Déportation des Acadiens
La Déportation des Acadiens est une expression utilisée pour désigner l'expropriation massive et la déportation des Acadiens, peuple francophone d'Amérique, lors de la prise de possession par les Britanniques des colonies françaises en Amérique du Nord, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
À l'époque, l'élimination de communautés conquises au moyen de la déportation ne constituait pas une mesure exceptionnelle. Français et Britanniques utilisèrent souvent ce procédé au cours de leur histoire coloniale. Mais ce qui apparaît comme différent par rapport aux usages en cours, c'est que les Acadiens furent déportés plus de quarante ans après leur conquête (1713), fait déjà en soi très exceptionnel, et que peu furent envoyés dans des territoires français, mais dans des territoires britanniques, car considérés comme des « sujets indésirables de Sa Majesté ». Or, il était plutôt d'usage de reconduire les populations conquises dans leur patrie d'origine (colonies ou métropole). De plus, cette déportation constitue une des premières opérations de nettoyage ethnique de grande envergure, car auparavant des groupes beaucoup plus restreints étaient déportés[1].
La déportation des Acadiens s'effectua principalement lors de l'année 1755, bien que des déplacements furent organisés jusqu'à la fin de la Guerre de Sept Ans, soit 1763. Des 18 000 individus habitant l'Acadie (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick), l'île Saint-Jean (île du Prince-Édouard), l'île Royale (île du Cap-Breton et l'isthme de Chignectou), plus de 12 000 Acadiens furent déportés, et environ 8 000 moururent avant d'arriver à destination à cause des épidémies, du froid, de la misère, de la malnutrition ou des naufrages. Le terme de crime contre l'humanité peut ainsi être utilisé pour qualifier cette déportation. Des survivants, beaucoup allaient poursuivre leurs pérégrinations pendant plusieurs années, sinon des décennies, avant de retrouver une terre où s'installer. Cela explique que les Acadiens, et leurs descendants, vivent dans des régions de globe très différentes : Canada (Acadie, Québec), archipel Saint-Pierre-et-Miquelon, Côte Est des États-Unis, Louisiane (les Cadiens), Antilles, Royaume-Uni, France, et jusqu'aux lointaines îles Malouines.
Sommaire
1 Histoire
1.1 Avant la déportation
1.2 Crise et déportation
1.3 Suites de la déportation
1.4 Installation des Acadiens à Belle-Île-en-Mer
1.5 Transit par Nantes
1.6 Aujourd'hui
2 Littérature
3 Musique
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Bibliographie
5.2 Filmographie
5.3 Articles connexes
5.4 Liens externes
Histoire |
Avant la déportation |
Par le traité d'Utrecht signé en 1713, la partie la plus peuplée de l'Acadie et ses plus de 1 700 habitants sont cédés à la Grande-Bretagne qui deviennent des sujets britanniques[2]. Quatre cents soldats britanniques restent sur place et un gouvernement militaire évite à la Grande-Bretagne de devoir créer une législature à majorité acadienne.
Dès 1720 les premiers plans de la déportation massive sont dessinés. Le 28 décembre 1720, à Londres, les Lords of boards ont écrit : « Il nous semble que les Français de la Nouvelle-Écosse ne seront jamais de bons sujets de Sa Majesté... C'est pourquoi nous pensons qu'ils devront être expulsés aussitôt que les forces que nous avons dessein de vous envoyer seront arrivées en Nouvelle-Écosse[3]. »
La partie cédée à la Grande-Bretagne prend le nom de Nouvelle-Écosse. La France conserve l'Île Royale (aujourd'hui Île du Cap Breton). Les Acadiens tentent de demeurer « neutres » dans les conflits entre les deux métropoles et refusent de prêter au roi de Grande-Bretagne le serment d'allégeance qu'exigent les autorités coloniales. Cependant, la « paix » franco-britannique est toute relative dans cette région de l'Amérique. La guérilla amérindienne, alliée à la France, est constante : la capture de cent navires par les Micmacs et les Malécites entre 1713 et 1760 en témoigne. Le gouverneur Richard Phillips reconnaît néanmoins le droit naturel des Acadiens de ne pas avoir à combattre leurs alliés amérindiens[2].
