Commune de Paris (1871)
Pour les articles homonymes, voir Commune de Paris et Commune (homonymie).
18 mars 1871 – 28 mai 1871
2 mois
Statut | Administration municipale autonome |
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Capitale | Paris |
Langue | Français |
Monnaie | Franc français |
Population 1866 | 1 799 980 hab. |
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18 mars 1871 | Les Parisiens, essentiellement ouvriers et artisans, se soulèvent contre le gouvernement d'Adolphe Thiers qui veut désarmer la Garde nationale, et empêchent l'enlèvement des canons de la Garde nationale ; le gouvernement quitte Paris pour Versailles. |
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26 mars 1871 | Élections des membres du Conseil de la Commune. |
28 mars 1871 | Proclamation du Conseil de la Commune, surnommé « Commune de Paris », à qui le Comité central de la Garde nationale remet ses pouvoirs. |
29 mars 1871 | Pour gouverner, la Commune se dote d'une Commission exécutive, à la tête de 9 commissions. |
19 avril 1871 | La Commune présente son programme dans sa « Déclaration au peuple français » : séparation de l'Église et de l'État, instruction laïque gratuite et obligatoire, amélioration des conditions de travail. |
1er mai 1871 | La Commission exécutive est remplacée par un organisme plus autoritaire : le Comité de Salut public. |
16 mai 1871 | Démolition de la colonne Vendôme, considérée comme symbole du despotisme impérial. |
21-28 mai 1871 | La Semaine sanglante met fin à la Commune de Paris. Procès, exécutions et déportations des prisonniers communards. |
29 mars 1871 | Jourde, Varlin, Grousset… |
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20 avril 1871 | Cluseret, Fränkel, Vaillant… |
10 mai 1871 | Rossel, Delescluze… |
Entités précédentes :
Troisième République
Entités suivantes :
Troisième République
La Commune de Paris est une période insurrectionnelle de l'histoire de Paris qui dura un peu plus de deux mois, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection contre le Gouvernement, issu de l'Assemblée nationale qui venait d'être élue au suffrage universel masculin, ébaucha pour la ville une organisation proche de l'autogestion ou d'un système communiste. La Commune est en partie une réaction à la défaite française de la guerre franco-prussienne de 1870 et au siège de Paris, ainsi qu'une manifestation de l'opposition entre le Paris républicain, considéré comme « rouge », et une Assemblée nationale à majorité monarchiste.
Sommaire
1 À l'origine de la Commune
1.1 La défaite de 1870 et ses conséquences
1.2 Le contexte social parisien
1.2.1 À l'origine de l'insurrection
1.2.2 Qui sont les insurgés ?
1.3 Le déclenchement
2 L'expérience de la Commune
2.1 Mise en place
2.1.1 Soulèvement du 18 mars
2.1.2 Élection du Conseil de la Commune
2.1.3 Vie politique
2.2 Organisation
2.3 Politiques suivies
2.3.1 Mesures d'urgence
2.3.2 Démocratie et citoyenneté
2.3.3 Travail et démocratie sociale
2.3.4 Vers l'émancipation des femmes
2.3.5 Presse
2.3.6 Fonctionnaires
2.3.7 Justice
2.3.8 Enseignement
2.3.9 Cultes
3 « Communards » contre « Versaillais »
3.1 Mobilisation des deux camps
3.2 Second siège de Paris
3.3 Répression
3.4 Destructions
4 Prolongements des événements de la commune de 1871 en France
5 Construction de la basilique du Sacré-Cœur sur la colline de Montmartre
6 Place dans l'histoire
7 Citations d'écrivains contemporains de la Commune
8 Chronologie
9 Évocations artistiques
9.1 Littérature
9.2 Théâtre
9.3 Musique
9.4 Bande dessinée
9.5 Arts plastiques
10 Cinéma et documentaires
10.1 Cinéma
10.2 Télévision
10.3 Documentaires
11 Voir aussi
11.1 Bibliographie
11.1.1 Témoignages et écrits de contemporains
11.1.2 Études historiques
11.1.3 Autres éléments bibliographiques
11.2 Articles connexes
11.3 Liens externes
12 Notes et références
À l'origine de la Commune |
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De 1804 à 1870, la France a vécu principalement sous des régimes politiques plus ou moins autoritaires : Premier Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Second Empire. Le régime républicain et la démocratie représentative n'ont été que des expériences passagères.
La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au Gouvernement révolutionnaire de la Commune de 1792, ainsi qu'aux premiers mois de la Deuxième République, allant de la Révolution de février aux insurrections des journées de Juin, réprimées de façon sanglante par le gouvernement issu de l'Assemblée constituante élue le 23 avril 1848.
La défaite de 1870 et ses conséquences |
En juillet 1870, Napoléon III entreprend contre la Prusse une guerre mal préparée, qui le conduit rapidement à la défaite. Le 4 septembre 1870, à la suite d'une journée d'émeutes parisiennes, l'Empire est renversé. Un gouvernement de défense nationale s'installe à l'hôtel de ville de Paris officiellement pour poursuivre la guerre contre les États allemands, dont les troupes occupent le nord du pays. Selon certaines interprétations, dont celle de l'historien Henri Guillemin, ce gouvernement issu de la classe dominante aurait surtout œuvré à signer la capitulation et à faire accepter la défaite aux Français dans le but d'enrayer la menace du socialisme parisien, qui sans l'aide des Allemands aurait été incontrôlable[1],[2].
Paris est assiégée et connaît une grave famine au cours de l'hiver 1870-1871. Les Français, humiliés, apprennent que l'Empire allemand a été proclamé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles le 18 janvier 1871. Le 28 janvier 1871, Jules Favre signe avec le chancelier allemand Otto von Bismarck un armistice qui prévoit, outre l'arrêt des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables, la convocation d'une assemblée nationale chargée notamment de décider de la poursuite de la guerre ou de la conclusion de la paix.
Les événements font monter la tension à Paris au sein du peuple où se retrouve « ce qui a produit la sans-culotterie en 1792-1794 : ébénistes, tanneurs, cordonniers, tailleurs, maçons, charpentiers, etc. »[3].
Les élections législatives du 8 février, organisées dans la précipitation pour ratifier au plus vite l'armistice, envoient une forte proportion de monarchistes (400 députés), candidats des listes « pour la paix », à l'Assemblée nationale. La plus grande partie des élus représentant Paris sont eux des républicains des listes « pour la guerre », souvent extrémistes. En effet, le peuple parisien pense s'être correctement défendu et ne se considère pas comme vaincu. Il existe un fossé grandissant, confinant parfois à l'exaspération, entre les provinces et la capitale.
La guerre de 1870 a profondément marqué la ville, qui a subi un siège très dur et dont la population a souffert de la faim. L'armistice de janvier 1871 paraît insupportable aux Parisiens, qui ont résisté à l'ennemi pendant près de quatre mois. « Les insurgés vibraient d'un patriotisme de gauche que la honte de la défaite exaspérait »[4].
L'attitude du gouvernement n'est pas conciliante, notamment lorsqu'il nomme trois bonapartistes aux postes de préfet de police (Louis Ernest Valentin), de chef de la Garde nationale (le général Louis d'Aurelle de Paladines) et de gouverneur (le général Joseph Vinoy), nominations vécues comme une provocation par les Parisiens. Le 9 mars 1871, le préfet de police interdit les principaux journaux d'extrême gauche, dont Le Cri du peuple de Jules Vallès.
L'attitude de l'Assemblée, royaliste et pacifiste, qualifiée d'« assemblée de ruraux » par les Parisiens, contribue à l'exacerbation des tensions. Le 10 mars 1871, elle transfère son siège de Paris à Versailles parce qu'elle voit, à juste titre, dans Paris « le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire »[5]. Par une loi du même jour, elle met fin au moratoire sur les effets de commerce, acculant à la faillite des milliers d'artisans et de commerçants, et supprime la solde d'un franc cinquante par jour payée aux gardes nationaux.
Le contexte social parisien |
À l'origine de l'insurrection |
À Paris, la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a presque disparu avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les quartiers de l'ouest (7e, 8e, 16e et 17e arrondissements) concentrent les plus riches des Parisiens avec leur domesticité. Les quartiers centraux conservent encore des personnes aisées. Mais les classes populaires se sont installées à l'est (10e, 11e, 12e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux : 442 000 sur 1,8 million d'habitants, selon le recensement de 1866, ainsi que les artisans (près de 70 000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et les très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s'organiser.
Deux éléments ont pu favoriser l'insurrection du peuple. Tout d'abord, le droit de grève, accordé en 1864, a été très utilisé dans les dernières années du Second Empire. À l'occasion des élections législatives de février 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l'accès au crédit et la solidarité. Depuis septembre 1864, il existe une Internationale ouvrière qui a des représentants à Paris (en 1868, le gouvernement impérial dissout sa section française dont les membres ont participé à des manifestations républicaines). Ensuite, la loi sur la liberté de la presse de 1868 permet l'émergence publique de revendications économiques anti-capitalistes : le programme de Benoît Malon et Eugène Varlin pour les élections législatives de 1869 prône la « nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer… Les blanquistes, inspirés par les idées d'Auguste Blanqui et partisans de l'insurrection, se manifestent de plus en plus, ce qui inquiète l'opinion et les élus républicains.
Les classes populaires parisiennes (ou tout du moins une partie d'entre elles) craignent de se voir une nouvelle fois frustrées des bénéfices de « leur » révolution de septembre 1870 (renversement du Second Empire). Déjà, après les journées révolutionnaires parisiennes de juillet 1830 comme après celles de février 1848, suivies des élections d'avril 1848, les classes aisées avaient confisqué le pouvoir politique à leur profit en installant la Monarchie de Juillet et la Deuxième République, qui débouchera sur le Second Empire. En 1871, les Parisiens sont méfiants envers l'assemblée élue en février, où les deux tiers des députés sont des monarchistes de diverses tendances ou des bonapartistes. Comme l'écrit Jean-Jacques Chevallier, « la Commune était l'expression, chez ses meneurs, d'un républicanisme ultra rouge, antireligieux, jacobin, prolétarien, fouetté par la haine pour cette assemblée monarchiste »[4].
