Hématite
Hématite Catégorie IV : oxydes et hydroxydes[1] | |
Hématite Rose de Fer - Ouro Preto, Brésil (6×3,6 cm) | |
Général | |
---|---|
Nom IUPAC | trioxyde de difer |
Numéro CAS | |
Classe de Strunz | 4.CB.05 4 OXIDES (Hydroxides, V[5,6] vanadates, arsenites, antimonites, bismuthites, sulfites, selenites, tellurites, iodates) |
Classe de Dana | 4.3.1.2 Oxydes |
Formule chimique | Fe2O3 [Polymorphes] |
Identification | |
Masse formulaire[2] | 159,688 ± 0,005 uma Fe 69,94 %, O 30,06 %, |
Couleur | gris acier, noir de fer, irisé, brunâtre, brun rouge, gris noir, bleuté, rouge. |
Classe cristalline et groupe d'espace | ditrigonale-scalénoédrique 32/m |
Système cristallin | trigonal |
Réseau de Bravais | rhomboédrique |
Macle | possibles selon {1011} et {0001}, souvent lamellaires |
Clivage | néant |
Cassure | irrégulière à subconchoïdale |
Habitus | Tabulaire, rhomboédrique, pyramidal, prismatique, hexagonal, pseudocubique. Faces de {0001} avec stries formant des triangles. |
Échelle de Mohs | 5,5 - 6,5 |
Trait | rouge, brun |
Éclat | métallique, mat |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | nω = 3.150 - 3.220 nε = 2.870 - 2.940 |
Pléochroïsme | Dichroïsme |
Biréfringence | δ=0,28-0,21 ; biaxe négatif |
Fluorescence ultraviolet | Aucune |
Transparence | Translucide à opaque |
Propriétés chimiques | |
Masse volumique | 5.24 g/cm³ |
Densité | 4,9 - 5,3 |
Température de fusion | 1565 °C |
Solubilité | lentement soluble dans l’HCl[3]; insoluble dans l'eau |
Propriétés physiques | |
Magnétisme | faible et paramagnétique |
Radioactivité | aucune |
Précautions | |
Directive 67/548/EEC | |
Phrases R : R36/37/38 : Irritant pour les yeux, les voies respiratoires et la peau. Phrases S : S26 : En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste. Phrases R : 36/37/38, Phrases S : 26, | |
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |
modifier |
L’hématite est une espèce minérale composée d’oxyde de fer(III) de formule Fe2O3 avec des traces de titane Ti, d'aluminium Al, de manganèse Mn et d'eau H2O. C'est le polymorphe α de Fe2O3, le polymorphe γ étant la maghémite.
C’est un minéral très courant, de couleur noire à gris argenté, brun à rouge, ou rouge, avec de nombreuses formes cristallines. Les cristaux peuvent atteindre 13 cm[4].
Sommaire
1 Historique de la description et appellations
1.1 Inventeur et étymologie
1.2 Topotype
1.3 Synonymes
2 Caractéristiques physico-chimiques
2.1 Critères de détermination
2.2 Composition chimique
2.3 Variétés
2.4 Cristallochimie
2.4.1 Groupe corindon-hématite
2.5 Cristallographie
3 Gîtes et gisements
3.1 Gîtolologie et minéraux associés
3.2 Gisements producteurs de spécimens remarquables
3.3 Hématite sur Mars
4 Exploitation des gisements
5 Histoire, usages de l'hématite
6 Articles connexes
7 Notes et références
Historique de la description et appellations |
Inventeur et étymologie |
Son existence est rapportée par Pline l'Ancien dès 77. Le nom de l’hématite est emprunté au latin haematites, lui-même emprunté du grec αίματίτης, dérivé de αίμα qui signifie « sang »[5]. La poudre d’hématite était d’ailleurs utilisée comme pigment rouge.
Topotype |
Non défini pour cette espèce.
Synonymes |
- anhydroferrite[6]
- fer micacé (Brochant)[7]
- fer oxydé rouge (Haüy 1801)[8]
- fer spéculaire[9]
- hématite brune [10]
- hématite rouge[11],[12]
- hematitogelite (Tućan 1913)[13], forme colloïdale présente souvent dans la bauxite
- oligiste (fer) (Haüy 1801) : du grec oligos = peu nombreux, pour le faible nombre de faces du cristal
Caractéristiques physico-chimiques |
Critères de détermination |
Sa légère solubilité dans l'acide chlorhydrique permet de la distinguer de l'ilménite.
Composition chimique |
Variétés |
- alumohématite : variété riche en aluminium de formule idéale : (Fe,Al)2O3
- crucilite ou crucite (Thomson 1835) : pseudomorphose d'arsénopyrite en hématite ou en goethite décrite d'après des échantillons de Clonmel, comté Waterford, Irlande ; l'aspect cruciforme des cristaux a inspiré le nom [14]
- mine de fer spéculaire ou fer spéculaire ou spécularite : variété d'habitus tabulaires à faces lisses, utilisables comme miroirs ; dérivant d'un mot grec signifiant « je regarde attentivement », le latin specere « regarder » a donné speculum (miroir)[15]
- martite (Breithaupt) : pseudomorphoses de magnétite en hématite[16]
- rose de fer : variété d'habitus qui désigne l'assemblage de plusieurs cristaux tabulaires qui rappelle l'aspect d'une rose[17].
