Bien national




Les biens nationaux ou Domaines nationaux sont des domaines et possessions de l’Église (bâtiments, objets, terres agricoles, mines, bois et forêts) qui furent confisqués durant la Révolution française, en vertu du décret du 2 novembre 1789 . Ceux-ci sont vendus pour résoudre la crise financière qui a causé la Révolution. Le domaine de la Couronne, ainsi que les propriétés de certains nobles, subissent le même sort par le biais des confiscations révolutionnaires.


La notion de bien national est ensuite étendue aux biens des émigrés et des suspects, qui sont confisqués à partir du 30 mars 1792, puis vendus après le décret du 27 juillet. L'un des objectifs est de représenter une caution pour les assignats.




L'abbaye de Cluny, en Bourgogne, a été vendue comme bien national.




Sommaire






  • 1 Mise à disposition de la Nation des biens du clergé


  • 2 Aliénation des biens nationaux


  • 3 Destinées des biens saisis


    • 3.1 Reconversions dans l'industrie textile


    • 3.2 Spéculation et vandalisme




  • 4 Chronologie


  • 5 Indemnisation


  • 6 Référencement


    • 6.1 Notes et références


    • 6.2 Bibliographie




  • 7 Annexes


    • 7.1 Articles connexes







Mise à disposition de la Nation des biens du clergé |


La France en cette fin de siècle est au bord de la banqueroute (Le déficit est de 61 millions de livres) et ne trouve plus de solution à la crise. Les créancier de l’État sont aux abois. Paris a faim.


Le 10 octobre 1789, Talleyrand, en sa qualité d'évêque d'Autun dépose une motion auprès de l'Assemblée constituante[1], qui propose de nationaliser et vendre les biens de l'Église pour renflouer les caisses de l'État: Le clergé dit-il, « n'est pas propriétaire à l'instar des autres propriétaires , puisque les biens dont il jouit et dont il ne peut disposer ont été donnés , non pour l'intérêt des personnes, mais pour le service des fonctions. ». La nation dit-il, principalement dans une détresse générale, peut, sans injustice, disposer des biens des différentes communautés religieuses qu'elle croira devoir supprimer, en assurant à chacun des religieux vivants le moyen de subsister, faire tourner à son profit le revenu de tous les bénéfices sans fonctions, réduire dans une proportion quelconque les revenus actuels des titulaires, lorsqu'ils excéderont telle ou telle somme, en se chargeant d'une partie des obligations dont ces biens ont été frappés dans le principe. La nation pourrait toujours selon Talleyrand en assurant au clergé les deux tiers du revenu ecclésiastique , disposer légitimement de la totalité des biens ecclésiastiques, fonds et dîmes. Le revenu total du clergé pouvant être estimé à 150 millions, 80 en dîmes, et 90 en biens-fonds, 100 millions réductibles par des extinctions successives à 80 ou 85, seraient assurés au clergé sur les premiers revenus de l’État… Tous les biens-fonds du clergé seraient mis en vente et le produit de ces ventes serait destiné à rembourser les dettes publiques.
Le plan de Talleyrand prévoit de doter d'une manière suffisante le clergé; éteindre 50 millions de rentes viagères, éteindre 60 de perpétuelles, détruire, par le moyen de ces extinctions, toute espèce de déficit, le reste de la gabelle, la vénalité des charges, et en exécuter le remboursement et enfin, composer une caisse d'amortissement, telle que les décimables les moins aisés puissent incessamment être soulagés, et qu'au bout d'un très-petit nombre d'années, tous les décimables, sans exception, puissent être entièrement affranchis de là dîme.


Cette confiscation des biens immobiliers appartenant à l’Église, et par la suite ceux appartenant aux émigrés, a donc objectif de permettre le remboursement des emprunts contractés par l’État, au moment où leur négociation est sévèrement réglementée à la Bourse.


En outre, cette confiscation satisfait ceux qui veulent affaiblir l'Église en la privant de sa puissance foncière et le parti janséniste qui voudrait la voir revenir à la pauvreté évangélique.


Par le décret du 2 novembre 1789 les biens du clergé de l'Église sont mis à la disposition de la Nation. Adossés aux biens nationaux, sont créés les assignats.


