Ordre de Saint-Jean de Jérusalem





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Ne doit pas être confondu avec Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ou Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte.


« La Religion » autre nom de l'Ordre principalement dans la marine de l'Ordre. Pour le roman qui évoque l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, voir La Religion (roman)








































Ordre de Saint-Jean
de Jérusalem

Image illustrative de l’article Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale
15 février 1113
par bulle de Pascal II
Institut

Ordre monastique
Type

Ordre hospitalier
et militaire
Spiritualité

Christianisme
Règle

de saint Augustin
et de saint Benoît
Structure et histoire
Fondation
vers 1070
Jérusalem
Fondateur

Fra' Gérard
Liste des ordres religieux

L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, appelé aussi ordre des Hospitaliers, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l'époque des croisades jusqu'au début du XIXe siècle. Il est généralement connu, dès le XIIe siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani.




Sommaire






  • 1 Histoire


  • 2 Historiographie


  • 3 Appellations de l'Ordre et nom de ses membres


  • 4 Histoire de l'Ordre


    • 4.1 En Terre sainte


      • 4.1.1 Avant les Croisades


      • 4.1.2 La fondation (1113)


      • 4.1.3 La structuration de l'Ordre (XIIe siècle)


      • 4.1.4 Le rôle des Hospitaliers en Terre Sainte


      • 4.1.5 De Jérusalem à Saint-Jean d'Acre et Chypre (1187-1291)




    • 4.2 À Chypre et à Rhodes


      • 4.2.1 Chypre : la réorganisation de l'Ordre


      • 4.2.2 Rhodes : souveraineté et richesse


      • 4.2.3 Les menaces musulmanes


      • 4.2.4 La chute de Rhodes (1522)




    • 4.3 À Malte


    • 4.4 En Russie


      • 4.4.1 Contexte historique




    • 4.5 L'éclatement de l'Ordre




  • 5 Organisation de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem


    • 5.1 La règle de l'Ordre


    • 5.2 Organisation hiérarchique


      • 5.2.1 Les grands maîtres de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem




    • 5.3 Organisation administrative


    • 5.4 Organisation territoriale




  • 6 Signes distinctifs de l'ordre


    • 6.1 Vêtements


      • 6.1.1 Jupon d’armes (ou surcot)




    • 6.2 Héraldique


    • 6.3 Vexillologie


      • 6.3.1 Pavillon naval




    • 6.4 Sigillographie


    • 6.5 Numismatique




  • 7 Le rayonnement de l'Ordre


    • 7.1 Une puissance militaire


    • 7.2 Une puissance maritime


    • 7.3 Une puissance coloniale


    • 7.4 L'Ordre et la culture


    • 7.5 L'Ordre et la médecine




  • 8 Référencement


    • 8.1 Notes


    • 8.2 Références


    • 8.3 Sources




  • 9 Annexes


    • 9.1 Articles connexes







Histoire |


L'origine de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem remonterait à la fin du XIe siècle dans l'établissement des marchands amalfitains à Jérusalem[1] et la création d'hôpitaux, d'abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d'où son nom d'ordre des « Hospitaliers ». À la suite de donations, il va posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l'Europe catholique[2]. À l'instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu'il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte[3].


Après l'expulsion des Croisés de Terre sainte (1291), l'Ordre s'installe à Chypre[4] avant de conquérir l'île de Rhodes (1310)[5] et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins[6]. À la suite de la disparition de l'ordre du Temple en 1314, les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers[7], ce qui fait d'eux l'ordre le plus puissant de la chrétienté.


Expulsé de Rhodes en 1523 par la conquête turque[8], l'Ordre s'installe à Malte en 1530, dont il est considéré comme le souverain par décision de Charles Quint[9]. Avec sa flotte maritime de guerre, l'Ordre se transforme en une puissance politique qui prend de plus en plus d'importance en Méditerranée centrale jusqu'à la bataille de Lépante (1571)[10] et jusqu'aux premiers traités des royaumes d'Europe avec les Ottomans. Après quoi il se consacre surtout à des opérations de guerre de course[11] et transforme Malte en magasins d'échanges du commerce méditerranéen avec une quarantaine reconnue dans tous les ports de Méditerranée. En 1798, Bonaparte expulse le grand maître et les chevaliers de l'archipel maltais au nom de la République française[12]. L'Ordre qui s'était placé sous la protection de Paul Ier de Russie, voit une majorité de ses chevaliers s'exiler à Saint-Pétersbourg où ils élisent le tzar comme grand maître en 1798[13].


Mais avec l'abdication du grand-maître Ferdinand de Hompesch en 1799 et la mort de Paul Ier en 1801, s'ouvre pour l'Ordre une période noire qui ira jusqu'à sa chute[14] ou son éclatement[15] en ordres concurrents. En plus des ordres historiques issus de la scission protestante comme le très vénérable ordre de Saint-Jean, son principal successeur catholique est l'ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, fondé officiellement en 1961.



Historiographie |


À la différence des Bénédictins ou des Ordres mendiants, les ordres militaires ne se sont intéressés qu'assez tard à leur histoire. À l'origine les textes historiques se limitent à l'obituaire, qui incorpore progressivement à partir du XIVe siècle des détails sur la vie des membres de l'Ordre, mais aussi des développements légendaires. Il a été un temps où les Hospitaliers faisaient remonter leurs origines aux bibliques Maccabées[16]. Il ne faut pas oublier Guillaume de Tyr et ses continuateurs dont les textes publiés au milieu du XVIe siècle sont traduits en italien en 1562. En relatant les croisades, ils peignent aussi une histoire des Hospitaliers[17].


Les premiers textes à caractère historique émanant des Hospitaliers sont l’œuvre de Guillermo de Santo Stefano, commandeur de Chypre. Il est le premier à faire une recension des textes législatifs de l'Ordre[18] et vers 1303, il entreprend une compilation qui regroupe la règle et les statuts de l'Ordre, une chronologie des grands maîtres, un recueil des décisions disciplinaires, les Miracula et une étude critique sur les origines de l'Hôpital, l’Exordium Hospitalis[19].


Confronté à des critiques extérieures, ou plus simplement pour valoriser ses actions et encourager les donations, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem va susciter des annales. Au milieu du XVe siècle, Melchiore Bandini, chancelier de l'Hôpital, est l'auteur d'un ouvrage perdu depuis, mais dont, au XVIe siècle, Giacomo Bosio (1544-1617) a encore la mémoire[20].


La Descriptio obsidionis Rhodie urbis de Guillaume Caoursin, est un texte au service de la propagande de l'ordre ; il connaît un grand succès et les éditions et traductions se multiplient entre 1480 et 1483[21].


Un document intéressant pour l'histoire des ordres militaires est un texte écrit vers la fin du XVe siècle par un frère de l'ordre Teutonique, la Chronik der vier Orden von Jerusalem. Cette chronique met en lumière, dans sa première partie, l'origine hiérosolymitaine des ordres militaires ainsi que des chanoines du Saint-Sépulcre. Si l'origine des Teutoniques et des Chanoines est quelque peu anticipée, celle des Templiers et des Hospitaliers est relativement bien cernée[22].


Heindrich Pantaleon (1522-1627) publie, à Bâle en 1581, une première histoire basée sur les archives de l'ordre : Militaris ordinis Johannitorum, Rhodiorum aut Melitensium equitum rerum memorabilium [...] pro republica christiana [...] gestarum ad praesentem usque 1581 annum. Mais l’œuvre majeure de cette période est l’Istoria della sacra Religione et illustrissima militia de San Giovanni Gerosolimitano que Bosio publie en trois volumes à Rome entre 1594 et 1602. L’Istoria de Bosio est traduite en français et complétée par un frère de l'Ordre, Anne de Nabérat, publiée en 1629 à la demande du grand maître Alof de Wignacourt. Bosio et Nabérat font un récit narratif et clairement réclamé comme hagiographique. Malgré cela, ce texte est d'une grande valeur historique, Bosio s'appuie sur des sources incontestables[17].


