Louis VII le Jeune
Pour les articles homonymes, voir Louis VII et Louis le Jeune.
Louis VII | |
Sceau du roi Louis VII (Paris, Archives nationales). | |
Titre | |
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Roi des Francs | |
1er août 1137 – 18 septembre 1180 (43 ans, 1 mois et 17 jours) | |
Couronnement | 25 octobre 1131, en la cathédrale de Reims 25 décembre 1137, en la Cathédrale Saint-Étienne de Bourges (roi unique) |
Prédécesseur | Louis VI le Gros |
Successeur | Philippe II Auguste |
Duc d'Aquitaine | |
8 août 1137 – 21 mars 1152 (14 ans, 7 mois et 10 jours) | |
Couronnement | 8 août 1137, à Poitiers |
Prédécesseur | Aliénor d'Aquitaine |
Successeur | Henri II Plantagenêt |
Biographie | |
Dynastie | Capétiens |
Date de naissance | 1120 |
Date de décès | 18 septembre 1180 (à 60 ans) |
Lieu de décès | Paris (France) |
Père | Louis VI le Gros |
Mère | Adèle de Savoie |
Conjoint | Aliénor d'Aquitaine (1137-1152) Constance de Castille (1154-1160) Adèle de Champagne (1160-1180) |
Enfants | Avec Aliénor d'Aquitaine Marie de France Alix de France Avec Constance de Castille Marguerite de France Adèle de France Avec Adèle de Champagne Philippe II Agnès de France |
Héritier | Philippe II Auguste |
Résidence | Château de Fontainebleau, château de Vincennes, palais de la Cité |
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Louis VII[1], dit Louis « le Jeune » puis Louis « le Pieux », et aussi, Louis VII de France, né en 1120 et mort en 1180 à Paris, roi des Francs de 1137 à 1180, est le fils de Louis VI, dit « le Gros », roi des Francs, et d’Adélaïde de Savoie (v. 1092-1154).
Sommaire
1 Biographie
1.1 Début du règne
1.2 La deuxième croisade
1.3 La séparation de Louis VII et Aliénor
1.4 L'ascension des Plantagenêt
1.5 Principaux événements de son règne
1.6 Bilan du règne
2 Ascendance
3 Unions et descendance
4 Dans la culture
4.1 Cinéma
4.2 Bande dessinée
5 Notes et références
6 Voir aussi
6.1 Sources imprimées
6.2 Bibliographie
6.3 Lien externe
Biographie |
Sixième souverain de la dynastie des Capétiens directs. Il épouse successivement Aliénor d'Aquitaine, Constance de Castille, et Adèle de Champagne. Son fils Philippe Auguste lui succède.
Début du règne |
Il est sacré roi et couronné, à Reims, dès le 25 octobre 1131, par le pape Innocent II, après la mort accidentelle de son frère aîné Philippe de France (1116-1131) (à ne pas confondre avec Philippe, son frère cadet du même prénom), à la suite d'une chute de cheval provoquée par un cochon errant[2], le 14 octobre 1131. Louis, second fils de Louis VI « le Gros », n'était pas prédestiné à une carrière royale : son père lui réservait une carrière ecclésiastique, voire une carrière monastique comme son frère cadet Henri, raison principale de sa piété austère et rigoureuse. Son inexpérience et sa faible préparation à l'exercice du pouvoir expliquent probablement sa désastreuse politique malgré les conseils de l'abbé Suger[3].
Après le décès de son père Louis VI « le Gros », d'une dysenterie probablement consécutive à un excès de bonne chère[4], il est à nouveau couronné à Bourges, le 25 décembre 1137.