Articles connexes : Histoire économique de la France de 1789 à 1815 et Budget de l’État sous la Révolution française.


Aliénation des biens nationaux |


Article connexe : Aliénation des biens nationaux.

Politiquement, la vente des biens nationaux aboutit à un transfert massif des propriétés et donc du pouvoir, de la noblesse et l'Église vers la bourgeoisie[2].


Bien qu’à aucun moment les lois et décrets votés ne mettent réellement en place une réforme agraire, celle-ci est parfois appliquée localement, en allant au-delà des dispositions de la loi.


De fait et en dépit des déclarations d'intentions, il ne s'agit pas d'une redistribution destinée au peuple et il n'a jamais été envisagé de donner à ceux qui les tenaient comme censitaires, comme fermiers, comme métayers ou comme locataires, les domaines fonciers ou immobiliers confisqués aux ordres religieux, aux communautés urbaines ou rurales et aux émigrés. Ces biens étaient par principe acquis et destinés aux particuliers, nombreux à l'Assemblée nationale, qui possédaient une créance sur l'État.


La croyance en les Terreurs de l'an mille, très vivace au moment de la Révolution, réfutée par les historiens depuis la seconde moitié du XXe siècle, a été reprise au moment de la confiscation des biens du clergé pour faire croire que les soi-disant paniques de l'an mille devant la fin du monde toute proche avaient été orchestrées par les prêtres et les moines pour convaincre les fidèles de se laver de leurs péchés, mais surtout de se débarrasser de leurs biens terrestres par de larges dons aux monastères. Un pamphlet anonyme publié en 1789 et intitulé le Diable dans l'eau bénite ou l'iniquité retombant sur elle-même prétendait démonter le mécanisme psychologique mis en place par les religieux de l'époque pour effrayer les populations et provoquer ces mouvements de panique. Il devenait ainsi légitime de rendre tous ces biens fonciers au peuple qui en avait été dépossédé par une ignoble supercherie[3].



Destinées des biens saisis |



Reconversions dans l'industrie textile |


Une partie des biens confisqués aux nobles ou à l'Église, parmi lesquels plusieurs abbayes de l'ordre cistercien, a été transformée en usines de coton, ce qui a rapidement fait de la France le premier producteur textile d'Europe, s'approvisionnant au Brésil, via le Portugal. Ces investissements ont permis de résister à la concurrence britannique causée par le succès des premiers entrepreneurs du coton britannique[4], dont les inventions comme la mule-jenny avaient multiplié par 140 la productivité. Les guerres de la Révolution française et de Bonaparte ont parallèlement suscité un besoin de textiles pour habiller les armées. Mais l'émigration au Brésil de la famille royale portugaise, en 1807, pour fuir les armées françaises, a déclenché des mesures de rétorsion contre la France, privée du coton brésilien, se traduisant par la plus terrible pénurie de l'histoire de la culture du coton. Cette pénurie a pris fin après l'Alabama fever de 1816 et le développement en Égypte du coton Jumel, apparu sur le marché mondial en 1821. La matière première redevenant abordable dans les années 1820, plusieurs sites reconvertis en bien national reviennent à la production de coton.


Parmi les sites confisqués et transformés en usines textiles, bon nombre se situent dans des départements qui vivront une industrialisation textile au XIXe siècle :



  • En Haute-Savoie, l’ancien couvent des Clarisses devient la manufacture de coton d'Annecy[5], dirigée par Louis Alexis Jumel, l'inventeur du coton Jumel[6] puis est rachetée en 1828 par l'industriel suisse Jean Gottfried Laeuffer et emploie 1 400 personnes en 1847. Toute proche, la manufacture de coton de Cluses[6], transformée après l'incendie de 1844 en École d'horlogerie de Cluses, sera le point de départ de l'industrie du décolletage en Haute-Savoie. Dans le même département, le château de Faverges est racheté en 1810 par Jean-Pierre Duport, dont la fille épouse Nicolas Blanc, qui investit dans une usine de mousseline. Leur fils, Jules Blanc (baron), fonde une dynastie textile[7].