La population acadienne passe de 1 700 en 1713 à plus de 15 000 en 1755. Cependant, les colons britanniques qui affluent après la fondation d'Halifax en 1749 convoitent les terres des Acadiens et réclament une Chambre d'Assemblée comme cela est la règle dans les colonies britanniques, ce que la couronne n'est pas prête à accorder à une population majoritairement francophone et catholique.
Crise et déportation |
En 1754, la crise éclate avec le début de la 4e guerre intercoloniale (French and Indian War en anglais). Le conflit commence avec des victoires françaises dans la vallée de l'Ohio[4]. La panique gagne les colonies britanniques. Charles Lawrence devient gouverneur et commandant en chef de la Nouvelle-Écosse. Il discute avec William Shirley, gouverneur du Massachusetts, de la possibilité d'obtenir des renforts et de remplacer les Acadiens par des colons anglo-américains. Lawrence obtint ainsi environ 2 000 miliciens recrutés en Nouvelle-Angleterre, dont beaucoup au Massachusetts. De cette façon, il ne mettait pas à contribution les garnisons anglaises de l'Acadie qui, plus professionnelles et connaissant bien les Acadiens, risquaient de prendre davantage parti pour la population. Les miliciens coloniaux britanniques avaient, au contraire, développé depuis longtemps des sentiments de haine à l'égard des Acadiens et de leurs alliés, les « Sauvages », c'est-à-dire les Amérindiens (Malécites, Micmacs, etc.). Ils étaient donc plus enclins à commettre toutes les exactions possibles à leur égard. Le terme anglais de « vermin » servait ainsi souvent à les désigner.
En 1755, 1 800 soldats de la Nouvelle-Angleterre arrivent en Nouvelle-Écosse. Ce débarquement est suivi de la prise des forts français par le général Robert Monckton. Lawrence confisque les armes et les embarcations des Acadiens. Il prit également soin de faire arrêter tous les prêtres ou missionnaires catholiques en exercice et les avait fait conduire sous bonne escorte jusqu'à Halifax pour être expédiés comme prisonniers de guerre en Angleterre. Les Acadiens n'avaient donc plus leurs prêtres pour les conseiller. En juin, il rencontre des délégués acadiens et exige d'eux un nouveau serment d'allégeance inconditionnel en échange du retour des armes. Les Acadiens refusent[5]. De toute manière, le sort des « Français de la Nouvelle-Écosse » (French of Nova Scotia en anglais) était décidé, serment d'allégeance ou pas, car les Britanniques n'en avaient plus besoin pour nourrir la garnison, les colons anglophones étant désormais suffisamment nombreux pour accomplir la besogne[6].
Lawrence décrète la déportation des Acadiens le 28 juillet 1755 en commençant par ceux de l'isthme où est situé le fort Beauséjour, l'actuel Isthme de Chignectou, car ils ont pris les armes qui leur restèrent[2]. De plus, il suggéra de répartir les Acadiens en petits groupes, dans les différentes colonies où la population leur est hostile, au sein de plusieurs villes et villages et où ils pourraient être soumis à des travaux forcés[2]. Ainsi, les Anglais pourraient prendre les fermes et les terres des Acadiens qui étaient généralement les plus fertiles de la Nouvelle-Écosse ainsi que les 100 000 bovins, moutons, porcs et chevaux que les Acadiens possédaient[2]. À partir de là, tous les Acadiens devaient être déportés sans exception, il ne leur était même plus permis de porter un serment absolu à la Couronne britannique[2].
