Holocauste





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Un holocauste (grec ancien : ὁλόκαυστος ; de ὅλος, entier + καύστος, brûlé)[1] est, dans la Grèce antique, un sacrifice où l'offrande est entièrement consumée.


Pratiqué par les Grecs dans le cadre des rituels chthoniens, il l'est aussi dans la tradition juive. Ce terme apparaît dans l'Ancien Testament lorsque Noé remercie Dieu de l'avoir sauvé des eaux[Note 1] et dans le livre du Lévitique[2]


Le terme est également utilisé dans le christianisme au sujet du sacrifice du Christ, mort sur la Croix lors de la Passion, dont les sacrifices de l'Ancien Testament auraient été la préfiguration[3]. Le Christ est souvent comparé dans l’Évangile à l' « Agneau de Dieu » [4] en tant que « victime expiatoire » immolé entièrement pour le salut des hommes, à la manière des agneaux sacrifiés lors de la Pâque juive[5],[6]. Ce sacrifice est renouvelé durant la messe[7].


Selon la terminologie créée par le Tribunal de Nuremberg, le terme « génocide » est le plus souvent utilisé après la Seconde Guerre mondiale pour désigner les massacres perpétrés par le régime nazi et en particulier le massacre des juifs dans les camps d'extermination ; toutefois, le terme « holocauste » est aussi parfois utilisé[8],[9]. Il se répand en particulier après la diffusion du téléfilm américain Holocauste en 1979. Cependant, le terme « Shoah » s'impose en Europe francophone dans les années 1990 après la diffusion en 1985 du film éponyme réalisé par Claude Lanzmann.




Sommaire






  • 1 L'holocauste dans le monde antique


    • 1.1 Le sens des sacrifices dans la Grèce antique


    • 1.2 Dans le monde ancien




  • 2 Les termes « Holocauste » et « Shoah »


  • 3 Usage en français et en anglais


    • 3.1 En français


    • 3.2 En anglais




  • 4 Notes et références


    • 4.1 Notes


    • 4.2 Références




  • 5 Voir aussi


    • 5.1 Articles connexes







L'holocauste dans le monde antique |



Le sens des sacrifices dans la Grèce antique |


Pour les Grecs anciens, les dieux, qui vivent dans les nuées, se nourrissent d'odeurs délectables. On les satisfait en leur envoyant des fumées plaisantes (d'où le mot parfum : « par la fumée »). Ces odeurs agréables peuvent être celles de la chair rôtie mais aussi la fumée de matières végétales que l'on brûle.


Le sacrifice quotidien des Grecs est de brûler des herbes odorantes pour se concilier les divinités par des odeurs plaisantes. De façon plus solennelle et communautaire, il consiste, lorsqu'ils en ont les moyens, à rôtir une pièce de viande ; on invoque les dieux pendant que la chair cuit et que les exhalaisons montent vers le ciel ; puis la communauté se partage la viande au cours d'un festin sacré. Dans d'autres circonstances, par exemple les funérailles, on consume des matières odorantes comme l'encens, la myrrhe, l'aloès, le benjoin ; cette fumée agréable escorte l'âme du défunt montant vers le ciel afin de lui ménager un accueil favorable des dieux[Note 2].


L'holocauste est un sacrifice extraordinaire ; toute la communauté est impliquée ; l'offrande est de prix : c'est un animal ou des animaux qu'il a fallu élever, auxquels on est parfois attaché ; la victime est entièrement brûlée ; toute l'offrande est consommée/consumée en fumée odorante pour les dieux. Le plus souvent, on pratiquait un holocauste annuel. Ce pouvait être des volailles, un mouton ou une chèvre dans les petits villages ; à Athènes, à la haute époque, on sacrifiait jusqu'à cent bœufs.



Dans le monde ancien |


Dans tout le monde ancien la pratique des sacrifices est de même nature, avec des variantes, et a le même sens. On pratique partout des holocaustes solennels. Si, en Grèce, l'holocauste est un sacrifice de prix qui implique la communauté entière, ce n'est pas pour autant nécessairement un sacrifice animal : c'est la communion sacrificielle qui est importante. Chez les Juifs, l'holocauste implique le sacrifice d'un animal.


À l'époque classique, les sacrifices humains ont disparu en Italie et en Grèce bien qu'ils soient représentés sur des tombes étrusques en tuf de Tarquinia (VIe et Ve siècle avant J.C.) et perpétués par les combats de gladiateurs. Ils subsistent à Carthage jusqu'à l'époque des guerres puniques, où l'on sacrifie des enfants à Ba'al Hammon. Ces sacrifices humains portaient le nom de "Moloch", mot homonyme du nom d'un dieu phénicien. Selon C. Jules César, les Gaulois pratiquaient aussi les sacrifices d'humains en brûlant des prisonniers et des esclaves enfermés dans des cages en fer [10],[Note 3].



Les termes « Holocauste » et « Shoah » |


Article détaillé : Shoah.

