Jean-Paul Sartre





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Sartre 1967 crop.jpg

Jean Paul Sartre en 1967.























































Naissance

21 juin 1905
Paris, Drapeau de la France France
Décès

15 avril 1980(à 74 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Sépulture

Cimetière du MontparnasseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité

Français
Langue maternelle

FrançaisVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation

Lycée Henri-IV
Lycée Louis-le-Grand
Cours Hattemer
École normale supérieure
Université de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata

École/tradition

Existentialisme, phénoménologie, marxisme
Principaux intérêts

Métaphysique, ontologie, phénoménologie, théorie de la connaissance, politique, éthique
Idées remarquables

« L'existence précède l'essence », Mauvaise foi, Néant
Œuvres principales

L'Être et le Néant
L'existentialisme est un humanisme
Critique de la raison dialectique
Influencé par

Descartes, Rousseau, Kant, Spinoza, Hegel, Nietzsche, Kierkegaard, Marx, Husserl, Bergson, Heidegger, Kojève, Nizan, De Beauvoir, Merleau-Ponty
A influencé

Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty, René Leibowitz, Bernard-Henri Lévy, André Gorz, C.W. Mills, Gilles Deleuze, Ronald Laing, Alain Badiou, Emmanuel Levinas, Robert Misrahi
Distinctions

Ordre national de la Légion d'honneur
Prix Eugène-Dabit du roman populiste
Prix Nobel de littérature (1964)Voir et modifier les données sur Wikidata



signature de Jean-Paul Sartre

signature







Jean-Paul Sartre


























Nom de naissance
Jean-Paul-Charles-Eymard-Léon-Eugène Sartre
Naissance
21 juin 1905
Paris, Drapeau de la France France
Décès
15 avril 1980(à 74 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Activité principale

Philosophe et écrivain

Distinctions

prix Nobel de littérature 1964 (qu'il a refusé)














Auteur
Langue d’écriture
Français
Adjectifs dérivés
« Sartrien »

Œuvres principales





  • La Nausée (1938)


  • Le Mur (1939)


  • Les Mouches (1943)


  • L'Être et le Néant (1943)


  • Huis clos (1944)


  • L'existentialisme est un humanisme (1945)


  • Les Mains sales (1948)


  • Critique de la raison dialectique (1960)


  • Les Mots (1964)



Compléments



  • Compagnon de Simone de Beauvoir




Signature de Jean-Paul Sartre



Jean-Paul Charles Aymard Sartre [ ʒãpol saχtχ][1], né le 21 juin 1905 dans le 16e arrondissement de Paris et mort le 15 avril 1980 dans le 14e arrondissement, est un écrivain et philosophe français, représentant du courant existentialiste, dont l'œuvre et la personnalité ont marqué la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970.


Écrivain prolifique, fondateur et directeur de la revue Les Temps modernes (1945), il est connu aussi bien pour son œuvre philosophique et littéraire qu'en raison de ses engagements politiques[n 1], d'abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes, au sens léniniste[2] du terme, plus particulièrement maoïstes, dans les années 1970.


Son œuvre comporte plusieurs essais et textes philosophiques ayant marqué leur époque, comme L'Être et le Néant (1943), le bref L'existentialisme est un humanisme (1946) ou la Critique de la raison dialectique (1960), mais surtout des textes littéraires contenant des messages philosophiques : nouvelles (Le Mur), romans (la Nausée, les Chemins de la liberté), pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos, La Putain respectueuse, Le Diable et le Bon Dieu, Les Séquestrés d'Altona). Il a publié des études biographiques sur plusieurs créateurs comme Le Tintoret, Mallarmé, Baudelaire, Faulkner ou Jean Genet, ainsi qu'une vaste étude sur Gustave Flaubert, L'Idiot de la famille (1971-1972). Un texte court, mais important est son étude autobiographique, Les Mots, qui évoque les onze premières années de sa vie.


Intransigeant et fidèle à ses idées, il a toujours rejeté tant les honneurs que toute forme de censure ; il a notamment refusé le prix Nobel de littérature en 1964 ; exception notable, il a cependant accepté le titre de docteur honoris causa de l'Université de Jérusalem en 1976. Il refusa de diriger une série d'émissions télévisées qu'on lui proposait, parce qu'on y mettait comme condition la réalisation d'une maquette préalable, et expliqua : « Je n'ai plus l'âge de passer des examens. » Il contribua à la création du journal Libération, allant jusqu'à le vendre lui-même dans les rues pour donner plus de publicité à son lancement.


Il a partagé sa vie avec Simone de Beauvoir, philosophe de l'existentialisme et féministe, avec laquelle il a formé un des couples emblématiques du XXe siècle. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues, même si les deux auteurs se sont influencés.


D'autres intellectuels ont joué un rôle important à différentes étapes de sa vie : Paul Nizan et Raymond Aron, ses condisciples à l'École normale supérieure ; Maurice Merleau-Ponty et Albert Camus dans les années d'après-guerre, puis Pierre Victor alias Benny Lévy à la fin de sa vie.




Sommaire






  • 1 Biographie


    • 1.1 Introduction


    • 1.2 Jeunesse et engagement


      • 1.2.1 Enfance


      • 1.2.2 Années d'études


      • 1.2.3 Années au Havre : traversée du désert


      • 1.2.4 Guerre et Occupation




    • 1.3 Années de gloire


      • 1.3.1 Folie existentialiste et premiers engagements du philosophe


      • 1.3.2 Rassemblement démocratique révolutionnaire


      • 1.3.3 Tentation communiste


      • 1.3.4 Structuralisme, Flaubert et prix Nobel refusé




    • 1.4 Années d'engagement


      • 1.4.1 Guerre d'Indochine


      • 1.4.2 Guerre d'Algérie


      • 1.4.3 Cuba


      • 1.4.4 Mai 68


      • 1.4.5 Guerre du Vietnam/Rapport CIA/Assassinat de JFK


      • 1.4.6 Homme d'extrême gauche


      • 1.4.7 Problème israélo-palestinien


      • 1.4.8 Engagement jusqu'au bout


      • 1.4.9 Le scandale de l'Espoir maintenant


      • 1.4.10 La mort






  • 2 Philosophie


    • 2.1 Être en-soi et être pour-soi


    • 2.2 L'existence précède l'essence


    • 2.3 Liberté et aliénation


    • 2.4 Marxisme


    • 2.5 L'espoir


    • 2.6 Critique




  • 3 Écrits sur l'art et les artistes


  • 4 Hommage


  • 5 Œuvres


    • 5.1 Romans et nouvelles


    • 5.2 Théâtre


    • 5.3 Autobiographie, mémoires, entretiens et correspondance


    • 5.4 Essais


    • 5.5 Essais politiques


    • 5.6 Critique littéraire


    • 5.7 Ouvrages de critique littéraire posthumes


    • 5.8 Philosophie


    • 5.9 Ouvrages philosophiques posthumes


    • 5.10 Scénarios


    • 5.11 Adaptations au cinéma


    • 5.12 Chanson




  • 6 Articles connexes


  • 7 Notes et références


    • 7.1 Notes


    • 7.2 Références




  • 8 Annexes


    • 8.1 Bibliographie


      • 8.1.1 Philosophie


      • 8.1.2 Ouvrages biographiques


      • 8.1.3 Littérature




    • 8.2 Filmographie


    • 8.3 Filmographie, en tant que lui-même


    • 8.4 Articles connexes


    • 8.5 Liens externes







Biographie |


« Je n’essaie pas de protéger ma vie après coup par ma philosophie, ce qui est bâtard, ni de conformer ma vie à ma philosophie, ce qui est pédantesque, mais vraiment, vie et philo ne font plus qu’un. » (Carnets de la drôle de guerre)



Introduction |


Jean-Paul Sartre laisse derrière lui une œuvre considérable, sous forme de romans, d'essais, de pièces de théâtre, d'écrits philosophiques ou de biographies. Sa philosophie a marqué l'après-guerre, et il reste, avec Albert Camus, un symbole de l'intellectuel engagé.
De son engagement dans la résistance en 1941 (engagement mis en doute en raison de son attitude trouble durant l'Occupation[3]), jusqu'à sa mort, en 1980, Sartre n'a cessé de défrayer la chronique.
Il fut en effet de tous les combats, pleinement et totalement engagé dans son époque, embrassant avec ferveur toutes les causes qui lui ont semblé justes. Sorte de Voltaire[4] du XXe siècle, Sartre aura milité inlassablement, jusqu'au bout de sa vie.
Selon de nombreux commentateurs et pour Sartre lui-même, sa vie est séparée en deux par la Seconde Guerre mondiale. On distingue alors deux grandes périodes dans l'œuvre sartrienne : une approche philosophique théorique axée sur l'ontologie de L'Être et le Néant (1943) ; puis une période plus pratique, où l'auteur cherche à appliquer sa méthode exposée dans la Critique de la raison dialectique (1960)[5]. Cette seconde période de son œuvre a fortement influencé les sociologues qualitativistes comme Erving Goffman.



Jeunesse et engagement |



Enfance |


Jean-Paul-Charles-Aymard Sartre naît le 21 juin 1905, au no 13 rue Mignard à Paris[6]. Fils unique, il provient d’une famille bourgeoise : sa mère provient d’une famille d’intellectuels et de professeurs alsaciens, les Schweitzer (elle est la cousine d'Albert Schweitzer[7]), son oncle du côté maternel est polytechnicien[8], son père Jean-Baptiste Sartre (1874-1906), X 1895[9], est un militaire, enseigne de vaisseau. Le petit Sartre n'a jamais connu son père, qui meurt de la fièvre jaune quinze mois après sa naissance.


L’image du père est pourtant là : c’est son grand-père, Charles Schweitzer, homme à la personnalité imposante, qui l’éduque avant qu’il n'entre à l’école publique à dix ans. De 1907 à 1917, le petit « Poulou », comme on l’appelle, va donc vivre avec sa mère chez les parents de celle-ci. Il y passe dix années heureuses. Le petit Poulou va être adoré, choyé, félicité tous les jours, ce qui va sans doute construire chez lui un certain narcissisme. Dans la grande bibliothèque de la maison Schweitzer il découvre très tôt la littérature, et préfère lire plutôt que de fréquenter les autres enfants (enfance évoquée dans son autobiographie Les Mots).


Cette période se termine en 1917 : sa mère se remarie avec Joseph Mancy, ingénieur de la marine, que Sartre, alors âgé de 12 ans, ne finira jamais de haïr. Ils déménagent alors à La Rochelle, où il restera jusqu'à l'âge de 15 ans, trois années qui seront pour lui des années de calvaire : Sartre passe en effet du climat familial heureux à la réalité des lycéens qui lui paraissent violents et cruels.


Vers l’été 1920, malade, Jean-Paul Sartre est ramené d’urgence à Paris. Soucieuse de son éducation qui pourrait être « pervertie » par les mauvais garçons du lycée de La Rochelle, sa mère décide que son fils restera à Paris.



Années d'études |




Jean-Paul Sartre, étudiant à l'École normale supérieure de Paris en 1924.