Avant de mourir, son père avait organisé son mariage avec Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), fille de Guillaume X d'Aquitaine, duc d’Aquitaine, et d’Aénor de Châtellerault. La cérémonie eut lieu à Bordeaux, le 25 juillet 1137 et Louis fut ensuite également couronné duc d'Aquitaine, à Poitiers le 8 août 1137. Ce mariage fabuleux permit au domaine royal de presque tripler de taille, car la jeune mariée apporte dans sa dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le Limousin, l’Angoumois, la Saintonge et le Périgord, c’est-à-dire une partie du Midi et de l’Ouest de la France, l’équivalent de 19 départements actuels, même si une spécification avait été faite, lors du mariage, que le duché aquitain ne s'absorberait pas dans le royaume de France : l'union devait rester purement personnelle, le duché ne revenant dans la couronne qu'à la génération suivante. Le caractère du roi, dévot, ascétique (il aurait voulu être moine), naïf et maladroit, mou dans ses décisions, s’accorde d'abord mal avec le caractère d'Aliénor, fort et sensuel. Cependant les dix premières années semblent se passer sans réelle mésentente, mis à part entre la nouvelle reine et l'ancienne, Adélaïde de Savoie, que Louis écarte de la cour, mais en gardant les conseillers de son père, dont l’abbé de Saint-Denis, Suger. Il poursuit également la politique de son père et continue de mettre en valeur le domaine royal ainsi que la rénovation et la transformation de la basilique Saint-Denis. Bien conseillé par Suger, il fait de multiples concessions aux communautés rurales, encourage les défrichements et favorise l’émancipation des serfs. Il prend appui sur les villes en accordant des chartes de bourgeoisie (Étampes, Bourges) et en les encourageant hors de son domaine (Reims, Sens, Compiègne, Auxerre). Il soutient enfin l’élection d’évêques dévoués au pouvoir royal. C'est aussi à cette époque que le jeune couple (ils ont tous deux moins de vingt ans) prend plusieurs décisions jugées inconsidérées, que certains n'hésitent pas à mettre au crédit de la reine, dont l'influence sur le roi semblait imposante. Aussi, en 1138, il n'hésite pas à mater la tentative de création de commune autonome de Poitiers, fief de la reine Aliénor, en n'hésitant pas à prendre en otage les enfants des nobles de la cité, qui appelaient les bourgs et villes voisins à former une ligue. Il soumet également le seigneur Guillaume de Lezay, qui avait refusé l'hommage. À la demande de la reine, l'abbé Suger, qui était intervenu pour faire renoncer le roi à sa prise d'otages, est écarté du conseil. La même année, Louis VII s’oppose au comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, ainsi qu'au pape Innocent II au sujet de l’investiture pour l’évêché de Langres, pour lequel il avait imposé un moine de Cluny contre un candidat soutenu par Bernard de Clairvaux[5]. Puis, en 1141 le roi intervient dans le Toulousain afin de faire valoir les droits de sa femme, duchesse d’Aquitaine, sur l'héritage de sa grand-mère, Philippa de Toulouse. Mais après un long siège de la ville, défendue par le comte Alphonse Jourdain, la tentative de conquête s'avère un échec. Pour autant, Aliénor remercie son roi, en lui offrant un vase de grande valeur, ayant été offert à son grand-père par le roi taïfa de Saragosse, Imad al-Dawla. Taillé dans un bloc de cristal, monté sur pied d'or et orné de pierreries et de perles, ce vase est toujours visible aujourd'hui au Louvre. La même année, en 1141, Louis VII s’oppose à nouveau au pape en tentant d’imposer son candidat au siège de Bourges, contre Pierre de La Châtre, soutenu par le pape Innocent II, si bien que celui-ci finit par l'excommunier alors que Pierre de La Châtre trouve refuge en Champagne. Cela ajouté à la dissolution du mariage de Raoul de Vermandois, arrangé par la reine, afin que sa sœur Pétronille d'Aquitaine, amoureuse, puisse l'épouser, finira par causer un grave conflit entre le Royaume de France et le comte de Champagne, Thibaut IV de Blois, frère de l'épouse délaissée. Et en décembre 1142, l'ost royal envahit la Champagne et lors de son avancée incendie, en janvier 1143, le village de Vitry-en-Perthois et son église dans laquelle s’étaient réfugiés les habitants, ce qui marqua à jamais le jeune souverain.
En vue d'un apaisement, Louis VII signe le traité de Vitry avec le comte Thibaut à l’automne 1143, acceptant l’élection de Pierre de La Châtre pour faire lever l'interdit qui pèse sur le royaume. Le 22 avril 1144, il participe à la conférence de Saint-Denis pour régler définitivement son conflit avec la papauté.