  • L'Oise est particulièrement concernée : le marquis de Travanet a racheté l'abbaye de Royaumont à la Révolution pour y établir une filature de coton opérée par la famille Derolland-Delacoste[8], dont la production fut arrêtée trois ans à partir de 1812[9]. Autre site important, l'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp, cistercienne, confisquée en 1792[10] devenue après 1825 l’usine de velours de coton la plus importante du département. Après la Révolution française, elle est récupérée par Maximilien Radix de Sainte-Foix, puis en 1813 par Pierre Toussaint-Delachaussée, qui créé la Société des établissements d’Ourscamp. Toujours en Picardie, le couvent des Capucins de Château-Thierry est vendu comme bien national à Jean-Baptiste Gouge (1772-1843) qui en fait une filature de coton[11], au 24 rue des Capucins, dans l’actuel collège Jean-Racine[12].

  • Dans l'Aube, qui comme la Picardie connaîtra un grand avenir textile, les domaines du moulinet, à Pont-Sainte-Marie, près de Troyes, sont vendus comme bien national à plus de 400 acquéreurs.

  • Dans les Vosges, la « première filature mécanique de coton installée du département »[13] est placée après la Révolution française dans les jardins de l'abbaye Saint-Hydulphe de Moyenmoutier, tandis que sa voisine l'abbaye Saint-Pierre de Senones voit également l'implantation d'un procédé créé par John Heywood en 1806. Les deux usines seront plus tard acquises par Marcel Boussac.

  • En Alsace, dans le bassin textile de Mulhouse, Jean Haeffely installe en 1807 dans le château de Pfastatt une fabrique de blanchiment des tissus de coton[14], tandis qu'Hartmann Risler fonde la manufacture éponyme, dans le couvent de la commanderie des chevaliers teutoniques de Rixheim, racheté en 1797 au politicien et spéculateur Jean Struch, qui l'avait acquis de l'ordre Teutonique[14].

  • Dans la Loire, le couvent des Récollets de Saint-Germain-Laval, à Saint-Germain-Laval, est acheté aux enchères en 1792 par l'industriel Barthélémy Chaverondier (1761-1839)[15], père de l'historien Auguste Chaverondier (1820-1891)[16], qui installe ses machines à filer le coton dans le couvent[17]. L'usine emménagera ensuite à Roanne.

  • En Saône-et-Loire, l'immense abbaye de La Ferté n'abrite plus que 14 moines à la Révolution française. L’ensemble est vendu comme bien national en 1791 à Jean-Marie et Joseph Passaut, maîtres de poste à Sennecey[18], qui le revendirent trois jours plus tard à Jean-Baptiste Humblot, négociant en toile et fabricant à Villefranche-sur-Saône, par ailleurs député du tiers état. Celui-ci paie 365 388 livres, dont 303 525 livres reversées au district de Chalon-sur-Saône[19]. Les frères Passaut empochent 61 863 livres de plus-values en trois jours, du 17 au 20 juin. Le personnel, en partie féminin, de la filature de coton est installé dans les dépendances[20]. Arnould Humblot-Conté en hérite en 1809 et la développe. Futur actionnaire de la compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, époux d'Hélène Conté[21], héritière de la manufacture de crayons « comte-gilbert », ce maire de Saint-Ambreuil et député libéral de 1820 à 1824 et de 1827 à 1831, discute à l'assemblée de l'âge limite et de la durée de travail pour les enfants[22].

  • En Belgique, alors annexée par la France, le couvent de Royghem, près de Gand, fut adjugé comme bien national le 27 juin 1799, pour 300 000 livres, à Liévin Bauwens qui y établit une filature de coton, puis en ouvre une deuxième en 1800 à Paris. En 1796 les prémontrés sont chassés de l’abbaye de Tronchiennes, rachetée par le même Liévin Bauwens, pour installer en 1804 une filature de coton, appelée à faire faillite trente ans après. La même année, l'abbaye de la Cambre à Ixelles change trois fois de mains et devient fabrique de betteraves puis de coton[23],[24].