À 13 ans, il est brièvement inscrit au lycée Montaigne (Paris)[10]. À 16 ans, Sartre revient au lycée Henri-IV où il avait été élève en sixième et cinquième. Il y retrouve Paul Nizan, lui aussi apprenti écrivain, avec qui il nouera une forte amitié, jusqu’à sa mort en 1940. Épaulé par cette amitié, Sartre commence à se construire une personnalité. Pour l’ensemble de la « classe d’élite » — « option » latin et grec — dans laquelle il étudie, Sartre devient le SO, c'est-à-dire le « satyre officiel » : il excelle en effet dans la facétie, la blague.


Sartre, toujours accompagné de Paul Nizan, prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand. Il y fait ses premières armes littéraires, en écrivant notamment deux petits contes, deux sinistres histoires de professeurs de province, dans lesquelles éclatent son ironie et son dégoût pour les vies conventionnelles. Dans le même temps Sartre reprend son rôle d’amuseur public avec Nizan, jouant blagues et petites scènes entre les cours. En 1924, deux ans après leur entrée à Louis-le-Grand, Sartre et Nizan sont tous deux reçus au concours de l'École normale supérieure de Paris (ENS)[11].


Sartre se fait tout de suite remarquer dans ce que Nizan appelle « l’école prétendue normale et dite supérieure ». Sartre reste en effet le redoutable instigateur de toutes les plaisanteries, de tous les chahuts, allant jusqu’à provoquer un scandale en jouant avec ses amis un sketch antimilitariste dans la revue de l’ENS de 1927, après lequel Gustave Lanson, directeur de l'école, démissionnera. La même année, il signe avec ses condisciples, et à la suite d'Alain, Lucien Descaves, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine…, la pétition (parue le 15 avril dans la revue Europe) contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion. Sartre a ainsi déjà un goût pour la provocation et le combat contre l’autorité. Il acquiert aussi une grande notoriété parmi ses professeurs et se fait ovationner dans chacune de ses arrivées au réfectoire. Si Sartre est volontiers un boute-en-train, c’est aussi un grand travailleur, dévorant plus de 300 livres par an, écrivant chansons, poèmes, nouvelles, romans à tour de bras. Sartre se lie d'amitié avec d'aucuns qui deviendront par la suite célèbres, comme Raymond Aron[12], Maurice Merleau-Ponty ou encore Henri Guillemin.


Pourtant, au cours de ces quatre années à l'École normale supérieure, Sartre ne paraît pas s’intéresser à la politique. Spontanément anarchisant, il ne va à aucune manifestation, ne s’enflamme pour aucune cause.




Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre devant la statue de Balzac à Paris


À la surprise de ses admirateurs, qui s'interrogent sur une possible erreur du jury, Sartre échoue en 1928 au concours d'agrégation de philosophie auquel Raymond Aron est classé premier (Sartre dira lui-même avoir fait preuve de trop d’originalité).


Préparant d'arrache-pied le concours pour la seconde fois, il rencontre dans son groupe de travail Simone de Beauvoir, présentée par un ami commun, René Maheu[13], qui la surnommait « castor », par référence à l'anglais beaver (qui signifie « castor » : d'une part, cet animal symbolise le travail et l’énergie, ou l'esprit constructeur de cet animal ; de l'autre la sonorité du mot beaver est proche de celle du nom « Beauvoir »). Ce surnom sera adopté par Sartre et elle deviendra sa compagne jusqu'à la fin de sa vie. Elle sera son « amour nécessaire » en opposition aux « amours contingents » qu’ils seront amenés à connaître tous deux. Sartre est reçu premier au concours d'agrégation à la seconde tentative, Simone de Beauvoir remportant la deuxième place.


En 1930, Raymond Aron lui conseille la lecture de Théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl, un ouvrage d’Emmanuel Lévinas[14]. Sartre se procure l’ouvrage. La découverte de Husserl est un choc : « le sentiment, soudain, que quelqu’un lui aurait coupé l’herbe sous le pied[15]». Sartre se dit : « Ah, mais il a déjà trouvé toutes mes idées[16]».


Après son service militaire qu'il accomplit à l'Office national de la météorologie[17] sur les conseils de Raymond Aron[18], Sartre (il a alors 26 ans) demande à être nommé au Japon, pays qui l’a toujours intéressé. Rêve brisé, puisqu'il est envoyé au lycée du Havre, aujourd'hui lycée François-Ier, à compter de mars 1931. C’est une épreuve pour Sartre, lui qui a tellement craint les vies rangées et qui a tellement critiqué dans ses écrits la vie ennuyeuse de professeur de province.



Années au Havre : traversée du désert |


Sartre entre alors de plain-pied dans la vie réelle, le travail et la vie quotidienne. S’il choque quelque peu les parents et les professeurs par ses manières, comme arriver en classe sans cravate, il séduit cinq générations d’élèves, pour lesquels il est un excellent professeur, chaleureux et respectueux, et souvent un ami. De là naît sa complicité avec l’adolescence, un contact qu’il aimera toujours avoir tout au long de sa vie.


Il découvre Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline en 1932[19]. Une œuvre qui marquera durablement Sartre.


Il prend la succession de Raymond Aron à l’Institut Français de Berlin en 1933 et 1934, où il complète son initiation à la phénoménologie de Husserl. Il découvre l'ouvrage de Martin Heidegger, Sein und Zeit, (Être et Temps). Là encore, c’est un choc[20].


La gloire qu'il pensait obtenir depuis l'enfance, ces années au Havre la remettent en cause, puisque ses écrits sont refusés par les éditeurs. La notoriété arrivera avec son premier livre publié en 1938 chez Gallimard, La Nausée, roman philosophique (« phénoménologique ») et quelque peu autobiographique, marqué par l'influence de Céline, racontant les tourments existentiels d'Antoine Roquentin, célibataire de 35 ans et historien à ses heures. Il est entretemps muté à l'école normale d'instituteurs de Laon, dans l'Aisne.


Deuxième bonne nouvelle : il est muté en octobre 1937 au lycée Pasteur de Neuilly, où il fait la connaissance de Robert Merle[21]. Commence alors pour lui une brève phase de notoriété, avec La Nausée qui manquera de peu le prix Goncourt et la publication d'un recueil de nouvelles, Le Mur. Cette phase va être brusquement stoppée par la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il est mobilisé à Nancy.



Guerre et Occupation |


Avant la guerre, Sartre n’a pas de conscience politique. Pacifiste, mais sans militer pour la paix, l’antimilitariste Sartre assume pourtant la guerre sans hésiter. L’expérience de la guerre et de la vie en communauté va le transformer du tout au tout.
Pendant la drôle de guerre, il est engagé comme soldat météorologiste. Sa fonction lui laisse beaucoup de temps libre, qu'il utilise pour écrire énormément (en moyenne douze heures par jour pendant neuf mois, soit 2 000 pages, dont une petite partie sera publiée sous le titre de Carnets de la drôle de guerre). Il écrit d’abord pour éviter le contact avec ses compagnons de route, car il supporte en effet assez mal les relations sérieuses et hiérarchiques qui sont celles de l’armée[n 2].


La drôle de guerre prend fin en mai 1940, et le faux conflit devient bien réel. Le 21 juin, Sartre est fait prisonnier à Padoux, dans les Vosges, et est transféré dans un camp de détention (Stalag XII D) de 25 000 détenus en Allemagne, près de Trêves. Son expérience de prisonnier le marque profondément : elle lui enseigne la solidarité avec les hommes. Loin de se sentir brimé, il participe à la vie communautaire : il raconte histoires et blagues à ses copains de chambrée, participe à des matchs de boxe, écrit et met en scène une pièce pour la veillée de Noël, Bariona, ou le Fils du tonnerre[23].


Cette vie dans le camp de prisonniers est importante, car elle est le tournant de sa vie : dorénavant, il n’est plus l’individualiste des années 1930, mais se fixe un devoir dans la communauté.




Le n°24 de la rue Cels où Sartre habita à plusieurs reprises pendant la guerre.


En mars 1941, Sartre aurait été libéré grâce à un faux certificat médical, mais d'après les auteurs Gilles et Jean-Robert Ragache, il doit sa libération à l'intervention de Drieu la Rochelle : « À l’automne 40, Drieu avait noté dans son carnet une liste d’écrivains prisonniers — où figurait Sartre — suivie de la mention : Demander la libération des auteurs — contrepartie de mon action N.R.F. »[24].



De retour à Paris, il aurait fondé avec certains de ses amis, dont Simone de Beauvoir, un mouvement de Résistance, « Socialisme et liberté ». Il faut noter cependant qu'aucune recherche n'a pu mettre en évidence une quelconque existence de ce mouvement (Le Catalogue des périodiques clandestins diffusés en France de 1939 à 1945, publié par la Bibliothèque nationale en 1954, n'en fait aucune mention) ou d'activité de résistance de Sartre durant cette période, ce que confirme le journaliste résistant Henri Noguères à l'historien Gilbert Joseph[25] :



« Je maintiens qu'en une vingtaine d'années consacrées à la recherche et à des travaux sur l'histoire de la Résistance en France, je n'ai jamais rencontré Sartre ou Beauvoir[26]. »



Il sera d'ailleurs profondément critiqué par Jankélévitch qui lui reprochera de s'être occupé davantage de l'avancement de sa carrière que de dénoncer ou contrarier l'occupant. En été 1941, il aurait traversé la province à vélo pour tenter en vain d’étendre le mouvement hors de la capitale et de rallier d’autres intellectuels comme Gide ou Malraux[27]. Après l’arrestation de deux camarades, le groupe « Socialisme et liberté » se serait autodissous vers la fin 1941[réf. nécessaire].


En octobre 1941,Jean-Paul Sartre est affecté au lycée Condorcet sur le poste de professeur de khâgne en remplacement de Ferdinand Alquié. Ce poste était initialement occupé par le professeur Henri Dreyfus-Le Foyer (jusqu'en 1940), évincé en raison de sa qualité de juif. Il a, au préalable, certifié sur l'honneur qu'il n'était ni fran-maçon, ni juif comme l'exige les autorités françaises[28]. Ce fait révélé en octobre 1997 par Jean Daniel, dans un éditorial du Nouvel Observateur, sera reproché à Sartre. Ingrid Galster se pose la question de la qualité de l'engagement de Sartre et remarque « qu'il l'ait voulu ou non voulu : objectivement, il profitait des lois raciales de Vichy[29]. » Il publie à cette époque plusieurs articles pour la revue collaborationniste Comœdia, fondée le 21 juin 1941 par René Delange, et contrôlée par la Propaganda-Staffel[30].


Sartre fait jouer, en 1943, une pièce qu’il a composée, Les Mouches[31], reprenant le mythe d’Électre et qui est un appel symbolique à résister à l'oppresseur. C'est lors de la première qu'il fait la connaissance de Camus. En cette période d'occupation, la pièce n'a pas le retentissement escompté : salles vides, représentations interrompues plus tôt que prévu. Pour Jean Amadou, cette représentation est plus ambiguë : « En 1943, dans l'année la plus noire de l'Occupation, il fit jouer à Paris Les Mouches. C'est-à-dire qu'il fit très exactement ce que fit Sacha Guitry, donner ses pièces en représentation devant un parterre d'officiers allemands, à cette différence qu'à la Libération, Guitry fut arrêté alors que Sartre fit partie du Comité d'épuration, qui décidait quel écrivain avait encore le droit de publier et quel autre devait être banni. André Malraux qui, lui, avait risqué sa vie dans la Résistance, ne se crut pas autorisé pour autant à faire partie de ce tribunal autoproclamé. »


À compter de 1943 et sur l'invitation de Claude Morgan, Sartre assiste aux réunions du Comité national des écrivains (CNE) et publie à quatre reprises dans les Lettres françaises[32].