La deuxième croisade |
Pour sceller le règlement du conflit et se repentir du massacre de Vitry « le brulé », il accepte de prendre part à la deuxième croisade prêchée par saint Bernard de Clairvaux, et aux environs de Noël 1145, Louis VII annonce sa décision de partir pour porter secours aux États chrétiens de Palestine, menacés par les Turcs qui viennent d’envahir le comté d'Édesse où de nombreux chrétiens sont massacrés. Le pape Eugène III approuve cette croisade et autorise le Roi de France à prélever le décime, c'est-à-dire d'imposer les biens ecclésiastiques, normalement exclus de tout impôt, pour financer son expédition. Vers Pâques 1146, le roi prend la croix en même temps que de nombreux barons lors de l’assemblée de Vézelay.
Le 11 juin 1147, le roi Louis VII et Aliénor partent pour la deuxième croisade, à la tête de 300 chevaliers et d’une nombreuse armée, suivie peu à peu par des dizaines de milliers de pèlerins. Se mettant en marche à partir de Metz, ville impériale, ils passent par la vallée du Danube, où ils sont rejoints par l’armée de l’empereur Conrad III et prévoient de passer en Asie Mineure par Constantinople, où ils arrivent le 4 octobre 1147.
L’expédition est marquée par la discorde entre les clans français et germains, l’inexpérience de Louis VII qui se montre velléitaire, et le soutien douteux des Byzantins qui nuisent plus aux chrétiens qu’ils ne les aident. Trompé par ceux-ci, Louis VII est battu par les Turcs en Asie Mineure et connaît plusieurs revers en Syrie. Il rejoint à grand peine Antioche en mars 1148, alors aux mains de Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor, qui reçoit les croisés avec beaucoup d’égards, espérant que Louis VII va l’aider à combattre l’ennemi qui l’avait dépouillé de certains de ses territoires. Mais le roi ne pense qu’à poursuivre son pèlerinage vers Jérusalem alors que la reine Aliénor tente en vain de le convaincre d’aider son oncle, sur quoi le roi préfère prendre conseil auprès du Templier eunuque Thierry de Galeran. Après coup, les chroniqueurs de l’époque se déchaînent et accusent la reine d’adultère : Guillaume de Tyr l’accuse même d’un inceste avec son propre oncle.
Forçant Aliénor à le suivre, Louis VII quitte Antioche et gagne Jérusalem où il accomplit le pèlerinage qu’il s’était imposé, puis en juin 1148, il tente de prendre Damas, devant laquelle son armée est repoussée. Le couple royal séjourne encore une année en Terre sainte avant de revenir séparément vers la France, par la mer où Aliénor est faite prisonnière par les Turcs avant d'être libérée par les Normands. Pendant ce temps, le roi fait d'abord escale en Calabre, où il débarque le 29 juillet 1149, puis il séjourne dans le royaume de Sicile où il attend trois semaines l'arrivée de la reine venant de Palerme[6] avant de rejoindre Potenza, où durant trois jours, il fut l'hôte du roi normand Roger II de Sicile. Sur le chemin du retour, il eut à Tivoli une entrevue avec le pape Eugène III (9-10 octobre 1149)[7] en vue de conciliations sur le mariage royal qui commençait à présenter quelques troubles.
En définitive, la participation de Louis VII à cette deuxième croisade fut lourdement préjudiciable à l’avenir du royaume, car l’expédition se solda par un très lourd échec sur tous les plans. D'abord sur le plan financier, car cette expédition appauvrit considérablement le trésor royal ; sur le plan politique, car le roi ne s’est pas occupé directement du royaume pendant ses deux années d’absence, et par conséquent, a relâché son emprise sur les grands féodaux ; sur le plan militaire, car la croisade est une succession d’échecs militaires ; de plus, une partie de sa chevalerie et une grande armée ont été sacrifiées ; et sur les plans dynastiques, patrimoniaux, territoriaux et stratégiques car cette croisade provoque le début de la rupture du roi avec Aliénor avec le risque, en cas d'une séparation, que la reine ne récupère les fiefs qu’elle avait apportés dans sa dot, et ce, malgré la naissance de leur fille Marie de France (1145-11 mars 1198), née avant le départ de la croisade.