En 1726 parait l’œuvre de l'abbé de Vertot. Il a, précédemment à l'écriture, fait la recension de toutes les sources alors disponibles. S'il doit à Giacomo Bosio, il utilise les sources regroupées par François Pithou (1544-1624), par Jacques Bongars, Jacques de Vitry, Marin Sanudo, mais aussi Guillaume de Tyr, Heindrich Pantaleon, Bosio et son continuateur Bartolomeo dal Pozzo[17].


Avec Joseph Delaville Le Roulx, l'histoire des Hospitaliers se veut plus scientifique. Il fait un énorme travail de documentation : il publie en quatre volumes entre 1894 et 1906 près de 5 000 documents ayant trait aux deux premiers siècles de l'histoire de l'Ordre, Cartulaire général de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1100-1310)[23]. Ses deux volumes Les Hospitaliers en Terre sainte et à Chypre, publié en 1904, et Les Hospitaliers à Rhodes jusqu'à la mort de Philibert de Naillac, publié en 1913, se présentent comme un travail érudit et de qualité[24].


Le XXe siècle voit l'explosion d'une histoire parcellaire faite de monographies très spécialisées et/ou circonscrites localement ou temporellement. Il faut attendre le travail de synthèse de Jonathan Riley-Smith avec The Knights of St John in Jérusalem and Cyprius (1150-1310) publié en 1967 pour voir apparaître un nouveau travail historique sur les Hospitaliers : Riley-Smith avec Hospitalers, The History of the Order of St John en 1999 ou Helen Nicholson avec The Knights Hospitaller en 2001. En dépit des sources existantes à Malte, sources souvent inédites, restent quand même des lacunes pour la période rhodienne, malgré les nombreux articles définitifs d'Anthony Lutrell regroupés en cinq volumes The Hospitallers in Cyprius, Rhodes, Greece and the West, 1291-1440 (1978), Latin Greece, the Hospitallers and the Crusades, 1291-1440 (1982), The Hopitallers of Rhodes and their Mediterranean World (1992), The Hospitaller State on Rhodes and in Western Provinces (1999) et Studies on the Hospitallers after 1306. Rhodes and the West (2007)[25].
de l'activité religieuse ou politique de l'Ordre ou avec le recueil d'articles de Victor Mallia-Milanes dans Hospitaller Malta, 1530-1798 (1993).


Au XXIe siècle s'ouvre avec le travail de Judith Bronstein The Hospitalers and the Holy Land. Financing the Latin East, 1187-1274 (2005) un champ d'études encore largement ignoré : les aspects économiques de l'Ordre qui « pratiquait la banque » et qui devait financer ses activités sur « le front » par ses ressources financières et ses activités terriennes « à l'arrière » pour reprendre les expressions d'Alain Demurger[26]. Il est aussi possible de citer sur ce sujet l'étude d'Alain Blondy L'Ordre de Malte au XVIIIe siècle, Des dernières splendeurs à la ruine (2002) où est introduit la notion d'éclatement de l'Ordre. D'autres champs d'études sont aussi récemment abordés comme ceux de l'activité sociale des frères de l'Ordre avec Carmen Depasquale La vie intellectuelle et culturelles des chevaliers français à Malte au XVIIe siècle (2010) ou, plus généralement, Alain Blondi Parfum de Cour, gourmandise de rois. Le commerce des oranges entre Malte et la France au XVIIIe siècle (2003), ou encore Thomas Freller Malta, The Order of St John (2010). Enfin, le travail d'un universitaire, Alain Demurger, qui s'était intéressé jusque là aux Templiers, et qui jette un regard moderne sur l'Ordre à son origine avec Les Hospitaliers. De Jérusalem à Rhodes. 1050-1317 (2013). Il cite dans sa préface ses trois inspirateurs, Joseph Delaville Le Roulx, Jonathan Reley-Smith et un auteur peu cité Alain Beltjens qui a pourtant produit une œuvre mais à compte d'auteur Aux origines de l'ordre de Malte. De la fondation de l'Hôpital de Jérusalem à sa transformation en ordre militaire. (1995)[27].


On ne peut terminer sans citer la somme académique que représente le dictionnaire Prier et Combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge sous la direction de Nicole Bériou et Philippe Josserand qui regroupe la contribution de près de 240 collaborateurs et auteurs de 25 pays au travers de 1 128 entrées, travail de plus de cinq années et dont la majeure partie concerne l'Ordre[28].



Appellations de l'Ordre et nom de ses membres |


S'il est une chose difficile à déterminer, c'est le nom de cet Ordre. Comme le signale Alain Demurger dans l'avant-propos de son livre sur les Hospitaliers : « On trouve souvent utilisée, dans les titres des ouvrages [et pas seulement dans les ouvrages anciens] consacrés à l'histoire de l'ordre de l’Hôpital, l'expression de « chevaliers hospitaliers », de « chevaliers de l'Hôpital » ou de « chevaliers de Saint-Jean » [...]. Cette expression n'est pas conforme à la réalité et à l'histoire des premiers siècles de l'Ordre »[29]. Si l'expression de chevalier est apparue dès l'origine dans le nom de l'ordre du Temple, ce n'est pas le cas pour l'ordre de l'Hôpital ; ses membres étaient et seront toujours des « frères » éventuellement des « frères chevaliers ». L'ordre de l'Hôpital était avant tout un ordre hospitalier, le premier et le dernier ordre hospitalier. Son couvent s'appelait la « sainte maison de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem » et la titulature du supérieur de l'ordre : l'« Humble maître de la sainte maison de l'Hôpital de Jérusalem et gardien des pauvres du Christ »[29].


Dans les sources primaires, à Malte où se trouve la partie des archives la plus importante, mais aussi partout ailleurs où l'Ordre avait des intérêts, dans tous les textes de l'Ordre, émis, reçus ou envoyés, et qui nous sont parvenus, les appellations de l'Ordre ne sont pas fixées : La Religion[30], L'Hôpital[31], Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem[32], ordre de l'Hôpital[29], ordre des Hospitaliers, ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, ordre des chevaliers hospitaliers, ordres des chevaliers de Rhodes, ordre des chevaliers de Malte, ordre de Saint-Jean, ordre de Saint-Jean de Jérusalem[30], etc. Et cela dans toutes les langues pratiquées par l'Ordre, en latin ou en langues vulgaires comme le français, l'italien, l'espagnol, l'allemand, l'anglais etc.


Toutes ces appellations étaient aux yeux de leurs auteurs suffisantes dès qu'il ne pouvait pas y avoir confusion avec d'autres ordres. S'il est des textes qui doivent recevoir une attention particulière, ce sont les Règles de l'Ordre, statuts, usances et esgards car ces documents ont la volonté de produire un effet normatif. Mais là encore c'est la diversité qui règne. Ayant perdu Jérusalem et s'installant là où il voulait ou là où il pouvait, l'Ordre ne changera pas de nom, il sera toujours « de Jérusalem »[33].


Les sources secondaires suivent la même diversité d'expressions, ce n'est que ces dernières années, avec la renaissances des études historiques sur les ordres hospitaliers et/ou militaires que l'on voit se détacher un consensus entre les auteurs. Il semble que la synthèse de Jurgen Sarnowsky de 2009 prévaut avec deux expressions : « ordre de l’Hôpital » et « ordre de Saint-Jean de Jérusalem »[34],[n 1]. « L'Hôpital » ou « L'Hospital » a aussi ses représentants[35]. Une expression ancienne survit dans un secteur de l'activité de l'Ordre, la marine, où l'expression « La Religion »[n 2] est courante[36].


Pour les noms des membres de l'Ordre, cela paraît plus consensuel avec l'expression « hospitaliers »[37] qui a tendance à prendre la place de « frère » ou « frère hospitalier »[38] ou de sa version ancienne « Fra' ». Pour les chevaliers, les expressions de « chevalier de l'Hôpital » ou « chevalier hospitalier »[39], avec leurs variantes « chevalier de Rhodes » et « chevalier de Malte », existent, même si Demurger les conteste[38].



Histoire de l'Ordre |



En Terre sainte |


Article détaillé : Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Terre sainte.




Frère Gérard reçoit Godefroy de Bouillon, par Antoine Favray.