Certains historiens voient encore d'autres facteurs dans son déclenchement, notamment Jacques Rougerie qui souligne le rôle de la révolution haussmannienne et interprète la Commune comme « une tentative de réappropriation populaire de l'espace urbain »[6].
Jules Ferry, quant à lui, déclara devant la commission d’enquête sur les causes de l’insurrection, qu’il en voyait trois : premièrement, ce qu’il appelle « la folie du siège », née de l’inactivité, du bouleversement des habitudes civiles, d’une tension des esprits tournés vers la guerre, et enfin de « l’immense déception » d’une « population tout entière qui tombe du sommet des illusions ». La deuxième se trouve dans la désorganisation de la garde nationale, source de graves désordres. Pour terminer, la ferme volonté des Prussiens d’entrer dans Paris finit par convaincre une grande partie de la population qu’elle était trahie[7].
Qui sont les insurgés ? |
Les archives de la répression qui frappa l'insurrection permettent de brosser le portrait social des communards. L'insurgé-type de 1871 est un travailleur parisien, un homme d'une trentaine d'années. Parmi ces insurgés, on rencontre principalement les ouvriers du bâtiment, les journaliers, et les travailleurs du métal, ouvriers d'ateliers ou de petites fabriques. Ils forment respectivement 17 %, 16 % et 10 % du total. Viennent ensuite les employés (8 %), les cordonniers-savetiers (5 %), les marchands de vin (4 %) et les ouvriers du livre (3 %), fortement politisés[8]. Ainsi, de petits patrons côtoient des salariés : aux yeux des marxistes, il n'y a pas eu de lutte des classes au sens « moderne » du terme. « Des femmes, elles aussi, prennent part à la lutte et s'organisent au sein de comités et de clubs ».
L’écrivain Maxime du Camp, témoin hostile de la Commune, fait, en 1881, une description sévère des insurgés : « Malgré certaines apparences et malgré leur uniforme, les bataillons fédérés n’étaient point une armée ; c’était une multitude indisciplinée, raisonneuse, que l’alcoolisme ravageait. Dans toutes les luttes qu’ils engagèrent, même à forces triples, contre l’armée de Versailles, ils furent battus. Lors du combat suprême commencé le 21 mai et terminé le 28, malgré les positions formidables qu’ils occupaient, malgré les abris qui les protégeaient, malgré les refuges que leur offraient les rues, les ruelles, les maisons à double issue, malgré leur énorme artillerie, malgré leur nombre, ils furent vaincus par nos soldats marchant à découvert. Plus d’une cause leur a infligé une infériorité qui devait nécessairement amener leur défaite : au point de vue technique, ils ne savaient pas obéir, et l’on ne savait pas les commander ; au point de vue moral, la plupart ne savaient pas pourquoi ils se battaient ; presque tous trouvaient le métier fort dur et ne le faisaient qu’en rechignant »[9].
Le déclenchement |
Adolphe Thiers avait commandé la construction des fortifications qui entouraient Paris alors qu'il était ministre de Louis-Philippe. Il avait conçu cette enceinte pour défendre la ville contre des ennemis. Durant la Révolution de 1848, Thiers avait vainement proposé ce plan au roi Louis-Philippe pour briser la révolution parisienne.
Le 17 mars 1871, Adolphe Thiers et son gouvernement, évaluant mal l'état d'esprit des Parisiens, envoient au cours de la nuit la troupe sous le commandement du général Lecomte s'emparer des canons de la Garde nationale sur la butte Montmartre. Le général Lecomte est capturé par les insurgés et fusillé le lendemain avec le général Clément-Thomas, malgré la demande de protection du maire du 18e arrondissement, Georges Clemenceau. Ce même jour, Thiers organise l'arrestation d'Auguste Blanqui[10] qui se reposait chez un ami médecin à Bretenoux (Lot). De là, il le fait transférer en Bretagne, sous surveillance militaire, avec ordre de tirer en cas d'évasion.
Quand le gouvernement décide de désarmer les Parisiens, ceux-ci se sentent directement menacés. Il s'agit de leur soustraire les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens considèrent comme leur propriété ces canons qu'ils ont eux-mêmes payés par souscription lors de la guerre contre la Prusse. Ils se voient sans défense vis-à-vis d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales (comme en juin 1848). Cependant ils disposent de près de 500 000 fusils.
L'expérience de la Commune |
Mise en place |
Soulèvement du 18 mars |
À Montmartre, Belleville, Ménilmontant, l'armée réussit sans difficulté à reprendre les canons. Cependant il faut les transporter et les chevaux manquent. Une note du 16 mars 1871 du 3e bureau au ministre de la Guerre a pressé la réaffectation des 1 800 chevaux disponibles. Ce 18 mars, donc, l'armée attend les chevaux. On tente même de descendre les canons à bras d’homme. À Montmartre, au matin, le peuple parisien s'éveille et s'oppose à la troupe venue chercher les canons. Puis, rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Un peu partout dans Paris, la population s'en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Lecomte, déjà cité, et Clément-Thomas, qui avait participé à la répression du soulèvement de juin 1848, sont massacrés par la foule rue des Rosiers[11] malgré les ordres contraires du Comité de vigilance de Montmartre[12] et l'intervention du maire du 18e arrondissement, Clemenceau. C'est le début de l'insurrection. Apprenant les événements, Victor Hugo écrit dans son journal : « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée »[13].
Thiers gagne Versailles. Des Parisiens (100 000 selon Thiers[réf. nécessaire]), habitant surtout des quartiers aisés de l'Ouest parisien ou fonctionnaires, l'y suivent. La Commune ne représentait à peu près que la moitié de la population parisienne[14].
Élection du Conseil de la Commune |
Le 25 mars, un jour avant les élections, le Comité central de la Garde nationale lance auprès des Parisiens un appel à la vigilance et à la réflexion avant d’élire leurs représentants.
Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du Conseil de la Commune. Compte tenu des départs de Parisiens, avant et après le siège de Paris par les Prussiens, et de ceux qui suivent Thiers à Versailles, le taux d'abstention est de 52 %. L'élection d'une vingtaine de candidats « modérés », représentant les classes aisées[réf. souhaitée], montre que le scrutin ne fut au moins pas totalement biaisé. Les arrondissements de l'Est et du Nord (18e, 19e, 20e, 10e, 11e), le 12e et le 13e dans le Sud ont voté massivement pour les candidats fédérés. Les 1er, 2e, 3e, 9e et 16e ont quant à eux voté massivement pour les candidats présentés par les maires du parti de l'Ordre (environ 40 000 voix) et les abstentions y ont été très importantes. En réalité, 70 élus seulement siègeront, du fait de la démission rapide de modérés, de l'impossibilité d'être à Paris pour certains (par exemple Blanqui) et des doubles élections. Le Conseil est représentatif des classes populaires et de la petite bourgeoisie parisiennes. On y trouve 25 ouvriers, 12 artisans, 4 employés, 6 commerçants, 3 avocats, 3 médecins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 ingénieur, 1 architecte, 2 artistes peintres, 12 journalistes.
Toutes les tendances politiques républicaines et socialistes sont représentées, jusqu'aux anarchistes. Parmi la vingtaine de « jacobins », admirateurs de la Révolution de 1789 et plutôt centralisateurs, on trouve Charles Delescluze, Félix Pyat, Charles Ferdinand Gambon ou Paschal Grousset. À peine plus nombreux sont les « radicaux », partisans de l'autonomie municipale et d'une république démocratique et sociale, tels Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément et Jules Bergeret. On compte une dizaine de « blanquistes », adeptes de l'insurrection et avant-gardistes, comme l'avocat Eugène Protot, le journaliste Édouard Moreau de Beauvière, Jean-Baptiste Chardon, Émile Eudes, Théophile Ferré, Raoul Rigault ou Gabriel Ranvier. Des collectivistes, membres de l'Association internationale des travailleurs, sont élus, dont Léo Fränkel, Benoît Malon et Eugène Varlin. Quelques « proudhoniens », partisans de réformes sociales, siègent, comme Pierre Denis. Enfin, des « indépendants » ont été élus, tels Jules Vallès et Gustave Courbet. Vingt des soixante élus du Conseil de la Commune sont des francs-maçons[15].
Rapidement, le Conseil de la Commune se divise en « majorité » et « minorité » :
- les majoritaires sont les jacobins, les blanquistes et les indépendants ; pour eux, le politique l'emporte sur le social ; se voulant les continuateurs de l'action des « montagnards » de 1793, ils ne sont pas hostiles aux mesures centralisatrices, voire autoritaires ; ils voteront cependant toutes les mesures sociales de la Commune ;
- les minoritaires sont les radicaux et les « internationalistes », collectivistes ou proudhoniens ; ils s'attachent à promouvoir des mesures sociales et anti-autoritaires ; ils sont les partisans de la République sociale.
Ces tendances se cristallisent le 28 avril à propos de la création d'un Comité de Salut public, organisme que les minoritaires refusent comme contraire à l'aspiration démocratique et autonomiste de la Commune. Les majoritaires en imposent la création le 1er mai par 45 voix contre 23[16]. La minorité au conseil de la Commune publie un Manifeste le 15 mai. Toutefois, ces luttes d'influence restent incomprises d'une grande partie des Parisiens et les deux tendances feront combat commun dès l'entrée des troupes versaillaises dans Paris.
Vie politique |
À côté des personnalités élues, les classes populaires de Paris manifestent une extraordinaire effervescence politique. Les élections à répétition, le 26 mars pour le Conseil de la Commune et le 16 avril pour des élections complémentaires, maintiennent la tension politique. Les cérémonies officielles permettent aussi les rassemblements : l'installation du Conseil de la Commune à l'hôtel de ville le 28 mars, les obsèques du socialiste Pierre Leroux à la mi-avril, la destruction de l'hôtel particulier de Thiers, la démolition de la colonne Vendôme le 16 mai.
Surtout, la population peut se retrouver dans de nombreux lieux pour y discuter de la situation, proposer des solutions, voire faire pression sur les élus ou aider l'administration communale. Réunis dans les lieux les plus divers, ils permettent à des orateurs réguliers ou occasionnels de faire entendre les aspirations de la population et de débattre de la mise sur pied d'un nouvel ordre social favorable aux classes populaires (comme au Club de la Révolution, animé par Louise Michel). Si ces clubs sont nombreux dans les quartiers centraux (1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e arrondissements), les quartiers aisés de l'ouest parisien (7e, 8e et 16e) n'en comptent aucun. Les clubs se fédèrent le 7 mai afin d'avoir des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune.