La séparation de Louis VII et Aliénor |
Mais, malgré les conseils du pape Eugène III, entrevu lors d’une halte au Mont-Cassin, et malgré ceux de l’abbé Suger, dès leur retour en Royaume de France, en novembre 1149, ni même en dépit de la naissance, en 1150, de leur seconde fille, Alix de France (1150-1195), Louis VII et Aliénor ne réussissent vraiment à se réconcilier.
Après le décès de Suger, en 1151, le second concile de Beaugency trouve finalement une faille, au motif que l’arrière-grand-mère d’Aliénor, Audéarde de Bourgogne, était la petite-fille de Robert le Pieux, arrière-arrière-grand-père de Louis VI (cousinage au 9e degré civil, mais au 5e degré canonique), et de ce fait prononcera l’annulation du mariage le 21 mars 1152[8]. Aliénor reprenant sa dot, va alors, moins de quatre semaines plus tard, le 18 mai 1152, à l'âge de 30 ans, épouser en secondes noces, le comte d’Anjou et duc de Normandie, Henri Plantagenêt, prétendant au trône d’Angleterre, alors âgé de seulement 19 ans.
Par ce mariage, qui apporte d’immenses territoires à un vassal déjà plus puissant que le roi, le risque est alors d'offrir à la couronne d’Angleterre, un territoire important sur le continent, face au Royaume de France. Ce qui ne manque pas d'arriver, lors du couronnement, en 1154, de Henri Plantagenêt comme roi d’Angleterre. Par ce mariage avec Aliénor, le roi qui devient Henri II d'Angleterre règne désormais sur un territoire qui s’étend de l’Écosse aux Pyrénées, comprenant l’Angleterre, l’Anjou, le Maine, la Normandie, l’Aquitaine et la Bretagne. Cette faute politique s'ajoute en tant qu'élément déclencheur dans la rivalité entre les rois de France et les rois d’Angleterre, qui a débuté sous le règne de Henri Ier de France, pour se terminer au milieu du XIIIe siècle. Beaucoup d'historiens médiévistes considèrent que cette séparation est à l'origine d'une « première guerre de Cent Ans ».
Louis VII et ses successeurs n'auront alors de cesse de batailler sans relâche contre l'Angleterre, et l'Empire Plantagenêt, pendant à peu près cent ans pour finalement récupérer une bonne partie des territoires perdus par Louis VII et faire la paix avec l'Angleterre, pour un bon moment, à partir de 1259, lors du traité de Paris.
L'ascension des Plantagenêt |
Vers 1150, Geoffroy d'Anjou, dit Plantagenêt, est alors un des principaux vassaux du roi de France. Fin stratège, il se marie avec Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant ce qui lui permet, en plus de l'Anjou, de revendiquer la Normandie mais aussi le trône d'Angleterre, si jamais le roi, Étienne de Blois, venait à mourir sans descendance. Geoffroy, qui conquiert progressivement la Normandie, meurt finalement en 1151, laissant derrière lui trois fils. L'aîné, Henri, a l'intelligence de se marier avec Aliénor d'Aquitaine, à la suite de son divorce avec le roi du Royaume de France, en 1152. Henri possède alors un domaine plus grand que celui de son suzerain, domaine qui s'agrandit avec la mort d'Étienne, qui le désigne comme son successeur à la couronne d'Angleterre, en 1153, lors du traité de Wallingford à la suite duquel Henri est finalement couronné roi d'Angleterre, en 1154.
Louis VII va alors tout faire pour affaiblir son puissant vassal, reprenant une stratégie qui avait fait merveille lors du règne de son grand-père Philippe Ier, il soutient les révoltes de Bretagne et du Poitou contre l’Angleterre, mais aussi celles des fils d'Henri II contre leur père dans lesquelles il est aidé en cela :
- par les manœuvres d'Henri II Plantagenêt qui pousse à la révolte ses grands vassaux ;
- par le soutien du clergé au Royaume de France, en raison de la piété de Louis VII et des liens historiques étroits entre l'épiscopat et la royauté capétienne ;
- et par la révolte des fils d'Henri II qui exigent des apanages et trouvent refuge et protection auprès de Louis VII, appuyés également par leur mère, Aliénor d'Aquitaine.