La même année, il publie L'Être et le Néant, ouvrage influencé par les idées du philosophe allemand Heidegger, dans lequel il fait le point sur son système de pensée et en approfondit les bases théoriques. Du 17 janvier au 10 avril 1944, il livre douze émissions pour Radio-Vichy[33]. Il écrit ensuite une pièce de théâtre, Les Autres, qui deviendra Huis clos[34], joué en mai 1944 et qui, elle, rencontre un franc succès, notamment auprès des officiers allemands invités à la première représentation[35].


Peu avant la libération, Sartre est recruté par Camus pour le réseau résistant Combat. Il devient reporter dans le journal du même nom, et décrit, dans les premières pages, la libération de Paris. Là commence sa renommée mondiale. Il est envoyé en janvier 1945 aux États-Unis, pour écrire une série d'articles pour Le Figaro, (journal de droite alors qu'il se disait socialiste) et y est accueilli comme un héros de la Résistance.


La guerre a donc doublement coupé sa vie en deux : auparavant et jusqu'à l'Être et le Néant, philosophe de la conscience individuelle, peu concerné par les affaires du monde, Sartre se transforme en intellectuel engagé politiquement. Professeur parisien connu dans le monde intellectuel, il devient après la guerre une sommité internationale.



Années de gloire |



Folie existentialiste et premiers engagements du philosophe |


En 1945, Jean-Paul Sartre s'installe au 42, rue Bonaparte, il y vécut jusqu'en 1962. Pendant plusieurs années, il a une liaison avec la journaliste Dolorès Vanetti[36].


Après la Libération, Sartre connaît un succès et une notoriété importante ; il va, pendant plus d'une dizaine d’années, régner sur les lettres françaises. La diffusion de ses idées existentialistes se fera notamment au travers de la revue qu’il a fondée en 1945, Les Temps modernes. Sartre y partage sa plume, avec entre autres, Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty et Raymond Aron. Dans le long éditorial du premier numéro, il pose le principe d'une responsabilité de l'intellectuel dans son temps et d'une littérature engagée. Pour lui, l'écrivain est dans le coup « quoi qu'il fasse, marqué, compromis jusque dans sa plus lointaine retraite (…) L'écrivain est en situation dans son époque. » Cette position sartrienne dominera tous les débats intellectuels des années 1960 aux années 1980. La revue est toujours considérée comme l'une des plus prestigieuses revues françaises au niveau international. Ainsi, Sartre met fin à la tradition philosophique de la neutralité de l'écrivain, telle qu'elle s'était manifestée en France et en Allemagne pendant le pétainisme et le nazisme, et reniant ainsi ses précédentes positions lorsqu'il écrivait pour une revue collaborationniste proche des milieux pétainistes.


Lorsqu'en octobre 1945 Sartre fait une conférence dans une petite salle, c'est un évènement : une foule nombreuse tente d'entrer, les gens se bousculent, des coups partent, des femmes s'évanouissent ou tombent en syncope. Sartre y présente un condensé de sa philosophie, qui sera retranscrit dans L'existentialisme est un humanisme. Sa publication, par l'éditeur Nagel, est faite à l'insu de Sartre qui juge la transcription ex abrupto, nécessairement simplificatrice, peu compatible avec l'écriture et le travail du sens que celle-ci implique. Sartre veut à l'époque se rapprocher des marxistes, qui rejettent une philosophie de la liberté radicale, susceptible d'affaiblir les certitudes indispensables au militant : dans le texte de la conférence Sartre expose le leitmotiv de l'existentialisme, l'homme ne peut pas refuser sa liberté, la liberté tend au futur, tout acte de liberté est projet, la réalisation d'un projet individuel modifie la réalisation d'autres projets individuels, chaque individu est responsable vis-à-vis de son projet individuel et du projet des autres, la liberté est le fondement de toutes les valeurs humaines, l'engagement dans les choix des sociétés rend l'homme un homme à part entière[37][citation nécessaire].


Les élites intellectuelles veulent maintenant « être » existentialistes, « vivre » existentialiste. Saint-Germain-des-Prés, lieu où habite Sartre, devient le quartier de l'existentialisme, en même temps qu'un haut lieu de vie culturelle et nocturne : on y fait la fête dans des caves enfumées, en écoutant du jazz, ou encore en allant au café-théâtre. Phénomène rare dans l'histoire de la pensée française, une pensée philosophique technique et austère trouve, dans un très large public, un écho inhabituel. On peut expliquer cela par deux facteurs : tout d'abord l’œuvre de Sartre est multiforme et permet à chacun de trouver son niveau de lecture, ensuite l'existentialisme, qui clame la liberté totale, ainsi que la responsabilité totale des actes de l'homme devant les autres et devant soi-même, se prête parfaitement à ce climat étrange d'après-guerre où se mêlent fête et mémoire des atrocités. L'existentialisme devient donc un véritable phénomène de mode, plus ou moins fidèle aux idées sartriennes, et par l'ampleur de laquelle l'auteur semble un peu dépassé.


Ces années ne doivent pas laisser croire à une « vie de paillettes ». Le philosophe met sa plume au service des minorités délaissées, en particulier les Juifs français et les Noirs. En effet, il publie en 1945 plusieurs articles sur la condition des Noirs aux États-Unis, sur le racisme et les discriminations dont ils sont victimes. Ces articles sont consultables dans la nouvelle édition de Situations II.


En 1946, il publie ses Réflexions sur la question juive dont le Portrait de l'antisémite avait été publié dès 1944 dans sa revue des Temps Modernes. Il s'attaque alors à l'antisémitisme en France[38] à une période où les Juifs qui rentrent des camps sont rapidement délaissés[39].


En 1948, il écrit une introduction pour l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, de Léopold Sédar Senghor, publié aux PUF, repris dans Situations III. Orphée Noir est une critique du colonialisme et du racisme à l'aune de la philosophie qu'il avait développée en 1943 dans L'Être et le Néant.


Ses écrits inquiètent le FBI qui le surveille dès 1945 et jusqu'aux années 1970, allant jusqu'à lui voler des carnets de brouillons[40].



Rassemblement démocratique révolutionnaire |


Pendant ce temps, Sartre va affirmer son engagement politique en éclairant sa position, au travers de ses articles dans Les Temps modernes : Sartre épouse, comme beaucoup d'intellectuels de son époque, la cause de la révolution marxiste, mais sans pour autant donner ses faveurs au Parti communiste, aux ordres d'une URSS qui ne peut satisfaire l'exigence de liberté. Simone de Beauvoir, Sartre et ses amis continuent donc à chercher une troisième voie, celle du double refus du capitalisme et du stalinisme. Il soutient Richard Wright, un écrivain noir américain ancien membre du Parti communiste américain exilé en France dès 1947.


Dans sa revue Les temps modernes, il prend position contre la guerre d'Indochine, s'attaque au gaullisme et critique l'impérialisme américain, sachant qu'il se rendit là-bas en 1945 comme journaliste du Figaro pour populariser ses théories. Une fois de retour en France, il ira jusqu'à affirmer, dans cette même revue, que « tout anti-communiste est un chien »[12].


C'est alors que Sartre décide de traduire sa pensée en expression politique : en participant à la fondation d'un nouveau parti politique, le Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR). Mais malgré le succès de quelques manifestations, le RDR n’atteindra jamais un effectif suffisant pour devenir un véritable parti. Sartre donne sa démission en octobre 1949. Aron, qui a pour sa part rejoint le RPF gaulliste, juge le nom du RDR oxymorique, estimant que la révolution souhaitée par Sartre ne peut pas être démocratique[12].



Tentation communiste |





Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre à Pékin en 1955.


La guerre de Corée, puis la répression musclée d'une manifestation antimilitariste du Parti communiste français (PCF) pousse Sartre à choisir son camp : Sartre voit alors dans le communisme une solution aux problèmes du prolétariat.
Ce qui lui fait dire : « Si la classe ouvrière veut se détacher du Parti (PCF), elle ne dispose que d'un moyen : tomber en poussière[41]. »


Sartre devient un compagnon de route du Parti communiste entre les années 1952[42] et 1956[43]. Dès lors, il participe à sa mouvance : il prend la présidence de l'Association France-URSS. En décembre 1952, il soutient les communistes au Conseil mondial de la paix[44]. En 1954, de retour d'URSS, il déclare lors d'un entretien pour Libération : « Le citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de critique »[45],[46].


Ce ralliement idéel de Sartre au communisme sépare de même Sartre et Camus, très proches auparavant[47]. Pour Camus, l'idéologie marxiste ne doit pas prévaloir sur les crimes staliniens, alors que pour Sartre on ne doit pas utiliser ces faits comme prétexte à l'abandon de l’engagement révolutionnaire.


Cette fidélité au PCF va tenir jusqu'en automne 1956, date à laquelle les chars soviétiques écrasent l'insurrection de Budapest. Après avoir signé une pétition d'intellectuels de gauche et de communistes contestataires, il donne le 9 novembre une longue interview au journal l'Express (journal mendésiste), pour se démarquer de manière radicale du parti.



Structuralisme, Flaubert et prix Nobel refusé |


L'existentialisme semble en perte de vitesse, dans les années 1960, l'influence de Sartre sur les lettres françaises et l'idéologie intellectuelle diminue peu à peu, notamment face aux structuralistes comme l'ethnologue Lévi-Strauss, le philosophe Foucault ou le psychanalyste Lacan. Le structuralisme s'oppose à l'existentialisme : il n'y a en effet dans le structuralisme que peu de place pour la liberté humaine, chaque homme est imbriqué dans des structures qui le dépassent. En fait Sartre, défenseur de la primauté de la conscience sur l'inconscient et de la liberté sur la nécessité des structures sociales, ne prend pas la peine de discuter de ce nouveau courant qu'est le structuralisme : il préfère se dédier à l'analyse du XIXe siècle, de la création littéraire, et surtout à l'étude d'un auteur qui l'avait toujours fasciné, Flaubert. De plus dans les années 1960 sa santé se détériore rapidement. Sartre est prématurément usé par sa constante suractivité littéraire et politique, mais aussi par le tabac et l'alcool qu'il consomme en grandes quantités.


Le 22 octobre 1964, l’académie du Nobel décerne à Jean-Paul Sartre le prix Nobel de littérature, mais le philosophe, se confiant le jour même au journaliste François de Closets alors à l'AFP, lui déclare « je le refuse, et vous pouvez l'écrire »[48]. Deux jours plus tard, le 24 octobre 1964, il s'en explique plus longuement dans une lettre ouverte adressée à l'académie suédoise et dont le texte sera publié respectivement par les quotidiens français Le Monde et Le Figaro[49]. Ce fait inédit aura un très grand retentissement dans le monde[50]. Car, selon Sartre, « aucun homme ne mérite d’être consacré de son vivant ».