S'ajoutant aux titres déjà existants, plus de soixante-dix journaux sont créés pendant les soixante-douze jours de la Commune. Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et, le 18 mai, le Comité de Salut public interdit les publications favorables au gouvernement Thiers. Parmi les journaux les plus influents figurent Le Cri du peuple de Jules Vallès, Le Mot d'ordre d'Henri Rochefort, L'Affranchi de Paschal Grousset, Le Père Duchêne d'Eugène Vermersch, La Sociale avec la féministe André Léo et Le Vengeur de Félix Pyat.
Organisation |
Le 29 mars 1871, la Commune se dote pour gouverner d'une Commission exécutive, à la tête de 9 commissions.
Commissions | Membres initiaux[17] | Délégués initiaux[17] | Réaffectations[18],[19] |
Commission de la Guerre | Charles Delescluze, Gustave Tridon, Augustin Avrial, Georges Arnold, Gabriel Ranvier | Cluseret | Louis Rossel (01/05/1871), Alfred-Édouard Billioray (08/05/1871), Charles Delescluze (10/05/1871) |
Commission des Finances | Charles Beslay, Alfred-Édouard Billioray, Victor Clément, Gustave Lefrançais, Félix Pyat | François Jourde | |
Commission de la Sûreté générale | Frédéric Cournet, Auguste-Jean-Marie Vermorel, Théophile Ferré, Alexis Louis Trinquet, Clovis Dupont | Raoul Rigault | |
Commission de l'Enseignement | Gustave Courbet, Augustin Verdure, Jules Miot, Jules Vallès, Jean Baptiste Clément | Édouard Vaillant | |
Commission des Subsistances | Eugène Varlin, François-Louis Parisel, Victor Clément, Arthur Arnould, Henry Louis Champy | Auguste Viard | |
Commission de la Justice | Charles Ferdinand Gambon, Louis-Simon Dereure, Adolphe Clémence, Camille Langevin, Jacques Louis Durand | Eugène Protot | |
Commission du Travail et de l'Échange | Albert Theisz, Benoît Malon, Auguste Serraillier, Charles Longuet, Louis-Denis Chalain | Léo Fränkel | |
Commission des Relations extérieures | Léo Melliet, Charles Gérardin, Charles Amouroux, Jules-Paul Johannard, Jules Vallès | Paschal Grousset | Louis Rossel (10 mai 1871) |
Commission des Services publics | François-Charles Ostyn, Pierre Vésinier, Paul Philémon Rastoul, Antoine ?, Armand Antoine Jules Arnaud, Eugène Pottier | Jules Andrieu | |
Politiques suivies |
Dans son programme daté du 19 avril 1871, la Commune résume[20] :
« La Révolution communale, commencée par l'initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. C'est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l'exploitation, de l'agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres. »
Dès le 29 mars, le Conseil de la Commune forme en son sein dix commissions : exécutive, militaire, subsistances, finances, justice, sûreté générale, travail, industrie et échanges, services publics et enseignement. Le 21 avril le Conseil décide de nommer un membre de la commission exécutive « délégué » auprès de chacune des neuf autres commissions pour en diriger les travaux. Gustave Cluseret devient délégué à la Guerre (remplacé le 1er mai par Louis Rossel, lui-même remplacé le 10 mai par Charles Delescluze) ; Eugène Protot est délégué à la Justice ; Auguste Viard est délégué aux Subsistances ; Édouard Vaillant à l'Enseignement ; Raoul Rigault à la Sûreté générale (où il sera remplacé le 24 avril par Frédéric Cournet, puis le 13 mai par Théophile Ferré) ; Léo Fränkel est nommé au Travail, à l'Industrie et aux Échanges ; Jules Andrieu aux Travaux publics. Le Comité de Salut public, créé le 1er mai, dont les attributions n'ont pas été précisées, vient empiéter sur celles des commissions et crée une certaine confusion (qui aboutit le 10 mai à la démission de Louis Rossel).
La Commune administre Paris jusqu'au 20 mai. De nombreuses mesures sont prises et appliquées pendant les 72 journées d'une intense activité législatrice. La Commune n’ayant aucune légitimité au regard du gouvernement légal du pays, ces mesures disparaissent avec elle sans qu’il soit nécessaire de les abolir explicitement ensuite. Certaines seront reprises par la République plusieurs décennies plus tard.
Mesures d'urgence |
— Placard de la Commune de Paris |
Le Conseil de la Commune commence par régler les questions qui sont à l'origine du soulèvement du 18 mars : le 29 mars, un décret remet les loyers non payés d'octobre 1870 à avril 1871 (il ne s'agit pas d'un moratoire, les locataires ne sont tout simplement plus redevables de ces loyers)[22], la vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue ; le 12 avril, les poursuites concernant les échéances non payées sont suspendues ; le 16 avril, un délai de trois ans est accordé pour le règlement des dettes et des échéances ; le 6 mai, le dégagement gratuit des dépôts de moins de 20 francs au Mont-de-Piété est permis (décret du 6 mai 1871, J.O. du 7 mai).
La solidarité est également organisée : une pension est versée aux blessés ainsi qu'aux veuves (600 francs) et aux orphelins (365 francs) des gardes nationaux tués au combat (8 et 10 avril) ; le 25 avril, un décret réquisitionne les logements vacants au profit des sinistrés des bombardements allemands et versaillais ; des orphelinats sont créés avec l'aide en fourniture des familles parisiennes.
La question du ravitaillement est devenue moins cruciale que pendant le siège hivernal de Paris par les Prussiens : à l'exception du pain qui est taxé, les aliments se trouvent en suffisance grâce aux stocks accumulés après le siège et aux arrivages des terres agricoles et des jardins situés entre les fortifications et les lignes allemandes. Mais par circulaire du 21 avril, le gouvernement Thiers impose le blocus ferroviaire de la capitale. Le 22 avril, des ventes publiques de pommes de terre et des boucheries municipales sont créées pour soulager le budget des familles (dont les dépenses alimentaires constituent à l'époque l'essentiel). Cantines municipales et distributions de repas (à l'exemple des « marmites de Varlin ») fonctionnent, des bons de pain sont distribués.
La Commune prend aussi quelques mesures symboliques : le drapeau rouge est adopté le 28 mars et le calendrier républicain (an 79 de la République) remis en vigueur. La destruction de la colonne Vendôme, considérée comme le symbole du despotisme impérial, est décrétée le 12 avril et réalisée le 16 mai. Sont aussi décidées la confiscation des biens de Thiers et la destruction de son hôtel particulier à Paris (Thiers se fera rembourser plus d'un million de francs).
Démocratie et citoyenneté |
L'appel du 22 mars[23] du Comité central de la Garde nationale énonce que « les membres de l'assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l'opinion, sont révocables, comptables et responsables » et que leur mandat est impératif. Il s'agit d'une démocratie directe reposant sur une citoyenneté active, renouant avec l'esprit de la constitution de 1793 qui fait du droit à l'insurrection « le plus sacré des droits et le plus imprescriptible des devoirs » (article XXXV de la Déclaration des droits de l'Homme de 1793).
La Commune de Paris ouvre la citoyenneté aux étrangers : « Considérant que le drapeau de la commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent… »[24].
Travail et démocratie sociale |
Le Conseil de la Commune, issu d'un mouvement populaire, se préoccupe d'améliorer la condition des prolétaires. La Commune entend réaliser l'aspiration du mouvement ouvrier français du XIXe siècle : « l'émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes » (mot d'ordre de l'Association internationale des travailleurs dès 1864).
Le 16 avril, un décret réquisitionne les ateliers abandonnés par leurs propriétaires (assimilés à des déserteurs) ; il prévoit de les remettre à des coopératives ouvrières après indemnisation du propriétaire. Deux ateliers fonctionnent ainsi pour la fabrication d'armes ; la journée de travail y est de 10 heures et l'encadrement est élu par les salariés. Le 20 avril, les bureaux de placement de la main d'œuvre, entreprises privées très florissantes sous l'Empire, monopoles agissant bien souvent comme des « négriers », sont supprimés et remplacés par des bureaux municipaux. Le même jour, le travail de nuit dans les boulangeries est interdit, mais il faut lutter contre le travail clandestin par des saisies de marchandises et l'affichage de la sanction dans les boutiques. Pour contrer une pratique très répandue, la Commune interdit les amendes et retenues sur salaires, dans les administrations publiques comme dans les entreprises privées (28 avril). Pour lutter contre le sous-salariat dans les appels d'offres concernant les marchés publics, un cahier des charges avec indication du salaire minimum est créé.
La Commune annonce les prémices de l'autogestion[réf. nécessaire]. Dans les entreprises, un conseil de direction est élu tous les 15 jours par l'atelier et un ouvrier est chargé de transmettre les réclamations.
Vers l'émancipation des femmes |
Pendant la Commune, sous l'impulsion d'Élisabeth Dmitrieff, jeune militante russe de l'Internationale, et de Nathalie Lemel, ouvrière relieuse, se crée l'un des premiers mouvements féminins de masse, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés. L'Union réclame le droit au travail et l'égalité des salaires (un commencement d'application est mis en place pour les institutrices), elle participe au recensement des ateliers abandonnés par leurs patrons (les francs fileurs) réfugiés à Versailles et organise des ateliers autogérés. La Commune reconnaît l'union libre (elle verse une pension aux veuves de fédérés mariées ou non, ainsi qu'à leurs enfants légitimes ou naturels)[25],[26], interdit la prostitution et met en place un début d'égalité salariale. Elle manque de temps pour instaurer le droit de vote des femmes[27]. Des femmes mettent en application le décret de séparation des Églises et de l'État dans les écoles et les hôpitaux, se battent, comme Louise Michel et d'autres, sous l'habit des « fédérés » et défendent Paris contre les « Versaillais » sur les barricades (elles sont une centaine, place Blanche, avec Nathalie Lemel). Sur le chemin de l'émancipation des femmes, la Commune a marqué une étape importante[25],[26].
