Boat-people
Les boat-people (terme construit à partir des mots anglais « bateau » et « gens ») sont à l'origine des migrants qui fuyaient le Viêt Nam principalement dans les années 1980 par voie de mer, pays à économie dirigée et interdisant la liberté du commerce et la liberté d'opinion. Ils fuyaient donc leur pays pour des raisons politiques et économiques sur des embarcations. Souvent en surcharge et sans sécurité, ces départs ont fait de très nombreuses victimes par noyade, famine et froid.
Ce terme a commencé à être utilisé dans la presse francophone à partir de la chute de Saïgon en avril 1975 et l'invasion du Sud Viêt Nam par le Nord Viêt Nam communiste.
Ce terme est parfois utilisé dans la presse francophone pour les migrants provenant d'Afrique du Nord traversant la mer Méditerranée, tandis que la presse anglophone a étendu ce terme aux réfugiés économiques d'autres régions.
Sommaire
1 Boat-people
1.1 Au Vietnam
1.2 Ailleurs
2 Analyse
3 Hommages
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Articles connexes
5.2 Liens externes
Boat-people |
Au Vietnam |
À l'effondrement du régime du Sud Viêt Nam en mars 1975, 143 000 premiers réfugiés quittent le pays avec les Américains, fuyant le régime communiste. Rapidement des vagues d'autres réfugiés partent ensuite par leurs propres moyens sur des embarcations de fortune. Après la réunification en 1976, de nombreuses vagues d'émigration clandestines ont lieu avec la radicalisation socialiste progressive du sud.
À partir de 1978, une forme particulière de départ maritime, qualifiée de semi officielle, voit le jour. Moyennant une somme d'argent aux autorités locales et aux organisateurs, la minorité ethnique souvent commerçante des sino-vietnamiens peut fuir sur des bateaux au fur et à mesure des tensions avec la Chine, notamment pendant la guerre sino-vietnamienne, jusqu'à la fin des années 1980[1]. Beaucoup d'entre eux sont dirigés vers des camps de Hong Kong. Les images de milliers de réfugiés parqués dans ces camps derrière des barbelés et des barreaux dans des conditions déplorables soulèvent l'indignation des médias occidentaux de l'époque.
Parmi ces millions d'émigrants, principalement originaires du sud (ancienne République du Vietnam), le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime qu'entre 200 000 et 250 000 d'entre eux ont péri, victimes des garde-côtes, des pirates ou de noyades[2]. Ce fut un fait marquant de la fin de la guerre froide que les partis communistes ne pouvaient arriver à dissimuler.
Les médias de masse de l'époque se font l'écho de drames survenus en mer et surtout des conditions d'accueil des réfugiés dans des camps.
Jean-Paul Sartre, déjà fort âgé, se rallie à cette cause. Raymond Aron, en allant soutenir la cause des boat-peoples à l'Élysée devant Valéry Giscard d'Estaing en juin 1979, demande aux hommes politiques de résoudre le drame de l'accueil des réfugiés, repoussés par de nombreux pays (en particulier par Hong Kong, l'Indonésie et l'Australie). Avec ces intellectuels et des personnalités telles que André Glucksmann, Yves Montand ou Simone Signoret, Bernard Kouchner lance l'opération Un bateau pour le Vietnam et affrète un cargo, l'Ile de lumière[3]. Cette mission humanitaire en mer de Chine qui donnera naissance à l'association Médecins du monde, sera suivie de nombreuses autres. La France accueille donc un quota officiel de réfugiés des camps. C'est la première grande vague d'immigration en France d'origine asiatique.
La dernière mission d'assistance en mer a eu lieu au printemps 1989, à bord du Mary, petit cargo financé par André Gille (un donateur particulier) à bord duquel se relaient des équipes soutenues par l'association française Partage. Les vagues de boat-people cessent dans les années 1990, lorsque le Vietnam, à l'instar de la Chine, commence à libérer le commerce et à mettre en place un socialisme ouvert à l'économie de marché.