Principaux événements de son règne |
En 1158, Louis VII et Henri II Plantagenêt se réconcilient enfin et se font la promesse d’un mariage entre Marguerite de France et Henri le Jeune. Apaisement de courte durée, car dès mars 1159, Henri II s’en prend au comté de Toulouse, mais durant l’été, Louis VII contraint le roi d’Angleterre à lever le siège de la ville. Lors de l'année 1163, Henri II rend à nouveau hommage à Louis VII, pour la Normandie au nom de son fils Henri le Jeune et Louis VII fait alliance avec les comtes de Flandre et de Champagne, tandis que l'on pose la première pierre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sous les honneurs du pape Alexandre III. Louis VII offre alors la somme de deux cents livres pour la construction de l'édifice, dirigée par Maurice de Sully, évêque de Paris.
Lors de l'affrontement entre Henri II Plantagenêt et Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbéry, Louis VII offre sa protection à l'archevêque et conseiller du roi d'Angleterre, ce qui n'empêchera finalement pas son assassinat par quatre chevaliers fidèles à Henri II.
Louis VII fait, entretemps, bâtir les fortifications de Villa franca devenue Villa nova regis (Villeneuve-sur-Yonne) qui devait servir de bastion avancé à plusieurs provinces, et devint une des huit résidences royales, à qui il donne les privilèges de Lorris pour qu'elle s'accroisse rapidement.
Le 21 août 1165, naît Philippe Auguste, unique héritier mâle de Louis VII. Le 30 septembre 1174, le traité de mariage d’Adèle avec Richard Cœur de Lion est signé.
En 1172 et 1173, Louis VII pousse Henri et Richard, les enfants d’Henri II Plantagenêt, à entrer en conflit avec leur père. Fin 1173, Louis VII et Henri II concluent à Caen une trêve provisoire et réaffirment vers le printemps 1174 l’intention de marier leurs enfants Adèle et Richard.
En 1177, le pape impose à Henri II la conclusion du traité d'Ivry, signé le 21 septembre, et par lequel les deux rois se jurent amitié ; traité suivi, le 22 juin 1180, par la signature d’un pacte de non-agression. Le Traité de Gisors du 22 juin 1180 marqua la fin de cette série de guerres continuelles entre la France et l’Angleterre.
Le 1er novembre 1179, Louis VII fit sacrer son fils Philippe Auguste et, épuisé par la maladie, il lui abandonna le pouvoir l’année d’après.
En 1180 se conclut le mariage d’Agnès de France et d’Alexis II Comnène. Louis VII meurt finalement le 18 septembre 1180, d'une cachexie paralytique dans son palais royal de la Cité à Paris. Le lendemain, il est inhumé à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau qu’il a fondée près de Fontaine-le-Port, en bord de Seine entre Melun et Fontainebleau. Son fils Philippe Auguste lui succède. Ce dernier exerçait en fait le pouvoir depuis le 28 juin 1180, jour où son père lui abandonna le pouvoir.
À la suite de l'abandon de l'abbaye de Barbeau, Louis XVIII fait transporter le 30 juin 1817 les cendres de Louis VII à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. Il est, de ce fait, le seul roi de France antérieur à la Révolution à reposer réellement dans le tombeau qui porte son nom à Saint-Denis[9].