Cristallochimie |
L’hématite est le chef de file d’un groupe avec le corindon, le groupe du corindon-hématite, contenant des matériaux ayant tous la même structure cristalline et une formule générale du type A2O3 où A peut être un cation tel que le fer, le titane, l'aluminium, le chrome, le vanadium, la magnésium, l'antimoine, le sodium, le zinc et/ou le manganèse.
Groupe corindon-hématite |
Corindon Al2O3
- Hématite Fe2O3
Eskolaite Cr2O3
Karelianite V2O3
Tistarite Ti2O3
- Sous-groupe de l'ilménite
- Brizziite
- Ecandrewsite
- Geikielite
- Ilménite
- Melanostibite
- Pyrophanite
Cristallographie |
L'hématite a une structure notée D51 en notation Strukturbericht. C'est une structure rhomboédrique, de groupe d'espace R3c (no 167). Un motif est composé de deux pentaèdres Fe2O3 inversés qui se répètent aux nœuds du rhomboèdre. Ses paramètres de maille sont :
a = 5,43 Å ;- α = 55,26° = 55°16’.
Les ions O2- forment un réseau hexagonal compact, avec donc une alternance de plans A-B ; les ions Fe3+ occupent les deux-tiers des sites interstitiels octaédriques, avec trois types de plans a, b et c en alternance. On a donc une alternance A-a-b-B-c-a-A-b-c-B-a-b-A-c-a-B-b-c-A-a…
Les paramètres de maille dans cette description hexagonale sont :
a = 5,04 Å ;
c = 13,78 Å.
Par rapport à la description précédente, la distance entre les plans de O2- des pentaèdres est c/2.
Structure D51, description rhomboédrique.
Structure D51, description hexagonale.
Autre vue
Gîtes et gisements |
Gîtolologie et minéraux associés |
Minéral très commun dans des contextes géologiques très variés. D'origine primaire, formé à haute température. Produit de fumerolles, il peut donner des concentrations dans des gîtes de contact. Il peut être un élément des roches éruptives. Parfois en dépôt important avec limonite et sidérite dans les roches sédimentaires.
Les minéraux qui lui sont souvent associés sont :
- Dans les roches métamorphiques et ignées : magnétite, ilménite, rutile
- Dans les zones sédimentaires : goethite, lépidocrocite, sidérite
Gisements producteurs de spécimens remarquables |
- Brésil
- Miguel Burnier (São Julião), Ouro Preto, Minas Gerais; Variété Rose de fer[18]
- France
Mines de Batère (Corsavy, Arles-sur-Tech), Pyrénées-Orientales, Languedoc-Roussillon[19]
- Faucogney-Saphoz, Haute-Saône, Franche-Comté[20],
Mines de Rancié (Ariège)
- Italie
- Bacino, Miniera di Rio (Miniera di Rio Marina), Rio Marina, île d'Elbe, Toscane, Italie[21]
Hématite sur Mars |
On a trouvé, sur la planète Mars, en 2004, des sphères qui pourraient être intégralement ou en partie composées d'hématite. L'hématite se forme habituellement par l'action érosive de l'eau, ce qui suppose la présence, à une époque, d'eau sur Mars.
Exploitation des gisements |
- Utilisations
L'hématite est le minerai de fer le plus abondant.
- Elle fait partie des minéraux pouvant être utilisés pour fabriquer du Tamahagane.
- Elle peut être utilisée comme granulats (taille comprise entre 0 et 25 mm) dans les bétons dits lourds, destinés à la fabrication de contrepoids et d'écrans de protection anti-radiations.
- Broyée finement, elle peut servir de pigment et entre dans la composition d'émaux et d'engobes pour la céramique.
- Certaines pierres peuvent être taillées comme pierres fines.
- On la trouve notamment – sous forme de fines particules – dans le déchet métallurgique de l'industrie aluminière (boue rouge).
Histoire, usages de l'hématite |
L'hématite fut utilisée comme pigment (rouge) au paléolithique supérieur par nos ancêtres Homo sapiens. Pulvérisée puis mélangée à l'eau ou (plus rarement) aux huiles végétales et animales, elle s'apposait sur la roche des murs, ce qui permettait à nos ancêtres de dessiner et de peindre les grottes et cavités.[22].
Dans l'Égypte ancienne, l'hématite était considérée comme ayant le pouvoir de guérir les maladies du sang (ce minéral composé principalement de fer a la particularité de teinter l'eau en rouge. C'est pourquoi les Égyptiens pensaient qu'elle favorisait la production de sang).
Elle a été utilisée dans l'Antiquité - comme le plomb (sous forme de céruse, également toxique - dans certains cosmétiques (« fards, de « bâton à lèvres » (ancêtre du rouge à lèvre) enduits de peinture à base d’hématite »[23], dont en Afrique du Nord[24] et dans l'Égypte antique prédynastique[25]
L'hématite est devenue le plus important minerai de fer (pour la production de fontes, aciers, alliages).
