Séverine
Pour les articles homonymes, voir Rémy et Séverine (homonymie).
Naissance | 27 avril 1855 Paris |
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Décès | 24 avril 1929(à 73 ans) Pierrefonds |
Nom de naissance | Caroline Rémy |
Surnom | Séverine |
Pseudonymes | Arthur Vingtras Séverine |
Nationalité | France |
Activités | Militante, journaliste, écrivaine, dirigeante de presse, féministe, suffragette |
Conjoints | Georges de Labruyère Antoine-Henri Montrobert (d) (de 1871 à 1885) Adrien Guebhard (d) (depuis 1885) |
Enfant | Roland Guebhard (d) |
A travaillé pour | Le Cri du peuple, L'Humanité, Nos loisirs |
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Partis politiques | Section française de l'Internationale ouvrière (depuis 1918) Parti communiste français (depuis 1921) |
Membre de | Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen |
Séverine, née Caroline Rémy, née le 27 avril 1855 à Paris et morte le 24 avril 1929 à Pierrefonds, est une écrivaine et journaliste libertaire et féministe française[1].
Sommaire
1 Biographie
2 Œuvres
2.1 Œuvres personnelles
2.2 Œuvres en collaboration
2.3 Préfaces
3 Bibliographie
4 Hommages
5 Téléfilm
6 Notices
7 Liens externes
8 Notes et références
Biographie |
Fille d’un petit fonctionnaire (inspecteur des nourrices) à la Préfecture de police de Paris, Caroline Rémy est née le 27 avril 1855 à Paris. Rien dans ses origines ni dans sa formation ne la prédisposait à devenir la journaliste engagée qu'elle sera par la suite.
En 1871, elle est mariée, sans son consentement, à Antoine-Henri Montrobert, un employé du gaz, dont elle se sépare rapidement, malgré la naissance d'un fils. Elle est ensuite la compagne d’Adrien Guebhard (1849-1924), professeur de médecine, issu d’une famille suisse fortunée, qu’elle épouse en 1885, quand le divorce est à nouveau autorisé en France ; elle a avec lui un autre fils, Roland.
C'est à l'occasion de cette naissance, à Bruxelles, qu'elle rencontre Jules Vallès en 1879, peu avant l'amnistie des Communards. Cette rencontre change complètement le cours de sa vie[2] : outre une profonde amitié qui les unira jusqu'à la mort de Vallès, elle devient bientôt « le » secrétaire de celui-ci. À ses côtés, elle apprend le journalisme et s'initie au socialisme. Elle lui procure le soutien financier d'Adrien Guebhard pour relancer Le Cri du peuple, qu'elle dirige avec lui, et dont elle reprend la direction après la mort de Vallès, en 1885, dans l'esprit qu'il avait insufflé au journal. Elle fut la première femme « patron » d'un grand quotidien. Mais, en 1888, à cause d'un conflit idéologique de fond avec le marxiste Jules Guesde, elle doit quitter Le Cri du peuple. Elle continue à écrire, de manière indépendante, dans de très nombreux journaux, vivant confortablement de sa plume (plus de 4 000 articles). Son indépendance et son antiparlementarisme la conduisent parfois sur des chemins incertains. Ainsi, elle écrit en 1893-1894 dans La Libre Parole du pamphlétaire antisémite Édouard Drumont, dont elle ne partage pas l'antisémitisme théorisé et systématique ; néanmoins, elle se laisse parfois aller à la dénonciation de l'« esprit juif » ou des « grands Juifs »[3].
Tombée amoureuse en 1885 de Georges de Labruyère, un journaliste de L'Écho de Paris rencontré après le décès de Vallès, elle vit avec lui jusqu’à la mort de ce dernier en 1920, avant de reprendre la vie commune avec son second mari, Adrien Guebhard, qui, lui, disparaît en 1924.
À partir de 1897, elle publie chaque jour ses "Notes d'une frondeuse" dans La Fronde, le quotidien féministe de son amie, la journaliste Marguerite Durand avec laquelle elle avait été engagée dans le mouvement du général Boulanger. Elle devient l'amie de Mme Daniel-Lesueur lors de leur collaboration à La Fronde (1897-1903), puis participe à la création du prix Vie Heureuse (ancêtre du prix Femina) en 1904 (elle en est présidente en 1906 quand le jury se réunit chez Mme Daniel-Lesueur, celle-ci lui succédant l'année suivante) et restera membre du jury jusqu'à sa mort.