Dès 1894, Bernard Lazare parle d'« holocauste » pour évoquer les Juifs brûlés vifs pendant la Peste noire, au Moyen Âge : « Quand la peste noire ou la faim sévissait, on offrait les Juifs en holocauste à la divinité irritée. »[11],[Note 4],[Note 5].


En 1937, c'est ce terme qui vient à Max Jacob, dans l'idée qu'il s'agit d'un sacrifice voulu par Dieu, pour désigner ce qu'il ne comprend pas devoir être un projet d'extermination totale, dont il sera lui-même la victime : « Les juifs pour durer doivent souffrir; la douleur est le sucre qui conserve, comme tu sais. Chacun d'eux souffre, holocauste pour la race. »[12]


En 1978, aux États-Unis une série télévisée de fiction consacrée au génocide des Juifs assassinés par les nazis est intitulée Holocauste et popularise ce terme.


Cependant, pour la tradition juive, un holocauste est un sacrifice :



  1. offert à Dieu pour lui être agréable ;

  2. fait de chair animale brûlée ;

  3. fait uniquement sur l’autel du Temple de Jérusalem, qui n’existe plus depuis l’an 70.


C’est pourquoi le terme « holocauste » est considéré par les Juifs comme un grave contresens. Les francophones européens emploient plutôt le terme « Shoah » (« catastrophe » en hébreu), surtout depuis la sortie du film Shoah de Claude Lanzmann en 1985[Note 6].


Le terme Shoah est le nom officiel que donne l’État d’Israël à cet événement historique. Il s’agit d’une décision du Parlement israélien (Knesset) du 12 avril 1951, à l’occasion de la fixation du jour national du souvenir (Yom Ha-Shoah Ve Mered Ha-Getaot).


Le monument commémoratif élevé à Berlin se nomme Denkmal für die ermordeten Juden Europas, « Mémorial de l’extermination des Juifs d’Europe ». Le terme de « judéocide » est également employé, notamment par l’historien Arno J. Mayer dans La Solution finale dans l’histoire[13]. L'expression « Solution finale » était celle utilisée par le régime nazi.



Usage en français et en anglais |



En français |


En France, le terme « génocide », forgé par le Tribunal de Nuremberg, est neutre et s'emploie pour désigner le massacre systématique de diverses populations : « génocide des Juifs », « génocide des Tziganes » ; ce terme s'emploie aussi hors du contexte de la Seconde Guerre mondiale. Le terme « holocauste », popularisé par un téléfilm américain, désigne plus spécifiquement le massacre des Juifs par les Nazis (avec un h majuscule : l'Holocauste) ; mais, comme calque de l'anglais, il semble un peu artificiel. L’usage a consacré l’emploi du terme « Shoah ». Ainsi Le Petit Larousse (2008) écrit à l’entrée « Holocauste » : « génocide des Juifs d’Europe perpétré par les nazis et leurs auxiliaires de 1939 à 1945 […] Le terme est plus couramment Shoah. » Et à l’entrée « Shoah » : « mot hébreu signifiant « anéantissement » et par lequel l’extermination de plus de cinq millions de Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale est désignée. » De même, l’Encyclopædia Universalis dit à l’entrée « Shoah » : « En hébreu, shoah signifie catastrophe. Ce terme est de plus en plus employé pour désigner l'extermination des juifs réalisée par le régime nazi[14]. »



En anglais |


En anglais, le terme Holocaust prévaut sur celui de Shoah et possède globalement la même signification.


Toutefois, ce terme est souvent étendu à l'ensemble des massacres pratiqués par les nazis à l'encontre des handicapés physiques et mentaux (Action T4), des dissidents politiques, des Francs-Maçons, des Tsiganes, des communistes, des pacifistes, des homosexuels, des Témoins de Jéhovah, des Russes, des Polonais, des Serbes et d'autres peuples slaves[Note 7].


La définition du United States Holocaust Memorial Museum de Washington[15] est la suivante : « L’Holocauste fut l’assassinat de six millions de Juifs, et de millions d'autres par les nazis et leurs collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale. »


En 2005, les Nations unies proclament le 27 janvier « Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste »[16].



Notes et références |



Notes |





  1. Genèse, 8, 20 : « Et Noé bâtit un autel à l’Éternel, et prit de toute bête pure et de tout oiseau pur, et offrit des holocaustes sur l’autel. »


  2. Ce rituel est suivi par les Saintes Femmes qui se rendent au sépulcre de bon matin après le sabbat pour faire la toilette de Jésus (Matth., 27:55-61 ; Matth., 28:1-10 ; Marc, 15:40-16:11 ; Luc, 23:50-24:10 ; Jean, 19:38-20:18). Elles apportent des aromates, myrrhe, aloès, pour embaumer le corps de Jésus (c'est-à-dire, littéralement, envelopper son corps de bonnes odeurs). À l'exemple du Christ, dans les rites actuels des Églises catholique et byzantine, lors des funérailles, les restes du défunt sont embaumés d'encens pour accompagner son âme qui s'élève vers Dieu.


