 et 978-2-902702-88-6, présentation en ligne).


  • Claude Lecouteux (préf. Ronald Grambo), La maison et ses génies : croyances d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Imago, 2000, 202 p. (ISBN 2-911416-41-4, présentation en ligne).

  • Francis Joannes & Cie, Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, 2001.

  • Abbé Migne, Dictionnaire des sciences occultes et des superstitions, Paris, 1847.


  • (en) Wendy Doniger O'Flaherty, The Origins of Evil in Hindu Mythology, lire en ligne.


  • (en) Jeremy A. Black, Anthony Green, Tessa Rickards, Gods, Demons, and Symbols of Ancient Mesopotamia : An Illustrated Dictionary, British Museum Press for the Trustees of the British Museum, 1992.


  • (en) I. Tzvi Abusch, Karel Van Der Toorn, Mesopotamian Magic : Textual, Historical, and Interpretative Perspectives, BRILL, 1999 lire en ligne.


  • (de) Brigitte Groneberg, Hermann Spieckermann, Die Welt der Götterbilder, Walter de Gruyter, 2007, lire en ligne.

  • Bernard Frank, Démons et jardins : aspects de la civilisation du Japon ancien, Paris, Collège de France, Institut des hautes études japonaises, De Boccard, coll. « Bibliothèque de l'Institut des hautes études japonaises », 2011, 342 p., (ISBN 978-2-9132172-7-0), présentation en ligne.







































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