Héra
Héra | |
Déesse de la mythologie grecque | |
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« Héra Campana », copie romaine d'un original hellénistique, IIe siècle, musée du Louvre | |
Caractéristiques | |
Nom grec | Héra |
Symboles | |
Attribut(s) | sceptre orné d'un coucou, d'une grenade (fruit), diadème. L'animal lui étant associé est le paon. |
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Dans la religion grecque antique, Héra ou Héré (en grec ancien (attique) Ἥρα / Hêra ou en ionien Ἥρη / Hêrê), fille des Titans Cronos et Rhéa, est la sœur et la femme de Zeus. C'est aussi la sœur de Déméter, d'Hadès, de Poséidon et d'Hestia. Elle est la protectrice des femmes et la déesse du mariage, gardienne de la fécondité du couple et des femmes en couches. De nombreuses traditions la concernant conservent des éléments de la nature originelle de la déesse comme personnification féminine de la belle saison.
Sommaire
1 Mythe
1.1 Origine et fonctions
1.2 Lieux de culte
2 Épiclèses, attributs et sanctuaires
3 Hommage
4 Bibliographie
4.1 Sources
4.2 Monographies
5 Notes
Mythe |
Fille de Rhéa et de Cronos (elle est l'aînée des enfants dans l’Iliade[1] et la troisième chez Hésiode[2]), elle est dès sa naissance avalée par son père[3]. Elle est libérée par son frère Zeus en même temps que tous ses frères. [réf. nécessaire].
Après la Titanomachie, Héra devient l'épouse de Zeus[4],[5]. Elle est la mère, par Zeus, d'Arès, d'Hébé et d'Ilithyie[6]. Elle engendre aussi Héphaïstos, qu'elle conçoit seule pour défier son mari et lui montrer qu'elle pourrait enfanter sans lui[7]. Homère[8] et Cicéron[9] font néanmoins d'Héphaïstos le fils de Zeus et d'Héra.
Les traditions post-hésiodiques attribuent à Zeus et Héra de nombreux autres enfants absents des catalogues « traditionnels ». Quintus de Smyrne, dans ses Posthomériques, leur reconnaît ainsi trois filles supplémentaires : la Charite Pasithée et les déesses guerrières Ényo (les Batailles) et Éris (la Discorde). Le pseudo-Hygin, dans la préface de ses Fables, mentionne également parmi leurs enfants la Liberté. Par ailleurs, les scholies à Théocrite citent le mimographe Sophron, qui dans un écrit intitulé Angélos nomme ainsi une fille méconnue de Zeus et d'Héra, qui est plus ou moins identique à Hécate.
Alors que la grande majorité des mythes liés à Héra portent sur sa jalousie vis-à-vis des nombreuses aventures extraconjugales de Zeus, des récits minoritaires s'intéressent aux premiers moments du couple divin. L’Iliade fait ainsi allusion à la première fois où Zeus et Héra s'unissent, à l'insu de leurs parents[10]. Une scholie précise qu'Héra est fiancée à Zeus par Océan et Téthys après que Cronos a été envoyé au Tartare ; en secret, les deux fiancés s'unissent sur l'île de Samos. Héra donne naissance à Héphaïstos et, pour cacher sa honte, prétend qu'il est né sans père[11]. Une autre scholie indique qu'Héra est violée par le Géant Eurymédon alors qu'elle se trouve encore chez ses parents[12]. Dans une autre version encore, Héra se trouve au mont Thornax (appelé depuis le « mont des Coucous »), lorsque son frère, Zeus, la rejoint, métamorphosé en coucou[13].
Héra est le plus souvent présentée comme une épouse jalouse, qui se plaît à persécuter les maîtresses de Zeus et leur progéniture[14]. Parmi ses victimes, Héraclès, auquel elle dépêche deux serpents[15], et la nymphe Io. Celle-ci, transformée en vache par Zeus pour la protéger mais malgré tout rendue folle par les piqûres d'un taon envoyé par Héra[16]. Héra envoie encore Lyssa, fille de la Nuit, déesse de la Folie furieuse, afin d'inspirer une folie sanguinaire à Héraclès, qui tue ses enfants puis sa femme en les prenant pour ceux de ses ennemis[17]. Héra se venge lors de nombreux épisodes en contrecarrant les desseins de son époux, provoquant d'incessantes querelles.
Dans l’Iliade encore, Homère fait mention par la bouche de Dioné, d'un tir de flèche à trois pointes décochée par Héraclès blessant Héra au sein droit[18]. Le héros tire de plus son nom de celui d'Héra : il fut baptisé ainsi quand il était nourrisson, après avoir été placé dans la couche de la déesse par une ruse d'Hermès[19]. Le lait jailli de la poitrine d'Héra après qu'Héraclès s'en soit gorgé aurait ainsi donné naissance à la voie lactée et indique que les épreuves et les travaux accomplis par le héros doivent servir à la gloire d'Héra.