Il avait de même refusé la Légion d'honneur, en 1945, ou encore une chaire au Collège de France[51]. Ces honneurs auraient, selon lui, aliéné sa liberté, en faisant de l'écrivain une espèce d'institution. Cette action restera célèbre car elle illustre bien l’état d’esprit de l'intellectuel qui se veut indépendant du pouvoir politique.


En 1964, il adopte Arlette Elkaïm.



Années d'engagement |


Si Sartre a pris ses distances avec le parti communiste (même si, à la suite d'un de ses voyages en Union soviétique en juillet 1954, il donne cinq longs entretiens dans le quotidien Libération à Jean Bedel qui résume la teneur du premier entre eux par ce titre : La liberté de critique est totale en URSS)[52], il continue de s'engager pour de nombreuses causes. Il est une des cibles du Congrès pour la liberté de la culture, une association culturelle anticommuniste fondée en 1950.



Guerre d'Indochine |


En 1950 éclate l'Affaire Henri Martin, un marin et militant du Parti communiste français est arrêté pour avoir distribué des tracts contre la guerre d'Indochine dans une enceinte militaire, l'arsenal de Toulon. L'accusation porte également sur un acte de sabotage en faveur du Viêt Minh, accusation dont il est lavé par le tribunal de Toulon, pourtant exclusivement composé d'officiers. Jean-Paul Sartre s'engage en publiant notamment un ouvrage, L'affaire Henri Martin, qui résume les arguments de la défense. Preuve de la grande portée de cette affaire, d'autres intellectuels de gauche renommés participent au même ouvrage : Michel Leiris, Hervé Bazin, Prévert, Vercors… Jusqu'à la fin de la guerre, Sartre restera très vigilant, coordonnant notamment un numéro spécial des Temps Modernes (Viet Nam, octobre 1953)[53].



Guerre d'Algérie |


Dès 1956, Sartre et la revue Les Temps modernes prennent parti contre l'idée d'une Algérie française et soutiennent le désir d'indépendance du peuple algérien. Sartre s'élève contre la torture[54], revendique la liberté pour les peuples de décider de leur sort, analyse la violence comme une gangrène, produit du colonialisme[55]. Dans sa célèbre préface des Damnés de la Terre, œuvre de Frantz Fanon qui étudie les rapports entre violence et oppression, il va jusqu'à écrire : « il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre ; le survivant »[56]. Cette citation sera par la suite abondamment reprise et commentée[57],[58]. En 1960, lors du procès des réseaux de soutien au FLN, il se déclare « porteur de valise »[59] du FLN[60]. En septembre 1960, il signe le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ».


Ces prises de position ne sont pas sans danger, son appartement sera plastiqué deux fois par l'OAS, et Les Temps modernes saisis cinq fois.



Cuba |




Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre rencontrent Ernesto Che Guevara, à Cuba en 1960.


Sartre soutient activement la révolution cubaine dès 1960, comme un grand nombre d'intellectuels tiers-mondistes. En juin 1960, il écrit dans France-Soir 16 articles intitulés Ouragan sur le sucre[61]. Mais il rompt avec le gouvernement cubain en 1971 à cause de l’« affaire Padilla », lorsque le poète cubain Heberto Padilla est emprisonné pour avoir critiqué le régime castriste[61]. Il dira de Fidel Castro : « Il m’a plu, c’est assez rare, il m’a beaucoup plu. »
Face à la répression des homosexuels notamment avec la mise en place des Unités militaires d'aide à la production, Sartre déclare que « les homosexuels sont les juifs de Cuba »[62].



Mai 68 |


Sartre, qui a déjà publié en 1960 le tome I de la Critique de la raison dialectique et prépare le tome II, paru inachevé et posthume, participe activement aux événements de mai 1968. Déjà en 1967, il était revenu sur le devant de la scène en présidant avec Bertrand Russell le tribunal Russell, un tribunal autoproclamé, une assemblée internationale d'intellectuels, de militants et de témoins chargés de juger les guerres et de les condamner, en particulier la guerre des Américains au Vietnam.


S'il n'a pas été l'inspirateur des événements de mai 1968, il se fera l'écho de la révolte dans la rue, sur les estrades, dans les journaux, et aux portes des usines en grève. Il interviewe le leader Daniel Cohn-Bendit dans Le Nouvel Observateur, lui donnant l'occasion de s'expliquer dans un grand hebdomadaire. À maintenant 63 ans, il se rend à la Sorbonne investie par les étudiants, afin de discuter avec eux. Il dénonce ensuite les « élections pièges à cons » de de Gaulle.


Sur le plan international, il condamne fermement l'intervention soviétique contre le printemps de Prague en Tchécoslovaquie.



Guerre du Vietnam/Rapport CIA/Assassinat de JFK |


Dans les 2891 documents déclassifiés sur autorisation du président américain Donald Trump, le 21 octobre 2017, en rapport avec l'assassinat de JFK, la CIA affirme que dans les années 1960, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment Catherine Deneuve auraient financé un "réseau d'activistes" qui "aidait les déserteurs"[63] de la guerre du Vietnam, dont Larry Cox (né en 1945)[64], activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et partir au Vietnam[65],[66]



Homme d'extrême gauche |


De plus en plus fatigué et usé, Sartre continue la lutte « gauchiste » en soutenant le mouvement mao. Le journal révolutionnaire La Cause du Peuple menacé de disparaître sous la pression des autorités pompidoliennes, il décide en 1971 d'en devenir le directeur afin de le protéger, et descend dans la rue, avec notamment Simone de Beauvoir et Michèle Vian, pour le vendre. Il fait de même avec deux autres journaux maoïstes, Tout et J'accuse (dont le titre est inspiré de Zola). Au printemps 1973, Sartre lance avec Serge July, Philippe Gavi, Bernard Lallement et Jean-Claude Vernier, un quotidien populaire, Libération ; Jean-Paul Sartre et Jean-Claude Vernier en sont les premiers directeurs de publication, et le restent jusqu’à leur démission le 24 mai 1974 pour désaccord avec Serge July, qui leur succède. Pendant toute cette période il se lie avec divers autres mouvements gauchistes et féministes, prêtant volontiers son nom afin de les aider.



Problème israélo-palestinien |


Sartre va s'occuper, alors qu'il arrive à la fin de sa vie, du conflit israélo-palestinien. Tout en reconnaissant la légitimité de l'État d'Israël, il dénonce les conditions de vie déplorables des Palestiniens qui expliqueraient le recours au terrorisme.


En 1976, il accepte le seul titre honorifique de sa carrière, celui de docteur honoris causa de l'université de Jérusalem, qui lui est remis à l'ambassade d'Israël à Paris par le philosophe Emmanuel Levinas. Il accepte ce titre pour des raisons « politiques » afin de créer une « liaison entre le peuple palestinien que je soutiens et Israël dont je suis l'ami. »[67].



Engagement jusqu'au bout |


À 65 ans, le 18 mai 1971, Sartre est victime d'une attaque cérébrale[68] qui le laisse très affaibli. Le 5 mars 1973, une seconde attaque lui laisse la vie sauve, mais lui enlève presque totalement la vue. Sartre entre dans ses années d'ombre. Déjà diminué, il est alors contraint de décider « librement » que son œuvre est achevée, et qu'il ne finira donc jamais le tome IV de son Flaubert. Cela ne l'empêchera néanmoins pas de continuer à penser et à produire : il engage comme secrétaire un jeune normalien Benny Lévy, connu lorsque ce dernier dirigeait le groupe maoïste de La Gauche prolétarienne, qui est chargé de lui faire la lecture, et avec qui il débat parfois violemment. Un an plus tard sort l'ouvrage On a raison de se révolter, livre d'entretiens avec Benny Lévy et Philippe Gavi, où Sartre évoque, entre autres, les problèmes liés à l'engagement contestataire.


Sartre poursuit ses engagements jusqu'à la fin de sa vie : quelques interventions politiques, telles que la visite à Andreas Baader, et un voyage de soutien à la révolution des œillets au Portugal, font renaître dans les milieux de l'extrême gauche européenne des élans de sympathie pour le vieil homme.


Il signe aussi différents appels pour la libération de dissidents soviétiques, et, lors de la rencontre entre Brejnev et Valéry Giscard d'Estaing à Paris en 1977, Sartre organise au même moment une rencontre avec des dissidents soviétiques. Ce soir-là, pour Sartre entouré de Michel Foucault, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Simone Signoret et bien sûr Simone de Beauvoir, 105 radios et télévisions sont venues du monde entier, plus qu'à l'Élysée pour Brejnev[réf. nécessaire]. La même année, il signe avec Louis Aragon, Simone de Beauvoir, Jack Lang, Bernard Kouchner la lettre ouverte parue dans Le Monde à la veille du procès de Bernard Dejager, Jean-Claude Gallien et Jean Burckardt accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des filles et des garçons de 13 et 14 ans[69].


Jean-Paul Sartre a condamné l'intervention américaine au Vietnam, au Laos et au Cambodge dans les années 1960 et 70 et accordé, comme la majeure partie de la gauche mondiale, son soutien aux mouvements communistes indochinois, y compris aux Khmers Rouges, jusqu'à leur victoire en 1975.


En 1979, un dernier évènement médiatique pour Sartre émeut le grand public : accompagné de son meilleur ennemi Raymond Aron, et du jeune philosophe André Glucksmann, un Sartre très affaibli se rend à l'Élysée pour demander à Valéry Giscard d'Estaing d'accueillir des réfugiés d'Indochine, les « boat people », qui se noient par centaines en tentant de quitter le Viêt Nam. Indépendamment des différences d'opinions politiques auxquelles il attache désormais moins d'importance, Sartre affirme, au crépuscule de sa vie, l'exigence de sauver des vies partout où elles sont menacées. Il invoque ainsi désormais les « droits de l'homme », qu'il avait autrefois condamné, critiquant leur caractère « bourgeois »[12]. Sartre a également adhéré, avec Simone de Beauvoir, au comité de soutien à l'ayatollah Khomeyni, opposant principal au régime impérial du Shah, lorsque Khomeyni vivait en exil à Neauphle-le-Château[70].



Le scandale de l'Espoir maintenant |


Entre 1978 et 1980, Benny Lévy fait découvrir à Sartre l’œuvre d'Emmanuel Levinas. Des entretiens enregistrés de Sartre avec Benny Lévy sur Levinas et sur le judaïsme résulte le dialogue L’Espoir maintenant, publié dans Le Nouvel Observateur, sur trois numéros, le 10, le 17 et le 24 mars 1980.


L’Espoir maintenant provoque un scandale. Benny Lévy est accusé par l'entourage de Sartre d'avoir abusé de son état de faiblesse pour lui imposer sa pensée. Olivier Todd parle d'un « détournement de vieillard[71] », tant semble différente la parole de Sartre dans ces entretiens. Simone de Beauvoir reproche à Benny Lévy d’avoir contraint Sartre à des déclarations démentes[72]. Jean Guitton tient de telles déclarations pour un reniement de l'athéisme de Sartre et y voit l'influence de son nouveau et dernier secrétaire. John Gerrasi, l’un des biographes de Sartre, dénonce la « manipulation diabolique » de Benny Lévy, « un petit chef de guerre fanatique », « un juif égyptien », devenu « rabbin et talmudiste »[73]. L'avocate Gisèle Halimi, qui a été une amie très proche du philosophe depuis 1957, est revenue, en 2005, sur ces propos en affirmant : « Cet interview est incontestablement un faux […]. Ce n'est pas du Sartre libre jouissant de toutes ses facultés. »[74]


Toutefois, Jean Daniel, le directeur du Nouvel Observateur, témoigne que Sartre est parfaitement conscient de ce qu'il fait en publiant L’Espoir maintenant. Il a fallu que Sartre appelle Jean Daniel pour que ce dernier décide de le publier. Daniel lui a demandé : « Vous avez le texte près de vous ? – Je l'ai en tête », a répondu Sartre. Et, en effet, « il le connaissait par cœur », assure Daniel[75]. C'est le dernier scandale que Sartre a provoqué.