Bilan du règne |
Bien qu’éduqué pour être clerc ou moine plutôt que roi, Louis VII a joué un rôle important dans l’histoire de France :
- il consolide le pouvoir royal dans les provinces qui étaient sous son influence et combat le pouvoir féodal ;
- il s’entoure de conseillers de grande qualité et promulgue des ordonnances importantes pour la gestion du royaume comme celle de la paix de 1155 :
« Moi, Louis, par la grâce de Dieu roi de France. Afin de réprimer la fièvre des méchants et d'arrêter les mains violentes des pillards, à la demande du clergé et avec l'accord du baronnage, nous décrétons la paix dans tout le royaume. Pour cette raison, l'année du Verbe incarné 1155, le 4 des ides de juin, nous avons réuni un concile à Soissons. Y furent présents les archevêques de Reims et de Sens, ainsi que leurs suffragants, tout comme les barons, les comtes de Flandre, de Troyes et de Nevers, et d'autres très nombreux, et le duc de Bourgogne. Par leur volonté, nous prescrivons qu'à partir de la prochaine fête de Pâques, et pour dix ans, toutes les églises du royaume et l'ensemble de leurs possessions, tous les paysans, le gros et le petit bétail également, et, pour ce qui est de la sécurité des chemins, tous les marchands où qu'ils se trouvent et tous les hommes quels qu'ils soient — tant qu'ils seront prêts à venir en justice devant ceux qui doivent leur rendre justice —, aient absolument tous la paix et pleine sécurité. Nous avons dit en plein concile et devant tous, par le verbe royal, que nous observerions cette paix sans la briser et que, s'il s'en trouvait pour violer la paix prescrite, nous ferions justice d'eux selon notre pouvoir. Ont juré cette paix le duc de Bourgogne, le comte de Flandre, le comte Henri [de Troyes], le comte de Nevers, le comte de Soissons et le reste du baronnage présent. Le clergé également, les archevêques et les évêques, les abbés ont promis, devant les reliques sacrées et au vu de tout le concile, d'observer cette paix, de leur côté, de toutes leurs forces ; et pour que justice soit faire des violences, ils ont promis de nous aider selon leur pouvoir et ils ont proclamé dans la stabilité de la parole consacrée. Pour que la chose soit entendue plus largement et qu'on n'en perde pas le souvenir, j'ai confié à la mémoire des lettres la stipulation de la chose faire et la teneur de la paix, et nous avons ordonné de les fortifier de l'autorité de notre sceau[10]. »
- le royaume de France s’enrichit sous son règne, l’agriculture se transforme et gagne en productivité, la population augmente, le commerce et l’industrie se développent, une véritable renaissance intellectuelle apparaît et le territoire se couvre de châteaux forts construits en pierre.
Cependant, la deuxième croisade fut calamiteuse, et la séparation d’avec Aliénor d’Aquitaine est une erreur lourde, qui fournit à un vassal mineur le moyen de s’imposer, en plaçant le roi de France en infériorité territoriale pendant près d’un demi-siècle. Il fallut l’action de trois grands rois, Philippe Auguste, Louis VIII le Lion et Louis IX, dit Saint Louis, pour redresser la situation et arriver à réduire les conséquences de cette lourde décision.
La monarchie, jusque-là itinérante, s’est fixée à Paris car la présence du roi dans tout son domaine n’est plus nécessaire. Un embryon d’administration centrale et locale s’est formé. Autour de lui, des familiers lui ont donné des conseils politiques, et vont former le Conseil du roi, les services centraux de la monarchie regroupent les chefs des services domestiques du palais. En province, des prévôts ont été chargés par le roi de collecter les revenus, de lever des contingents militaires et de rendre la justice. Comme son père, le roi va soutenir le mouvement d’émancipation des communes, va accorder des privilèges aux communautés rurales et émanciper des serfs.
Ascendance |
32. Hugues Capet | |||||||||||||||||||
16. Robert II de France | |||||||||||||||||||
33. Adélaïde d'Aquitaine | |||||||||||||||||||
8. Henri Ier de France | |||||||||||||||||||
34. Guillaume Ier de Provence | |||||||||||||||||||