Après la victoire dans la bataille de Fort Beauséjour et la prise de Fort Gaspareaux, en juin 1755, Lawrence ordonne aux commandants de Beaubassin, Pisiquid et Annapolis Royal d'attirer les hommes français de leurs districts respectifs au fort ou à l'église locale pour que les « instructions du roi » leur soient communiquées; une fois sur place, ils étaient encerclés, puis arrêtés et détenus dans des bateaux[2]. Ils allaient être déportés à l'extérieur de la province et leurs possessions allaient être confisquées par Sa Majesté[2]. Des navires principalement en provenance du Massachusetts viennent les chercher. En attendant les bateaux, les femmes et les enfants restaient chez eux et devaient fournir de la nourriture aux soldats et aux prisonniers[2], mais certains d'entre eux furent tués sans nécessité[7]. Les déportés sont divisés par groupes d'âge et de sexe, puis embarqués sur les navires où l'on prenait soin de démembrer les familles, ce que la proclamation du 5 septembre 1755 interdisait en théorie (proclamation disponible ici)[7]. Le général Monckton était responsable de faire embarquer les Acadiens de la région du fort Beauséjour, John Winslow à Grand-Pré et Alexander Murray à Pisiguit et à Cobeguit[2].
Le commandant John Handfield était responsable de l'embarquement des Acadiens à Port-Royal[2]. Cependant, ce dernier qui avait épousé une Acadienne ne suit pas l'ordre mais attend en novembre soit trois mois plus tard pour déporter les Acadiens. Il ne sépare pas les familles. On pense que 20 % de la population d'Annapolis Royal a pu s'échapper[8]. Les Acadiens qui s'échappaient étaient chassés et souvent fusillés lorsqu'ils étaient retrouvés[9]. De plus, la vie leur était difficile puisqu'ils devaient errer sans résidence et sans nourriture. À cause du froid et du manque de vivres, la survie n'était pas assurée, même pour ceux qui avaient trouvé refuge, ainsi, on estime que près de 500 Acadiens moururent à l'hiver 1758 au camp de Boishébert[2]. Par ailleurs, des Acadiens réussirent à regagner des territoires français, notamment en Acadie continentale (aujourd'hui Nouveau-Brunswick).
Finalement, c'est l'embarquement de Grand-Pré qui fut le plus mené à bien par les Britanniques[2]. Ce sont de sept à huit mille Français qui furent ainsi déportés[2].
Les Britanniques éparpillent les Acadiens le long de la côte atlantique. Les déportés y arrivent sans avoir été annoncés aux autorités locales, qui les considèrent comme une possible menace. Les déportés connaîtront des sorts divers. La Virginie et la Caroline du Nord refusent les 1 500 Français, qui restent à bord des bateaux ou sur les plages jusqu'en mai 1756, moment où ils sont expulsés vers l'Angleterre[10]. La traversée est difficile. Après trois mois de navigation, les survivants arrivent en Angleterre où ils sont très mal reçus.
Les 1 226 Acadiens survivants sont répartis en quatre groupes, 336 à Liverpool, 340 à Southampton, 300 à Bristol, 250 à Penryn (près de Falmouth). Commence alors pour eux une détention qui durera sept années.
On sait peu de choses sur les conditions de vie de ces Français. À Southampton, ils vivent dans des baraquements sur les quais ; à Liverpool, ils logent dans les ruines d'ateliers de potiers ; à Bristol, où personne ne les attend, ils restent trois jours et trois nuits sur les quais avant d'être parqués dans une vieille bâtisse ; à Falmouth, ils sont un peu mieux traités, des jeunes trouvent même du travail.
Ils reçoivent, comme prisonniers de guerre, une somme de six sols par jour avec l'obligation de subvenir à leurs besoins[11].
Pendant tout leur séjour, le gouvernement britannique essaie par tous les moyens de les faire devenir citoyens anglais, mais sans résultat. En janvier 1763, il ne reste, en Angleterre, que 866 personnes sur les 1 226 débarquées, et de plus il y a eu quelques naissances. Louis XV et Choiseul les font libérer, leur promettant des secours, ainsi que leur installation en France et, surtout, remboursent à l'Angleterre leurs dettes et une partie de leur solde. Ils les rapatrient ensuite en France[12].