Presse |
La liberté de la presse est réaffirmée le 19 mars par le Comité central de la Garde nationale et les journaux anti-communards continuent donc de paraître à Paris. Ils se livrent à des attaques violentes contre le soulèvement et relaient les mots d'ordre politiques de Thiers. Aussi, dès le 5 avril, le Journal des Débats et La Liberté, jugés pro-versaillais, sont interdits. Le 12, Le Moniteur universel connaît le même sort. La presse pro-versaillaise continuant ses attaques, le 9 avril, la Commission de Sûreté générale rappelle que la « déclaration préalable » reste en vigueur. Dès le 18 avril, la Commune menace d'interdiction les journaux « favorables aux intérêts de l'armée ennemie » qui continuent tout de même de paraître. C'est surtout en mai que la lutte contre la presse pro-versaillaise prend de la vigueur : le 5 mai, 7 journaux sont supprimés, le 11 ce sont 5 autres journaux dont Le Vengeur et le 18 mai, 9 autres. Néanmoins, les publications interdites peuvent reparaître quelques jours plus tard du fait de la totale liberté laissée pour la fondation d'un journal. De son côté, la presse parisienne procommunarde ne peut être diffusée en province du fait de la vigilance du gouvernement Thiers[réf. nécessaire].
Fonctionnaires |
La Commune doit faire face à l'absentéisme des fonctionnaires, qui pour une grande part sont partis à Versailles avec Adolphe Thiers ou restent chez eux comme ce dernier le leur ordonne. Il s'agit aussi de changer l'état d'esprit de ces agents publics recrutés sous le Second Empire. La Commune décide l'élection au suffrage universel des fonctionnaires (y compris dans la justice et dans l'enseignement), l'instauration d'un traitement maximum (2 avril) de 6 000 francs annuels (l'équivalent du salaire d'un ouvrier[réf. nécessaire]) et l'interdiction du cumul (4 mai). Les fonctionnaires ne doivent plus le serment politique et professionnel.
Justice |
La plupart des professionnels de la justice ou du droit ayant disparu (il n'y a plus que deux notaires en activité dans Paris), il faut pourvoir à tous les postes. Il y a beaucoup de projets, mais faute de temps, peu sont mis en application. Les enfants légitimés sont considérés comme reconnus de droit ; le mariage libre par consentement mutuel est instauré (avec un âge minimum de 16 ans pour les femmes, 18 ans pour les hommes) ; la gratuité des actes notariaux (donation, testament, contrat de mariage) est décidée. Pour tempérer l'activité répressive de Rigault à la Sûreté générale, une sorte d’habeas corpus est mise en place par Eugène Protot : les cas des suspects arrêtés par le Comité central de la Garde nationale ou la Sûreté doivent recevoir une instruction immédiate (8 avril) ; les perquisitions et réquisitions sans mandat sont interdites (14 avril) ; il est obligatoire d'inscrire le motif de l'arrestation sur les registres d'écrou (18 avril) ; une inspection des prisons est créée (23 avril).
Enseignement |
Dans l'enseignement, le personnel de l'administration centrale s'est réfugié à Versailles, les professeurs du secondaire et du supérieur, assez peu favorables à la Commune, ont déserté lycées et facultés et les écoles privées congréganistes, nombreuses, car favorisées par la loi Falloux de 1850, ont été vidées de leurs élèves[28] depuis le décret du 2 avril « séparant l'Église de l’État ». Édouard Vaillant, chargé de ce secteur, prévoit une réforme qui vise à l'uniformisation de la formation primaire et professionnelle. Deux écoles professionnelles, une de garçons et une de filles, sont ouvertes. L’enseignement est laïcisé : l'enseignement confessionnel est interdit, les signes religieux chrétiens sont enlevés des salles de classe. Une commission exclusivement composée de femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l'instruction des filles. Quelques municipalités d'arrondissement, celle du 20e en particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l'enseignement primaire, rendent l'école gratuite et laïque. Le personnel enseignant, qui est à la charge des municipalités, reçoit une rémunération de 1 500 francs annuels pour les aides-instituteurs et 2 000 pour les directeurs, avec égalité de traitement entre hommes et femmes.
Cultes |
— Journal Officiel du 2 avril 1871. Voir Les Classiques des Sciences Sociales, Le Journal Officiel de la Commune de Paris |
Dans le domaine des cultes, la Commune rompt avec le concordat de 1802 qui faisait du catholicisme « la religion de la majorité des Français » et des membres du clergé des fonctionnaires. À la fin de l'Empire, les classes populaires parisiennes sont assez hostiles au catholicisme, trop lié au régime impérial et aux conservateurs (liens notamment incarnés en la personne de l'impératrice Eugénie). L'anticléricalisme a été revigoré par la propagande blanquiste, d'un athéisme militant, et par l'attitude du pape Pie IX face à l'unification de l'Italie. Le 2 avril, la Commune décrète la séparation de l'Église (catholique) et de l'État, la suppression du budget des cultes et la sécularisation des biens des congrégations religieuses.
Le même jour, l'archevêque de Paris, Georges Darboy, est arrêté comme otage. Les religieux des couvents de Picpus, des Dames-Blanches et d'Arcueil sont inquiétés ou arrêtés sous divers motifs. Les églises Saint-Laurent et Notre-Dame-des-Victoires sont perquisitionnées. Les propositions d'échange de l'archevêque contre Auguste Blanqui, détenu par le gouvernement d'Adolphe Thiers, sont repoussées par celui-ci le 12 avril, puis le 14 mai. Le prélat est fusillé par les communards, avec quatre autres ecclésiastiques, en réplique à l'avance des troupes versaillaises.
D'autres exécutions de religieux vont avoir lieu et portent le nombre total à plus d'une vingtaine[29].
« Communards » contre « Versaillais » |
Mobilisation des deux camps |
Une grande partie de l'action de la Commune fut absorbée dans la lutte contre l'offensive menée par les troupes régulières obéissant au gouvernement du pays dirigé par Thiers et dénommées les « Versaillais » par les insurgés.
Comme le montre sa correspondance télégraphique avec Jules Favre, qui négocie la paix avec les Allemands, Thiers bénéficie de l'appui du chancelier allemand Bismarck[30]. Il s'agit en effet de mettre fin au plus tôt aux hostilités entre la France et l'Allemagne, une des conditions étant le désarmement de Paris. Alors que la convention d'armistice n'autorise que 40 000 soldats français en région parisienne, Bismarck libère rapidement près de 60 000 prisonniers de guerre qui peuvent s'adjoindre aux 12 000 soldats dont dispose Thiers. Le 1er avril, celui-ci déclare à l'Assemblée nationale qu'il met sur pied « une des plus belles armées que la France ait possédée ». Les Versaillais seront 130 000 au début de la Semaine sanglante. Ces soldats de métier (la durée du service est de 7 ans) sont surtout issus de milieux paysans. Les conseils de révision écartent la plupart des jeunes ouvriers pour « déficience physique », en raison des conditions de travail que l'industrie de l'époque impose malgré la loi de 1841 limitant le travail des enfants. Les troupes sont commandées par le vaincu de Sedan, le maréchal de Mac Mahon. Par les banlieues nord et est qu'ils contrôlent, les Allemands laissent passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris. De plus, par convention avec le gouvernement Thiers, ils occupent le Chemin de fer du Nord, établissent un barrage de troupes de la Marne à Montreuil et massent 80 canons et 5 000 soldats près de la porte et du fort de Vincennes tenus par la Commune, bloquant ainsi la sortie de la capitale par l'Est.
Face à une armée nombreuse, expérimentée et bien armée, la Commune dispose des hommes de la Garde nationale. Depuis la Restauration, tous les hommes de 25 à 50 ans pourvus de leurs droits politiques en font partie. Sous le Second Empire, tous les hommes mariés de 25 à 50 ans sont enrôlés[réf. nécessaire]. Les armes sont fournies par l'État, mais l'habillement reste à la charge du garde. À Paris, le recrutement se fait par arrondissement. Dans les limites communales, le service est gratuit, mais le garde reçoit une solde s'il sert au-delà. Le 12 août 1870, le gouvernement réorganise 60 bataillons. Les quartiers bourgeois de Paris (l'ouest et le centre de la capitale) en fournissent plus des trois quarts. Début septembre le gouvernement de la Défense nationale en crée 60 autres, fin septembre il y a 254 bataillons. Les nouvelles créations sont aux trois quarts issues des quartiers populaires de l'Est parisien (10e, 11e, 18e, 19e et 20e arrondissements). On peut y voir l'effet du siège de Paris par les Allemands, qui ranime la fibre patriotique des Parisiens, mais aussi de l'attrait accru de la solde dans le contexte de chômage consécutif au blocus qui accompagne le siège. Au cours de celui-ci, le manque d'entraînement de ces bataillons a pour résultat des performances militaires assez médiocres et leur attitude volontiers frondeuse — ils refusent catégoriquement de se porter sur Sedan — ne les rapproche pas des autres unités françaises[réf. nécessaire].
Le 5 avril, la Commune décrète la mobilisation comme volontaires des jeunes gens de 17 à 19 ans et en service obligatoire des célibataires et hommes mariés de 19 à 40 ans. Ces soldats n'ont pratiquement pas d'expérience militaire et s'ils sont animés d'ardeur républicaine, sont aussi assez réticents à la discipline. La troupe souffre, malgré quelques exceptions remarquables (Dombrowski, Louis Rossel), d'une insuffisance du commandement, car les officiers sont élus plus sur leurs convictions que sur leurs capacités à diriger des soldats.
Paolo Tibaldi, Génois, carbonaro, franc-maçon, ancien militaire italien, ouvrier opticien, est inculpé de complot et d'attentat contre Napoléon III en juin 1857 avec Ledru-Rollin, condamnation fruit d'une manipulation de la police. Il revient de déportation à Cayenne en 1870, et ami de Gustave Flourens, il monte durant le siège, une légion italienne, dite parfois « tirailleurs de Tibaldi ». Ce commando Tibaldi et les bataillons de Flourens envahirent l’hôtel de ville le 31 octobre 1870[31],[32],[33].