17. Constance d'Arles | |||||||||||||||||||
35. Adélaïde d'Anjou | |||||||||||||||||||
4. Philippe Ier de France | |||||||||||||||||||
36. Vladimir Ier de Kiev | |||||||||||||||||||
18. Iaroslav Ier de Kiev | |||||||||||||||||||
37. Rogneda de Polotsk | |||||||||||||||||||
9. Anne de Kiev | |||||||||||||||||||
38. Olof de Suède | |||||||||||||||||||
19. Ingigerd de Suède | |||||||||||||||||||
39. Estrid des Obotrites | |||||||||||||||||||
2. Louis VI de France | |||||||||||||||||||
40. Arnould de Frise occidentale | |||||||||||||||||||
20. Thierry III de Frise occidentale | |||||||||||||||||||
41. Luitgarde de Luxembourg | |||||||||||||||||||
10. Florent Ier de Frise occidentale | |||||||||||||||||||
42. Bernard Ier de Nordmark (en) | |||||||||||||||||||
21. Othelindis de Nordmark | |||||||||||||||||||
43. ? de Kiev | |||||||||||||||||||
5. Berthe de Hollande | |||||||||||||||||||
44. Bernard Ier de Saxe | |||||||||||||||||||
22. Bernard II de Saxe | |||||||||||||||||||
45. Hildegarde de Stade | |||||||||||||||||||
11. Gertrude de Saxe | |||||||||||||||||||
46. Henri de Schweinfurt | |||||||||||||||||||
23. Eilika de Schweinfurt (en) | |||||||||||||||||||
47. Gerberge d’Henneberg | |||||||||||||||||||
1. Louis VII de France | |||||||||||||||||||
48. Humbert Ier de Savoie | |||||||||||||||||||
24. Othon Ier de Savoie | |||||||||||||||||||
49. Ancilie d'Aoste | |||||||||||||||||||
12. Amédée II de Savoie | |||||||||||||||||||
50. Oldéric-Manfred II d'Oriate | |||||||||||||||||||
25. Adélaïde de Suse | |||||||||||||||||||
51. Berthe de Toscane | |||||||||||||||||||
6. Humbert II de Savoie | |||||||||||||||||||
52. ? | |||||||||||||||||||
26. Gérold de Genève | |||||||||||||||||||
53. Berthe de Flandre | |||||||||||||||||||
13. Jeanne de Genève | |||||||||||||||||||
54. ? | |||||||||||||||||||
27. Gisèle | |||||||||||||||||||
55. ? | |||||||||||||||||||
3. Adélaïde de Savoie | |||||||||||||||||||
56. Otte-Guillaume de Bourgogne | |||||||||||||||||||
28. Renaud Ier de Bourgogne | |||||||||||||||||||
57. Ermentrude de Roucy | |||||||||||||||||||
14. Guillaume Ier de Bourgogne | |||||||||||||||||||
58. Richard II de Normandie | |||||||||||||||||||
29. Adélaïde de Normandie | |||||||||||||||||||
59. Judith de Bretagne | |||||||||||||||||||
7. Gisèle de Bourgogne | |||||||||||||||||||
60. ? | |||||||||||||||||||
30. ? | |||||||||||||||||||
61. ? | |||||||||||||||||||
15. Étiennette de Bourgogne | |||||||||||||||||||
62. ? | |||||||||||||||||||
31. ? | |||||||||||||||||||
63. ? | |||||||||||||||||||
Unions et descendance |
Avec Aliénor d'Aquitaine :
Marie de France (1145 - 11 mars 1198), épouse en 1164 Henri Ier de Champagne, comte de Troyes, dit « Le Libéral ». Régente du Comté de Champagne de 1190 à 1197 ;
Alix de France, (1151 - 1195), elle épouse Thibaut V de Blois dit « Le Bon » (1129 - 1191), comte de Blois 1152 - 1191.
Avec Constance de Castille, (v. 1138 - 1160) fille d'Alphonse VII de Castille :
Marguerite de France (1158 - 1197), épouse en 1172 le prince d’Angleterre Henri, duc de Normandie (mort en 1183), et en 1185/1186, le roi de Hongrie Béla III ;
Adèle de France (1160-ap.1213) (ou Alix, comtesse de Vexin) (1160 - après 1213), épouse en 1195, Guillaume II de Ponthieu (ou de Montgomery).
Avec Adèle de Champagne (ou Adèle de Blois) :
Philippe Auguste (1165 - 1223), roi de France ;
Agnès ou Anne de France (1171 - 1240), impératrice byzantine par son mariage avec Alexis II Comnène en 1180, empereur de Constantinople (1169-1183). Puis par un autre mariage en 1183 avec Andronic Ier Comnène, empereur de Constantinople (1183-1185). Vers 1204 elle épouse Théodore Branas, seigneur d’Andrinople.
Dans la culture |
Cinéma |
1964 : Becket
Bande dessinée |
Histoire de France en bande-dessinée, tome 2, De Hugues Capet à Bouvines, 1977.
Arnaud Delalande, Simona Mogavino et Carlos Gomez, Aliénor la légende noire, tomes 1 à 6, Delcourt, coll. « Reines de sang », 2012-2017.- Mathieu Gabella, Étienne Anheim, Valérie Theis, Mickael Malatini, Philippe Auguste, Glénat, coll. « Ils ont fait l'Histoire », 2018.