  • Dans la Haute-Marne, l'abbaye d'Auberive est rachetée par Abel François Nicolas Caroillon de Vandeul, gendre de Denis Diderot, qui installe une filature de coton dans l'aile est entre 1797 et 1807, année où elle périclite, l'obligeant à la transformer en résidence.

  • En Mayenne, l'abbaye de Fontaine-Daniel reste utilisée pour la fabrication des Toiles de Mayenne.


D'autres départements, moins marqués par le textile, ont aussi compté de nombreux biens nationaux :



  • En Côte-d'Or, le château d'Arnay-le-Duc, des Princes de Condé, devient usine textile puis cède la place, de 1865 à 1957, à la manufacture de limes râpes et outils Proutat-Michot-Thomeret, primée aux expositions universelles de Paris et Londres.

  • Dans le Var, à La Ciotat, Louis Benet (1805-1877)[25] reprend une filature de soie et coton, situé dans l’ancien couvent des Bernardines de La Ciotat, mis en adjudication le 4 septembre 1792[26], où il installe l'un des premiers chantiers navals français fabriquant des navires à vapeur, en 1835.

  • Dans la Manche, l'abbaye de La Lucerne est également vendue comme bien national en 1790 puis achetée par Louis-Julien Gallien, négociant-armateur à Granville, qui installe dans l'église abbatiale une filature de coton en 1794[27].

  • En Haute-Saône, pendant la première moitié du XIXe siècle, une importante filature de coton a fonctionné dans l'abbaye de l'ordre de Cîteaux d’Adelans-et-le-Val-de-Bithaine[28].

  • Dans l'Hérault, à la Révolution française, six moines vivent dans l'abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert. Une filature de coton les déloge. Le cloître, vendu à un maçon, sert de carrière de pierre[29].

  • En Eure-et-Loir, l’abbaye Notre-Dame de Bonneval, cistercienne aussi, est vendue comme bien national à Julien Balleux, ancien maître de poste, pour devenir en 1793 une filature de coton fondée par Pierre Dutartre[30], négociant à Paris, puis une colonie agricole pour enfants abandonnés, un asile et finalement un hôpital.

  • Dans l'Eure, l'abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard voit sa dernière abbesse, Marie Madeleine-Éléonore du Bosc de Radepont, se retirer dans sa famille à Radepont en 1790. Le 12 mars 1792, François Guéroult, l'acquéreur, crée une vaste filature de coton, revendue en 1822, 30 ans après, au baron Levavasseur, propriétaire de nombreuses filatures en Normandie[31], qui en fait la filature Levavasseur. En 1821, François Guéroult détenait à Pont-Saint-Pierre deux filatures de chanvre et de laine[32].



Spéculation et vandalisme |


Les moins chanceux des édifices vendus comme bien nationaux sont purement et simplement démolis, généralement dans le but de vendre leurs matériaux pour les réemployer. C'est ainsi que de nombreux édifices civils ou religieux disparaissent alors, en tout ou en partie. Les acquéreurs lors de ces ventes sont souvent désignés par l'expression Bande noire.


Dans la Somme, l'abbaye de Selincourt, avec sa vaste abbatiale, est complètement rasée à la suite de sa vente comme bien national. Non loin de là, le château d'Orival ou celui de Pendé, biens d'émigrés, connaissent le même sort, malgré les plaintes de la population locale.


Près de Rouen, l'abbatiale de Jumièges, les bâtiments conventuels de l'abbaye de Saint-Georges de Boscherville, le château de La Londe, reconstruit à neuf dans les années 1740, sont réduits à l'état de vestiges.


Dans la Manche, l'abbaye de Hambye, l'abbaye de Montmorel, l'abbaye de Savigny sont réduites à l'état de ruines. A Chantilly, le grand château est rasé ; le parc est, en grande partie, loti.


Dans les grandes villes, de nombreuses paroisses sont supprimées et les moins chanceuses des églises sont abattues, dès leur vente comme bien national. D'autres le sont seulement après avoir servi durant quelques années à des usages divers, sans lien avec le culte. À Paris, l'église Saint-André-des-Arts , l'église Saint-Paul-des-Champs, l'église Saint Jean en Grève, parmi de nombreuses autres, disparaissent de cette manière.