Séverine s’engage dans la lutte pour le droit de vote des femmes notamment à travers son billet hebdomadaire qu'elle publie à partir de 1906 dans Nos loisirs, diffusé à plus d'un demi million d'exemplaires. En 1910, quand elle commente ainsi la prescription de la loi électorale qui interdit à la femme l’entrée du Parlement : « Cet ignorant qui ne sait ni lire, ni écrire, si incapable de distinguer sa droite de sa gauche qu’au régiment ses chefs feront garnir différemment ses deux sabots, et que les mouvements s’exécuteront au commandement : « Paille ! Foin !... Paille ! Foin ! » cet ignorant est électeur. Ce butor qui assomme ses chevaux à coups de fouet, sans discernement, sans pitié, sans même le souci de son intérêt ; qui distribue à tort et à travers l’injustice et la souffrance, ce butor est électeur... Ce pochard qui ne désemplit pas, de l'aube au crépuscule et du soir au matin, ce semblant d’homme, aviné, hoqueteux, baveux, ayant laissé sa raison au fond du premier verre, tellement il est intoxiqué, tantôt ricochant d’un mur à l’autre et tantôt vautré dans ses déjections, ce pochard est électeur... Électeur encore, ce fainéant qui se fait nourrir par sa femme, et cet apache qui vit de la fille : électeur ; ce gâteux qui s’usa les moelles en de sales noces : électeur ; ce demi-fou et ce fou prétendu guéri. Électeur enfin l’imbécile, maître du monde ! Mais la femme réputée inférieure à tous ceux-là, n’a d’emploi que comme contribuable ; qu’un devoir : celui de payer ; qu’un droit : celui de se taire. »[4].
En juillet 1914, tandis que René Viviani devenait président du conseil, Séverine organisa une manifestation qui rassembla 2 400 personnes en faveur du vote des femmes. Un cortège, le premier du genre, défila des Tuileries à la statue de Condorcet. La guerre arrêta momentanément le mouvement[5]. La volonté de Séverine était d'unifier les associations suffragistes en une entente fédérale pour le suffrage des femmes qui oublierait les désaccords entre les associations [6].
Elle continue à écrire pour de nombreux journaux dans lesquels elle défend la cause de l’émancipation des femmes et dénonce les injustices sociales. Elle s'engage aussi dans l’affaire Dreyfus aux côtés des dreyfusards et notamment de Mécislas Golberg. Très généreuse, elle organise de nombreuses souscriptions. Elle soutient certaines causes anarchistes, prend la défense de Germaine Berton et, à la fin de sa vie, s'associe aux efforts entrepris en vain pour sauver Sacco et Vanzetti en 1927.
Pacifiste, elle condamne l’« Union sacrée » en 1914 et adhère au Parti socialiste SFIO en 1918. Collaboratrice à L'Humanité, elle adhère en 1921 au Parti communiste, qu'elle quitte lorsqu’on la met en demeure de rompre avec la Ligue des droits de l'homme qu’elle avait contribué à créer.
En 1927, elle signe la pétition publiée, le 15 avril, dans la revue Europe, contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion, aux côtés d’Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains.
Peu avant sa mort, elle participe à la campagne de soutien à la candidature du docteur Albert Besson, qui est élu conseiller municipal du quartier Saint-Fargeau, conseiller général de la Seine puis vice-président du Conseil de Paris et du conseil général de la Seine. En 1933, en mémoire de celle-ci, il fera attribuer le nom de « Séverine » au square qu'il fait réaliser porte de Bagnolet.
Sa maison de Pierrefonds, qu'elle avait baptisée "Les Trois marches" en souvenir de l'hôtel de Rennes où elle logeait pendant le procès en révision de Dreyfus en 1899, est rachetée à sa mort par Marguerite Durand qui en fait une résidence d'été pour les femmes journalistes. La bibliothèque Marguerite Durand possède de nombreux documents de et sur Séverine, parmi lesquels des manuscrits, de la correspondance, ainsi que quelques objets lui ayant appartenu.
Œuvres |
Œuvres personnelles |
Pages rouges, Paris, H. Simonis Empis, 1893
Notes d’une frondeuse : de la Boulange au Panama, Préf. Jules Vallès, Paris, H. Simonis Empis, 1894[7]
Pages mystiques, Paris, H. Simonis Empis, 1895
En marche, Paris, H. Simonis Empis, 1896[8]
La crèche de Babel, 1898, Paris-Noël.