Suites de la déportation |
En Virginie, la colonie refuse platement de recevoir les 1 500 Acadiens qui, en conséquence, sont expédiés en Angleterre. Ils furent détenus un certain temps à Williamsburg où une épidémie s'était propagée parmi eux. Ils moururent par centaines avant de partir pour l'Angleterre.
En Géorgie, colonie pénitentiaire, ils sont d'abord complètement ignorés et livrés à eux-mêmes, puis tous arrêtés en 1756. En 1763, on leur donne 18 mois pour partir. La plupart émigreront à Saint-Domingue.
En Caroline du Sud, une importante communauté de Huguenots est paniquée à l'arrivée des « papistes ». On les force à rester à bord des navires surpeuplés. Une trentaine réussissent à s'évader. En 1756, on organise une campagne de financement pour payer leur retour vers la Nouvelle-Écosse ! Ils rejoindront les partisans de Boishébert en lutte contre les Britanniques.
Au Maryland et en Pennsylvanie, on les emploie à divers travaux serviles. Aucun logement ni nourriture ne sont fournis. En 1756, la législature du Maryland adopte une loi qui prévoit la prison pour ceux qui n'ont pas d'emploi. À la frontière ouest, les troupes reçoivent l'ordre de tirer à vue sur ceux qui tenteraient de quitter la colonie. Tout Acadien qui désire s'éloigner de plus de 16 km de sa résidence doit avoir un passeport.
En Pennsylvanie également, le gouverneur Morris place les arrivants sous garde armée. Ils sont décimés par les maladies infectieuses et mis en quarantaine. Confiés aux county townships (juridictions locales) sous la direction du warden of the poor (« Gardien des pauvres », magistrat chargé de s'occuper des indigents), ils s'assemblent dans un bidonville de Philadelphie. On leur refuse du travail, mais on force leurs enfants à fréquenter les écoles anglophones. En 1763, les Acadiens du Maryland et de la Pennsylvanie partent pour la Louisiane. Certains s'arrêteront à Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti) où le gouverneur comte d'Estaing les met aux travaux forcés pour la construction d'une forteresse.
Le New Jersey refuse de recevoir des Acadiens. À New York, on les parque à Staten Island et à Long Island. Environ un tiers sont employés comme indentured servants (servitude à contrat d'une durée limitée). Plusieurs s'évaderont. Finalement, les prisonniers partiront pour Saint-Domingue après le Traité de Paris.
Au Connecticut, ils sont gardés sous surveillance, puis expédiés vers Saint-Domingue en 1763. En 1767, un certain nombre s'installent au Nouveau-Brunswick.
Au moins 2 000 Acadiens arrivent au Massachusetts où une épidémie de variole les décime. Ils ne reçoivent aucune assistance du gouvernement local. Leurs enfants sont arrachés de leurs familles pour être distribués chez les colons anglais dans diverses régions du Massachusetts. En 1756, on les engage comme indentured servants. On interdit aux navires de les engager comme marins. En 1757, on leur interdit de quitter les villes où ils sont assignés à résidence. En 1763, certains partent pour Saint-Domingue, mais la majorité pour le Canada.
Environ 3 500 Acadiens se réfugient en « Acadie française », le long du fleuve Saint-Jean et de la rivière Miramichi (Nouveau-Brunswick actuel) sous la direction de l'abbé François Le Guerne. Beaucoup d'entre eux meurent de faim et de froid durant l'hiver 1756-1757, vu l'impossibilité de pratiquer les industries traditionnelles (pêche, agriculture) pendant la guerre. De plus, entre 1756 et 1758, les autorités de la Nouvelle-Écosse offrent des primes pour les prisonniers acadiens et, moins officiellement, pour leurs scalps. Tous ces camps de réfugiés sont détruits par l'avance des troupes britanniques dans les années qui suivent.