En théorie, la Commune dispose de près de 194 000 hommes de troupe, sous-officiers et officiers (nombre publié par le Journal officiel de la Commune le 6 mai). En fait, les combattants sont moins nombreux et les estimations des contemporains vont de 10 000 (Camille Pelletan) à 41 500 (Cluseret, délégué à la Guerre, le 5 avril). On peut les estimer à 25-30 000 début avril et moitié moins à la mi-mai, cette décrue pouvant s'expliquer par le fait que beaucoup d'inscrits qui ne l'étaient que pour la solde restèrent spectateurs pendant les combats, sans compter ceux qui périrent dans les opérations militaires contre les troupes versaillaises[réf. nécessaire].
Second siège de Paris |
Les Versaillais passent à l'attaque les premiers. Le 21 mars, ils occupent le fort du Mont-Valérien où les fédérés de la Commune ont négligé de s'installer : cette position qui domine toute la proche banlieue ouest de Paris leur donne un avantage considérable. Le 30 mars, le général de Gallifet occupe le rond-point de Courbevoie[34] et le 2 avril, les Versaillais s'emparent de Courbevoie et de Puteaux, les fédérés se repliant vers Neuilly. Le 3 avril, la Commune lance, sous les ordres de Flourens, Eudes et Duval, une contre-offensive en direction de Versailles : elle se solde par un échec à Rueil, à Meudon et à Châtillon.
Gustave Flourens est tué par un officier de gendarmerie à Rueil et Duval fusillé avec son état-major le 4, sans procès, sur ordre du général Vinoy. Le même jour, Gustave Cluseret est nommé délégué à la Guerre de la Commune. En réponse aux actes des Versaillais, celle-ci vote, le 5 avril, le décret des otages (trois otages fusillés pour un communard exécuté), qui ne sera mis en application que pendant la Semaine sanglante, fin mai. Pendant trois semaines environ, les combats sont sporadiques, mais les bombardements intensifs, en particulier sur Neuilly qui, le 25, bénéficie d'une suspension d'armes pour permettre l'évacuation de la population. Cette période permet à l'armée versaillaise de se renforcer.
Au soir du 26 avril, le village des Moulineaux est occupé par les Versaillais qui, le 29, menacent le fort d'Issy où des ordres contradictoires ont entraîné un début d'évacuation. Le 1er mai, Louis Rossel est nommé délégué à la Guerre en remplacement de Cluseret qui a été révoqué. Le 4 mai, les Versaillais, aidés par une trahison (qui sera le motif de l’arrestation des dominicains d'Arcueil), enlèvent la redoute du Moulin-Saquet où ils se livrent à des atrocités[réf. nécessaire]. Le 5, ils s'emparent du village de Clamart. Le 8, l'enceinte fortifiée de Paris est violemment bombardée de Grenelle à Passy, tandis que le 9, le fort d'Issy est pris par les Versaillais.
Le 8 mai, Thiers adresse une proclamation aux Parisiens par la voie d’une affiche qui se retrouve assez mystérieusement placardée sur tous les murs de la ville. Il demande leur aide pour mettre fin à l’insurrection et les informe que l’armée régulière va devoir passer à l’action dans la ville elle-même :
« Nous avons écouté toutes les délégations qui nous ont été envoyées, et pas une ne nous a offert une condition qui ne fût l'abaissement de la souveraineté nationale devant la révolte. (…) Le gouvernement qui vous parle aurait désiré que vous puissiez vous affranchir vous-mêmes… Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien qu'il s'en charge, et c'est pour cela qu'il a réuni une armée sous vos murs… (…) si vous n'agissez pas, le gouvernement sera obligé de prendre, pour vous délivrer, les moyens les plus prompts et les plus sûrs. Il le doit à vous, mais il le doit surtout à la France. »
Le 10, Charles Delescluze remplace Louis Rossel démissionnaire comme délégué à la Guerre. Le 13, les Versaillais occupent le fort de Vanves, mais sont arrêtés par l'artillerie de remparts de la Commune. Le 17, la cartoucherie de l'avenue Rapp explose dans des circonstances peu claires : on parlera de sabotage, mais il s'agissait d'une poudrerie dans laquelle on faisait des travaux de soudure[réf. nécessaire].
Le 21 mai, grâce à Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées, qui est monté sur le bastion no 64 pour avertir les Versaillais que la place n'est plus gardée, l'armée régulière pénètre dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Commence alors la Semaine sanglante. Ducatel, arrêté par les fédérés, va être fusillé devant l'École militaire quand il est sauvé par l'arrivée de l'armée régulière. Son acte inspire au directeur du Figaro, Hippolyte de Villemessant, le lancement d'une souscription publique qui rapporte à l'intéressé 125 000 francs-or.
Répression |
La Commune est finalement vaincue durant la Semaine sanglante qui débute avec l'entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 mai pour s'achever par les derniers combats au cimetière du Père-Lachaise le 28 mai. Elle avait duré 72 jours.
La répression contre les communards est impitoyable : tous les témoins mentionnent les nombreuses exécutions sommaires commises par les troupes versaillaises, frappant — par exemple — ceux dont les mains portent ou semblent porter des traces de poudre révélant l'emploi récent d'armes à feu[35]. Les trois principaux charniers à l'intérieur de Paris étaient au Luxembourg (3 charniers), à la caserne Lobau et au cimetière du Père-Lachaise. En 1876, le journaliste et polémiste socialiste Prosper-Olivier Lissagaray, ancien communard, estime de 17 000 à 20 000 le nombre des fusillés[36]. En 1880, le journaliste et homme politique Camille Pelletan, membre du Parti radical-socialiste élève le nombre des victimes à 30 000[37]. Toutes ces estimations ont été depuis largement revues à la baisse par l'historien britannique Robert Tombs, qui estime que les communards ont eu entre 6 000 et 7 500 morts, dont environ 1 400 fusillés[38],[39]. Les Versaillais déplorent 877 tués, 6 454 blessés et 183 disparus dans les combats livrés du 3 avril au 28 mai[40].
Cette répression a toutefois l'appui des grands élus républicains de l'Assemblée nationale, qui pour préserver la République, encore fragile, donnent leur accord à Thiers, craignant la surenchère des communards. Tel est notamment le cas de Léon Gambetta, Jules Ferry, Jules Grévy qui évoque « un gouvernement factieux », Jules Favre « une poignée de scélérats ». Les députés parisiens condamnent en majorité les communards. L'historien François Furet explique dans La Révolution, tome II, les raisons pour lesquelles Thiers sera soutenu dans sa reprise de Paris par des élus républicains modérés pour empêcher de nuire une minorité insurrectionnelle qui « a pris le pouvoir contre la République », souligne-t-il. À cette époque, la plupart des écrivains dont Zola et George Sand, sont hostiles à la Commune. La répression recueille une approbation générale dans le pays à cause des excès commis et du contexte. François Furet note que le socialisme français pâtit « de l'exil du mouvement ouvrier », et écrit que « ces morts, ont une nouvelle fois et plus profondément encore qu'en juin 1848, creusé le fossé qui sépare la gauche ouvrière et le républicanisme bourgeois ».
Dans le même temps, les communards fusillent 47 otages. La plupart sont des religieux. Le plus célèbre d'entre eux, l'archevêque de Paris Georges Darboy, est arrêté le 4 avril 1871 avec quatre autres clercs en application du « décret des otages ». Enfermé à la prison Mazas, il est exécuté à la Roquette, à la suite de l'attaque versaillaise, le 24 mai. À cette exécution s'ajoutent celles des dominicains d'Arcueil et des jésuites de la rue Haxo. Pendant toute la semaine du 20 au 28 mai, celle de l'offensive contre la Commune, la Bourse de Paris reste fermée[41] alors qu'elle était jusque-là restée ouverte. L'historien britannique Robert Tombs avance que les représailles « ne furent pas autorisées par les derniers membres de la Commune. Les quatre principaux incidents (il y eut aussi des exécutions sporadiques de personnes soupçonnées d'être des espions ou des traîtres) eurent lieu soit à l'initiative d'un petit nombre d'individus, en particulier des blanquistes, soit furent la conséquence d'une rage spontanée de fédérés du rang et de passants dans une situation confuse et traumatique »[42].
Les tribunaux prononcent 10 137 condamnations dont 93 à mort, 251 aux travaux forcés, 4 586 à la déportation (en particulier en Nouvelle-Calédonie), les autres à des peines de prison variables. Vingt-trois condamnés à mort seront effectivement exécutés. Les lois d'amnistie interviennent en 1880. Longtemps encore après les événements, la gauche reste hostile au général Gaston de Galliffet, surnommé pour son zèle répressif « le boucher de la Commune ». Bien qu'il fût légitimiste, Albert de Mun s'élève contre la violence de la répression.
La majorité des dirigeants de la Commune échappèrent à la mort au combat, aux exécutions sommaires et à la répression judiciaire. Par exemple, sur neuf membres du Comité de Salut public, un, Delescluze, est tué sur une barricade, un autre, Billioray, fut fait prisonnier, les autres parvinrent à fuir Paris et à s’exiler à l’étranger. L’amnistie de 1880 leur permit de rentrer en France.
Le 29 novembre 2016, l'Assemblée nationale vote la réhabilitation de toutes les victimes de la répression versaillaise[43].
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Une plaque commémorative des derniers combats se trouve rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris.
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Un bas-relief et une autre plaque commémorative des derniers combats de la Commune, se trouvent également à la jonction des rues de la Ferme-de-Savy et Jouye-Rouve, dans une entrée du parc de Belleville.
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Destructions |
Les nombreuses destructions dans Paris sont imputables à la fois à l'âpreté des combats et, principalement les 23 et 24 mai, aux incendies déclenchés par des commandos communards, visant des bâtiments symboliques de l'État. La colonne de la place Vendôme, étant surmontée par la statue de Napoléon, est abattue et démolie dès le 16 mai.
Les destructions et incendies d'immeubles civils (rues Royale, de Lille, de Rivoli, boulevard Voltaire, place de la Bastille, etc.), sont liées aux combats de rue, aux tirs d'artillerie, autant fédérés que versaillais. Certains incendies d'immeubles auraient aussi été provoqués pour des raisons tactiques, pour contrer l'avancée versaillaise[44].