Affaire Dreyfus : Vers la lumière... impressions vécues, Paris, Stock, 1900[9]
La Toute-puissance de la bonté, [S. l.], 1900
Sac à tout : mémoires d’un petit chien, Paris, F. Juven, 1903
À Sainte-Hélène, pièce en 2 actes, Paris, V. Giard et E. Brière, 1904
Line : 1855-1867, Paris, Crès, 1921
Choix de papiers, annotés par Évelyne Le Garrec, Paris, Tierce, 1982
Impressions d’audience, [Émile Zola, "J’accuse !", réactions nationales et internationales], Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 1999
Œuvres en collaboration |
Octave Aubry, De l’amour, de l’ironie, de la pitié, avec une lettre liminaire de Mme Séverine, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1904- Félix Desvernay, Laurent Mourguet et Guignol. La Vie de Laurent Mourguet, Discours prononcés à l’inauguration du monument par Justin Godart, Édouard Herriot, Joanny Bachut, R. Du Marais et Séverine, Lyon, A. Rey, 1912
- Ferdinand Buisson, Victor Bérard, Paul Painlevé, Séverine, Pour l’Arménie indépendante, Paris, Ligue des droits de l’homme et du citoyen, 1920
- Séverine, la comtesse de Noailles, J.-G. Frazer et Paul-Louis Couchoud, Quatre témoignages sur Anatole France, La Charité-sur-Loire, A. Delayance, 1924
Préfaces |
- Raymond Péricat. Être un homme, préface inédite et posthume de Madame Séverine, Courbevoie, La Cootypographie, [s. d.]
- Gabriel Nigond, Les Contes de la Limousine, Paris, P. Ollendorff, 1912
- Henriette Sauret, Les Forces détournées, 1914-1917, Paris, Librairie d’action d’art de la ghilde « les Forgerons », 1918
- Henry Torrès, Histoire d’un complot, Paris, Éditions Clarté, 1921
- Stanislas Zwick, La voix qui s'étrangle, Paris, Daragon, 1909
Bibliographie |
Hugues Lapaire, Séverine, citoyenne de La Châtre en Berry, 40 p., éditions du Gargaillou, Châteauroux- Paul Couturiau, Séverine, l’insurgée, Monaco, Éditions du rocher, 2001. (ISBN 2-268-04054-2)
- Christiane Demeulenaere-Douyère, Séverine & Vallès, ou Le Cri du peuple, Paris, Payot, 2003. (ISBN 2-228-89708-6) (CR: http://rh19.revues.org/index976.html).
- Évelyne Le Garrec, Séverine (1855-1929), Vie et combats d'une frondeuse (postface de Bernard Noël), l'Archipel, 2009
Françoise Blum, « Séverine ou la recherche d'une justice perdue », Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle, no 11 « Comment sont-ils devenus dreyfusards ou anti-dreyfusards ? », 1993, p. 94-100 (lire en ligne).
Hommages |
À Paris, un square et une station du tramway T3b portent son nom.
Téléfilm |
Dans Jaurès, naissance d'un géant, téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe (2005), elle est interprétée par Florence Pernel.
Notices |
Notices d'autorité :- Fichier d’autorité international virtuel
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Bibliothèque nationale de France (données)- Système universitaire de documentation
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- Ressources relatives à la littérature : NEWW Women Writers • Online Books Page
Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : notice biographique.
Liens externes |
Charles Ogerau, Portrait de Séverine de trois quarts sur parisenimages.fr.
Charles Ogerau, Portrait de Séverine sur parisenimages.fr.- Œuvres de et sur Séverine dans les bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris sur http://bibliotheques-specialisees.paris.fr/in/faces/browse.xhtml?query=s%C3%A9verine&searchType=all
Notes et références |
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Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : SÉVERINE (Caroline RÉMY, dite).
Évelyne Le Garrec, Séverine, une rebelle 1855-1929 (édition du Seuil, 1982), 308 pages.
Françoise Blum, « Séverine ou la recherche d'une justice perdue », in Mil neuf cent, no 11, 1993, p. 94.
Séverine, citée en mai 1910 par le journaliste Léon Aumeran, dans le journal Le Progrès de Bel-Abbès : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5739964b.
Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, collection La Découverte, p. 74.
Les Femmes actrices de l'histoire, de 1789 à nos jours, par Yannick Ripa. Armand Colin.
Notes d'une frondeuse
En marche
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