Avant les Croisades |


Au XIe siècle, Jérusalem se trouve sous la domination musulmane des Fatimides du Caire, mais les chrétiens peuvent y venir en pèlerinage et des établissements chrétiens y sont présents[40].


L’origine de l'ordre est le monastère bénédictin de Sainte-Marie-Latine, fondé à Jérusalem au milieu du XIe siècle par des marchands amalfitains, auquel s'ajoute un peu plus tard le monastère féminin de Sainte-Marie-Madeleine ; chacun d'eux est pourvu d'un xenodochium, un hospice ou une hostellerie, dont le rôle est d’accueillir et de soigner les chrétiens accomplissant un pèlerinage en Terre sainte. L'administration des deux hospices est aux mains de convers, frère Gérard[41] et de sœur Agnès.


Dans les années 1070, Gérard, peut-être pour prendre des distances avec les Amalfitains, décide de créer un troisième hospice, dédié dans un premier temps à saint Jean l'Aumônier.


En 1078, la ville est prise par les Turcs seldjoukides qui ont en général une attitude très hostile envers les chrétiens (ils sont du reste la cause de la première croisade) ; l'hospice de frère Gérard réussit cependant à passer cette période qui prend fin avec la prise de Jérusalem par les Croisés en 1099.



La fondation (1113) |


À la suite de la première croisade en 1099, la Terre sainte passe sous domination chrétienne, Jérusalem devenant le centre du royaume de Jérusalem, le principal des états latins d'Orient.


Gérard demande que son hospice soit reconnu comme autonome par rapport aux couvents bénédictins. Le pape Pascal II promulgue une bulle en ce sens le 15 février 1113[42] en faisant de cet hôpital, « L'Hospital », une institution, une sorte de congrégation[43], sous la tutelle et protection exclusive du pape.


L'Hospital est désormais dédié à Jean le Baptiste[44].


Gérard est reconnu comme chef de cette congrégation et le pape précise dès le départ qu'à la mort de ce dernier, les membres de l'Ordre choisiront eux-mêmes son successeur[45].



La structuration de l'Ordre (XIIe siècle) |


En 1123, Raymond du Puy, qui succède à un ou deux frères intérimaires qui ont dirigé l'Ordre après le décès de frère Gérard, dote les Hospitaliers d'une règle reposant sur celles de saint Augustin et de saint Benoît. Cette règle organise l'Ordre en trois fonctions, les frères moines et clercs, les frères laïcs et les frères convers qui tous doivent les soins aux malades.


« C'est la convergence entre la mise en place des premières structures administratives régionales et l'élaboration de la règle par le maître Raymond du Puy et son approbation par le pape Eugène III au milieu du XIIe siècle qui permet de dire que, alors et alors seulement, L'Hospital est devenu un ordre »[43].


Le 21 octobre 1154, une catégorie de frères prêtres ou chapelains est établie, accordée par le pape Anastase IV[46] ; le personnel soignant, médecins et chirurgiens, est officialisé dans les statuts de Roger de Moulins du 14 mars 1182[47] ainsi que les frères d'armes, qui apparaissent pour la première fois dans un texte. Selon Alain Demurger, « c'est à cette date donc que l'Ordre est devenu, en droit, un ordre religieux-militaire »[48].


Sous Alfonso de Portugal en 1205, ils sont répartis en frères prêtres ou chapelains, frères chevaliers et frères servants (« servant d’armes et servants de services ou d’office »[49]). Cette organisation en trois classes restera celle des Hospitaliers[50]. Alain Demurger estime cependant qu'il existait une catégorisation plus fonctionnelle que sociale : « frères d’armes, frères d’office, frères prêtres »[49], mais en fait c'était la même chose sous des noms différents ; les frères d'armes étaient les chevaliers, les frères d'office étaient les frères servants, et les frères prêtres étaient les prêtres ou chapelains.



Le rôle des Hospitaliers en Terre Sainte |


Comme les Templiers, les Hospitaliers jouent un rôle de premier plan sur l'échiquier politique du royaume de Jérusalem. En 1136, ils reçoivent de Foulques Ier, roi de Jérusalem, la garde de la forteresse de Gibelin ; en 1142/1144 celle du Krak des Chevaliers. Leur structure militaire et leurs places fortes font de l'Ordre une puissance armée de plus en plus importante, qui n'hésite pas le cas échéant à s'immiscer dans la conduite du royaume de Jérusalem[51].



De Jérusalem à Saint-Jean d'Acre et Chypre (1187-1291) |


L'Ordre suit les vicissitudes des États latins d'Orient en Terre sainte et leur recul progressif vers la côte.


En 1187, Saladin prend définitivement Jérusalem et les Hospitaliers s'installent à Saint-Jean-d'Acre. Un siècle plus tard, le 28 mai 1291, les croisés perdent Acre à l'issue d'une bataille durant laquelle le grand maître de l'Ordre, Jean de Villiers, est grièvement blessé. Les Templiers et les Hospitaliers, avec les dernières forces latines, sont obligés de quitter la Terre sainte.


Les Hospitaliers s'installent alors à Chypre[52].



À Chypre et à Rhodes |


Article détaillé : Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes.


Chypre : la réorganisation de l'Ordre |


L'Ordre se replie à Chypre dont le roi, Henri II de Lusignan, aussi roi de Jérusalem en titre voit d'un mauvais œil une organisation aussi puissante s'installer dans son royaume.


En 1301, le grand maître, Guillaume de Villaret, dote l'Ordre d'une structure élaborée pour ses possessions en Occident. Les Hospitaliers sont répartis en fonction de leur origine en huit groupes appelés « langues » : Provence, d'Auvergne, de France, d'Aragon, de Castille, d'Italie, d'Angleterre, d'Allemagne[53]. Chaque langue élit à sa tête un bailli conventuel, appelé « pilier ».


En 1306, le pape Clément V autorise les Hospitaliers à armer des navires. Les Hospitaliers développent la grande flotte qui fait leur réputation et qui, associée à leur organisation, exemplaire pour l'époque, leur permet de tirer un grand profit de leurs possessions en Occident, cela les autorisant à entretenir l'espoir d'une reconquête de la Terre sainte[52].



Rhodes : souveraineté et richesse |


À partir de 1307, l’Ordre, dont la rivalité avec le roi de Chypre ne cesse de croître, se lance dans la conquête de l’île de Rhodes, alors sous souveraineté byzantine[54].


Rhodes est conquise en 1310 et devient le nouveau siège de l'Ordre. En 1311, ils renouent avec leurs origines en créant le premier hôpital de l'île de Rhodes[55].


Le 2 mai 1312, la bulle pontificale ad providam transfère les biens des Templiers aux Hospitaliers, à l'exception de leurs possessions dans la Couronne d'Aragon et Couronne de Castille (part de l'actuelle Espagne) et du Portugal, où deux ordres naissent des cendres de l’ordre du Temple, l’ordre de Montesa et l’ordre du Christ.


Par ailleurs, L’ordre des Hospitaliers transforme son action militaire en guerre de course, alors peu différente de la piraterie. Signe d'un enrichissement des Hospitaliers en même temps que d'une conquête de souveraineté, l'Ordre se met à battre monnaie à l'effigie de ses grands maîtres[56].



Les menaces musulmanes |


Article détaillé : Siège de Rhodes (1480).



Siège de Rhodes en 1480. Miniature du maître du Cardinal de Bourbon, tirée du Gestorum Rhodie obsidionis commentarii de Guillaume Caoursin, BNF.


Mais, au cours du XIVe siècle, pendant que les Hospitaliers exercent un contrôle maritime sur la mer Égée, la dynastie ottomane conquiert peu à peu les territoires riverains. En 1396, une croisade soutenue par l'Ordre essuie un échec sanglant à Nicopolis. Après cet échec, tout espoir de reconquête des lieux saints est définitivement perdu.


En 1440 et en 1444, l'île de Rhodes est assiégée par le sultan d'Égypte, mais ces deux attaques sont repoussées[55]. En 1453, le sultan ottoman Mehmed II s'empare de Constantinople ; le grand maître Jean de Lastic se prépare à un nouveau siège, mais il n'a lieu que beaucoup plus tard, en 1480[57] ; le grand maître Pierre d'Aubusson repousse les assauts des troupes du pacha Misach, ancien prince byzantin converti à l'Islam. Il assiège la ville avec 10 à 15 000 hommes pour Housley[58], pas plus de 20 000 pour Nossov[59], ou jusqu'à 70 000 hommes pour Setton[60], dont/avec 3 000 janissaires[61].