Alors qu'il mène ces entretiens avec Sartre, de 1975 à 1980, Benny Lévy prend des notes dans des cahiers qui seront publiés chez Verdier en 2007 sous le titre Pouvoir et Liberté.



La mort |



Atteint d'urémie, Jean-Paul Sartre s'éteint le 15 avril 1980 à près de 75 ans à l’hôpital Broussais de Paris, à la suite d'un œdème pulmonaire.




Tombe de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir au cimetière du Montparnasse de Paris.


Dans le monde entier, l'annonce de sa mort provoque une émotion considérable. Pour son enterrement, le 19 avril 1980, cinquante mille personnes descendent dans les rues de Paris, accompagnant son cortège pour lui rendre un ultime hommage ; une foule énorme, sans service d'ordre, pour celui qui aura su captiver trois générations de Français. Parmi eux, ses anciens élèves des années du Havre ou de Paris, les camarades de la Libération et les communistes des années 1950, les anciens militants de la paix en Algérie, enfin de jeunes maos.


Il est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris (14e), dans la 20e division — juste à droite de l’entrée principale boulevard Edgar-Quinet. Simone de Beauvoir, décédée le 14 avril 1986, est inhumée à ses côtés. Sur la tombe, une plaque porte cette simple inscription : « Jean-Paul Sartre, 1905-1980 ».



Philosophie |


Article détaillé : Existentialisme.

Sartre est considéré comme le père de l'existentialisme français et sa conférence de 1945, L'existentialisme est un humanisme, est considéré comme le manifeste de ce mouvement philosophique. Toutefois, la philosophie de Sartre, en 20 ans, a évolué entre existentialisme et marxisme. Ses œuvres philosophiques majeures sont L'être et le Néant (1943) et la Critique de la raison dialectique (1960).



Être en-soi et être pour-soi |


Dans L'Être et le Néant, Sartre s'interroge sur les modalités de l'être. Il en distingue trois : l'être en-soi, l'être pour-soi et l'être pour autrui.



– l'être en-soi, c'est la manière d'être de ce qui « est ce qu'il est », par exemple l'objet inanimé « est » par nature de manière absolue, sans nuance, un ;

– l'être pour-soi est l'être par lequel le néant vient au monde (de l'en soi). C'est l'être de la conscience, toujours ailleurs que là où on l'attend : c'est précisément cet ailleurs, ce qu'il n'est pas qui constitue son être, qui n'est d'ailleurs rien d'autre que ce non être ;

– l'être pour-autrui est lié au regard d'autrui qui, pour le dire vite, transforme le pour soi en en soi, me chosifie.


L'homme, se distingue de l'objet, en ce qu'il a conscience d'être, conscience de sa propre existence. Cette conscience crée une distance entre l'homme qui est et l'homme qui prend conscience d'être. Or toute conscience est conscience de quelque chose (idée d'intentionnalité reprise de Brentano). L'Homme est donc fondamentalement ouvert sur le monde, « incomplet », « tourné vers », existant (projeté hors de soi) : il y a en lui un néant, un « trou dans l'être » susceptible de recevoir les objets du monde.



« Le pour soi est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est »



— Sartre, L'Être et le Néant



« Il n'y a pour une conscience qu'une façon d'exister, c'est d'avoir conscience qu'elle existe »



— Sartre



« En fait, nous sommes une liberté qui choisit, mais nous ne choisissons pas d'être libres : nous sommes condamnés à la liberté. »



— Sartre



« Les objets sont ce qu'ils sont, l'homme n'est pas ce qu'il est, il est ce qu'il n'est pas. »



— Sartre



L'existence précède l'essence |


Dans la conférence intitulée L'existentialisme est un humanisme, du 29 octobre 1945, Sartre développe l'idée que l'homme n'ayant pas de nature définie a priori, il est libre de se définir lui-même par son projet. « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après »[76].


Sartre rattache la liberté de l'homme au fait que Dieu n'existe pas, reprenant en un sens positif la phrase de Dostoïevski, « Si Dieu n'existe pas, tout est permis ». Il prend cette formule au sérieux : « il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir ». L'homme n'est pas de toute éternité, dans l'esprit d'un Dieu créateur, comme l'idée d'un objet technique (tel un coupe-papier) dans l'esprit de l'artisan. Par conséquent, aucune norme transcendante n'indique à l'homme ce qu'il doit faire.
L'homme est libre, « il est liberté », et n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.


Sartre explique que cette liberté implique une responsabilité : en se choisissant lui-même, l'homme établit un modèle de ce qui vaut pour l'homme en général. « Ainsi, notre responsabilité est beaucoup plus grande que nous ne pourrions le supposer, car elle engage l'humanité entière »[77]. En faisant de chacun « un législateur qui choisit pour l'humanité entière », Sartre retrouve aussitôt l'universel, dont il semblait s'écarter en confrontant l'individu à la liberté absolue de son choix, sur fond d'« angoisse » et de « délaissement », deux concepts inspirés, de la lecture de Kierkegaard et de Heidegger. On ne peut échapper ni à la liberté du choix de son existence et de ses actions, ni à leur caractère exemplaire pour tout homme : l'invocation de motifs pour ne pas exercer sa liberté est assimilée à de la « mauvaise foi ».


Certaines formules de L'existentialisme est un humanisme sont restées célèbres, comme « Nous sommes seuls, sans excuses », ou bien « L'homme est condamné à être libre », qui fait écho à son provocateur « nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’Occupation », publié en septembre 1944 dans les Lettres françaises[78].



Liberté et aliénation |


Selon Sartre, l'homme est ainsi libre de choisir son essence. Pour lui, contrairement à Hegel, il n'y a pas d'essence déterminée, l'essence est librement choisie par l'existant. L'Homme est absolument libre, il n'est rien d'autre que ce qu'il fait de sa vie, il est un projet. Sartre nomme ce dépassement d'une situation présente par un projet à venir, la transcendance.


L'existentialisme de Sartre s'oppose ainsi au déterminisme qui stipule que l'homme est le jouet de circonstances dont il n'est pas maître. Sartre estime que l'homme choisit parmi les événements de sa vie, les circonstances qu'il décidera déterminantes. Autrement dit, il a le pouvoir de 'néantiser', c'est-à-dire de combattre les déterminismes qui s'opposent à lui.


Au nom de la liberté de la conscience, Sartre refuse le concept freudien d'inconscient remplacé par la notion de « mauvaise foi » de la conscience. L'Homme ne serait pas le jouet de son inconscient mais choisirait librement de se laisser nouer par tel ou tel traumatisme. Ainsi, l'inconscient ne saurait amoindrir l'absolue liberté de l'Homme.


Selon Sartre, l'homme est condamné à être libre. L'engagement n'est pas une manière de se rendre indispensable mais responsable. Ne pas s'engager est encore une forme d'engagement.


L'existentialisme de Sartre est athée, c'est-à-dire que, pour lui, Dieu n'existe pas (ou en tout cas « s'Il existait cela ne changerait rien »), donc l'homme est seul source de valeur et de moralité ; il est condamné à inventer sa propre morale et libre de la définir. Le critère de la morale ne se trouve pas au niveau des « maximes » (Kant) mais des « actes ». La « mauvaise foi », sur un plan pratique, consiste à dire : « c'est l'intention qui compte ».


Selon Sartre, la seule aliénation à cette liberté de l'homme est la volonté d'autrui. Ainsi fait-il dire à Garcin dans Huis clos « L'Enfer c'est les Autres ».



Marxisme |


Jean-Paul Sartre présente le marxisme comme « horizon philosophique indépassable de notre temps[79] ». Après avoir observé et analysé l'existence et la liberté de l'homme en tant qu'individu, Sartre s'est interrogé sur l'existence d'une conscience collective et son rapport avec la liberté individuelle. Dans sa Critique de la raison dialectique (1960), Sartre affirme que la liberté de l'homme est aliénée par les sociétés féodales ou capitalistes. Il analyse comment, dans les sociétés aliénées, les libertés individuelles peuvent conduire à un effet opposé à l'intention générale et à l'aliénation de la liberté collective. Il suggère alors d'inverser le processus : le groupe doit pouvoir décider de regrouper les libertés individuelles pour permettre le développement de l'intention générale. Sartre pense que cette sorte d'aliénation de la liberté individuelle doit être librement choisie et s'oppose ainsi à toute forme de totalitarisme.



L'espoir |


La question du respect d’autrui traverse toute l’œuvre de Sartre, mais avec une acuité particulière quand il revient sur la question juive. Dans L’Espoir maintenant, Sartre met toujours en jeu « le lien étroit de la morale à l’existence d’autrui », pour Yvan Salzmann[80]. « Toute conscience me paraît actuellement, à la fois comme se constituant elle-même et dans le même temps comme conscience de l’autre et comme conscience pour l’autre, ayant un rapport avec l’autre que j’appelle conscience morale », écrit Sartre dans L’Espoir maintenant[81].


La publication de ce texte fit scandale parce que ses détracteurs ont cru que Sartre se convertissait au judaïsme. En réalité, ce qui l’intéresse dans le judaïsme, c’est toujours la question du respect d’autrui et son lien avec la question de l’éthique et celle de l’histoire. « On a parlé d’aliénation et même de sénilité », remarque Bernard-Henri Lévy, « parce qu’évidemment l’auteur de L’Être et le Néant, de La Critique de la raison dialectique, venant dire : le peuple métaphysique par excellence, c’est le peuple juif ; […] un Sartre qui dit que c’est l’existence du peuple juif, sa survie à travers les âges qui lui fait comprendre que le culte de l’Histoire est une infamie et que Hegel s’est finalement trompé, un Sartre qui dit qu’il retrouve le sens de la réciprocité qui n’a rien à voir avec le groupe en fusion ou la chaleur de la meute, et un Sartre qui trouve ce goût de la réciprocité dans les rapports très curieux qui unissent le Dieu juif et son peuple. Tout cela, évidemment, surprend[82] ».
Mais il ne s’agit nullement d’une conversion religieuse, pour Bernard-Henri Lévy. Au contraire, Sartre va jusqu’au bout de la logique athée, en contestant la vision hégélienne de l’histoire dans ce texte[83]. Sartre retient l’espoir, mais l’espoir va bien au-delà de la religion, pour Sartre[84].