Plus récemment, elle est utilisée dans les fluides de forage (boues lourdes, pour forer, colmater ou « tuer » les puits HP/HT (haute température, haute pression) notamment[26].
Hématite « Rose de Fer » - Batère France
Faucogney-Saphoz - France (12×11 cm)
Variété botryoïdale (en forme de grappe) - Mine du Rancié, Ariège, France (9×6,5 cm)
Hématite (Spécularite)- Île d'Elbe, Italie (vue 4 cm)
Articles connexes |
- Pigment
- Hydroxyde de fer
- Fard
- Boue de forage
Notes et références |
La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
(en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, West Conshohocken, ASTM International, 1996, 251 p. (ISBN 978-0-8031-2066-2 et 0803120664, lire en ligne), p. 71
The Handbook of Mineralogy. John W. Anthony, Richard A. Bideaux, Kenneth W. Bladh, et Monte C. Nichols, published by Mineral Data Publishing Volume III, 1997.
« HÉMATITE : Etymologie de HÉMATITE », sur www.cnrtl.fr (consulté le 31 juillet 2016)
Cours de minéralogie. Par Albert Auguste Cochon de Lapparent, 1908
Jean André Henri Lucas, René Just Haüy, Tableau méthodique des espèces minérales, volume 2, 1813, p. 376
Traité de minéralogie, volume 4 par René Just Haüy, France. Conseil général des mines 1801
Description méthodique du Cabinet de l'Ecole royale des Mines par M. Sage 1784 Balthasar-Georges Sage p.280
Annales des mines, ou Recueil de mémoires sur l'exploitation des mines, et sur les sciences qui s'y rapportent; Chez Treuttel et Wurtz, 1828; P324
Albert Auguste Cochon de Lapparent, Cours de minéralogie, Masson, 1908(lire en ligne), p. 710
Albert de Lapparent et Achille Delesse, Revue de Géologie, pour les années 1867 et 1868, vol. VII, Paris, Dunod, 1871(lire en ligne), p. 15
Tućan (1913), Centralblatt für Mineralogie, 65.
Robert Dundas Thomson, "Chemical analysis of Crucilite, a new form of peroxide of iron", in Robert Dundas Thomson et Thomas Thomson, Records of General Science, volume 1, John Taylor, Londres, 1835, p. 142-144
Histoire naturelle, générale et particulière. Par Georges Louis Leclerc Buffon, p. 132, 1799
Nouveau cours de minéralogie, volume 3. Par Gabriel Delafosse, p. 34, 1862
Précis de minéralogie. Par Guy Aubert, Claude Guillemin, Roland Pierrot, 1978
(en) Charles Palache, Harry Berman et Clifford Frondel, The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837–1892, vol. I : Elements, Sulfides, Sulfosalts, Oxides, New York (NY), John Wiley and Sons, Inc., 1944, 7e éd., 834 p. (ISBN 978-0471192398), p. 531
Berbain, C., Favreau, G. & Aymar, J. (2005) : Mines et Minéraux des Pyrénées-Orientales et des Corbières. Association française de microminéralogie éd., 39-44.
Cario, P. et Perinet, F. (1976). « Les gisements métalliques de Saphoz (Hte Saône) », Minéraux et fossiles, 23, 29-37.
Orlandi, P., & Pezzotta, A., 1997. I minerali dell'Isola d'Elba. I minerali dei Giacimenti metalliferi dell'Elba orientale e delle Pegmatiti del Monte Capanne, éd. Novecento Grafico, Bergame, 245 p.
Marcel Otte, La Préhistoire 3e édition, p. 195-198
Académie de Nice, L’Hématite, la goethite, ingrédients utilisés dans la réalisation de cosmétiques sous l’Antiquité, FICHE no 13
Alatrache, A., Mahjoub, H., Ayed, N. et Ben Younes, H. (2001), Les fards rouges cosmétiques et rituels a base de cinabre et d'ocre de l'époque punique en Tunisie : analyse, identification et caractérisation. International Journal of Cosmetic Science, 23: 281–297. doi:0.1046/j.1467-2494.2001.00095.x (Résumé)
BADUEL Nathalie (doctorante à la Maison de l'Orient, université Louis-Lumières Lyon-II, ), La collection des palettes prédynastiques égyptiennes du muséum (Lyon) = The Collection of Egyptian Predynastic Palettes of the Museum (Lyon) ; Cahiers scientifiques - Muséum d'histoire naturelle de Lyon ; (ISSN 1627-3516) ; 2005, n°9, p. 5-12 [8 page(s) Fiche Inist/CNRS
Henry C. H. Darley, George Robert Gray, Composition and Properties of Drilling and Completion Fluids ; 5e édition, (fundamental principles of geology, chemistry, and physics that provide the scientific basis for drilling fluids technology) ; (ISBN 0-87201-147-X), voir chap I, Introduction to Drilling fluids, 1 Composition of drilling fluids
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
- Portail des minéraux et roches
- Portail de la chimie
- Portail des sciences des matériaux