La chute de Rhodes (1522) |


Article détaillé : Siège de Rhodes (1522).

Le siège décisif a lieu en 1522[62]. Le sultan Soliman le Magnifique assiège pendant cinq mois la ville de Rhodes. Philippe de Villiers de L'Isle-Adam, élu l'année précédente contre son rival, le grand prieur de Castille-Portugal, André d'Amaral, qui sera, le 8 novembre, exécuté malgré ses dénégations, un de ses serviteurs étant surpris en train d'envoyer un message au camp turc, il avoue sous la torture avoir agi sur l'ordre de son maître. Impressionné par la résistance héroïque du grand maître, Soliman accorde libre passage aux Hospitaliers, aux chevaliers rescapés et à nombre de Rhodiens. Emportant dans trente navires leur trésor, leurs archives et leurs reliques, dont la précieuse icône de la Vierge de Philerme, les Hospitaliers quittent définitivement la Méditerranée orientale le 1er janvier 1523[55].



À Malte |


Articles détaillés : Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte et Colonisation hospitalière des Amériques.



Siège de Malte en 1565


Les Hospitaliers entament, en 1523, une errance de sept années qui les conduit d'abord à Civitavecchia, en Italie. En 1528, le pape Clément VII, ancien Hospitalier, les héberge à Viterbe ; mais, finalement, ils partent pour Nice peu de temps après[63].


L'empereur Charles Quint, comprenant l'utilité que peut avoir un ordre militaire en Méditerranée face aux avancées ottomanes (Alger est conquis par le célèbre Barberousse en 1529), confie à l'Ordre l'archipel maltais, dépendance du royaume de Sicile, par un acte du 24 mars 1530, faisant du grand maître de l'Ordre le prince de Malte. Ainsi les Espagnols leur cèdent la forteresse de Tripoli (qui sera prise par les Ottomans en 1551).


L'Ordre se transforme alors en une puissance souveraine qui prend de plus en plus d'importance en Méditerranée centrale.


En 1651, à la suite de la dissolution de la Compagnie des îles d’Amérique, il est procédé à la vente de ses droits d'exploitation à divers partis. L'Ordre achète ainsi les îles de Saint-Christophe, Sainte-Croix, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. En 1665, les Chevaliers vendirent leur colonie à la Compagnie des Indes occidentales nouvellement formée.


Le général Bonaparte débarque à Malte au nom de la République française et s'empare par traîtrise de l'île. Il expulsera le grand maître et les chevaliers de l'archipel maltais . À la suite de cette expulsion, l'Ordre se place sous la protection de Paul Ier de Russie.



En Russie |


Article détaillé : Éclatement de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.


Contexte historique |




L'éclatement de l'Ordre |


À la mort de Paul Ier, s'ensuit une période noire pour l'Ordre jusqu'à sa chute[14] ou son éclatement[15].


C'est l'ordre souverain de Malte qui prend en 1961 la suite de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[n 3]. L'ordre souverain de Malte ne reconnait comme issus de l'ancien Ordre que quatre ordres « non catholiques »[64].


L'ordre des chevaliers hospitaliers réclame, lui aussi, une filiation légitime avec l'Ordre en Russie. Il a été créé en 1963 par Pierre II, ex-roi de Yougoslavie en exil. Comme la Fédération des prieurés autonomes qui a vu le jour en 1908 aux États-Unis qui a fait valoir en justice une descendance remontant aux Ardennes-Lorraine, comme fondateur du Royaume de Jérusalem, et protecteur et grand maître, « ius sanguinis, maiestatis et honorum », des prieurés et des commanderies de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.


Articles détaillés : Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, Très vénérable ordre de Saint-Jean, ordre de Saint-Jean (Bailliage de Brandebourg), Grand prieuré russe œcuménique de Saint-Jean de Jérusalem et Ordre des chevaliers hospitaliers.


Organisation de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem |


Article principal : Organisation de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.


La règle de l'Ordre |


Ce serait vers 1130 que Raymond du Puy rédige et applique une première règle modelée sur celle de saint Augustin. La règle de saint Augustin est certainement la règle la plus communautaire, elle insiste plus sur le partage que le détachement, plus sur la communion que la chasteté et plus sur l'harmonie que l'obéissance. Composée en latin, elle comporte dix-neuf chapitres[65] :



  • Comment les frères doivent faire leur profession

  • Les droits auxquels les frères peuvent prétendre

  • Du comportement des frères, du service des églises, de la réception des malades

  • Comment les frères doivent se comporter à l'extérieur

  • Qui doit collecter les aumônes et comment

  • De la recette provenant d'aumônes et des labours des maisons

  • Quels sont les frères qui peuvent aller prêcher et de quelle manière

  • Des draps et de la nourriture des frères

  • Des frères qui commettent le péché de fornication

  • des frères qui se battent avec d'autres frères et leur portent des coups

  • Du silence des frères

  • Des frères qui se conduisent mal

  • Des frères trouvés en possession de biens propres

  • Des offices que l'on doit célébrer pour les frères défunts

  • Comment les statuts, dont il est question ci-dessus, doivent être rigoureusement observés

  • Comment les seigneurs malades doivent être accueillis et servis

  • De quelle manière les frères peuvent corriger d'autres frères

  • Comment un frère doit accuser un autre frère

  • Les frères doivent porter sur leur poitrine le signe de la croix


Cette règle établit clairement trois choses, c'est bien une règle monastique, elle parle par deux fois de l'accueil des malades et elle fixe le signe distinctif des croisés, le signe de la croix sur la poitrine, pour les frères hospitaliers ; la chasuble sera noire et la croix sera blanche.


La date exacte de l'approbation de la règle par le pape Eugène III n'est pas connue avec exactitude mais les historiens la fixent avant 1159. Il est maintenant possible de parler de la fraternité de l’Hôpital[66] : « C'est la convergence entre la mise en place des premières structures administratives régionales et l'élaboration de la règle par le maître Raymond du Puy et son approbation par le pape Eugène III au milieu du XIIe siècle qui permettent de dire que, alors et alors seulement, l'Hôpital est devenu un ordre »[67]. Un nouvel ordre est né, l'ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem.



Organisation hiérarchique |


Raymond du Puy, le supérieur de l'Ordre, organise l'Ordre en trois classes[68] plus fonctionnelle que sociale à la différence des Templiers :



  • ceux qui par naissance avaient tenu ou étaient destinés à tenir les armes : frères d'armes (chevaliers et sergents) ;

  • les prêtres et les chapelains destinés à assurer l'aumônerie : frères prêtre ou chapelain ;

  • enfin, les autres frères servants destinés à assurer le service : frères d'offices.



Les grands maîtres de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem |


Article détaillé : Grands maîtres de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Depuis le frère Gérard (dit par erreur de traduction Gérard Tenque), le fondateur de l'Ordre[69], l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem a à sa tête un supérieur nommé à vie. C'est en 1267, sous la magistrature de Hugues de Revel, que le titre de grand maître est accordé au supérieur de l'Ordre par un bref du pape Clément IV[70].



Organisation administrative |




Organisation territoriale |


L'organisation territoriale de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem va se construire au fil du temps, souvent en conséquence d'importants évènements historiques, en cinq niveaux territoriaux :



  • premier niveau : le territoire sur lequel les Hospitaliers possèdent ou détiennent la souveraineté - Rhodes ou Malte - sous la responsabilité du grand maître ;

  • deuxième niveau : les langues sous la responsabilité d'un bailli conventuel appelé aussi pilier ;

  • troisième niveau : les grands prieurés sous la responsabilité d'un prieur provincial ou grand prieur ;

  • quatrième niveau : les commanderies sous la responsabilité d'un commandeur ;

  • cinquième niveau : les maisons périphériques (fermes, granges, moulins, vignes, etc.) qui relèvent d'une commanderie et sous la responsabilité d'un tenancier.