Critique |


Certains philosophes défendent l'idée que la pensée de Sartre est contradictoire. Plus spécifiquement, ils pensent que Sartre présente des arguments métaphysiques en dépit de son affirmation que ses vues philosophiques ignorent la métaphysique. Herbert Marcuse critiqua le fait que l’Être et le néant projette une anxiété et une absence de sens sur la nature de l'existence elle-même : « Dans la mesure où l'Existentialisme est une doctrine philosophique, elle reste une doctrine idéaliste : elle utilise une hypostase fallacieuse pour associer à des conditions historiques spécifiques de l'existence humaine des caractéristiques ontologiques et métaphysiques. Ainsi, l'Existentialisme devient une partie de l'idéologie même qu'elle attaque, et sa radicalité est illusoire »[85].


Dans Lettre sur l'Humanisme, Heidegger critiquait l'existentialisme de Sartre[86] :



« L'Existentialisme dit que l'existence précède l'essence. Dans cette déclaration, il utilise existence et essence selon leur sens métaphysique, qui, depuis l'époque de Platon, a dit que l’essence précède l’existence. Sartre inverse cet énoncé. Mais l'inverse d'un énoncé métaphysique reste un énoncé métaphysique. Avec lui, il reste dans la métaphysique, dans l'oubli de la vérité d'Être. »



Les philosophes Richard Wollheim et Thomas Baldwin ont défendu l'idée que la tentative de Sartre de montrer que la théorie de l'inconscient de Sigmund Freud est une erreur était fondée sur une mésinterprétation de Freud[87],[88]. Richard Webster (en) considère que Sartre est l'un des penseurs modernes qui a reconstruit les orthodoxies judéo-chrétiennes sous une forme séculière[89].


Brian C. Anderson a accusé Sartre d'être un apologiste de la tyrannie et de la terreur, et un partisan du stalinisme, du maoisme, et du régime de Fidel Castro à Cuba[90].


Sartre, qui déclara dans sa préface des Damnés de la Terre de Frantz Fanon qu'« abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre » a été critiqué par Anderson et Michael Walzer pour soutenir le meurtre de civils européens par le FLN pendant la guerre d'Algérie. Walzer suggère que Sartre, un Européen, était un hypocrite pour ne pas se porter volontaire pour aller se faire tuer[91],[92].


Clive James a condamné Sartre dans son livre de mini biographies Cultural Amnesia (2007). James attaque la philosophie de Sartre comme étant « tout de la pose »[93].



Écrits sur l'art et les artistes |


Au sein de son œuvre, les études esthétiques de Sartre forment, à côté des écrits philosophiques et des textes littéraires, un troisième ensemble, souvent négligé, voire passé sous silence. Dans les études qu'il consacre à des écrivains — Baudelaire, Faulkner, Genet, Mallarmé et Flaubert — ou à des artistes — Alberto Giacometti, Alexander Calder et au Tintoret —, Sartre s'attache à éclairer le rapport de ces créateurs à leurs œuvres. Leurs créations démontrent, selon lui, que la liberté est une condition préalable de l'art.[interprétation personnelle]



Hommage |


En 2000, une place Jean-Paul-Sartre-et-Simone-de-Beauvoir est inaugurée dans le 6e arrondissement de Paris, à l'intersection du boulevard Saint-Germain, de la rue de Rennes et de la place Saint-Germain-des-Prés[94].



Œuvres |


Article détaillé : Jean-Paul Sartre (bibliographie).


Romans et nouvelles |




  • La Nausée (1938)


  • Le Mur (1939)


  • Les Chemins de la liberté (1945)

    • L'Âge de raison

    • Le Sursis

    • La Mort dans l'âme





Théâtre |




  • Bariona, ou le Fils du tonnerre (1940)


  • Les Mouches (1943)


  • Huis clos (1944)


  • La Putain respectueuse (1946)


  • Morts sans sépulture (1946)


  • Les Mains sales (1948)


  • Le Diable et le Bon Dieu (1951)


  • Kean (1954)


  • Nekrassov (1955)


  • Les Séquestrés d'Altona (1959)


  • Les Troyennes (adaptation d'Euripide, 1965)


  • L'Engrenage (1969)



Autobiographie, mémoires, entretiens et correspondance |




  • Les Mots (1964)


  • Carnets de la drôle de guerre - Septembre 1939-mars 1940 (1983-1995)


  • Lettres au Castor et à quelques autres, tome I et II (1983)


  • L'Espoir maintenant, les entretiens de 1980 (avec Benny Lévy) (1980)


  • La Reine Albemarle, ou le Dernier touriste (1991)



Essais |




  • Situations I (1947)


  • Situations II (1948)


  • Situations III (1949)


  • Situations IV (1964)


  • Situations V (1964)


  • Situations VI (1964)


  • Situations VII (1965)


  • Situations VIII (1972)


  • Situations IX (1972)


  • Situations X (1976)



Essais politiques |




  • Réflexions sur la question juive (1946)


  • Entretiens sur la politique avec David Rousset (1949)

  • avec Hervé Bazin, Marc Beigbeder, Jean-Marie Domenach, Francis Jeanson, Michel Leiris, Jacques Madaule, Marcel Mer, Jean Painlevé, Roger Pinto, Jacques Prévert, Roland de Pury, J.H. Roy, Vercors et Louis de Villefosse, L'Affaire Henri Martin : Commentaire de Jean-Paul Sartre (Collectif), Paris, Gallimard, coll. « nrf / Hors série Connaissance », 29 octobre 1953, 296 p. (ISBN 2070248364, présentation en ligne).


  • Plaidoyer pour les intellectuels (1972)


  • On a raison de se révolter avec Pierre Victor et Philippe Gavi (1974)



Critique littéraire |




  • La République du Silence (1944)


  • Baudelaire (1947)


  • Qu'est-ce que la littérature ? (1948)


  • Saint Genet, comédien et martyr (1952)


  • L'Idiot de la famille (1971-1972) sur Flaubert


  • Un théâtre de situations (1973)

  • Critiques littéraires



Ouvrages de critique littéraire posthumes |



  • Mallarmé, la lucidité et sa face d'ombre (1986)


Philosophie |




  • L'Imagination (1936)


  • La Transcendance de l'Ego (1936)


  • Esquisse d'une théorie des émotions (1938)


  • L'Imaginaire (1940)


  • L'Être et le Néant « essai d'ontologie phénoménologique » (1943)


  • L'existentialisme est un humanisme (1945)


  • Existentialisme et émotions humaines (1957)


  • Questions de méthode (1957)


  • Critique de la raison dialectique I : Théorie des ensembles pratiques (1960)



Ouvrages philosophiques posthumes |




  • Cahiers pour une morale (1983)


  • Critique de la raison dialectique II : L'intelligibilité de l'histoire (1985)


  • Vérité et Existence (1989)



Scénarios |




  • Les jeux sont faits (1947)


  • L'Engrenage (1948)


  • Le Scénario Freud (1984)


  • Typhus (1943) (écrit durant l'occupation et édité en 2007 par Gallimard)


  • Les Sorcières de Salem (1957) (d'après la pièce éponyme d'Arthur Miller)



Adaptations au cinéma |




  • 1947 : Les jeux sont faits, de Jean Delannoy


  • 1952 : La P..... respectueuse, de Charles Brabant et Marcello Pagliero


  • 1953 : Les Orgueilleux, d'Yves Allégret


D'après son scénario Typhus



  • 1954 : Huis Clos, de Jacqueline Audry


  • 1962 : Freud, passions secrètes (Freud, the Secret Passion), de John Huston


Sartre écrivit en 1958 un long scénario, publié en 1984 chez Gallimard, Huston en fut insatisfait et demanda un remaniement auprès de scénaristes professionnels. Sartre ne s'y reconnaît plus et refusa d'être crédité.


  • 1962 : Les Séquestrés d'Altona (I Sequestrati di Altona), de Vittorio De Sica


Chanson |



  • Dans la rue des Blancs-Manteaux avec la musique de Joseph Kosma dont l'interprétation la plus célèbre est celle de Juliette Gréco


Articles connexes |




  • Phénoménologie ~ Existentialisme ~ Marxisme ~ Mao-spontex


  • Simone de Beauvoir ~ Maurice Merleau-Ponty ~ Raymond Aron ~ Albert Camus


  • Les Temps modernes ~ La Cause du Peuple ~ Libération

  • Sartre, personnage de fiction : L'Écume des jours (Boris Vian, 1947)



Notes et références |



Notes |




  1. « Sartre est le seul intellectuel français qui ait été reconnu à la fois comme philosophe, comme écrivain et comme acteur majeur de la vie politique française » souligne l'historien Gérard Noiriel dans Dire la vérité au pouvoir. Les intellectuels en question, Agone, coll. « Éléments », 2010, p. 101, [présentation en ligne].


  2. « Il n’est pas possible de se saisir soi-même comme conscience sans penser que la vie est un jeu. Jean-Paul Sartre, Carnet 396[22] »



Références |




  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.


  2. Lenine, « La maladie infantile du communisme - I. », sur www.marxists.org (consulté le 8 janvier 2018)


  3. Philosophie magazine, Anne-Sophie Moreau, Sartre : « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande. », no 14, 1er novembre 2007.


  4. De Gaulle, lors de la parution du Manifeste des 121, devant la tentation des ministres à vouloir l'arrêter, aurait dit : « On ne met pas Voltaire en prison. »


  5. http://www.sens-public.org/spip.php?article786


  6. Chronologie Jean-Paul Sartre dans Libération du 11 mars 2005.


  7. (en) James Brabazon, Albert Schweitzer:a biography, Syracuse University Press, 2000, p. 12.


  8. « Il (Charles Schweitzer) lui fit quatre enfants par surprise [...] L'aîné, Georges, entra à Polytechnique; le second, Émile, devint professeur d'allemand. », Jean-Paul Sartre, Les Mots (1963)


  9. « Ecole Navale / Espace tradition / Officiers célèbres », sur ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le 18 novembre 2016)


  10. Jean-François Louette, « Jean-Paul Sartre en classe », Revue d'histoire littéraire de la France, 2002/3 (vol. 102).


  11. « L'annuaire | a-Ulm », sur www.archicubes.ens.fr (consulté le 18 janvier 2018)


  12. a b c et dPaul-François Paoli, « Jean-Paul Sartre / Raymond Aron. Le match du siècle », Le Figaro Magazine, semaine du 4 août 2017, p. 20-23.


  13. désigné sous le nom d'André Herbaud dans les Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir (éd. Gallimard, 1958)


  14. Jean-Paul Sartre : « Je vins à la phénoménologie par Levinas ». « Merleau-Ponty vivant », Situations, IV: portraits, Gallimard, 1964, p. 192


  15. Simone de Beauvoir, citée par Bernard-Henri Lévy, Le Siècle de Sartre, Grasset, p. 153


  16. Simone de Beauvoir, La Cérémonie des Adieux, Gallimard


  17. Barilier, Étienne, 1947-, Les petits camarades : essai sur Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, Julliard/L'Age d'homme, 1987(ISBN 2260005071 et 9782260005070, OCLC 17209743, lire en ligne)


  18. Hervé Darnajoux, « Jean-Paul Sartre (1905-1980) : souvenirs de sa carrière de météorologiste », La météorologie,‎ août 2007, p. 45-48 (ISSN 2107-0830, lire en ligne)


  19. Simone de Beauvoir : « Le livre français qui compta le plus pour nous en 1932, ce fut le Voyage au bout de la nuit de Céline. Sartre et moi en savions par cœur un tas de passages. Son anarchisme nous semblait proche du nôtre. Il s'attaquait à la guerre, au colonialisme, à la médiocrité, aux lieux communs, à la société, dans un style, sur un ton qui nous enchantaient. Céline avait forgé un instrument nouveau : une écriture aussi vivante que la parole. Sartre en prit de la graine. Il abandonna définitivement le langage gourmé dont il usait. » La Force de l’âge, Gallimard, 1960, p. 158.