Les bouleversements patrimoniaux entraînés par la Révolution et notamment par les ventes de biens nationaux, amènent l'apparition de la notion de Vandalisme, popularisée pendant la Terreur par l'Abbé Grégoire lui même.


Les saisies révolutionnaires portent non seulement sur les biens immobiliers, mais aussi sur leur contenu, en particulier les œuvres d'art. C'est à cette époque que sont dispersées aux enchères de nombreuses œuvres, dont certaines prennent le chemin de l'étranger.


De nombreux acquéreurs de biens nationaux spéculent sur l'insécurité provoquée par le régime de Terreur, pour acquérir au moindre coût des biens confisqués, qu'ils payent, au surplus, à tempérament et en assignats, dont l'inflation déprécie rapidement la valeur. C'est de cette manière que le futur philosophe Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon s'est enrichi [33].


Leur bénéfice est ainsi augmenté [2].


Les ventes de biens nationaux se font donc au détriment non seulement des propriétaires originels des biens confisqués, mais encore, indirectement, de la République elle-même.



Chronologie |




  • 2 novembre 1789 : décret de l'Assemblée constituante déclarant que les biens du clergé sont « mis à la disposition de la Nation » (cathédrales, églises, chapitres, biens et bien-fonds des paroisses, des ordres monastiques et des communautés religieuses).

  • 19 et 21 décembre 1789 : décrets mettant en vente les biens du clergé et le domaine de la Couronne, jusqu’à la limite de 400 millions de livres. Il est prévu de conserver certaines forêts, et les forêts et résidences royales qui seront inscrites sur la liste civile.


  • 19 décembre 1789 : création de l'assignat gagé sur les « biens nationaux ».


  • 21 décembre 1789 : sont aussi compris dans les « biens nationaux » les biens du domaine de la couronne (grands et petits domaines), les manufactures royales ; s'y ajouteront les biens des communautés de métiers, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des confréries (à l'exception des clubs et des francs-maçons), des établissements d'instruction (1792), des maisons de charité et des hôpitaux, des fabriques (1795).


  • 14 mai 1790 : décret fixant les modalités de vente des biens nationaux. Ils sont vendus aux particuliers, par des enchères tenues dans les chefs-lieu de districts. Le prix de vente est payable en 12 ans. Le morcellement des biens est préconisé.


  • 25 juin 1790 : décret étendant la vente des biens nationaux au-delà des 400 millions de livres initialement prévues.


  • 15 août 1790 : Claude-Pierre de Delay d'Agier, député de la noblesse de la province du Dauphiné, fait prendre un décret pour l'accélération de la vente des « biens nationaux ».


  • 26 mai 1791 : l’Assemblée fixe la liste des résidences que le roi pourra conserver au titre de la liste civile : palais du Louvre, Tuileries et les châteaux de Versailles, Saint-Cloud, Saint-Germain-en-Laye, Rambouillet, Fontainebleau, Compiègne et le château de Pau, ainsi que les domaines et les bois qui en dépendent. Ces dépendances produisent un revenu annuel d’un million de livres.

  • 2 et 17 novembre 1791 : décrets changeant les modalités de vente des biens nationaux : ceux-ci doivent être vendus par domaine entier, voire en favorisant les regroupements de lopins. Ces décrets favorisent la bourgeoisie dans l’acquisition des biens nationaux.




Exemple de vente de biens confisqués aux émigrés.




  • 30 mars 1792 : décret confisquant les biens des émigrés ayant quitté la France depuis le 1er juillet 1789.


  • 27 juillet 1792 : décret de vente des biens des émigrés. Les modalités de leur vente sont différentes : le décret du 14 août, proposé par François de Neufchâteau, fixe la taille des lots entre deux et quatre arpents, et payables par une rente perpétuelle. Cependant, l’acheteur pouvant racheter cette rente est préféré, ce qui avantage une nouvelle fois les plus fortunés. Finalement, la limite des 4 arpents est abandonnée par le décret du 2 septembre.


  • 11 novembre 1792 : décret suspendant la vente des biens nationaux.


  • 8 mars 1793 : décret déclarant aussi biens nationaux les écoles et collèges des villes, des paroisses et des communautés religieuses, des universités.