Après la perte de la Terre sainte et l'installation des Hospitaliers sur l'île de Chypre, le nouveau grand maître Guillaume de Villaret (1300-1305) crée sept zones territoriales pour regrouper les commanderies. Ces sept territoires sont alors calqués sur l'organisation en « langues » créées par décret capitulaire en 1301. Cette division administrative et organisationnelle de l'Ordre est confirmée par le grand maître Hélion de Villeneuve (1325-1345) lors du chapitre de Montpellier de 1327. Ces entités territoriales correspondaient plus ou moins à des zones linguistiques homogènes, les Espagnols et les Portugais se retrouvent au sein de la « langue » d'Aragon, les Polonais et les Slaves dépendent de la langue d'Allemagne sans pour autant parler la langue allemande[71].


Article détaillé : Langue hospitalière.

Avec la disparition de l'ordre du Temple en 1312 et la dévolution de leurs biens aux Hospitaliers, il devient nécessaire de généraliser une autre entité territoriale, les prieurés. Les langues territorialement étendues ou disposant d'un nombre important de commanderies pour être correctement gérées, sont divisées en prieurés. En juillet 1317, le grand maître Foulques de Villaret étant contesté, c'est le pape Jean XXII qui décide le démembrement de la langue de France, devenue trop importante, en trois prieurés en créant, en plus du grand prieuré de France, deux autres prieurés, celui d'Aquitaine et celui de Champagne avec en plus le grand prieuré de Bourgogne et ce qui deviendra la baillie de Manosque . Le 20 octobre 1320, le pape Jean XXII rachète au grand maître des Hospitaliers tout ce qui avait appartenu aux Templiers à Cahors et le donne aux Chartreux.


Article détaillé : Dévolution des biens de l'ordre du Temple.

Articles détaillés : Commanderie hospitalière, Baillie hospitalière et Prieuré hospitalier.


Signes distinctifs de l'ordre |



Vêtements |




Chevalier de Rhodes, en habit religieux (XVe) et en armure (XIVe siècle), d'après des pierres tombales.


Étant avant tout un ordre hospitalier et charitable, les frères s'efforçaient d'être au service de leurs « seigneurs les malades » et se disent « serfs des serviteurs de Dieu », et à ce titre leurs habits et vêtements transparaissent de cette servitude ou plutôt humilité. La règle, les « usances » et les statuts rappellent toujours au fil des siècles le devoir de tous les frères de s'habiller sans luxe. Cependant, leurs vêtements devaient être « commodes et confortables, adaptés aux missions, en particulier militaires »[72].


Concernant l'habit commun de toutes les classes, il est noir ou du moins sombre, « couleur de l’humilité, celle des moines bénédictins et des chanoines augustins »[72].


La croix faite de deux bandes de tissu croisées (d'où le nom de « croisé » pour ceux qui les portaient et de « croisade »), emblème (et non symbole) du pèlerinage à Jérusalem et de tout ce qui touche de près ou de loin à ceux qui exercent un pouvoir ou office religieux, a été utilisée par tous les ordres religieux-militaires, dont les Hospitaliers.


Dernier article de la règle de L'Hospital : « … Les frères […] devront porter sur leur poitrine la croix sur leur chapes et sur leurs manteaux (cappis et mantellis) en l’honneur de Dieu et de la sainte Croix afin que Dieu nous protège par cet étendard (vexillum) et la foi, les œuvres et l’obéissance et qu’il nous défende corps et âmes, nous et nos bienfaiteurs de la puissance du diable en ce monde et dans l’autre »[73].


Quant à la forme de la croix, dont il importait peu à l'origine, devient au fil du temps la croix à huit pointes, certainement imitée des armes de la ville d'Amalfi (à moins que cela fut l'inverse), qui deviendra croix de saint Jean puis croix de Malte, « de règle à Rhodes aux XIVe et XVe siècle, [elle] n’apparaît que timidement au XIIIe siècle ». La toute première apparition de cette forme daterait de la première moitié du XIIIe siècle[74].



Jupon d’armes (ou surcot) |


Désireux de se voir différencier de leurs autres frères, les chevaliers de l’Ordre ont fait requis du pape pour une reconnaissance de leur « qualité nobiliaire », comme c’est le cas pour les Templiers (chevalier en blanc, sergents et prêtres en noir). Répondant partiellement à leur requête, le pape Alexandre IV décida le 11 août 1259 « que les chevaliers continueraient à porter comme les autres l'habit noir, mais ajoutait qu'au combat ils pourraient revêtir un jupon d'armes et d'autres pièces militaires de couleur rouge et sur lesquels serait la croix blanche « comme cela est sur votre étendard (vexillum) »[75] ».


Cependant cette distinction ne rentra certainement jamais dans les faits, les Hospitaliers étaient regardants quant aux prérogatives d'une classe sur une autre et de plus tous les chevaliers n'étaient pas encore obligatoirement nobles, puisque les statuts du 4 août 1278 de Nicolas de Lorgue précisent sans ambiguïté aucune :



  • article 3 : « que tous les frères de l’Ospital doivent porter manteus noirs [avec] la crois blanche ».

  • article 5 : « tous les frères de l’Ospital d’armes> (fratres armorum) doient porter en fait d’armes le jupell vermeille avec la creis blanche ».


« L’habit rouge distinguait l’activité militaire et non pas un état social »[76].



Héraldique |


Armes de La Religion



Vexillologie |


Drapeau de l'Ordre

Dans le même temps où Raymond du Puy, le supérieur de l'Ordre, écrit la règle de l'Ordre et la transmet à Rome, il propose l'adoption d'une bannière « de gueules à la croix latine d'argent » (rouge à croix blanche). Ce serait en 1130 que le pape Innocent II l'approuve. Elle flotte dès lors sur toutes les possessions de l'Ordre. Ce serait l'ancêtre de tout ce qui deviendra les pavillons nationaux.


Roger de Moulins (1177-1187), huitième supérieur de l'ordre, fait accepter par le chapitre général de l'Ordre de 1181, le fait de recouvrir d'un drap rouge à croix blanche le cercueil des membres de l'Ordre[77].



Pavillon naval |


pavillon de Saint-Jean des navires de l'Ordre



Sigillographie |


Sceau de La Religion

La sigillographie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem a été étudié par S. Pauli dans un livre Codice diplomatico del sacro militare ordine Gerosolimitano paru à Lucques en 1733 et 1737 pour le deuxième volume[78]. Il a consacré neuf planches à la reproduction de 93 sceaux, à peine un quart de ceux-ci subsistait en 1881 quand Delaville Le Roulx repris son étude du fait du délaissement dans lequel les archives étaient. Malheureusement ses reproductions sont de piètre qualité pour servir à une étude sérieuse.


Les types en plomb des sceaux magistraux sont tous identiques à quelques détails près. Ils sont de forme ronde avec, à l'avers, la figure du grand maître, de profil, tourné à droite, les mains jointes, agenouillé devant une croix à double traverse, au revers, un personnage couché, au-dessus de lui, un édifice à coupole centrale et deux latérales avec une lampe suspendue, une croix à la tête et une autre à ses pieds. La légende de l'avers comporte le nom du grand maître et celle du revers HOSPITALIS HIERVSALEM[79].


Le type de l'avers à peu évolué ; au bas du sceau l'habitude est prise, dès le commencement du XIVe siècle, de placer une figure illustrant le crâne d'Adam sur lequel, la tradition voulait que la croix du Calvaire était plantée. Seul le grand maître et cardinal Pierre d'Aubusson s’en affranchit en plaçant la croix sur une sorte de prie-Dieu avec le chapeau cardinalice et ses armoiries[80]. Le type du revers a donné lieu à beaucoup de conjectures. Le personnage allongé est soit un malade soit le Christ au tombeau. Ce ne peut être un malade, réservé au sceau du frère hospitalier où il figure accompagné d'un frère qui le nourrit. Ce n'est pas non plus le Christ mais celui d'un « cors d'ome mort d'avant » placé devant un tabernacle sous les dômes du Saint-Sépulcre[81]. Une autre évolution du revers est le nimbe qui apparait petit à petit. On comprend l'inutilité de ce nimbe si le mort est pestiféré. Il est facile de penser que les graveurs aient cru au Christ au tombeau ou quelque saint. Il est alors naturel de penser que l'oreiller a évolué vers un nimbe. Ce nimbe commence sous Guillaume de Villaret et est bien caractérisé sous Hélion de Villeneuve pour se perpétuer ensuite dans tous les sceaux ultérieurs[82].