Pour les Acadiens qui réussirent à revenir en Acadie plusieurs années après la déportation, leurs droits politiques leur seront refusés jusque dans les années 1830. Pour d'autres, qui deviendront les Cadiens, la colonie, à ce moment espagnole, de la Louisiane, deviendra une nouvelle terre de regroupement.
Installation des Acadiens à Belle-Île-en-Mer |
Un peu à la manière de l'Acadie, Belle-Île-en-Mer était occupée par les Britanniques, mais le traité de Paris (10 février 1763), qui donnait le Canada aux Britanniques, a permis à la France de récupérer Belle-Île le 11 avril 1763. Un mois plus tard les Acadiens prisonniers en Grande-Bretagne sont libérés et viennent grossir le nombre des réfugiés dans les ports français.
Plusieurs projets d'installation des Acadiens sont proposés, dont celui de Belle-Île (8 ans avant le projet poitevin). Dès juillet 1763, trois chefs de famille acadiens, Honoré Le Blanc, Joseph Trahan et Simon Granger, se rendent à Belle-Île, afin de juger de la possibilité d'une implantation sur cette île bretonne. Le baron Richard-Auguste de Warren, gouverneur de l'île juge ce premier contact positif, « ils ont paru très contents de ma réception et s'en sont retournés le 27. Comme ils sont gens fort industrieux et habiles cultivateurs, je serais enchanté de les voir arriver : ce serait un bon boulevard contre ceux qui les ont maltraités. »
Mais tout n'est pas si rose : les Acadiens, soutenus par l'abbé Le Loutre, veulent rester groupés sur l'île dans une même paroisse, ce qui n'est pas du goût de de Warren qui veut au contraire les disperser sur l'ensemble du territoire « afin que tous les habitants ne fassent qu'un seul esprit et qu'un même peuple ». L'abbé Le Loutre, qui a participé à cette première visite, prend les affaires en main et en janvier, il annonce à de Warren qu'il a trouvé 77 familles déterminées à s'installer sur l'île. Mais les affaires traînent en longueur, les habitants de l'île ne sont pas très heureux de voir débarquer ces réfugiés, rien n'est prêt, il manque des maisons, il faut commander des chariots, des charrues, du bois, des bœufs, des vaches… C'est l'abbé Le Loutre qui gère tout cela.
En septembre 1765, Granger et Le Blanc sont chargés de préparer l'hébergement des 77 familles, les premières arrivent le 22 septembre, d'autres le 1er octobre, puis le 18 et enfin le 30 octobre. Elles sont logées provisoirement dans « les grands magasins aux avoines » qui sont une halle. Les Acadiens participent aux travaux de construction des maisons, certains, qui étaient marins, embarquent avec des patrons pêcheurs du pays.
Pour arriver à un partage des terres équitable qui tient compte de la composition des familles, de l'origine, de la parenté, des affinités, un inspecteur, nommé Isambert, a imaginé un système original avec des « lotties » et des « brigades ». Les lotties sont des lots de terres bien précis et numérotés ; les brigades, au nombre de 13, sont constituées de 6 familles, chacune dotée d'un « chef de brigade » chargé de tirer au sort la lottie attribuée à chacune des brigades[13].
Transit par Nantes |
Lors de leur déportation en 1755, beaucoup d'Acadiens, alors détenus en Angleterre, furent envoyés en France, espérant avant tout repartir pour le Nouveau Monde. Dans l'attente d'un embarquement pour la Louisiane, certains patientèrent en Bretagne et dans le Poitou. Chantenay, aujourd'hui quartier nantais, devint ainsi pendant 10 ans, de 1775 à 1785, un lieu de transit pour ces réfugiés, à proximité immédiate du port de Nantes. Certains ne tardèrent pas à s'y fixer définitivement et à y faire souche.