Déesse du mariage légitime, elle n'a aucun amant[14]. Elle est pourtant désirée par Ixion, qui s'unit avec un nuage, croyant qu'il s'agit d'elle[20], ainsi que par Endymion. Selon une tradition minoritaire[21], elle est assaillie par le Géant Eurymédon et en conçoit Prométhée, d'où sans doute le médaillon de coupe de Douris représentant Héra assise face à ce dernier (voir ci-contre).
Un jour, exaspérée des incartades de Zeus, ou en raison de son orgueil, Héra décide de demander l'aide des autres dieux et parmi eux les enfants de Zeus pour punir le dieu volage. Ils projettent de ligoter Zeus pendant son sommeil avec des lanières de cuir pour l'empêcher de séduire les mortelles de la Terre, en tout cas, dans l'esprit d'Héra peut-être. De ce complot, participent les dieux Poséidon et Apollon et ajoute-on quelquefois Athéna[22],[23],[24]. Mais la Néréide Thétis envoie l'Hécatonchire Briarée, aux cent mains, ainsi que les hommes venus de Aigaion[25],[26] pour les en dissuader, ils sont plus forts que les dieux. Héra est ligotée par Zeus, tout comme Athéna, alors que Poséidon et Apollon sont envoyés travailler chez le roi Laomédon construire le mur de Troie[27],[24].
Héra est une seconde fois punie par son époux Zeus, dans une nouvelle scène de ménage divine. Héra, est toujours prête à nuire à Héraclès : aussi, lorsque les Grecs prennent la mer pour leur départ après avoir détrôné Laomédon et pillé sa ville Troie, elle enjoint le sommeil Hypnos d'endormir Zeus de façon à jeter des calamités sur son magnanime fils[28]. Et, sur la mer stérile, elle répand le vent tempétueux de Borée qui pousse Héraclès vers le Sud et l'île très peuplée de Cos[28],[29],[30],[31],[32]. Zeus s'éveillant indigné de cette ruse, dans une colère terrible, disperse tous les dieux et cherche Hypnos pour le précipiter du haut du ciel, celui-ci est sauvé par l'intervention de la nuit, Nyx[28]. Zeus jette néanmoins du haut du ciel Héphaïstos, le fils d'Héra, et, quant à elle, le dieu des dieux la suspend avec une enclume à chaque cheville et des chaînes d'or solides aux mains sous le regard douloureux des autres dieux qui prudemment restent figés[29],[28],[30],[31].
Offensée par le jugement de Pâris, qui lui préfère Aphrodite, elle se montre la plus farouche ennemie des Troyens pendant la guerre de Troie et contribue au sac de la ville.
Lorsqu'elle se dispute avec Zeus pour savoir quel sexe connaît le plus de plaisir lors d'une relation sexuelle, elle accepte que le devin Tirésias, qui avait été femme puis homme, juge la querelle. Mais lorsque celui-ci donne raison à Zeus, elle se venge en le frappant de cécité.
Origine et fonctions |
Franz Rolf Schröder (de)[33] avait avancé qu’il fallait rapprocher le nom d’Héra du nom indo-européen de l’année *yērā-, présent dans l'anglais year et l'allemand Jahr. Jean Haudry dans son essai La religion cosmique des Indo-européens (Archè, 1986) précise le sens de *yērā- comme la belle saison de l’année, comparable au grec et vieux russe jarǔ, printemps, belle saison. Cette étymologie révèle la nature originelle de la déesse, la signification de son union avec Zeus interprétée comme Ciel-diurne : c’est le retour de la partie claire de l'année. L'Héra porteuse de vie d’Empédocle est « celle qui apporte une récolte abondante ».
Héra est la personnification féminine de la belle saison. Ce n'est que par la suite que son union avec Zeus est interprétée comme le prototype de l'union légitime. Sa couleur symbolique est la couleur blanche, elle est qualifiée en grec de θεά λευκώλενος / theá leukốlenos, « déesse aux bras blancs », divinité d'élection d'Argos « la ville blanche ». Si Héra est liée au symbolisme de la vache blanche, c'est dans la mesure où cet animal est symbole de prospérité et d'abondance. Héra est enfin liée aux Heures, ces divinités du retour du printemps et enfin aux héros dont le prototype est Héraclès, littéralement celui qui a la gloire d’Héra. Le héros ainsi, selon Haudry, est celui qui né mortel, conquérant la belle saison de l’année échappe à la mort.
Héra est également la déesse du mariage et des épouses, protectrice du couple, de la fécondité et des femmes en couches — domaine qu'elle partage avec sa fille Ilithye. Sous son épiclèse de ὁπλοσμία / hoplosmía, au cap Lakinion et à Élis, elle assume une fonction guerrière. La cité de Stymphale consacre trois temples à Héra sous différentes épiclèses : Παρθενία / Parthenía (« vierge »), Τελεία / Teleía (« épouse de Zeus ») et Χήρα / Khếra (« veuve »).