La liste des sceaux de grands maîtres avec l'indication de ceux perdus ou disparus en 1881[83] :









  • Raymond du Puy (1121 ou 1123-1142) (disparu)

  • Rostain (1169-1171)


  • Caste de Murols (1170-1172)


  • Roger de Moulins (1177-1187)


  • Geoffroy de Donjon (1192-1202)


  • Garin de Montaigu (1207-1227 ou 1228) (disparu)


  • Guérin Lebrun (1231-1236) (disparu)


  • Pierre de Vieille-Bride (1240-1242) (disparu)


  • Guillaume de Chateauneuf (1242-1258)





  • Hugues de Revel (1259-1267)


  • Nicolas de Lorgue (1277 ou 1278-1284)


  • Jean de Villiers (1284 ou 1285-1293 ou 1294)


  • Odon de Pins (1294-1296) (disparu)


  • Guillaume de Villaret (1296 ou 1300-1305)


  • Foulques de Villaret (1305-1319)


  • Hélion de Villeneuve (1319-1346)


  • Roger de Pins (1355-1365)


  • Juan Fernández de Heredia (1377-1396)





  • Philibert de Naillac (1396-1421)


  • Antoni de Fluvià (1421-1437)


  • Jean de Lastic (1437-1454) (disparu)


  • Jacques de Milly (1454-1461)


  • Piero Raimondo Zacosta (1461-1467)


  • Giovanni Battista Orsini (1467-1476)


  • Pierre d'Aubusson (1476-1503)


  • Emery d'Amboise (1503-1512)


  • Philippe de Villiers de L'Isle-Adam (1521-1534)




Numismatique |


30 Tari du grand maître Pinto

L'Ordre commence d'émettre sa propre monnaie vers 1310 en même temps qu'il acquiert la souveraineté avec son installation sur l'île de Rhodes[84]. C'est le moment où l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem s'enrichit fortement. Ces pièces sont frappées aux portraits des grands maîtres de l'Ordre sur le verso tandis que sur le recto se trouve une croix qui ne sera la croix à quatre branches bifides typique de la croix de Malte qu'à partir de 1520[84].


Le système monétaire maltais trimétallique est constitué de pièces en cuivre, en argent et en or selon un acte interne datant de 1530[84]. Au XVIIIe siècle, ce système est remis en question par une forte émission de pièces en argent[84]. La monnaie maltaise était constituée de scudi (écus), de tari (tares) et de grani (grains) avec pour valeur : 1 scudo = 12 tari = 240 grani[84].




Le rayonnement de l'Ordre |



Une puissance militaire |


L'Ordre est à l'origine un ordre hospitalier mais rapidement il devient un ordre militaire. Les Hospitaliers participèrent à de nombreuses batailles entre la Deuxième croisade en 1148 et la conquête française de Malte en 1798. Ils combattirent, sur 6 siècles et demi, notamment lors des batailles suivantes :




  • Bataille de Montgisard (1177)


  • Bataille de Hattin (1187)

  • Siège de Jérusalem (1187)

  • Siège de Saint-Jean-d'Acre (1291)


  • Conquête de Rhodes (de 1306 à 1310)

  • Prise de Tripoli (1551)


  • Grand Siège de Malte (1565)


  • Bataille de Lépante (1571)


  • Débarquement français à Malte (1798)





















Une puissance maritime |




Bateau de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem


Arrivés dans l'île de Chypre et installés à Limassol, les Hospitaliers se rendent compte que la ville est ouverte à tous vents aux saccages des pirates arabes. Le chapitre ayant refusé l'installation en Italie pour rester au plus près de la Terre sainte à reconquérir, il devient évident qu'il faille armer une flotte capable de défendre l'île mais aussi d'attaquer sur mer. En Terre sainte, l'Ordre armait quelques bâtiments qui permettaient aux membres de l'Ordre de se déplacer et de convoyer des pèlerins. Un certain nombre de ceux-ci se retrouvent à Chypre ayant ramené les réfugiés et les frères de Palestine et d'autres amené d'Europe les participants au chapitre général[85].


« Bientôt on vit sortir des différents ports de l'île plusieurs petits bâtiments de différentes grandeurs, qui revenaient souvent avec des prises considérables, faites sur les corsaires infidèles » écrit l'historien de l'Ordre Giacomo Bosio (1594-1602)[86]. Établis sur une île, ils n'ont pas d'autre moyen pour continuer le combat que d'aller sur mer et le combat naval permettait de se payer sur l'ennemi. Si des pirates infidèles sillonnaient les mers pour enlever des pèlerins, le prétexte était parfait pour justifier une guerre de course. Ces deux nouvelles activités de l'Ordre, la marine et la course, vont donner les moyens d'une nouvelle puissance aux Hospitaliers[87].


Le pape Clément V autorise en 1306 le nouveau grand maître Foulques de Villaret (1305–1319) à armer une flotte sans l'autorisation de Henri II roi de Chypre. L'Ordre dispose alors de deux galères, une fuste, un galion et deux dromons. Dans cette région de la Méditerranée orientale, les côtes très découpées, peu accessibles par terre, et la présence de nombreuses îles procurent de nombreux repaires aux pirates favorisant tous les trafics commerciaux mais aussi humains. À cette période, l'île de Rhodes est un refuge sûr pour tous ces trafics[88].


Installé à Malte, l'Ordre développe sa puissance maritime et maintient la paix en Méditerranée en combattant les Ottomans et les Barbaresques avec, pourtant, une flotte nettement inférieure, en unité navale, aux flottes musulmanes. Servir sur les galères de l'Ordre devient un passage obligé pour tous les aspirants chevaliers, souvent reçus dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dès leur plus jeune âge. Les familles nobles, majoritairement françaises, payaient à prix d'or le passage de leurs fils à Malte pour que ceux-ci deviennent pages du grand maître ou d'autres dignitaires de l'Ordre. Après une période de noviciat de douze mois, les novices devenaient chevaliers en prononçant leurs vœux. Ils devaient alors faire leurs caravanes. Ces caravanes, au nombre de trois, (quatre au XVIIe siècle) duraient généralement six mois chacune et formaient entre vingt et trente chevaliers par galère[89].


Rapidement, la flotte de l'Ordre devient une sorte d'académie navale avant l'heure, de grande réputation, attirant des nobles de nationalités étrangères à l'Ordre comme des Russes ou des Suédois qui s'engageaient comme volontaires pour une durée de deux ou trois ans. C'est ainsi que de grandes personnalités navales ont été formées dans l'incubateur maritime de l'Ordre. Quand il fallut recréer une marine française pour affirmer la puissance maritime de la France, le cardinal de Richelieu choisit pour modèle la tradition navale de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[89].



Une puissance coloniale |


Déjà au XVIe siècle, un Hospitalier, Nicolas Durand de Villegagnon commande la flotte de Gaspard II de Coligny qui colonisera la cote du Brésil sous le nom de France antarctique. Il donne son nom à l'ilha Villegaignon dans la baie de Rio de Janeiro[90].


Au XVIIe siècle, lors de la colonisation française des Amériques ou des Antilles, parmi les colonisateurs ou les administrateurs figuraient des chevaliers hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem comme Aymar de Chaste, Isaac de Razilly en Acadie, Charles Jacques Huault de Montmagny au Québec ou Philippe de Longvilliers de Poincy aux Antilles. Ils participaient à la colonisation en tant que représentants du roi de France mais non comme membre de l'Ordre. Mais de 1651 jusqu'en 1665, les Hospitaliers interviennent en leur nom comme colonisateur-administrateur aux Antilles[91].