Aujourd'hui |
La majorité des populations se qualifiant d'acadienne se trouve aujourd'hui au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard, aux îles de la Madeleine et en Gaspésie (Québec), à Terre-Neuve-et-Labrador, dans le Maine (États-Unis), en Louisiane et à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Des historiens américains estiment que, sur une population totale évaluée entre 12 000 et 18 000 Acadiens en 1755, de 7 500 à 9 000 périrent entre 1755 et 1763, soit des effets de la déportation, soit en tentant d'y échapper.
L'épisode dramatique de la déportation des Acadiens ne fait pas l'unanimité au Canada. Si la déportation est perçue comme une tragédie par les Acadiens et les Québécois, il n'en est pas ainsi au Canada anglais. Au lieu de l'appeler « Déportation des Acadiens », les expressions anglaises Expulsion of the Acadians, Great Upheaval (bouleversement) ou Great Expulsion sont davantage utilisées. De façon générale, on tend au Canada anglais à banaliser cet épisode, comme il est courant de le faire pour d'autres événements de violence et de terreur[réf. nécessaire], qui ont marqué l'histoire des canadiens-français.
Une demande officielle d'un député d'ascendance acadienne du Bloc québécois, Stéphane Bergeron, a été déposée pour qu'il y ait reconnaissance par la couronne britannique de ce crime contre l'humanité que représente la déportation des Acadiens. Le gouverneur général du Canada – l'institution représentant aujourd'hui la couronne canadienne au pays, mais qui, avant le Statut de Westminster de 1931, représentait la couronne britannique – a pour sa part reconnu la Déportation des Acadiens. En décembre 2003, la gouverneure générale Adrienne Clarkson a reconnu le drame humain de la déportation, mais sans offrir d'excuses formelles. Depuis, le 28 juillet est un jour de commémoration du Grand Dérangement. Une autre commémoration a lieu le 13 décembre, le Jour du Souvenir acadien rappelant le bateau Duke William qui coula en 1758.
Littérature |
Le Feu du Mauvais Temps roman de Claude Le Bouthiller, roman sur la résistance obstinée des Acadiens, principalement dans la Baye des Chaleurs.
Pélagie-la-Charrette, roman d'Antonine Maillet, raconte le bouleversement qu'a subi l'Acadie lors de la Déportation.
Evangéline, poème épique en anglais de l'Américain Longfellow, raconte l'histoire de deux amants acadiens séparés par la déportation, mais réunis par leur amour. Cette histoire a donné naissance à la chanson du même titre.
Le Saule de Grand-Pré, de René Verville (Fidès, 2001), est un roman historique qui reconstitue presque jour après jour ce qu'ont vécu un ancêtre de l'auteur et les quelques centaines de familles de la région de Grand-Pré au cours de la déportation.
Jacques et Marie, roman de Napoléon Bourassa, Montréal, Ed. Sénécal, 1866- Pauline Gill, Évangéline & Gabriel, 2007, Lanctôt, La plus grande histoire d’amour d’Amérique sur fond historique.
- Marie-Hélène Morot-Sir, Au cœur de la Nouvelle France tome II, l'Histoire des Acadiens au chapitre « l'Acadie »
- Micheline Dalpé, Marie Labasque, roman, 2008, éditions Au Pied de la lettre et 2014 Les Éditions Coup d'œil
Musique |
- 1755 (groupe)
- Grand Dérangement (groupe)
Les groupes de rock acadiens 1755 (du Nouveau-Brunswick) et Grand Dérangement (de Nouvelle-Écosse) s'inspirent de cette époque historique, tant par leur nom que par une partie de leurs chansons. La chanson Plane un aigle de Grand Dérangement raconte, par exemple, la façon dont les indiens Micmacs de Nouvelle-Écosse ont accueilli des Acadiens dans leurs tribus et les ont cachés des Anglais.
Notes et références |
Site de l'Université de Laval
Les Acadiens du Québec, pp.19-44
Lionel-Groulx, L'histoire Acadienne dans : Notre maître le passé, page 168, édition 10-10, 1977
Par exemple, à la bataille de la Monongahela en 1755.