  20. Anna Boschetti, Sartre et « les Temps modernes », Minuit, 1985


  21. « Robert Merle, romancier », Le Monde.fr,‎ 31 mars 2004(ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 10 novembre 2016)


  22. Jean-François Durand, « Le jeu de vivre. Une lecture des Carnets de la drôle de guerre », Cahiers de l'Association internationale des études françaises, no 50,‎ 1998, p. 247. (DOI 10.3406/caief.1998.1322, lire en ligne)


  23. « Sartre face à son époque », sur LExpress.fr, 19 avril 1980(consulté le 4 février 2019)


  24. Gilles et Jean-Robert Ragache, La Vie quotidienne des écrivains et des artistes sous l'Occupation, 1940-1944, Hachette Littérature, 1992, p. 76, Références


  25. Gilbert Joseph, Une si douce Occupation... Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, 1940-1945, Albin Michel, 1991(ISBN 2-226-05423-5), page 366


  26. Michel Onfray, Les Consciences réfractaires: Contre-histoire de la philosophie, Volume 9, Grasset, 2013


  27. Michel Winock, « Sartre s’est-il toujours trompé ? » sur le site www.diplomatie.gouv.fr


  28. « Sartre, années noires », sur LExpress.fr, 30 septembre 2014(consulté le 24 janvier 2019)


  29. Ingrid Galster, Sartre, Vichy et les intellectuels p. 86 sqq.


  30. François-Georges Dreyfus, Histoire de Vichy, Fallois, Paris, 2004 (ISBN 2-87706-489-1).


  31. Ingrid Galster, Sartre, Vichy et les Intellectuels, L'Harmattan, 2001 (ISBN 2747504794)


  32. David Drake, Sartre et le parti communiste français (PCF) après la libération (1944-1948), Sens Public, 2 mars 2006 , http://www.sens-public.org/spip.php?article234


  33. Jean-Paul Sartre, Lettres au Castor et à quelques autres, tome 2 : 1940-1963, Gallimard, 1983, p. 312, Références


  34. Ingrid Galster, Le théâtre de Jean-Paul Sartre devant ses premiers critiques, L'Harmattan, 2001, p. 195, Lire en ligne


  35. Sartre, Cocteau & Co sous l'Occupation (Avec «BoOks»)


  36. Thierry Clermont, « Nelson Algren : l'amant américain », Le Figaro littéraire, jeudi 17 mai 2018, p. 3.


  37. Arlette Elkaïm-Sartre, « situation de la conférence », en introduction à L'Existentialisme est un humanisme, Gallimard, 1996, p. 15-17. Elsa Triolet aurait déclaré : « Vous êtes philosophe, donc antimarxiste » (ibid.).


  38. Annie Cohen-Solal, Patrick Cabanel, Perrine Simon-Nahum, Jonathan Judaken, Daniel Lindenberg, Yoann Malinge: Conférence à l'ENS sur Sartre et les Juifs, 7 juin 2013 http://savoirsenmultimedia.ens.fr/expose.php?id=1245


  39. Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l'oubli, Plon, 1992, p.168-173.


  40. « BHL, lu et approuvé par la CIA », Bibliobs,‎ 1er mai 2017(lire en ligne)


  41. Les Temps Modernes, 1953.


  42. Sartre ou l'ambition de penser contre soi - Vincent de Coorebyter, Politique, revue de débats, Bruxelles, no 75, mai-juin 2012 (voir archive)


  43. David Drake, « Sartre et le parti communiste français (PCF) après la libération (1944-1948) », Sens critique, 2 mars 2006.


  44. Jean-Louis Jeannelle, Jean-Paul Sartre : Les mouches, Éditions Bréal, 1998 (ISBN 978-2-8429-1239-0), p. 14 [lire en ligne]


  45. La Liberté de critique est totale en URSSS - Jean Bedel, Libération, 15 juillet 1954 [PDF]


  46. Libération du 15 juillet 1954 - BnF [image]


  47. Sandra Teroni, « Camus / Sartre », Revue italienne d’études françaises. Littérature, langue, culture, no 3,‎ 15 décembre 2013(ISSN 2240-7456, DOI 10.4000/rief.256, lire en ligne, consulté le 8 février 2017)


  48. « Le 22 octobre 1964, Jean-Paul Sartre a refusé le prix Nobel, RTL.fr »


  49. « Prix Nobel de littérature : les raisons du refus de Sartre, Camille Lestienne, 22 octobre 2014, lefigaro.fr »


  50. Roger Faligot, Jean Guisnel, Histoire secrète de la Ve République, La Découverte, 2006


  51. Mathurin Maugarlonne, À la rencontre des disparus, « (Souvenir de Jean Pouillon) Lévi-Strauss avait insisté pour que Sartre voulût bien accepter une chaire au Collège de France, aux conditions qui seraient les siennes (s'il voulait parler trois heures d'affilée...). Je demandais à Sartre les raisons de son refus. « Je me souviens de l'enseignement de Bergson, avec les dames du 16e arrondissement aux premiers rangs », argument que je récusais aisément, lui promettant un parterre de sidérurgistes. Alors, plus authentiquement je crois : « je ne tenais pas à enseigner... ou alors à des petits, à des sixièmes... ». Nostalgie de la paternité ? Je lui promis d'intervenir auprès du ministre de l'Éducation nationale pour lui obtenir des petites classes à la rentrée suivante ».


  52. Jean-Paul Sartre. A Bibliographical Life, Northwestern University Press, 1974, p. 302 [lire en ligne]


  53. Alain Ruscio (dir.), L'Affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d'Indochine, Paris, Éditions Le Temps des Cerises, 2004.


  54. Anne Mathieu, « Jean-Paul Sartre et la guerre d'Algérie », Le Monde diplomatique, novembre 2004


  55. Arno Münster, Sartre et la praxis, Réseau Jeanson (lire en ligne), p. 257.


  56. Frantz Fanon, 1925-1961, psychiatre, intellectuel antillais et militant de l'indépendance algérienne dans le FLN. Collection « Les auteur(e)s classiques. UQAC. »


  57. Raphaël Delpard, Ils ont vécu dans l'Algérie en guerre - Chroniques d'un paradis perdu, Editions Retrouvées - Copyright Editions de l'Archipel, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-365590-95-2), p. Chapitre 17, page 161


  58. (en) Benedict ODonohoe, Sartre's Theatre Acts for Life, Verlag - Peter Lang, 1er mars 2005, 301 p. (ISBN 3-03910-280-X), « Myth-making », Page 53


  59. Sympathisant du FLN chargé du transport de fonds et de documents confidentiels à l'intérieur de la métropole


  60. « Exposition Bnf sur Sartre »


  61. a et bBertrand Le Gendre, Le castrisme, une passion française, par Bertrand Le Gendre, dans Le Monde du 22 février 2008 [lire en ligne], mis en ligne le 21-02-2008


  62. Cité dans le film Conducta Impropria de Nestor Almendros, 1983.


  63. Selon le Rapport de la CIA, leur planque se situait 3, rue Gabrielle Josserand à Pantin.


  64. Par suite devenu directeur d'Amnesty International à Londres.


  65. Voir le Rapport déclassifié écrit le 11 juillet 1969 par Paul K. Chalemsky, ancien directeur de l'antenne de la CIA à Paris, qui précise les sommes ainsi versées par Jean-Paul Sartre (100$), Simone de Beauvoir (le document ne précise pas le montant) et Catherine Deneuve (1500 Francs).


  66. © YouScribe/Parisien


  67. Gérard Saint-Paul, « Sartre docteur honoris causa Israël », journal de 20 heures de TF1, 7 novembre 1976, reproduit sur le site de l'INA. Consulté le 26 mars 2010.


  68. Tous les détails concernant la santé de Sartre sont relatés dans le livre de Simone de Beauvoir La Cérémonie des adieux


  69. Jean-François Sirinelli, Intellectuels et passions françaises : Manifestes et pétitions au XXe siècle, Nouvelles Études Historiques, Fayard, 1990, (ISBN 9782213652443), pp.277-279


  70. Article paru dans le Point de vue de la semaine du 8 au 14 octobre 2003 :
    « Choisir d’écrire sa vie, c’est aussi la revivre, se souvenir. »« Farah », sur Point de vue



  71. Olivier Todd, Un fils rebelle, Grasset, 1981, p. 15.


  72. Simone de Beauvoir, La Cérémonie des Adieux, citée par Bernard-Henri Lévy, Le Siècle de Sartre, Grasset, 2000, p. 640.


  73. John Gerrasi, cité par Bernard-Henri Lévy, Le Siècle de Sartre, Grasset, 2000, p. 640.


  74. Bernard Lallement, Sartre l'improbable salaud, Le cherche midi, p. 156.


  75. Jean Daniel, Avec le temps, Grasset, 1999.


  76. L'existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, p. 29.


  77. L'Existentialisme, op. cit., p. 32.


  78. "La République du silence", Jean-Paul Sartre, 1955


  79. Question de méthode, 1957.


  80. Yvan Salzmann, Sartre et l’authenticité, Labor et Fides, 2000, p. 114.


  81. Jean-Paul Sartre, L’Espoir maintenant, entretien avec Benny Lévy, Le Nouvel Observateur, mars 1980, repris dans L’Espoir maintenant, les entretiens de 1980, Verdier, 1991, p. 40


  82. Bernard-Henri Lévy, Pour Sartre, Entretiens avec Jean-Jacques Brochier, Le Magazine littéraire, février 2000


  83. Bernard-Henri Lévy, Le Siècle de Sartre, Grasset, 2000, p. 640 et suivantes


  84. « Parti de la considération simple que toute action implique l’espoir, Sartre conséquemment en arrive, après la nécessaire critique des fins historiques, à penser que l’éthique suppose l’eschatologie » : Benny Lévy présentation de L’Espoir maintenant, les entretiens de 1980, Verdier, 1991, p. 17


  85. Herbert Marcuse, L'Existentialisme de Sartre.


  86. Martin Heidegger, Lettre sur l'Humanisme.


  87. Thomas Baldwin, The Oxford Companion to Philosophy, éditeur Ted Honderich, Oxford University Press, 1995, p. 792, (ISBN 0-19-866132-0).


  88. Richard Wollheim, Freud, Londres, Fontana Press, pp. 157-176.


  89. Richard Webster, Why Freud Was Wrong: Sin, Science and Psychoanalysis, The Orwell Press, 2005, p. 7, (ISBN 0-9515922-5-4).