Déjà en 1635, Razilly propose sans succès au grand maître Antoine de Paulo d'établir un prieuré et des commanderies en Acadie[90]. Poincy qui avait servi sous les ordres de Razilly comme commandant de fort en Acadie partageait les vues de son supérieur. Poincy est nommé gouverneur de l'île Saint-Christophe[92] pour le compte de la compagnie des îles d'Amérique avant d'être nommé lieutenant-général pour les Caraïbes par Louis XIII en février 1639. Poincy va investir à titre personnel dans le développement de l'île. Il charge en 1640 François Levasseur de prendre possession de l'île de la Tortue. Son action est considérée comme trop indépendante de ses commanditaires. L'ordre des Hospitaliers lui reproche aussi d'utiliser les produits qu'il tire de sa commanderie française pour entretenir un train de vie non compatible avec celui d'un membre de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il est finalement remplacé dans ses fonctions par Noël Patrocle de Thoisy le 25 février 1645. Le 25 novembre 1645, Poincy s'oppose au débarquement de Thoisy à Saint-Christophe. Après de multiples péripéties Poincy se fait livrer prisonnier Thoisy et le renvoie en France en 1647. Malgré l'appui des chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à la cour du Roi, Poincy doit payer 90 000 livres en dédommagement à Thoisy.


Resté à Saint-Christophe, Philippe de Longvilliers de Poincy établit en 1648 la première colonie européenne sur Saint-Barthélemy[92] et envoie un renfort de 300 hommes sur Saint-Martin pour conforter la petite colonie française en parallèle au traité de Concordia qui a fixé la frontière entre les établissements français et néerlandais, traité toujours en vigueur aujourd'hui. Il fonde en 1650 une colonie sur Sainte-Croix.


En 1651, la compagnie des îles d'Amérique fait faillite et Poincy réussi à convaincre le grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem Jean-Paul de Lascaris-Castellar d'acheter Saint-Christophe, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Sainte-Croix pour 120 000 écus. C'est Jacques de Souvré qui négocie l'accord qui sera confirmé en 1653 par le roi de France Louis XIV qui reste souverain des îles. Les Hospitaliers ont compétences temporelle et spirituelle sur leurs îles à la condition de ne nommer que des chevaliers des langues du royaume de France et fournir au roi 1 000 écus d'or chaque année anniversaire.


Philippe de Longvilliers de Poincy est confirmé dans sa charge de gouverneur mais l'Ordre nomme Charles Jacques Huault de Montmagny, ancien gouverneur de la Nouvelle-France, « général-proconsul » avec siège à Saint-Christophe avec mission de transférer au couvent général de l'Ordre les profits des colonies. Le précédent de Noël Patrocle de Thoisy, engage Montmagny à la prudence et quand il apprend que Poincy refuse de le reconnaître comme général-proconsul, il rentre en France. L'Ordre le renvoie en 1653 avec le titre de « lieutenant-gouverneur » et devant le refus réitéré de Poincy, Montmagny se retire à Cayonne attendant la mort de Poincy. Mais Montmagny meurt en 1657, trois ans avant Poincy.


L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem nomme Charles de Sales, nouveau « lieutenant-gouverneur » de 1660 à 1664, qui se fait facilement accepter par les populations. Mais la situation est de plus en plus difficile : le traité signé par Poincy peu avant sa mort avec les Anglais et les Caraïbes dure peu ; les revenus que les Hospitaliers tirent de leurs colonies sont de peu de rendement. En 1660, l'Ordre doit toujours de l'argent à la France pour l'achat des îles. Colbert très intéressé par le développement des colonies fait pression sur les Hospitaliers pour récupérer leurs îles. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, alors que Claude de Roux de Saint-Laurent est « lieutenant-gouverneur » en 1665, cède ses colonies antillaises à la toute nouvelle compagnie française des Indes occidentales mettant ainsi fin à 14 ans de gestion coloniale.



L'Ordre et la culture |




Portrait d'Alof de Wignacourt, 54e grand maître de l'ordre, peint par Caravage qui fut un éphémère chevalier de Malte


Le rayonnement de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem fait de Malte aux XVIe et XVIIIe siècles un lieu de rencontre et de raffinement où se croisèrent de nombreux artistes[93] tel Le Caravage ou encore Mattia Preti.


De plus, l'Ordre accumule de très nombreux trésors baroques au XVIIIe siècle : on y trouve en particulier des tapisseries exécutées par les Gobelins entre 1708 et 1710[93].


La grande bibliothèque de Malte construite entre 1786 et 1796[93] selon les plans de Stefano Ittar, est inaugurée après le départ des chevaliers en 1812 par les Anglais. Elle recélait en 1798, 80 000 livres[93] et toutes les archives de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui y sont encore.



L'Ordre et la médecine |


Du XVIe au XVIIIe siècle, les Hospitaliers vont développer de manière très importante les techniques de médecine et de chirurgie comme des éponges imbibées d'opium que les malades suçaient jusqu'à s'évanouir[94]. Mais tout commence réellement avec l'Hospital de Jérusalem dès le XIIe siècle (les statuts de Roger de Moulins du 14 mars 1182 officialisent pour la première fois dans le personnel soignant de l'Ordre, des médecins et des chirurgiens[47], puis avec celui de Rhodes. En 1523 les Hospitaliers innovent dans la médecine d'urgence en créant le premier navire hôpital avec la caraque Santa Maria[95] ; ils inventent les infirmeries de campagne sous des tentes afin de pouvoir soigner les militaires blessés durant la guerre contre le corsaire ottoman Dragut en 1550[95].


Parallèlement, entre 1530 et 1532, le grand maître Philippe de Villiers de L'Isle-Adam crée une « Commission de santé » composée de deux chevaliers et de trois notables[95] et recrée un grand hôpital la Sacra Infermeria (la Sacrée Infirmerie) et une apothicairerie à Malte[95].


En 1595, une école de médecine est créée[96] puis en 1676, c'est l'école d'anatomie et de chirurgie[96], puis l'école de pharmacie de Malte en 1671[96] et enfin en 1687, la bibliothèque médicale[96]. Mais c'est en 1771 qu'est créée la célèbre université de médecine[96] qui ajoutera au rayonnement des Hospitaliers dans toute la Méditerranéenne mais aussi dans tout le monde occidental[96] ; en 1794, c'est la création de la chaire de dissection[96].


On peut également noter la création de l'école de mathématiques et des sciences nautiques au sein de l'université de Malte en 1782[96].



Référencement |



Notes |





  1. Pour être complet il faut signaler qu'un certain nombre d'auteurs utilisent l’expression « ordre de Malte », quelquefois même pour parler de la période rhodienne. Si c'est une expression en voie de régression pour les auteurs modernes, elle était relativement courante au XIXe siècle avant de devenir une des appellations officielles de l'ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte en 1961.


  2. L'expression La Religion est aussi utilisée en héraldique où l'on dit que les armes des grands maîtres sont écartelées à « La Religion » ou au chef de « La Religion » pour celles des commandeurs. Les armes de « La Religion » sont à la croix d'argent sur fond de gueule


  3. L'ordre souverain de Malte, de son nom complet ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, date officiellement du 27 juin 1961 au moment de la promulgation et de la reconnaissance papale de la Charte constitutionnelle qui énonce dans son paragraphe 1 De l'origine et de la nature de l'Ordre, article 1 « L'Ordre Souverain Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Rhodes, dit de Malte, issu des Ospitalarii de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem […] est un Ordre religieux laïque, traditionnellement militaire, chevaleresque et nobiliaire. » (cf. « Charte constitutionnelle de l'ordre souverain de Malte sur son site »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (1961) p. 9).
    Nota : il est clairement indiqué « issu », cela ne veut pas dire « est »





Références |




  1. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 14


  2. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 39


  3. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 26


  4. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 71


  5. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 74


  6. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 143-144


  7. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 94


  8. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 123


  9. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 125


  10. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 153-154


  11. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 175-176


  12. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 248-249


  13. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 252


  14. a et bJoseph Delaville Le Roulx (1887) p. 344-345


  15. a et bAlain Blondy (2002) p. 402


  16. Alain Demurger, in Prier et Combattre, p. 22


  17. a b et cAlain Demurger, in Prier et Combattre, p. 23


  18. Manuscrit conservé aux Archives vaticanes, cote Vat. Lat. 4852


  19. Alain Beltjens, in Prier et Combattre, p. 416


  20. Alain Demurger et Philippe Josserand in Prier et Combattre, p. 438


  21. Nicolas Vatin, in Prier et Combattre, p. 416


  22. Jürgen Sarnowski, in Prier et Combattre, p. 227


  23. Joseph Delaville Le Roulx, Cartulaire général de l'ordre des hospitaliers de S.-Jean de Jérusalem (1100-1310), Perrin, 1894-1906 (lire en ligne)