Livre
- Le Roi disait que j'étais diable, De Clara Dupont-Monod, 2014
Notes et références |
(en) « Généalogie de Louis VII », sur fmg.ac.
Michel Pastoureau, Les animaux célèbres, Bonneton, Paris, 2002, p. 94-98.
Pacaut 1964, p. 31.
Selon l'Académie française, « faire bonne chère » signifiant « faire bon accueil », est utilisé dès le XIXe siècle au sens de « faire un bon repas » parce qu'un bon repas est une partie d'un bon accueil. Dans ce sens, chère comprend tout ce qui regarde la quantité, la qualité et la préparation des mets.
Ivan Gobry, Les Capétiens, 888-1328, Éditions Tallandier, coll. « Documents d'histoire », 2001, 475 p. (ISBN 978-2235022910), p. 219.
Guillaume de Tyr, XVII, 18.
Ferdinand Chalandon, Histoire de la domination en Italie et en Sicile, t. II, IV (« Louis VII et Roger II »).
Divorce d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII.
« Le cercueil intact de la reine Louise de Lorraine, épouse du roi Henri III », sur saintdenis-tombeaux.forumculture.net.
éd. Rec. des hist. des Gaules, p. 387-388, trad. Brunel-Lalou, Sources d'hist. médiévale, p. 142-143.
Voir aussi |
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Sources imprimées |
- Suger, Vie de Louis le Gros, suivie de l'histoire du roi Louis VII, publiée par Auguste Molinier, Paris, Alphonse Picard, 1887, 195 p., [lire en ligne]
- Eudes de Deuil, La croisade de Louis VII, roi de France, publiée par Henri Waquet, (Documents relatifs à l'histoire des Croisades, publiés par l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, III), Paris, Geuthner, 1949, [compte rendu en ligne]. Autre édition (sans notes ni appareil critique) : Paleo, coll. « Sources de l'Histoire de France », 154 p., 2004, (ISBN 2849090816).
Jules Viard (éd.), Les Grandes Chroniques de France : publiées pour la Société de l'Histoire de France par Jules Viard, t. 6 : Louis VII le Jeune et Philippe II Auguste, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, 1930, XV-394 p. (lire en ligne).
Bibliographie |
Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Paris, Fayard, 2003, 735 p. (ISBN 2-213-61539-X).
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Patrick Demouy, « Henri de France et Louis VII : l'évêque cistercien et son frère le roi », dans Les Serviteurs de l'État au Moyen Âge : XXIXe Congrès de la SHMES, Pau, mai 1998, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 57), 1999, 308 p. (ISBN 2-85944-381-9, présentation en ligne, lire en ligne), p. 47-61.
André Gouron, « L'entourage de Louis VII face aux droits savants : Giraud de Bourges et son ordo », Bibliothèque de l'École des chartes, Paris / Genève, Librairie Droz, t. 146, 1988, p. 5-29 (lire en ligne).
François Menant, Hervé Martin, Bernard Merdrignac et Monique Chauvin, Les Capétiens : histoire et dictionnaire, 987-1328, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, LXXIX-1220 p. (ISBN 2-221-05687-6, présentation en ligne).
Marcel Pacaut, « Louis VII et Alexandre III (1159-1180) », Revue d'histoire de l'Église de France, t. XXXIX, no 132, janvier-juin 1953, p. 5-45 (lire en ligne).
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Emmanuel Poulle, « La date de naissance de Louis VIII », Bibliothèque de l'École des chartes, Paris / Genève, Librairie Droz, t. 145, no 2, 1987, p. 427-430 (DOI 10.3406/bec.1987.450478, lire en ligne).
Yves Sassier, Louis VII, Paris, Fayard, 1991, 500 p. (ISBN 978-2-213-02786-9, présentation en ligne).- Jean Yves Copy, La Revendication bretonne du trône de France. 1213-1358, Paris, Alain Baudry, 2016, 310 p.- Extr. de Thèse d'Etat : Histoire de l'art, Rennes 2, 2010.
Lien externe |
L'abbaye de Barbeau, joyau du Moyen Âge.
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