  • 24 avril 1793 : les coalitions d’acheteurs sont interdites : elles permettaient à des paysans peu fortunés d’acquérir un bien et de se le partager ensuite.

  • 3 et 10 juin 1793 : décrets imposant le lotissement des biens des émigrés, qui seront distribués par lots d’un arpent aux chefs de famille possédant moins d'un arpent de terre, contre une rente de 5 % de la valeur du bien. Cet embryon de réforme agraire est modifié par la loi du 13 septembre, qui le remplace par l'attribution de bons de 500 livres aux patriotes indigents et aux défenseurs de la patrie


  • 25 juillet : décret instaurant les modalités de vente des biens des émigrés, selon les dispositions du décret de mai 1790.


  • 22 novembre : décret imposant le morcellement des biens nationaux.


  • 28 décembre 1793 : loi mettant à disposition de la Nation les biens mobiliers et immobiliers confisqués aux individus considérés comme ennemis de la Révolution, c'est-à-dire les émigrés et fugitifs, les prêtres réfractaires, les déportés et détenus, les condamnés à mort, les étrangers ressortissants des pays ennemis.



Indemnisation |


Concernant la vente des biens nationaux de première origine (biens ecclésiastiques), il n'y a pas eu « indemnisation » à proprement parler mais des tentatives de compensation sous forme de salarisation du clergé, qui n'ont pas abouti.



  • Le décret du 2 novembre 1789 prévoit que l'État pourvoit, « d'une manière convenable, aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres… ». Cette disposition est abolie cinq ans plus tard par la loi du 3 ventôse an III (21 février 1795) qui précise que la République ne salarie aucun culte.

  • Dans la négociation du concordat signé avec l'Église catholique le 15 juillet 1801, Bonaparte s'oppose à la restitution des biens vendus, solution politiquement et matériellement difficile à envisager. En compensation, plutôt que d’une réparation forfaitaire, il est convenu que l'État salarie les membres du clergé séculier, comme cela était prévu, à l'origine, dans le décret du 2 novembre 1789, et que les communes assurent l'entretien des lieux de culte paroissial.


Concernant la vente des biens nationaux de deuxième origine (biens d'émigrés), la loi dite « du milliard aux émigrés » , votée en 1825, a pour objectif d'indemniser les victimes des spoliations révolutionnaires. En pratique, le montant de cette indemnisation est généralement loin de compenser le préjudice subi.



Référencement |



Notes et références |





  1. Talleyrand Périgord Charles Maurice de. Motion de M. de Talleyrand sur les biens ecclésiastiques, lors de la séance du 10 octobre 1789. In: Archives Parlementaires de 1787 à 1860 - Première série (1787-1799) sous la direction de Emile Laurent et Jérôme Mavidal. Tome IX - Du 16 septembre au 11 novembre 1789. Paris : Librairie Administrative P. Dupont, 1877. pp. 398-404. lire en ligne


  2. a et bBouloiseau 1937, p. 371.


  3. Jacques Heers, Le Moyen Âge, une imposture, Tempus, p. 282-283


  4. Civilisation matérielle, économie et capitalisme, par Fernand Braudel, page 474.


  5. André Palluel-Guillard, L'aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999, 662 p. (ISBN 978-2-8829-5260-8), p. 403.


  6. a et bCent ans de résistance au sous-développement : l'industrialisation de l'Amérique latine et du Moyen-Orient face au défi européen, 1770-1870 par Jean Batou.


  7. Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Cabèdita, 1999, 193 p. (ISBN 978-2-8829-5117-5), p. 86.


  8. Le patrimoine des communes du Val-d’Oise : Asnières-sur-Oise, op. cit., p. 935.


  9. Henri Louis Duclos, Histoire de Royaumont, Paris, C. Duouniol, 1867, p. 626 [1].


  10. Achille Peigné-Delacourt, Histoire de l'abbaye de Notre-Dame d'Ourscamp, Amiens, A. Douillet, 1876, 296 p., 28 cm, (notice BnF no FRBNF31073173).