De grands édifices sont victimes d'incendies :
- Le palais des Tuileries, symbole du pouvoir impérial de Napoléon III (incendié sur l'ordre du général Bergeret[44]) ;
- la Bibliothèque impériale au Louvre, située dans l'aile nord du Palais, et ses quelque 200 000 livres et manuscrits (comprenant le fond de la bibliothèque de l'administration impériale, et l'important legs de livres et manuscrits de Charles Motteley) ;
- Le palais de justice (dont cependant la Sainte-Chapelle échappe aux flammes[45]) ;
- Le palais d'Orsay[46] (où siègent le Conseil d'État et la Cour des comptes) ;
- Le palais de la Légion d'honneur ;
- Le Palais-Royal (l'aile droite et une partie du bâtiment central) ;
- La Caisse des dépôts et consignations.
Le ministère des Finances[47] est également détruit par un incendie le 22 mai. Des sources de l'époque proches des communards avancent que l'incendie fut déclenché par des obus de l'artillerie de l'armée régulière, qui aurait visé la barricade fédérée à l'angle de la rue Saint-Florentin[48] : « Bon nombre d'obus, en éclatant, avait mis le feu de divers côtés : c'est ainsi, quoiqu'on en ait dit que le ministère des Finances, incendié de cette façon, brûlait lentement derrière nous, depuis le lundi de grand matin »[49].
La chronologie de ces destructions suit très précisément la reconquête de Paris par les troupes versaillaises : le 22 mai, le ministère des Finances ; dans la nuit du 23 au 24, les Tuileries, le palais d'Orsay et l'hôtel de Salm ; le 24, le Palais-Royal, le Louvre, l'hôtel de ville et le palais de justice ; le 25, les greniers d'abondance ; le 26, les docks de la Villette et la colonne de la Bastille ; le 27, Belleville et le Père-Lachaise[45].
Hôtel de ville de Paris incendié, cliché d'Alphonse Liébert.
Ministère des finances, rue de Rivoli.
Palais de la Légion d'Honneur.
Rue de Lille.
L'hôtel de ville est incendié par des communards le 24 mai 1871. La bibliothèque de l'hôtel de ville et la totalité des archives de Paris furent ainsi anéanties, ainsi que tout l'état civil parisien (un exemplaire existait au palais de justice, l'autre à l'hôtel de ville et ils furent tous deux la proie des flammes) ; seul un tiers des huit millions d'actes détruits a pu être reconstitué.
Une grande partie des archives de la police fut également détruite dans l'incendie du palais de justice. Certains bureaux de la Préfecture de police étaient alors intégrés aux bâtiments du palais ; la Conciergerie est également touchée[45]. Les archives comptables disparaissent également dans l'incendie du palais d'Orsay[46].
D'autres richesses culturelles connurent le même sort, à l'exemple de la maison de Prosper Mérimée, rue de Lille, qui brûla avec tous ses livres, souvenirs, correspondances et manuscrits, ou celle de Jules Michelet, rue d'Assas. La manufacture des Gobelins est quelque peu touchée par l'incendie, tout comme l'église Saint-Eustache, le théâtre du Bataclan, l'église de Reuilly[Quoi ?], la caserne de Reuilly, les Magasins-Réunis place de la République, et le théâtre du Châtelet. L'incendie de l'Hôtel-Dieu et de Notre-Dame, envisagé, semble avoir été évité. Par contre, le Théâtre lyrique est fortement touché, et ceux de la Porte-Saint-Martin et des Délassements-Comiques sont entièrement brûlés. Le gouvernement publie a posteriori une liste de plus de deux cents édifices touchés par les flammes[45].
Les Archives nationales furent sauvées par l'initiative du communard Louis-Guillaume Debock, lieutenant de la Garde nationale parisienne et directeur de l'Imprimerie nationale sous la Commune, qui s'opposa in extremis à l'incendie ordonné par d'autres communards.
Le palais du Louvre et ses collections échappèrent le 24 mai à la destruction grâce à l'action de Martian de Bernardy de Sigoyer, commandant le 26e bataillon de chasseurs à pied (appartenant aux forces versaillaises), qui fit intervenir ses soldats pour empêcher que le feu ne se propage du palais des Tuileries au musée. Il trouve la mort en poursuivant les combats à la tête de son bataillon. Son corps est retrouvé percé de balles le 26 mai au matin, entre le boulevard Beaumarchais et la rue Jean-Beausire[50].
Prolongements des événements de la commune de 1871 en France |
La première Commune est celle de Lyon, où la nouvelle République est proclamée en avance sur Paris, le 4 septembre au matin. Elle dure jusqu'en janvier de l'année suivante[L 1], avant de reprendre de mars à avril[L 2]. Elle est suivie par celle de Marseille, mise en place le 31 octobre 1870 et présidée par Adolphe Joseph Carcassonne[51], avant que le pouvoir ne soit repris par le préfet Alphonse Gent[L 3].
Après la proclamation de la Commune de Paris le 18 mars 1871, les Communes de provinces se développent plus rapidement, mais sont de courtes durées : à Marseille, une seconde a lieu du 23 mars au 4 avril sous le commandement de Gaston Crémieux[L 1],[51], à Saint-Étienne, l'insurrection ne dure que quelques jours du 24 au 28 mars[L 1], à Narbonne[52] du 24 au 31, proclamée par Émile Digeon, à Toulouse du 24 au 27, à Perpignan le 25, au Creusot le 26 par Jean-Baptiste Dumay[L 1], puis à Grenoble le 16 avril, à Bordeaux les 16 et 17 et à Nîmes le 18[53]. D'autres soulèvements ont lieu à Limoges[54], Périgueux, Cuers, Foix, Rouen ou au Havre[53].
Ces mouvements furent précurseurs des idées révolutionnaires qui amenèrent le monde du travail à s'organiser pour défendre ses intérêts et à créer la CGT en 1895.[réf. souhaitée]
Construction de la basilique du Sacré-Cœur sur la colline de Montmartre |
À l'emplacement du point de départ du soulèvement parisien, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est construite, en application d'une loi du 24 juillet 1873, pour « expier les crimes des fédérés »[55],[56],[57]. Sa construction débuta en 1875.
Le choix d'ériger la basilique sur la colline de Montmartre était hautement symbolique pour la droite victorieuse, c'est là que débuta l'insurrection le 18 mars lorsque les troupes d'Adolphe Thiers vinrent enlever à Paris les canons qui y étaient entreposés. Après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury fit explicitement le lien : « Oui, c'est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s'élèvera l'église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l'Église semblait surtout animer ».
On ne trouve pas de mention de cette motivation dans le texte de loi voté par l'Assemblée Nationale, mais déjà à l'époque elle était dénoncée par l'opposition de gauche.
Par ailleurs de nombreuses villes françaises ont donné le nom d'Adolphe Thiers à une voie publique, voyant en lui le fondateur de la Troisième République plutôt que le répresseur de la Commune.
Place dans l'histoire |
La Commune a souvent depuis été revendiquée comme modèle — mais avec des points de vue différents — par la gauche marxiste, l'extrême gauche et les anarchistes ; elle a inspiré de nombreux mouvements, qui y ont cherché des leçons leur permettant d'entreprendre d'autres révolutions : la Révolution russe et les conseils (soviets), la Révolution espagnole et les collectivités, etc.
Karl Marx, critique sur la compétence des dirigeants de la commune[58], conclut cependant La Guerre civile en France par les mots : « Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière ».
Pour l’historien François Furet, « Aucun événement de notre histoire moderne, et peut-être de notre histoire tout court, n’a été l’objet d’un pareil surinvestissement d’intérêt, par rapport à sa brièveté. Il dure quelques mois, de mars à mai 1871, et ne pèse pas lourd sur les événements qui vont suivre, puisqu’il se solde par la défaite et la répression.
[…] Le souvenir de la Commune a eu la chance de se trouver transfiguré par un grand événement postérieur : la Révolution russe de 1917 l’a intégré à sa généalogie, par l’intermédiaire du livre que Marx avait consacré à l’événement dès 1871. »[59][…] Pourtant, la Commune doit beaucoup plus aux circonstances de l’hiver 1871 et au terreau politique français qu’au socialisme marxiste, auquel elle ne tient par rien[60]. Pour les historiens François Broche et Sylvain Pivot, « La Commune, dépourvue d'idées neuves, de valeurs fondatrices et de dirigeants d'envergure, ne fut jamais en mesure de précipiter l'enfantement d'un monde nouveau »[61].
L'essayiste Alain Gouttman écrit dans La Grande Défaite (2015) : « Devant l'histoire, les communards se sont montrés le plus souvent médiocres, à quelque poste qu'ils se soient trouvés entre le 18 mars et le 26 mai 1871. Ils n'en incarnent pas moins, dans la mémoire collective, une grande cause, la plus grande de toutes peut-être : celle d'une société jaillie du plus profond d'eux-mêmes, où la justice, l'égalité, la liberté n'auraient plus été des mots vides de sens. Une utopie ? En tout cas, une grande espérance qui les dépassait de beaucoup, et dont ils furent à la fois acteurs et martyrs ».
Depuis 1882, une association, fondée au départ comme une société d'entraide des communards de retour d'exil, puis devenue l'association des amis de la Commune de Paris, défend ce qu’elle considère comme les valeurs et l'œuvre de la Commune[62].