  90. L'historien Paul Johnson a affirmé que les idées de Sartre avaient inspiré les dirigeants Khmers rouges : « The events in Cambodia in the 1970s, in which between one-fifth and one-third of the nation was starved to death or murdered, were entirely the work of a group of intellectuals, who were for the most part pupils and admirers of Jean-Paul Sartre — 'Sartre's Children' as I call them. » (« Les événements au Cambodge dans les années 70, dans lesquels entre un cinquième et un tiers de la nation a été affamée jusqu'à la mort ou assassinée, furent entièrement le travail d'un groupe d'intellectuels, qui furent pour la plupart des élèves et admirateurs de Jean-Paul Sartre — les « enfants de Sartre », comme je les appelle. »), Paul Johnson The Heartless Lovers of Humankind, The Wall Street Journal.


  91. The Absolute Intellectual Brian C. Anderson


  92. Can There Be a Decent Left? (Peut-il y avoir une gauche décente ?) « Copie archivée » (version du 18 novembre 2011 sur l'Internet Archive)


  93. [1] Jean-Paul Sartre, 29 mars 2007, Slate.


  94. « Sartre et Beauvoir honorés à Saint-Germain », leparisien.fr, 12 avril 2000.



Annexes |


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Bibliographie |



Philosophie |


ouvrages généraux


  • Gilbert Varet, L'Ontologie de Sartre, Paris, PUF, 1948. Peut-être le premier ouvrage consacré à la philosophie de Sartre.


  • Francis Jeanson, Le problème moral et la pensée de Sartre, Paris, Seuil, 1965. Reprend essentiellement L'Être et le Néant.


  • Colette Audry, Sartre et la réalité humaine, Paris, Seghers, 1966. Présentation générale des écrits philosophiques de Sartre parus de son vivant et extraits de textes de La Transcendance de l'Ego au premier tome de la Critique de la raison dialectique.


  • Alain Renaut, Sartre, le dernier philosophe, Paris, Grasset, 1993. Axé essentiellement sur sa phénoménologie en rapport avec celle de Heidegger.

  • Juliette Simont, Jean-Paul Sartre, un demi-siècle de liberté, Paris, De Boeck, 1998. Ouvrage sur toute la pensée de Sartre.

  • Alfredo Gomez-Muller, Sartre. De la nausée à l'engagement, Paris, Le Félin, collection « Les Marches du temps », 2004.

  • Nathalie Monnin, Sartre, Paris, Les Belles Lettres, 2008.

  • Hadi Rizk, Comprendre Sartre, Paris, Armand Collin, 2011.


ouvrages spécialisés



  • Suzanne Lilar, À propos de Sartre et de l'amour (1967), Paris, éditions Bernard Grasset ; rééd. 1984, Gallimard (ISBN 2-07-035499-7).

  • Anna Boschetti, Sartre et « les Temps modernes », Paris, Minuit, 1985.

  • Gerhard Seel, La Dialectique de Sartre, Lausanne, L'Âge d'Homme, collection « Raison dialectique », 1995.


  • Vincent de Coorebyter, Sartre face à la phénoménologie, Bruxelles, Ousia, 2000.


  • Jean-Marc Mouillie, Sartre, conscience, ego et psyché, Paris, PUF, 2000.


  • Renaud Barbaras a collaboré et dirigé l'ouvrage collectif Sartre. Désir et liberté, Paris, PUF, 2005.

  • Roland Breeur, Autour de Sartre. La conscience mise à nu, Millon (Krisis), Grenoble, 2005.


  • Gérard Wormser, Jean-Paul Sartre, du mythe à l'histoire, Lyon, Sens Public & Parangon, Parangon, 2006.


  • Gérard Wormser, Jean-Paul Sartre, violence et éthique, Lyon, Sens Public & Parangon, Parangon, 2006.


  • Véronique Bergen, Comprendre Sartre, Paris, Max Milo, 2015, dessins de MicKey OC.




autres



  • Régis Jolivet, Sartre ou la Théologie de l'absurde, 1965.

  • Robert Denoon Cumming, The Philosophy of Jean-Paul Sartre, Random House, 1965 / Modern Library 1966 (Sélection d'extraits en traduction anglaise).

  • Denis Hollier, Politique de la prose. Jean-Paul Sartre et l'an quarante , Paris, Gallimard, coll. « Le Chemin », 1982.


  • Michel Sicard, Essais sur Sartre, Entretiens avec Sartre 1975-1979, Paris, Galilée, 1989.

  • Collectif, numéro spécial en deux tomes des Temps Modernes à l'occasion du 10e anniversaire de sa mort, 1990.


  • Bernard-Henri Lévy, Le Siècle de Sartre, Paris, Éditions Grasset, 2000.

  • Yvan Salzmann, Sartre et l’authenticité. Vers une éthique de la bienveillance réciproque, Genève, Labor et Fides, 2000.


  • Heiner Wittmann, L'Esthétique de Sartre. Artistes et Intellectuels, Paris, Éditions L'Harmattan, coll. « L'ouverture philosophique » 2001.


  • Angèle Kremer-Marietti, Jean-Paul Sartre et le Désir d'être, 2005.


  • Jonathan Judaken, Jean-Paul Sartre and the Jewish Question, University of Nebraska Press, 2006.

  • Jean-Louis Cornille, Nauséographie de Sartre, Paris, L'Harmattan, collection « Espaces littéraires », 2007.

  • Emmanuel Barot, Sartre et le marxisme, Paris, La Dispute, 2011.

  • Ian Birchall, Sartre et l'extrême-gauche française, cinquante ans de relations tumultueuses, La Fabrique eds, 2011.


  • Annie Cohen-Solal, Une renaissance sartrienne, Paris, Gallimard, 2013.

  • Sophie Astier-Vezon, Sartre et la peinture, Paris, L'Harmattan, 2013.

  • Arno Münster, Sartre et la praxis, ontologie de la liberté et praxis dans la pensée de Jean-Paul Sartre, réed. Delga, Paris, 2017.

  • Arno Münster, Sartre et la praxis, ontologie de la liberté et praxis dans la pensée de Jean-Paul Sartre, Ed. l'Harmattan, Paris, 2005.

  • Arno Münster, Sartre : le philosophe, l'intellectuel et la politique, éd. l'Harmattan, Paris, 2006.

  • Arno Münster, Sartre et la morale, éd. l'Harmattan, Paris, 2007.



Ouvrages biographiques |




  • Francis Jeanson, Sartre par lui-même, Paris, Seuil, coll. « Les Écrivains de toujours », 1955.


  • Simone de Beauvoir, La Force de l’âge, Paris, Gallimard, 1960.


  • Catharine Savage Brosman, Malraux, Sartre, and Aragon as Political Novelists, University of Florida Press, 1964, (ASIN B001OK3Z1Q)


  • Francis Jeanson, Sartre dans sa vie, Paris, Seuil, 1974.


  • Simone de Beauvoir, La Cérémonie des adieux, Paris, Gallimard, 1981. Simone de Beauvoir dialogue avec Sartre.


  • Catharine Savage Brosman, Jean-Paul Sartre, Twayne, 1983, (ISBN 0-8057-6590-5)


  • Benny Levy, Le Nom de l'homme : dialogue avec Sartre, Paris, Verdier, 1984.

  • Auclair Stéphane, Huit jours chez M. Sartre, In fine V&O éditions, 1992.

  • Ely Ben-Gal, Mardi chez Sartre. Un Hébreu à Paris. 1967-1980, Paris, Flammarion, 1992.


  • Jean-François Sirinelli, Sartre et Aron. Deux intellectuels dans le siècle, Paris, Fayard, 1995 : Biographie croisée de Sartre et Raymond Aron.


  • Annie Cohen-Solal, Sartre - 1905-1980, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1999. Ouvrage considéré comme "la" biographie de Sartre.


  • Denis Bertholet, Sartre, Paris, Perrin, 2004.


  • Ronald Aronson, Camus et Sartre. Amitié et Combat, Alvik Éditions, 2005. Biographie croisée de Sartre et d'Albert Camus qui se penche aussi sur leurs divergences politiques et philosophiques.

  • Marianne Jaeglé, Jean-Paul Sartre, Paris, Édition Nouveau Monde, 2005.


  • Emmanuel Godo, Sartre en diable, Paris, éditions du Cerf, 2005.


  • Bernard Lefort, Sartre, réveille-toi, ils sont devenus mous !, Paris, Ramsay, 2005.


  • Bernard Lallement, Sartre, l'improbable salaud, Paris, Cherche Midi, 2005.

  • Vincent von Wroblewsky, Pourquoi Sartre ?, Latresne, Éditions Le Bord de l'eau, 2005.

  • Ingrid Galster, Sartre et les Juifs, Paris, La Découverte, 2005.

  • John Gerassi, Entretiens avec Sartre, Paris, Grasset, 2011 [présentation en ligne].


  • Natalie Depraz et Noémie Parant (dir.), L'écriture et la lecture : des phénomènes miroir ? L'exemple de Sartre, Cahiers de l'ERIAC no 2, PURH, 2011.

  • Ingrid Galster, Sartre sous l'Occupation et après, Paris, L'Harmattan, 2014.

  • Gilbert Joseph, Une si douce Occupation...Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, 1940-1944. Albin Michel, 1991. (ISBN 2-226-05423-5)



Littérature |



  • Ali Bader, Papa Sartre (2001), 262 pages (ISBN 978-2-021-102-659)


Filmographie |




  • 1964 : La Chambre, adaptation télévisuelle de Michel Mitrani.


  • 2006 : Les Amants du Flore, téléfilm de Ilan Duran Cohen avec Lorànt Deutsch dans le rôle de Sartre et Anna Mouglalis dans le rôle de Simone de Beauvoir.


  • 2006 : Sartre, l'âge des passions, téléfilm de Claude Goretta en 2 épisodes, avec Denis Podalydes dans le rôle de Sartre et Anne Alvaro dans le rôle de Simone de Beauvoir.


  • 2013 : L'Écume des jours - film de Michel Gondry ; Philippe Torreton joue « Jean-Sol Partre » (adaptation du roman de Boris Vian).



Filmographie, en tant que lui-même |




  • 1950 : La vie commence demain de Nicole Vedrès


  • 1967 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier


  • 1976 : Sartre par lui-même, documentaire d'Alexandre Astruc



Articles connexes |



  • Existentialisme

  • Simone de Beauvoir

  • Søren Kierkegaard

  • Jean Sol Partre

  • Mao-spontex

  • La Cause du peuple

  • La Gauche Prolétarienne



Liens externes |




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  • Ressource relative à la vie publique : « Maitron »Voir et modifier les données sur Wikidata



  • (fr) Catalogue génétique général des manuscrits de Jean-Paul Sartre, ITEM, ENS-CNRS


  • (fr) Articles sur la philosophie de Sartre


  • (fr) Exposition virtuelle Sartre, Bibliothèque nationale de France


  • (fr) Groupe d'Études sartriennes


  • (en) Société Sartrienne d'Amérique du Nord


  • (en) The Nobel Prize in Literature 1964 : Jean-Paul Sartre - Site du Prix Nobel


  • (fr) Colloque Jean-Paul Sartre : De L’Être et le Néant à la Critique de la raison dialectique à l'École Normale Supérieure (18 et 19 novembre 2005)


  • (fr) Ensemble de conférences et de lectures de l'œuvre lors de la Nuit Sartre, à l'École Normale Supérieure (7 juin 2013)


  • (fr) Vidéo enrichie de Jean-Paul Sartre (interview, 1967) et ressources connexes sur l'encyclopédie vidéo SAM Network




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