Edmond Dziembowski, La guerre de Sept ans, Perrin 2015 p. 81
[1]
Georges Langlois Histoire de la population canadienne-française", Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1935, page 147
'Dictionnaire biographique du Canada' John Handfield, disponible en ligne Dictionnaire biographique du Canada en ligne
Lionel-Groulx, "L'histoire Acadienne" dans : Notre maître le passé, page 169, édition 10-10, 1977
John Mack Faragher, A great and noble scheme: the tragic story of the expulsion of the French Acadians from their Acadian homeland, New York: W.W. Norton, 2005; 562 pages (ISBN 0-393-05135-8)
Griffiths, Naomi E. S. "Acadians in Exile: the Experiences of the Acadians in the British Seaports." Acadiensis IV, no. 1 (1974).
Jean-François Mouhot Les Réfugiés acadiens en France (1758-1785): L'Impossible Réintégration?, Québec, Septentrion, 2009, 456 p. (ISBN 2-89448-513-1); Ernest Martin (1936) Les Exilés Acadiens en France et leur établissement dans le Poitou, Paris, Hachette, 1936
Jean-François Mouhot Les Réfugiés acadiens en France (1758-1785): L'Impossible Réintégration?, Quebec, Septentrion, 2009, 456 p. (ISBN 2-89448-513-1); Jean-Marie Fonteneau, Les Acadiens citoyens de l’Atlantique. Rennes: Éditions Ouest France, 2001.
Voir aussi |
Bibliographie |
- Ronnie-Gilles LeBlanc (dir.), Du Grand dérangement à la Déportation : nouvelles perspectives historiques, Moncton : Chaire d'études acadiennes, Université de Moncton, 2005
Bona Arsenault et Pascal Alain, Histoire des Acadiens, Saint-Laurent, Québec : Éditions Fides, 2004 , 502 p.- Robert Sauvageau, Acadie : la guerre de Cent Ans des Français d'Amérique aux Maritimes et en Louisiane 1670-1769 Paris : Berger-Levrault, 1987
Placide Gaudet, Le Grand Dérangement : sur qui retombe la responsabilité de l'expulsion des Acadiens, Ottawa : Impr. de l'Ottawa Printing Co., 1922
Henri d'Arles, La déportation des Acadiens, Québec : Imprimerie de l'Action sociale, 1918
John Mack Faragher, A Great and Noble Scheme. The Tragic Story of the Expulsion of the French Acadians from their American Homeland, New York, Londres, W.W. Norton & Company, 2006, (ISBN 0-393-05135-8).- Pierre-Maurice Hébert, Les Acadiens du Québec, Montréal, Éditions de L'Écho, 1994, 480 p. (ISBN 2-920312-32-4)
- Marie-Hélène Morot-Sir " Au cœur de la Nouvelle France" tome II France année 2011
- S. Scott and T. Scott, "Noel Doiron and the East Hants Acadians," Journal of the Royal Nova Scotia Historical Society, Vol. 11, 2008, pp 45 - 60.
Filmographie |
Pierre Gauvreau, Le Grand dérangement, Office de radio-télédiffusion du Québec, 1977, 3 vidéocassettes (116 min)
Léonard Forest, Les Acadiens de la dispersion : une histoire des Acadiens racontée par eux-mêmes, Office national du film, 1968, 118 min, 08 s
Articles connexes |
- Déportation
- Nettoyage ethnique
- Histoire de l'Acadie
Liens externes |
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Le déracinement (déportation) des Acadiens sur Cyberacadie - L'Histoire des Acadiens et de L'Acadie
Veritas Acadie (site consacré à la déportation des acadiens)
(en) Arthur G. Doughty The Acadian Exiles, Chronicles of Canada, volume 9, Toronto, 1916- Marianopolis College : Les Acadiens
- Association Racines et Rameaux Français d'Acadie
- http://poitou-acadie-quebec.pagesperso-orange.fr/
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