  11. Histoire du collège Jean Racine [2].


  12. Les Castels disparus, par Tony Legendre, communication présentée par la société historique de Château-Thierry dans le journal L'Union en 1990.


  13. L'Industrie dans la région bordière des Vosges entre les vallées de la Meurthe et de la Vezouse, par A. Perchenet [3].


  14. a et bLe Mulhouse industriel : un siècle d'histoire urbaine, 1740-1848, par Stéphane Jonas (1994), page 82 [4].


  15. http://gw5.geneanet.org/vazelhes?lang=en;p=francois+marie+philibert;n=chaverondier.


  16. Les Germanois notoires [5].


  17. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, 1883.


  18. Pierre Lévêque, Une société provinciale : la Bourgogne sous la Monarchie de Juillet, Paris, J. Touzot, 1983.


  19. Site de la famille Thénard [6].


  20. Léopold Niepce, Histoire du canton de Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire) et de ses dix-huit communes, Chalon-sur-Saons, Bertrand, 1903.


  21. Site de la famille Humblot [7].


  22. Lois sur le travail des enfants, savoirs et société civile (France, 1841-1874) : quelques pistes de recherche, par Claire Lemercier.


  23. http://www.freepub.be/doc/Ambulance_Cambre.pdf.


  24. Henri Pirenne, La vente des biens nationaux en Belgique (lire sur Wikisource)


  25. Site du musée de La Ciotat [8].


  26. Les congrégations religieuses à La Ciotat [9].


  27. Monuments historiques et immeubles protégés sur La Lucerne-D'outremer, [10].


  28. Monuments historiques et immeubles protégés [11].


  29. Banquiers, négociants et manufacturiers parisiens du Directoire à l'Empire par Louis Bergeron Mouton, 1978.


  30. Florence Renaud-Henneresse et Henri Gaud, Les Plus Belles Abbayes de France, Paris, Éditions Déclics (ISBN 978-2-8476-8158-1), 160 p., p. 76.


  31. Léon Fallue, Histoire du château de Radepont et de l’abbaye de Fontaine-Guérard, Rouen, Alfred Péron, 1851, 105 p..


  32. Histoire de la filature Levasseur [12].


  33. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, l’utopie ou la raison en actes, Payot, 2001




Bibliographie |




  • Bernard Bodinier, « Profils et tactiques de spéculateurs en biens nationaux », dans Jean-Paul Bertaud, Françoise Brunel, Catherine Duprat...[et al.] (dir.), Mélanges Michel Vovelle : sur la Révolution, approches plurielles / volume de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Paris, Société des Études Robespierristes, coll. « Bibliothèque d'histoire révolutionnaire. Nouvelle série » (no 2), 1997, XXVI-598 p. (ISBN 2-908327-39-2), p. 371-379.

  • Bernard Bodinier, Éric Teyssier, L'évènement le plus important de la révolution française, la vente des biens nationaux, Paris, Société des études robespierristes et comité des travaux historiques et scientifiques, 2000. Notice Persée.

  • Sébastien Caruana (depuis Caruana-Rousset), « La vente des biens nationaux dans les Bouches-du-Rhône de 1789 à 1815 », mémoire soutenu en 2008, Fonds patrimoniaux - Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence.


  • Jean Jaurès, Les Biens nationaux, dans l'Histoire socialiste de la France contemporaine.


  • Éric Teyssier, « La vente des biens nationaux et la question agraire, aspects législatifs et politiques, 1789-1795 », Rives nord-méditerranéennes, no 5 « Paysans et pouvoirs local, le temps des révolutions »,‎ 2000, p. 45–62 (DOI 10.4000/rives.100).

  • Marc Bouloiseau, Le séquestre et la vente des biens des émigrés dans le district de Rouen (1792 - an X), Paris, Maurice Lavergne, 1937, 380 p.

  • Marc Bouloiseau, Liste des émigrés déportés et condamnés pour cause révolutionnaire dans le district de Rouen (1792 - an X), Paris, Maurice Lavergne, 1937, 122 p.

  • André Brochier, La vente des biens nationaux dans le département de Haute-Loire, t. 1 et 2, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, 1993



Annexes |



Articles connexes |



  • Vandalisme

  • Bande noire (Révolution)



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