Citations d'écrivains contemporains de la Commune |
Certains écrivains de l'époque prirent la plume pour commenter l'événement, pour la plupart de façon extrêmement hostile. Voici quelques exemples :
Charles-Marie Leconte de Lisle à José-Maria de Heredia : « La Commune ? Ce fut la ligue de tous les déclassés, de tous les incapables, de tous les envieux, de tous les assassins, de tous les voleurs, mauvais poètes, mauvais peintres, journalistes manqués, tenanciers de bas étage » ;
Gustave Flaubert à George Sand : « La seule chose, j'en reviens toujours là, c'est un gouvernement de mandarins. Le peuple est un éternel mineur. Je hais la démocratie ». « Le premier remède serait d'en finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit humain. Dans une entreprise industrielle (société anonyme), chaque actionnaire vote en raison de son apport. Il en devrait être ainsi dans le gouvernement d'une nation ». « L'instruction obligatoire et gratuite n'y fera rien qu'augmenter le nombre des imbéciles. Le plus pressé est d'instruire les riches qui, en somme, sont les plus forts » ;
George Sand à Gustave Flaubert : « Cette Commune est une crise de vomissements, les saturnales de la folie » ;- Les communards selon Alphonse Daudet : « Des têtes de pions, collets crasseux, cheveux luisants, les toqués, les éleveurs d'escargots, les sauveurs du peuple, les déclassés, les tristes, les traînards, les incapables ; Pourquoi les ouvriers se sont-ils mêlés de politique ? » ;
- Les communardes selon Dumas fils : « Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes » ;
Émile Zola : « Le bain de sang que le peuple de Paris vient de prendre était peut-être une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et splendeur » ;
Émile Littré : « J'abhorre la guerre que le prolétariat parisien vient de susciter. Il s'est rendu cruellement coupable à l'égard de la patrie, ivre qu'il était de doctrines farouches : le devoir étroit des gouvernements est de réprimer fermement le socialisme dans ses écarts anarchiques » ;
Le Figaro : « On demande formellement que tous les membres de la Commune, que tous les journalistes qui ont lâchement pactisé avec l'émeute triomphante, que tous les Polonais interlopes et les Valaques de fantaisie soient passés par les armes devant le peuple rassemblé » ;
Edmond de Goncourt : « On les abat à la mitrailleuse. Quand j'ai entendu le coup de grâce, ça m'a soulagé » ;
Victor Hugo (dans L'Indépendance belge) : « Qu'un vaincu de Paris, qu'un homme de la réunion dite Commune, que Paris a fort peu élue et que, pour ma part, je n'ai jamais approuvée, qu'un de ces hommes, fût-il mon ennemi personnel, surtout s'il est mon ennemi personnel, frappe à ma porte, j'ouvre. Il est dans ma maison. Il est inviolable » ;
Arthur Rimbaud (propos rapportés par son ami Ernest Delahaye) : « L’ordre est vaincu ! »[63] et dans Les Mains de Jeanne-Marie, il voit celles-ci « merveilleuses […] / Sur le bronze des mitrailleuses/A travers Paris insurgé »[64] ;
Paul Verlaine, qui a quitté les rangs de la Garde nationale pour ceux des Communards, reconnaît, dans Les Vaincus : « Ils nous ont enchaînés ! mais les chaînes sont faites/ Pour tomber » et clame ensuite : « Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance/Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains./La justice le veut d'abord, puis la vengeance »[65] ;
Louise Michel (dans Chansons des prisons, mai 71) : « Quand la foule aujourd'hui muette, / Comme l'Océan grondera, / Qu'à mourir elle sera prête, / La Commune se lèvera. / Nous reviendrons foule sans nombre, / Nous viendrons par tous les chemins, / Spectres vengeurs sortant de l'ombre, / Nous viendrons nous serrant les mains. / La mort portera la bannière ; / Le drapeau noir crêpe de sang ; / Et pourpre fleurira la terre, / Libre sous le ciel flamboyant. »
Chronologie |
Évocations artistiques |
Littérature |
Chant de guerre parisien, Les Mains de Jeanne-Marie et L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple, poèmes d'Arthur Rimbaud[66], 1870-1871.
L'Année terrible, poèmes de Victor Hugo[67], 1872.
Contes du lundi, contes d'Alphonse Daudet, 1873.
Jacques Damour, nouvelle d'Émile Zola, 1880.
L'Insurgé, roman de Jules Vallès, 1886.
Bas les cœurs !, roman de Georges Darien, 1889.
La Débâcle, roman d'Émile Zola, 1892.
Sueur de sang, recueil de nouvelles de Léon Bloy, 1893.
La Commune, roman de Paul et Victor Margueritte, Paris, Plon et Nourrit, 1905.
Paul Martine (1845-1913), Les Insurgés, souvenirs d'un insurgé, éditions Laville.
Mes cahiers rouges (souvenirs de la Commune), récit de Maxime Vuillaume, 10 cahiers parus entre 1907 et 1914.
Le Canon Fraternité, roman de Jean-Pierre Chabrol, 1970.
La Communarde, roman de Cecil Saint-Laurent, 1970.
L'Ordre et le désordre, roman de Claude Spaak, 1971.
Une Histoire de la Commune de Paris, roman d'Armand Lanoux, Grasset, deux tomes : « La Polka des canons » et « Le Coq rouge », 1971-1972.
Marx et Sherlock Holmes, roman d'Alexis Lecaye comportant une longue évocation de la Semaine sanglante, éditions Fayard, 1981.
Les Boulets rouges de la Commune, roman de Georges Coulonges, 1993.
Le Cri du peuple[68], roman de Jean Vautrin, 1998, par la suite adapté en bande-dessinée par Tardi entre 2001 et 2004.
Le Roman de Rossel, roman de Christian Liger, 1998.
L'Imitation du bonheur, roman de Jean Rouaud, 2006.
Le cimetière de Prague, roman d’Umberto Eco, 2011.
À notre humanité, roman de Marie Cosnay, 2012.
La Fosse commune, roman de Pierre Vinclair, 2016.
Théâtre |
L'Ami de l'ordre, drame en un acte de Georges Darien, 1898.
Les Jours de la Commune (Die Tage der Commune), pièce de Bertolt Brecht créée en 1949 (Théâtre complet, tome VI, L'Arche, 1957).
Barricade, par la compagnie Jolie Môme, création collective inspirée d'Adamov et de Brecht. Pièce créée en 1999 à la Cartoucherie de Vincennes et rejouée régulièrement depuis.
La Commune de Paris, par la compagnie Pierre Debauche. Pièce créée en mars 2007 au théâtre du Jour à Agen, dans une mise en scène de Robert Angebaud.
U-topie, textes, mise en scène et chansons de Guillaume Paul. Pièce créée en avril 2009 à l'Heure bleue de Saint-Martin-d'Hères, représentée du 12 au 23 mai 2009 au théâtre du Pavé à Toulouse et rejouée notamment au festival d'Avignon en 2010.
Musique |
Le Temps des cerises, paroles de Jean-Baptiste Clément (1866), musique d'Antoine Renard (1868). Cette chanson d'amour romantique, bien qu'antérieure à la Commune, lui a été rattachée sentimentalement : dédiée par son auteur, célèbre communard, à une ambulancière de la Commune, elle parle d'une « plaie ouverte » au temps des cerises, qui correspond à l'époque de la Semaine sanglante.
La Semaine sanglante, paroles de Jean-Baptiste Clément (1871) sur l'air du Chant des paysans de Pierre Dupont.
Le Capitaine « Au mur », paroles de Jean-Baptiste Clément, musique de Max Rongier.
L'Internationale, paroles d'Eugène Pottier (1871), musique de Pierre Degeyter (1888). Le texte de cette chanson fut écrit par un communard, mais ne mentionne pas nommément la Commune.
L'insurgé, paroles d'Eugène Pottier (1880), musique d'Hervé Ghesquière
Elle n'est pas morte !, paroles d'Eugène Pottier (1886) sur l'air de T'en fais pas Nicolas de Victor Parizot.
Le Tombeau des fusillés, paroles de Jules Jouy (1887) sur l'air de La Chanson des peupliers de Frédéric Doriat.
La Commune en chantant, album de chants de la Commune interprétés par Marcel Mouloudji, Francesca Solleville et Armand Mestral (1970).
La Commune, chanson de Jean Ferrat (1971).
La Commune est en lutte, de Jean-Roger Caussimon et Philippe Sarde. Chanson écrite pour le film Le Juge et l'assassin de Bertrand Tavernier (1976).
Die Pariser Commune, album du groupe allemand Oktober (1977).
Rue des fusillés, chanson du groupe Molodoï (1992).
La Commune, chanson du groupe Vae Victis (1997).
Dans la gueule du loup, chanson du groupe des Têtes Raides (1998).
Le Blues des communards, morceau d'Alain Soler (1999).
Raison d'État, chanson du groupe Paris Violence (2001).
Le Cri du peuple - Chansons de la Commune 1871, album interprété par Francesca Solleville, Serge Utgé-Royo, Dominique Grange et Bruno Daraquy, extrait de l'intégrale de la bande dessinée du même nom de Jean Vautrin et Jacques Tardi (2005)
Vive la Commune, chanson du groupe 10 rue d'la Madeleine (2006).
Versaillais, chanson de Jean Édouard.
Bande dessinée |
Ciment de l'histoire, série de dessins de Jihel (années 1970-1980).
Histoire de France en bande dessinée, no 20. La commune, La IIIe république - Paris en Armes : Maurillo Manara et texte de Jean Ollivier, Larousse, 1977.
Voleurs d'empire, série en sept tomes écrite par Jean Dufaux et dessinée par Martin Jamar (1993-2002) : histoire fantastique qui se déroule sur l'arrière-plan historique de la guerre franco-prussienne en province et de la Commune à Paris.
Le Cri du peuple, série en quatre tomes de Jacques Tardi (2001-2004) : adaptation du roman de Jean Vautrin.
L'Homme de l'année - tome 5. 1871, écrit par Jean-Pierre Pécau, dessins de Benoît Dellac, éditions Delcourt (2014).
Le Journal de la Commune, Éloi Valat, édition Bleu Autour (2008).
Le sang de la Commune, Pierre Charras, illustrations de Chantal Montellier, Futuropolis (1982).
La Semaine sanglante de la Commune de Paris, Éloi Valat, édition Bleu Autour (2013).
Communardes T1 (Les éléphants rouges) de Mazel et Lupano, Vents d'Ouest (2015).
Communardes T2 (L'aristocrate fantôme) de Jean et Lupano, Vents d'Ouest (2015).
Communardes T3 (Nous ne dirons rien de leurs femelles…) de Fourquemin et Lupano, Vent d'Ouest (2015).
Jacques Damour de Vincent Henri et Gaël Henri, éditions Sarbacane (2017), d'après l'œuvre d'Émile Zola.
Des graines sous la neige, Communarde et visionnaire[69] de Nathalie Lemel, éditions Locus Solus (2017), dessins de Laëtitia Rouxel et textes de Roland Michon, 144 pages.
Arts plastiques |
- Les Gisants de la Commune de Paris d'Ernest Pignon-Ernest (1971).
- Parcours de la Commune de Paris de Moreje (2011-2016).