  3. Selon les érudits modernes, les affirmations de César ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais les holocaustes d'humains ont surement existé.


  4. Cette vision du Moyen Âge est inspirée du Romantisme littéraire et ne concerne que la sombre fin de cette période, aux XIVe et XVe siècles ; le haut Moyen Âge fut beaucoup plus paisible.


  5. Le mot holocauste, rare et érudit, a été utilisé par plusieurs écrivains français du XIXe siècle, comme Chateaubriant, Mémoires d'Outre-Tombe (livre 16, ch. 5 et livre 31, ch. 2) ; Flaubert, La Tentation de saint Antoine, à plusieurs reprises dont la page 637 de l'édition de 1856 ; Baudelaire, Lettre à M. Flaubert, paru dans L'Artiste du 18 octobre 1857. Mais il est toujours utilisé dans son sens originel (voir : Flaubert ci-avant) ou dans le sens de « grand sacrifice », parfois avec une nuance ironique (voir : Chateaubriant, seconde référence ci-avant).


  6. Ce film regroupe les témoignages de rescapés des camps d’extermination mais aussi de témoins polonais non juifs. Tourné en 1985, l'auteur adopte un style minimaliste (les images sont celles de ce qu’il restait des camps en 1985). D’une durée totale de 9h30, ce film est considéré comme un événement historique et cinématographique majeur. Il a reçu un César d'honneur en 1986.


  7. Donald Niewyk et Francis Nicosia écrivent (dans The Columbia Guide to the Holocaust, Columbia University Press, 2000, p. 45, [lire en ligne] : « The Holocaust is commonly defined as the murder of more than 5 000 000 Jews by the Germans in World War II. », c'est-à-dire : « On appelle généralement Holocauste l'assassinat de plus de 5 000 000 de Juifs par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale. » Ces auteurs remarquent aussi que cette appellation est souvent étendue à d'autres groupes et choisissent une définition de moyen terme liée à l'hérédité : « The Holocaust – that is, Nazi genocide – was the systematic, state-sponsored murder of entire groups determined by heredity. This applied to Jews, Gypsies and the handicapped. », c'est-à-dire : « L'Holocauste, ou génocide nazi, est l'assassinat systématique, planifié par l'État, de groupes entiers de personnes, sur la base de l'hérédité, comme les Juifs, les Tziganes et les handicapés. »




Références |





  1. Le latin reprend le mot "Holocaustum" qui signifie "sacrifice"(Dictionnaire Gaffiot latin-français).


  2. Lévitique I, 1-17VI, 1-6; XXI, 17-25


  3. Lettre aux Hébreux, 10, 5


  4. Apocalypse 12:11, Jean 1:29


  5. Catéchisme de l'Eglise catholique, n°1366 et 1367 (cf. Concile de Trente : Denziger 1740 et 1743)


  6. Philippe-Marie Airaud, « L’Unique efficace sacrifice de l’Agneau sans tache », Trimestriel,‎ juillet–septembre 2003 (lire en ligne)


  7. Le terme "sacrifice" est répété 28 fois dans le rite romain dit "extraordinaire" (ordo missae 1962, http://www.introibo.fr/Ordo-Missae-1962), 8 fois dans le rite "ordinaire" (https://www.maranatha.it/RitoMessa/messepage.htm), et de même pour les rites orientaux (exemple du rite maronite :http://www.maronites.fr/IMG/pdf/messe_edition_complete.pdf)


  8. (en) J. Petrie, The secular word Holocaust: scholarly myths, history, and 20th century meanings, Journal of Genocide Research, Volume 2, Number 1, 1 March 2000, p. 31-63(33)


  9. (en) Winston Churchill, The World Crisis, vol. 5: Aftermath, New York, 1929, p. 157


  10. César, Guerre des Gaules, t. 2, Paris, Les Belles Lettres, 1961, ch. VI, 16.


  11. Bernard Lazare, L'Antisémitisme, son histoire et ses causes, Léon Chailley, 1894, 409 p., ch. 5, p. 127.


  12. M. Jacob, Lettre à Jean Paulhan, janvier 1937, cité in P. Andreu, Vie et mort de Max Jacob, p. 233, La Table ronde, Paris, 1982.


  13. « Arno Mayer. La "Solution finale" dans l'Histoire - Persée », sur persee.fr (consulté le 29 décembre 2018).


  14. Encyclopædia Universalis, extrait en ligne.


  15. (en) The Holocaust - US Holocaust Memorial Museum


  16. Le 27 janvier sera désormais Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, décide l’Assemblée générale - Communiqué de l'Assemblée générale des Nations unies AG/10413, 1er novembre 2005




Voir aussi |



Articles connexes |



  • Sacrifice

  • Hécatombe

  • Ordalie

  • Massacre



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