À Genève (février 2006) et à Liège (juin 2006), les premières stèles ont été érigées à la mémoire des victimes, et pour marquer la reconnaissance des survivants à l'égard des pays d'accueil. Le gouvernement de Hanoï, toujours à parti unique (Parti communiste vietnamien), est parvenu à faire détruire deux autres stèles, l'une en Malaisie, l'autre en Indonésie, par pressions diplomatiques sur ses voisins.
Ailleurs |
Par extension ce terme de boat-people est utilisé dans d'autres circonstances : ainsi notamment à Cuba, l'exode de Mariel en 1980, puis de nouveau en 1994, ou bien en Italie lors du naufrage à Lampedusa en 2013.
En avril 2008, l'historien Alain Le Doaré nomme l'exposition dont il est le commissaire : Voyages au bout de la mer - Boat people, hier, aujourd'hui. L'exposition relate l'histoire des centaines de milliers de Vietnamiens qui ont tenté de quitter leur pays par la mer à partir de 1975. Photos, films, sons, écrits, racontent cette histoire via les témoignages des réfugiés, des marins, des journalistes, des médecins. L'exposition a été reprise aux Champs Libres à Rennes en 2009, sous le titre Boat-people, bateaux de l'exil[4].
Analyse |
L'opération Un bateau pour le Vietnam lancée par Bernard Kouchner est analysée comme « la première campagne de promotion des urgences humanitaires ». À un moment où les espérances révolutionnaires notamment communistes perdent leurs derniers attraits, ce type de campagne ne s’inscrit plus dans une grille de lecture explicitement « idéologique », comme celle engendrée par l’adhésion au marxisme et s'éloigne des dénonciations qui fonctionnaient encore au début de la décennie soixante-dix, tout particulièrement dans les milieux gauchistes. Elle ne retient plus que les mots d'ordre de la morale et est marquée par un style (« spectacularisation et sollicitude envers les victimes, pratique de l’exorcisme verbal contre ces grande entités que sont la faim et le terrorisme ») qui sera amplement repris la suite[5].
Hommages |
En 1984, le groupe de rock français Gold sort l'album Le Train de mes souvenirs dans lequel figure la chanson Plus près des étoiles. Avec ce single, le groupe rend hommage aux boat-people vietnamiens. Ce sera le plus grand succès du groupe avec Capitaine abandonné en 1985. Voici un court extrait des paroles de la chanson :
« Ils ont quitté leurs terres,
Leurs champs de fleurs
Et leurs livres sacrés ;
Traversé les rizières
Jusqu'au grand fleuve salé... »
Notes et références |
[1]Les Femmes dans l'immigration vietnamienne en France : De 1950 à nos jours, Chloé Szulzinger, page 18
(en) « Vietnam, post-war Communist regime (1975 et seq.): 365,000 », Secondary Wars and Atrocities of the Twentieth Century, mars 2011(consulté le 27 mai 2008)
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Grace-a-l-Ile-de-Lumiere-des-milliers-de-Vietnamiens-ont-reconstruit-leur-vie-2013-08-08-996240
Site de l'exposition
François Hourmant, Le désenchantement des clercs : Figures de l'intellectuel dans l'après-mai 68, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res publica », 1er mai 1997
Voir aussi |
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Articles connexes |
Boat People : film réalisé par Ann Hui
Que la barque se brise, que la jonque s'entrouvre : téléfilm franco-cambodgien de Rithy Panh
Kim Thúy, Ru, Libre Expression, 2009.
Liens externes |
Les réfugiés de la mer - Les Archives de Radio-Canada
Accueil des boat people : une mobilisation politique atypique - Publications du GISTI
Saigon-Roubaix : Itinéraire d'un enfant du Mekong- Les photos de Laurent Charpentier et un montage vidéo réalisé pour l'exposition "Voyages au bout de la mer", présentée à Douarnenez en 2008-2009
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