Cinéma et documentaires |
Cinéma |
La Nouvelle Babylone (Novyy Vavilon), film soviétique de 1929 réalisé par Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg. Ce film muet en noir et blanc compte 120 minutes dans sa version initiale et 93 minutes dans la version restaurée de 2004. Plus qu'un simple produit de la propagande soviétique de l'époque, l'œuvre s'inscrit dans la tradition expressionniste du début du XXe siècle (exagération des formes et des contrastes par des angles de prise de vue improbables, notamment). On y suit la rencontre et le destin tragique de deux amants amenés par les événements à se trouver de part et d'autre des barricades pendant la Commune.
La Pipe du communard, film soviétique de 1929 réalisé par Constantin Mardjanov.
La Barricade du point du jour de René Pichon (1977).
La Commune (Paris, 1871), de Peter Watkins, produit en 2000 par l'Office national du film du Canada. Il s'agit d'un film noir et blanc de 345 minutes où ont joué plus de 200 acteurs et tourné dans un hangar. L'historien Jacques Rougerie le « considère comme l'œuvre cinématographique la plus accomplie et la plus remarquable sur la Commune, dont elle restitue extraordinairement le climat, avec une fidélité historique impeccable »[70].
Plusieurs fois la Commune, de Katharina Bellan, Régis Boitier, Julien Chollat-Namy, Damien Peaucelle, Vincent Poulin et Aziz Soumaré. Film réalisé en 2012 et présenté au festival de Lussas la même année[71].
Télévision |
Isabelle de Paris, série anime japonaise de 1979, se déroulant à Paris en 1870-1871 ; les personnages vivent les évènements de la guerre, du siège puis de la commune, connaissant un sort tragique lors de la semaine sanglante dans les derniers épisodes.
Documentaires |
La Commune de Paris, documentaire réalisé par Robert Ménégoz en 1951 (25 minutes).
Paris 1871 la semaine sanglante[72], documentaire réalisé par Jean-Pierre Gallo en 1976 (54 minutes).
La Commune de Paris 1871[73], documentaire réalisé par Medhi Lallaoui en 2004 (54 minutes), diffusé le 15 décembre 2012 dans l'émission « Lundi histoire » sur France 5 et présenté par Jean-Luc Hees.
La Commune de 1871, documentaire réalisé par Cécile Clairval et Olivier Ricard en 1971 (1h16).
28 mai 1871, l'ordre règne à Paris[74], documentaire réalisé par Michel Pamart en 1971 (52 minutes).
Le temps des cerises : la Commune de Paris, réalisé par Robert Lombaerts en 1971 (45 minutes) et diffusé le 23 mars 1971 dans l'émission « Signes des Temps », Radio-télévision belge de la Communauté française, Sonuma « voir en ligne », sur www.sonuma.be (consulté le 30 juin 2016).
Voir aussi |
Bibliographie |
Témoignages et écrits de contemporains |
Jean Allemane, Mémoires d'un communard, rééd. Paris, Maspero, 2001.
Emile Zola, La commune 1871, réédition d'articles publiés dans les journaux "La cloche" et "Le sémaphore de Marseille", éditions du nouveau monde, collection chronos 2108.
Arthur Arnould, Histoire populaire et parlementaire de la commune de Paris, rééd. Lyon, Jacques-Marie Laffont et associés, 1981, 2009 ; 1re éd. 1877.
Alfred du Breuil Hélion de La Guéronnière, La Commune sanglante ou Le legs incendiaire : Histoire et tablettes du sang de la Commune de Paris, 1871.
Joannès Caton, Journal d'un déporté de la Commune à l'Île des Pins, France-Empire, 1986.
Maxime Du Camp, Les Convulsions de Paris, Paris, Librairie Hachette, 1878, 4 vol.
Les Convulsions de Paris disponible sur Gallica.
Victor de Compiègne, « Souvenirs d'un Versaillais pendant le second siège de Paris » dans Voyages, chasses et guerres, Paris, Plon, 1876. (OCLC 1831225).
Jean-Baptiste Dumay, Souvenirs d'un militant ouvrier (Le Creusot, 1841-Paris, 1926), édition mise à jour par l'Écomusée du Creusot-Montceau, éditions Cénomane, 2010. (ISBN 978-2-916329-29-1) (1re édition, éditions Maspero, 1976)
Jules Favre, Gouvernement de la Défense nationale [du 30 juin 1870 au 28 juillet 1871], Paris, H. Plon, 1871-1875, 3 vol. (notice BnF no FRBNF30423166).- Adolphe Franck, Le Communisme jugé par l'histoire, Fontainebleau, Librairie E. Lachaud, 15 mai 1871, 3e éd. (1re éd. 1848) (lire sur Wikisource), « Le communisme en 1871, Avant-propos de la 3e édition »
Jules Guesde, Le Livre rouge de la justice rurale : À la mémoire de Charles Delescluze, rééd. Paris, Éditions d'Histoire sociale, 1968, 85 p. ; 1re éd. Genève, Blanchard, 1871.
Pierre Kropotkine, « La Commune de Paris », texte de mars 1881 repris dans La Brochure mensuelle no 180 de décembre 1937 [lire en ligne].
Prosper-Olivier Lissagaray, Huit journées de mai derrière les barricades, rééd. Paris, Gallimard, 1978, 128 p. ; 1re éd. Bruxelles, Bureau du petit journal, 1871, 327 p.
Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, rééd. Paris, La Découverte, 526 p., 2004 (ISBN 2-7071-4520-3) / Première publication en 1876 / seconde publication rallongée, éd. Dentu, Paris, 1896.
Histoire de la Commune de 1871 disponible sur Gallica.
Laurent Martin, Histoire complète de la révolution de Paris en 1871, Paris, Alfred Duquesne, 1871.
Paul Martine, Souvenirs d'un insurgé : La Commune 1871, récit d'un agrégé d'histoire et acteur de la Commune, Paris, Librairie académique Perrin, 1971.
Karl Marx, La Guerre civile en France, 1871.
Louise Michel, La Commune : Histoire et souvenirs, 1898.
Edgar Monteil, Souvenirs de la Commune : 1871, 1883.
Jacques-Henry Paradis, Journal du siège de Paris : septembre 1870 - janvier 1871, rééd. Tallandier, coll. « Texto », 2008 ; 1re éd. 1872.
Maxime Vuillaume, Mes Cahiers rouges au temps de la Commune, rééd. coll. Babel, 1999, La Découverte 2011.
Les Murailles politiques françaises du 18 mars au 27 mai 1871, Paris, L. Le Chevalier, 1874
Les Murailles politiques françaises disponible sur Gallica.
Élie Reclus, La Commune de Paris au jour le jour. 19 mars - 28 mai 1871, Paris, Schleicher frères, 1908 (Wikisource)
La Commune de Paris au jour le jour disponible sur Gallica.- Victorine Brocher, Souvenirs d'une morte vivante. Une femme dans la Commune de 1871, Libertalia, 2017
Études historiques |
Alain Amicabile, La Commune de Paris. Toujours vivante !, L'Ingénu éditions, 2009, 292 p.
Normand Baillargeon, L'ordre moins le pouvoir. Histoire et actualité de l'anarchisme, Agone, 2001 & 2008, Lux Éditeur 2004.
Jean Baronnet et Jean Chalou, Communards en Nouvelle-Calédonie. Histoire de la déportation, Mercure de France, 1987.- Mathilde Benoistel, Sylvie Le Ray-Burimi, Christophe Pommier (dir), France-Allemagne(s) 1870-1871, la guerre, la Commune, les mémoires, Paris, Gallimard/musée de l'Armée, 2017.
Pierre Boisseau, La Commune de Paris de 1871 à l’épreuve du droit constitutionnel, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires de la Faculté de Droit de Clermont-Ferrand, 2000.
Georges Bourgin, La Guerre de 1870-1871 et la Commune, Les Éditions nationales, 1939 (réédition Flammarion, 1971).
Martin Breaugh, L'Expérience plébéienne. Une histoire discontinue de la liberté politique, Payot, coll. « Critique de la politique », 2007.
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- Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Paris, Le Seuil, 2004.
- Jacques Rougerie (dir.), Jalons pour une histoire de la Commune de Paris, Paris, PUF, 1973.
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Georges Soria, Grande histoire de la commune, introduction Henri Guillemin, Livre club Diderot et Laffont, 5 volumes, 1970.- C. Talès, La Commune de 1871, Paris, Spartacus, 2008 (1re éd. 1924), 157 p.
Bertrand Tillier, La Commune de Paris, révolution sans image ? Politique et représentations dans la France républicaine (1871-1914), Champ Vallon, 2004, 522 p.
Robert Tombs, La Guerre contre Paris, 1871, Paris, Aubier, 1997.- Robert Tombs Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, Paris, Libertalia, 2014.
Michel Winock, La Fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques de 1871 à 1968, Paris, Seuil, 1995, 471 p.- Michel Winock, Jean-Pierre Azéma, Les Communards, Paris, Seuil, 1970.
Jacques Zwirn, La Commune de Paris aujourd'hui, Les Éditions de l'atelier, 1999.
Autres éléments bibliographiques |
Alfred Colling (préf. Marc Desaché), La Prodigieuse Histoire de la Bourse, Paris, S.E.F., 1949, In-8°, IX-423 p., pl., couv. ill. (notice BnF no FRBNF32019370).
François Furet, La Révolution : de Turgot à Jules Ferry 1770-1880, Paris, Hachette, coll. « Histoire de France Hachette » (no 4), 1988, 525 p. : ill. en noir et en coul. ; 30 cm (ISBN 2-01-009462-X, notice BnF no FRBNF34961193).
Articles connexes |
- Chronologie de la Commune de Paris (1871)
- Chansons de la Commune
- Journaux de la Commune de Paris
- Communards
- Comité central républicain des Vingt arrondissements
Gustave Paul Cluseret, Fortuné Henry, Élisée Reclus.- Mikhaïl Bakounine
- Mur des Fédérés
Histoire de l'anarchisme, blanquisme, dictature du prolétariat, mouvement social
- Eugène Appert (photographe)
Liens externes |
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Et décidément, il nous faut /Nous secouer dans votre rôle… écrit Rimbaud à propos de Thiers et Picard.
À qui l'on doit cette phrase en forme d'épitaphe : « Le cadavre est à terre, mais l'idée est debout. »
Ce titre reprend celui du quotidien de Jules Vallès.
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