Selon les habitudes de l'interpretatio romana, elle a été assimilée à Junon dans la religion romaine.
Lieux de culte |
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Elle est surtout vénérée à Argos, citée par Homère comme une ville chère à la déesse, à l'instar de Mycènes et Sparte. Elle possède également un temple à Olympie, à Corinthe, à Samos ou encore au cap Lakinion, non loin de Crotone.[réf. nécessaire]
Épiclèses, attributs et sanctuaires |
Ses attributs : le diadème royal, le sceptre
Ses végétaux favoris : la grenade, l'hélichryse et le lys.
Ses animaux favoris : le paon et la génisse.
Épithètes homériques :
θεὰ λευκώλενος / theá leukốlenos, « déesse aux bras blancs »,
βοῶπις / boỗpis, « aux yeux de vache, aux grands yeux »,
χρυσόθρονος / khrusóthronos, « au trône d'or ».
Sanctuaires : spécialement dans les cités austères, Argos, Mycènes, Sparte, Olympie, Corinthe, Béotie, Samos, Lesbos, Délos, Knossos, Posidonia, Capoue et Sélinonte.
Jeux organisés en son honneur : Héraia.
Hommage |
Héra est l'une des 1 038 femmes dont le nom figure sur le socle de l'œuvre contemporaine The Dinner Party de Judy Chicago. Elle y est associée à la Déesse de la fertilité, deuxième convive de l'aile I de la table[34].
En 2016, Georgio fait d'Héra, le titre de son second album.
Bibliographie |
Sources |
- Hésiode (trad. Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant), Théogonie, Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite Bibliothèque », 1993, 184 p. (ISBN 978-2743621384)
- Iliade (trad. Robert Flacelière), Éditions Gallimard, 1993 (1re éd. 1956) (ISBN 2-07-010261-0)
Monographies |
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(en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, 1993[détail de l’édition].
(en) Joan V. O’Brien: The transformation of Hera. A study of ritual, hero, and the goddess in the „Iliad“. Rowman & Littlefield, Lanham, Md. 1993, (ISBN 0-8476-7807-5).
(de) Walter Pötscher, Hera. Eine Strukturanalyse im Vergleich mit Athena. Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 1987, (ISBN 3-534-03131-8).
Notes |
Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], IV, 59.
Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 453-454.
Théogonie, 459-460.
Bonnafé 1993, p. 85
Théogonie, 921.
Théogonie, 922-923.
Théogonie (927-929).
Iliade, I, 578 ; XIV, 338 ; XVIII, 396 ; XXI, 332 et Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 312.
Cicéron, De natura deorum [détail des éditions] [lire en ligne], III, 22.
Iliade, XIV, 295-296.
Scholie au vers I, 609 de l'Iliade ; cité par Gantz, p. 57.
Scholie aux vers XV, 295-296 de l'Iliade ; Gantz, p. 57.
Scholie à Théocrite, XV, 64 ; voir aussi Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], II, 38.
Gantz, p. 61.
Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Néméennes, I, 33-72.
Catalogue des femmes [détail des éditions], fr. 126 MW.
Euripide, Héraclès, Budé Belles-Lettres, 1976, Paris, 868-873
(Chant V, vers 390)
L. Kahn, Hermès passe ou les ambiguïtés de la communication, Maspero, 1978, p. 153
Pindare, Pythiques, II, 27-48.
Scolie de l'Iliade (ΣAB Il 14.295).
Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], I, 396-406.
Scholie sur les Olympiques de Pindare, VIII, 41b. Voir (grc) Drachmann, Scholia vetera in Pindari carmina, Leipzig, In aedibus B.G. TeubneriSum, 1903(lire en ligne), p. 246.
Scholie sur l'Iliade d'Homère, Chant I, 312 (Codex 2079 Paris) citant la compilateur Didyme ou si ce n'est le grammairien Didymus Chalcenterus ? Voir (grc) John Antony Cramer, Anecdota graeca e codd. manuscriptis bibliothecae regiae Parisiensis, t. 3, Oxford, Université d'Oxford, 1841, env. 532 p. (lire en ligne), p. 5 (4).
Αἰγαίων / Aígaíôn = mer Égée (?).
Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 34. Voir (grc) Christian Gottfried Müller, Ισαακιου και Ιωαννου του τζετζου Σχολια εις Λυκοφρονα [« Isaac et Jean Tzétzès Scholies sur Lycophron »], t. 1, Leipzig, Sumtibus F.C.G. Vogelii, 1811, 1169 p. (lire en ligne), p. 326-330 (411-417).
Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], XXI, 435-460.
Iliade, XIV, 250-259.
Iliade, XV.
Apollodore, I, 3, 5.
Apollodore, II, 7, 1.
Erreur de référence : Balise<ref>
incorrecte ;
aucun texte n’a été fourni pour les références nomméesPluGRC58
« Hera », Gymnasium, 63 (1956).
Musée de Brooklyn - Hera
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