  24. Alain Demurger, in Prier et Combattre, p. 29-30


  25. Alain Demurger, in Prier et Combattre, p. 36


  26. Alain Demurger, in Prier et Combattre, p. 38


  27. Alain Demurger, 2013, p. 14


  28. Nicole Bériou (dir. et rédacteur), Philippe Josserand (dir.) et al. (préf. Anthony Luttrel & Alain Demurger), Prier et combattre : Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Fayard, 2009, 1029 p. (ISBN 978-2-2136-2720-5, présentation en ligne)


  29. a b et cAlain Demurger (2013) p. 15


  30. a et bAlain Blondy (2002) p. 8


  31. Alain Demurger (2013) p. 17


  32. Alain Blondy (2002) p. 7


  33. Alain Demurger (2013) p. 19


  34. L'article Ordre de l'Hopital dans le dictionnaire Prier et Combattre, p. 445-452


  35. Alain Demurger (2013), chapitre de l'hôpital à l'Hôpital, p. 55-61


  36. Joseph Muscat et Andrew Cuschieri, Naval Activities of the Knights of St John, 1530-1798, Midsea Books, Malta, 2002, p. 148


  37. Desmond Seward (2008), p. 207


  38. a et bAlain Demurger (2013) p. 16


  39. Voir l'article Chevalier dans le dictionnaire Prier et Combattre, p. 224-225


  40. Jonathan Riley-Smith (2005) p. 42


  41. Alain Demurger (2013) p. 47


  42. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 13.


  43. a et bAlain Demurger (2013) p. 58 et p. 61


  44. Alain Demurger (2013) p. 50-53


  45. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 28.


  46. Alain Demurger (2013) p. 101


  47. a et bAlain Demurger (2013) p. 111


  48. Alain Demurger (2013) p. 103


  49. a et bAlain Demurger (2013) p. 242


  50. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 32


  51. Bertrand Galimard Flavigny (2006) pp. 36-37.


  52. a et bBertrand Galimard Flavigny (2006), p. 20.


  53. Bertrand Galimard Flavigny (2006) pp. 50-54.


  54. Bertrand Galimard Flavigny (2006) pp. 109-126.


  55. a b et cBertrand Galimard Flavigny (2006) p. 331.


  56. Alain Demurger (2005) p. 467.


  57. Nicolas Vatin, L'Ordre de Saint-Jean-de Jérusalem, l'Empire ottoman et la Méditerranée orientale entre les deux sièges de Rhodes (1480–1522), coll. « Turcica » no 7, Paris, 1994 (ISBN 2-87723-161-5)


  58. Housley 1992, p. 228


  59. Nossov 2010, p. 46


  60. Setton 1984, p. 351


  61. Setton 1969, p. 324


  62. Eric Brockman, The Two Sieges of Rhodes, 1480–1522, Londres, 1969.


  63. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 332


  64. Les ordres de Saint-Jean sur le site officiel français de l'ordre souverain de Malte


  65. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) p. 275


  66. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) p. 25


  67. Alain Demurger (2013) p. 61


  68. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) p. 28


  69. Bertrand Galimard Flavigny (2006), p. 17


  70. Bertrand Galimard Flavigny (2006) p. 50


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  72. a et bAlain Demurger (2013) p. 170


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  75. Alain Demurger (2013) p. 172


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  77. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) pp. 35-36


  78. Delaville Le Roulx (1887) p.2


  79. Delaville Le Roulx (1881) p.13


  80. Delaville Le Roulx (1881) p.14


  81. Delaville Le Roulx (1881) p.15-16


  82. Delaville Le Roulx (1881) p.17


  83. Delaville Le Roulx (1881) p.17-18


  84. a b c d et eBertrand Galimard Flavigny (2006) p. 291.


  85. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) p. 141


  86. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) pp. 71-72


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  88. Bertrand Gallimard Flavigny (2006) p. 142


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  93. a b c et dBertrand Galimard Flavigny (2206) pp. 198–210.


  94. Paul Cessar (2005) La Sacra Infermeria The Mediterranean Conference Centre Publisher, Malta


  95. a b c et dBertrand Galimard Flavigny (2006) pp. 211–225.


  96. a b c d e f g et hBertrand Galimard Flavigny (2006) p. 332.



Sources |


Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.



  • Gilles d'Aubigny et Bernard Capo, Les Hospitaliers de Malte, neuf siècles au service des autres, Ordre de Malte-France, 1999


  • Les Hospitaliers de Malte (scénario : G. d'Aubigny) (Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte - 1999)

  • Alain Blondy, L'Ordre de Malte au XVIIIe siècle : Des dernières splendeurs à la ruine, Paris, Bouchene, 2002(ISBN 2912946417)

  • Antoine Calvet, Les Légendes de l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, Presses de l'université Paris-Sorbonne, Ceroc no 11, 2000


  • Joseph Delaville Le Roulx, Les statuts de l'ordre de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem In : Bibliothèque de l'école des chartes, 1887, tome 48, pp. 341-356.


  • Alain Demurger, Les Hospitaliers, de Jérusalem à Rhodes, 1050-1317, Tallandier, 2013, 574 p. (ISBN 979-10-210-0060-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Le Seuil, 2002 (ISBN 2-02-049888-X)


  • Claire-Éliane Engel, Histoire de l'ordre de Malte, Nagel, 1968

  • Bertrand Galimard Flavigny, Histoire de l’ordre de Malte, Paris, Perrin, 2006 (ISBN 2-262-02115-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article

  • Bertrand Galimard Flavigny, Les Chevaliers de Malte. Des hommes de fer et de foi, Découvertes Gallimard, 1998

  • (en) Norman Housley, The Later Crusades, 1274-1580: From Lyons to Alcazar, Oxford University Press, 1992(ISBN 9780198221364)


  • Eugène Mannier, Ordre de Malte : les commanderies du grand prieuré de France, Paris, Auguste Aubry & Dumoulin, 1872, 808p en ligne sur Google Books

  • Olivier Matthey-Doret, Du moine hospitalier du XIes. au Citoyen engagé au XXIes., Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, commission héraldique et numismatique

  • (en) Konstantin Nossov, The Fortress of Rhodes 1309-1522, Osprey Publishing, 2010(ISBN 9781846039300)

  • Jonathan Riley-Smith, Atlas des croisades, Autrement, collection Atlas/Mémoires, 2005


  • Robert Serrou, L'Ordre de Malte, Éditions Guy Victor, 1963

  • (en) Kenneth Meyer Setton, The Papacy and the Levant, 1204-1571, vol. 2, American Philosophical Society, 1978(ISBN 9780871691620)


  • Les Statuts de l'ordre de l'Hôpital, Bibliothèque de l'École des chartes, Paris, 1887


  • (de) Robert Prantner, Malteserorden und Völkergemeinschaft, Duncker und Humblot, Berlin 1974, IS


  • Abbé de Vertot, de l’académie des Belles Lettres, Histoire des chevaliers hospitaliers de S. Jean de Jerusalem, appellez depuis les chevaliers de Rhodes, et aujourd’hui les chevaliers de Malte, A Paris, chez Rollin, Quillau, Desaint, 1726, avec approbation et privilège du Roy. (4 volumes).


  • (de) Adam Wienand (Hrsg.), Der Johanniter-Orden, der Malteser-Orden. Der ritterliche Orden des hl. Johannes vom Spital zu Jerusalem, seine Geschichte, seine Aufgaben, Cologne 1988, (ISBN 3-87909-163-3)



Annexes |



Articles connexes |



  • Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Terre sainte

  • Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes

  • Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte

  • Dévolution des biens de l'ordre du Temple

  • Éclatement de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem

  • Organisation de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem


  • Commanderie hospitalière, Baillie hospitalière, Prieuré hospitalier

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